Maxiplotte
Cette anthologie de 400 pages comporte, outre la totalité des histoires issues des recueils Ciboire de criss ! (L’Association, 1996), Monkey and the Living Dead (L’Association, 1999), tous deux épuisés, et quelques récits extraits de Changements d'adresses (L’Association, 1998), des pages de carnet extraites de son journal intime au tournant des années 80 et 90 ainsi que des reproductions des couvertures du légendaire Dirty Plotte, de divers fanzines et éditions internationales. Soit plus de 200 pages d’inédits dont près de 40 en couleurs. À cela, s’ajoutent une introduction de Jean-Christophe Menu, ainsi que la retranscription d’une passionnante interview de Julie Doucet avec le journaliste spécialiste de bande dessinée Christian Gasser. Incontestablement, Maxiplotte fait partie des ouvrages de référence de la bande dessinée alternative de ces trente dernières années.
Auteurs canadiens La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants
Il est rare qu’un auteur de bandes dessinées ayant officiellement arrêté d’en faire vingt ans auparavant continue à avoir une influence considérable. Cela devient exceptionnel lorsqu’il s’agit d’une autrice. C’est pourtant bien le cas de la québécoise Julie Doucet, active entre 1987 et 1999, à une époque où les dessinatrices n’étaient pas légion, surtout à se situer sur un terrain briseur de tabous et féministe à la fois. Julie Doucet fait aujourd’hui figure de mythe. Les éditions Drawn & Quarterly à Montréal la rendront célèbre à partir de 1990 avec le comic-book Dirty Plotte, que Julie avait commencé seule en tant que fanzine. En France, c’est en majeure partie à L’Association que l’on doit la publication de son travail : elle est présente dès 1990 dans le tout premier collectif de la structure, Logique de Guerre Comix. Puis ce sera Ciboire de Criss ! en 1995, déjà un recueil de fragments, et quatre autres livres. La conception éditoriale et graphique de Maxiplotte a été réalisée par Jean-Christophe Menu, premier éditeur de Julie Doucet en France et co-fondateur de L’Association, en étroite collaboration avec l’autrice québécoise. Véritable panorama de l’évolution de son travail, Maxiplotte rassemble des travaux réalisés au cours de ses douze années d’activité d’autrice de bande dessinée. S’y déploie une œuvre à la fois subversive, féministe et fantaisiste. Julie Doucet évoque crûment et avec humour la vie du corps – des règles au désir sexuel en passant par les crottes de nez – les stéréotypes de genre, ses expériences de jeune femme, sans oublier sa vie onirique qu’elle relate abondamment. En noir et blanc, les récits s’épanouissent au fil de cases aux décors minutieusement élaborés, peuplées de personnages aussi insolites qu’attachants.
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Date de parution | 19 Novembre 2021 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Même si j'avais depuis longtemps vu des extraits des oeuvres de Julie Doucet, je ne l'ai découverte pour de bon qu'avec cette intégrale "maxiplotte". Il s'agit d'un recueil de l'intégralité ou presque des BD issues de son fanzine Dirty Plotte où Julie se met en scène soit dans des versions un peu fantasques de sa vie intime soit dans des représentations de ses propres rêves. Le graphisme est de forte inspiration underground comics, tels que Crumb évidemment ou encore Rand Holmes, pour l'aspect foutraque et le ton volontiers trash. Quant au contenu, il est très intime, comme une psychanalyse ou un rendu sans tabou de ses idées, ressentis et fantasmes. Dans ce domaine, cela s'approche beaucoup des oeuvres de Chester Brown, Harvey Pekar mais aussi à nouveau de Crumb lui-même. Bref, une impression de déjà vu pour qui a lu pas mal de comics et BD un peu underground. On y trouve aussi ça et là quelques aventures de Monkey, une femme-chat, sorte d'avatar de l'auteur pour des récits fantasques, entre fantasmes, onirisme et réalité crue. Contrairement aux autres