Toutes les princesses meurent après minuit
Angoulême 2023 - Prix spécial jury jeunesse De l'éveil du désir aux passions fanées, le portrait amoureux de cette famille s'esquisse à travers cette journée ensoleillée qui va changer leur vie...
Angoulême 2023 : les gagnants !
31 août 1997 au matin, dans un pavillon de banlieue, une mère de famille repasse le linge quand la télévision lui apprend la nouvelle : Lady Di est morte cette nuit. Au même moment dans la salle de bain, Lulu, son fils de 8 ans, se tartine la bouche de rouge à lèvre et s'imagine embrasser son petit voisin. De son côté, Cam, en pleine adolescence, cache son petit copain dans sa chambre sous le refrain de la musique du moment. Quant au père, il rentre seulement à la maison, lui n'a pas dormi ici.
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Date de parution | 26 Août 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album avec d’indéniables qualités mais qui ne m’aura pas emporté. J’ai bien aimé la partie graphique, fluide et aérée, le trait et couleurs de l’auteur conviennent bien au propos. Ça se lit très facilement. Par contre, si j’ai trouvé l’histoire agréable à suivre, rien ne m’a véritablement accroché durant ma lecture. Je reconnais quelque chose de beau à cet album. C’est raconté avec beaucoup de pudeur mais les personnages ne m’ont pas parlé. Je m’y suis finalement senti un peu étranger. A lire les remerciements de l’auteur, ce dernier a mis pas mal de son vécu dans cette chronique familiale estivale. Il fournit un beau portrait de famille mais sans doute trop intimiste à mes yeux ou pas assez universel. Dans un genre différent mais quand un peu même similaire (dans ma tête), j’ai préféré le travail de Giulio Macaione qui amène un truc en plus.
Un roman graphique pure souche, pas forcément mon truc au départ, mais cette histoire se laisse lire agréablement. Sur un temps resserré, nous suivons quelques personnages : un couple en instance de séparation et leurs enfants, une adolescente qui découvre les joies et désillusions du premier amour, et son jeune frère qui prend conscience de son homosexualité et peine à l’exprimer – à son meilleur ami en particulier. Des amours naissantes, qui vivotent, d’autres qui meurent : les espoirs et les rêves s’entrechoquent. La narration est plutôt bien menée, ne jouant pas trop d’effets de pathos, c’est assez pudique et aéré. Les situations sont crédibles, les personnages aussi, et on peut facilement s’attacher à eux. Le dessin est très simple, la colorisation tamisée est un peu fade (je n’en suis pas vraiment fan). Mais l’ensemble est très lisible en tout cas.
Quentin Zuttion évolue plutôt bien. Auparavant, il s'attachait à des sujets forts et ne parvenait à s'en dégager : ses tranches de vies étaient surchargées dramatiquement et cela impactait lourdement le rythme de ses récits. L'envie de bien faire nuisant à la fluidité de l'ensemble. Ici, comme déjà avec La Dame blanche, tout glisse avec une relative légèreté, parce que les personnages sont mieux campés, le contexte mieux dessiné. La candide naïveté accompagnant ses personnages est reçue par le lecteur avec bienveillance, on sourit plutôt que de se moquer de la complicité retrouvée autour d'une chanson ridicule de Lara Fabian, parce que tout a l'apparence d'un gentil vraisemblable et remue une tendre nostalgie partagée. En travaillant notre bienveillance, Zuttion fait agréablement passer ses messages de tolérance.