planches où elle se met elle-même en scène sous sa forme humaine, le personnage de Monkey est plus libéré, plus moteur et un peu plus agressif aussi. C'est la chatte qui est en Julie Doucet qui s'exprime, dirait-on, féline légèrement ingénue, parfois en chaleur, parfois prête à mordre et à griffer. Il s'agit de petites histoires fictionnelles, dans des domaines assez divers, avec souvent une part de sexe ou de trash, comme une transposition en aventures de fiction de l'esprit des BD plus intimistes de l'autrice. Une autre manière pour elle d'exprimer sa psychologie, ses idées et envies visiblement. La principale particularité de toutes ces planches, c'est que Julie Doucet est une femme et qu'à l'époque de ses créations, elle était non seulement une des rares femmes autrices de BD mais presque la première à se dévoiler autant et aussi librement que le faisaient les auteurs mâles de l'époque. Et là où j'avais une impression de déjà vu, c'est précisément parce que j'avais lu les oeuvres d'autrices elles-mêmes inspirées par Julie Doucet (je pense là notamment à Tanxxx et Cha dont je lisais les BD-blogs au début des années 2000) avant de découvrir son oeuvre à elle. J'admets donc l'aspect novateur et la sincérité de l'oeuvre de Julie Doucet. Pour autant, ça ne me parle pas. Je n'ai jamais été adepte d'underground comics et aucun des auteurs américains que j'ai cités plus haut n'a su me convaincre non plus. Même si je reconnais une personnalité à son graphisme, je n'aime pas l'aspect bordélique de ses cases et de sa mise en scène, je n'aime pas cette ambiance d'artiste punk et déglingos, je n'accroche pas à ses retranscriptions en image de rêves plus psychanalytiques qu'intéressants, et j'ai littéralement eu beaucoup de mal à lire ces planches qui m'ont trop vite ennuyé et pas touché du tout.
Je n'ai jamais aimé le travail de Julie Doucet, mais comme elle a gagné le grand prix d'Angoulême et que cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un de ses albums je me suis dit que peut-être que mes goûts avaient changé, et que peut-être que j'accrocherais mieux à son œuvre. Et puis il y a personne qui a posté cet album qui regroupe le gros du travail en BD de Doucet, alors il fallait bien que quelqu'un se sacrifie. Julie Doucet a eu une influence sur plusieurs auteurs. Son œuvre part dans tous les sens. On a droit à la fois à des histoires absurdes souvent crades (un peu comme si Crumb et F'Murr avaient collaboré ensemble) et de l'autobiographie qui utilise souvent un langage cru. Je peux comprendre que plusieurs adorent ce genre de punk, mais franchement cela me laisse indifférent. L'humour ne me fait pas rire et la provocation m'a semblé avoir mal vieilli. En tout cas, moi les gags sur les tampons ou du vomi cela ne me parle pas et je comprends pas trop comment c'est censé être vachement subversif. Quelques bandes dessinées autobiographiques m'ont fait sourire, mais je trouve que depuis on a fait bien mieux dans le domaine. Au final, la seule partie intéressante est l'interview que donne l'autrice à la fin de l'album. Et puis aussi le fait que Jean-Christophe Menu signe la préface, il est donc redevenu copain avec L'Association ! Quant au dessin, il est pas nul, mais je le trouve peu lisible par moment (trop de textes dans les cases et/ou des cases trop petites) et ce n'est pas un style qui me plait. Donc voilà l'album m'a ennuyé (j'ai fini par tourner les pages) et les bandes dessinées qui étaient les plus intéressantes m'ont semblé avoir mal vieilli. Mais bon je n'irai pas jusqu'à dire que Julie Doucet ne méritait pas le grand prix. Elle a marqué l'histoire de la BD, c'est juste que je ne suis pas fan du genre de BD underground qu'elle fait et que ce qui était novateur il y a 30 ans le semble moins aujourd'hui, parce qu'on est habitué à voir de la BD autobiographique. Cela reste un album à emprunter si on veut connaitre cette autrice.
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