2.5 Je me retrouve dans l'avis de Mac Arthur. Il y a des qualités dans cet album : le dessin est bon, la narration est fluide, l'idée de départ est intéressante et on parle de sexualité avec pudeur sans tomber dans le voyeurisme... Il y a de quoi plaire aux fans de romans graphiques. L'ennui c'est que si c'est bien fait, j'ai trouvé que la plupart du temps c'était pas très passionnant à lire parce que je n'ai pas réussi à m'attacher à la plupart des personnages. J'écris souvent que j'ai besoin d'aimer les personnages pour bien apprécier une œuvre et selon moi c'est particulièrement le cas dans un roman graphique. C'est pas trop grave si je ne m'attache pas aux personnages dans un récit d'aventure ou de polar du moment que l'intrigue est bien faite, mais ça passe moins bien lorsque le récit est centré sur les émotions de personnages qui me laissent indifférent. Il y a juste le gamin de 8 ans qui découvre sa sexualité qui m'a semblé un peu attachant et dont l'intrigue m'a un peu intéressé. Il faut dire que c'est le personnage le plus développé de l'album. Il y aussi des intrigues sur les relations amoureuses difficiles de sa grande sœur et de ses parents (enfin surtout la mère vu que le père est absent la plupart du temps), mais c'est tellement peu développé qu'au final ce sont des sous-intrigues secondaires alors que je pense qu'on aurait du mettre sur le même plan les trois intrigues pour mieux développer les personnages ou alors juste faire l'intrigue autour du gamin qui est clairement le personnage principal de l'album. Ça se laisse lire, mais je ne recommanderais pas cet album sauf aux gros fans du genre.
Dans le genre, cet album est très bien fait. Le dessin est agréable, la narration est fluide, les dialogues -peu envahissants- sonnent juste, la thématique est développée de manière un peu insistante mais sans pour autant tomber dans le mélo facile. Le gros problème que j’ai rencontré, c’est mon incapacité à m’identifier à l’un des personnages. Ça et un stupide détail : la bande son. Si vous voulez me rendre un personnage attachant, ne me les présentez pas comme fans de Gala (Freed from desire) ou de Lara Fabian (Je t’aime). Françoise Hardy (Mon amie la rose), passe encore (et en plus, les paroles de la chanson s’intègrent parfaitement dans l’histoire qui nous est racontée) mais les deux autres… C’est con à dire mais je suis sûr que ces choix musicaux ont joué dans mon appréciation de l’album. Le récit se présente sous la forme d’une journée de la vie d’un couple et de ses deux enfants. Une journée qui marque un tournant pour chacun des membres. Le couple a atteint un point de rupture, l’ainée est sur le point de perdre sa virginité, le gamin s’éveille à la sexualité et découvre qu’il préfère jouer le rôle de la princesse plutôt que celui du prince. Ce dernier personnage est celui le plus mis en avant et, sur une thématique difficile, Quentin Zuttion parvient à dresser une image sensible et dénuée de tout voyeurisme. Vient ensuite l’adolescente, à nouveau très bien retranscrite avec son envie d’autre chose, ses comportements immatures, ses craintes et ses attentes. Dernier rôle d’importance, celui de la mère qui doit non seulement apporter amour et affection à ses enfants et entretenir la marmaille mais aussi gérer la fin de son couple. Le père, plus effacé, reste bien plus en retrait (il est vrai qu’on a déjà bien assez de matière avec les trois autres). La journée s’achève sur un point de rupture qui invite à un nouveau départ, à une reconstruction, très bien traduit par l’épilogue. Le thème du désir développé au travers de ces trois personnages est sans conteste intéressant. L’éveil des sens, le passage à l’acte, la fin d’une histoire : chaque étape est illustrée par un des personnages. C’est bien conçu, certes un peu insistant, mais pour qui aime ce genre de thématique, la sensibilité de l’œuvre ne peut que toucher. Le dessin est à l’image des personnages. Beaucoup de grandes cases qui donnent de l’importance aux regards et aux silences, des couleurs douces, et un dessin qui se focalise bien plus sur les personnages et sur la météo (une chaude journée estivale) que sur les décors (limités, on reste constamment dans la maison ou dans le jardin). Le petit truc en plus qui m’aurait fait passer d’un 3/5 à un 4/5 aurait été que je parvienne à m’identifier à l’un des personnages mais objectivement, c’est une bonne bande dessinée pour qui aime les romans graphiques développant ce genre de thématique. Après, il y a aussi ces choix « musicaux »…
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