Nous, les Selk’Nams (Selk-Nam. Fragmentos de un exterminio)

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Un ouvrage fascinant dévoilant les mystères d’un peuple aborigène de la Terre de feu.


Documentaires Les petits éditeurs indépendants Patagonie/Terre de Feu

Les Selk'Nams sont les habitants de la Terre de Feu dont Charles Darwin avait dit qu'il représentait le degré de l'évolution humaine le plus bas et le peuple resté le plus proche de l'homme préhistorique. Ce jugement ainsi que la conquête forcenée des territoires de l'Amérique du Sud par l'homme blanc les condamna irrémédiablement à la disparition. Pourtant, la culture des Selk'Nams continue de hanter la société chilienne, et les rares photos qui en restent ont quelque chose d'hypnotique, de magique. Nous, les Selk'Nams nous embarque dans une véritable enquête historique et sociologique autour de ce peuple et de leur héritage au Chili. Une BD reportage sous forme de réparation historique pour ce peuple disparu... Mais a-t-il vraiment disparu? Carlos Reyes et Rodrigo Elgueta, auteurs chiliens qui s'étaient fait remarquer avec la fiction historique Les années Allende (éditions Otium) proposent ici une BD reportage foisonnante qui nous emmène sur les traces du peuple Selk'Nam.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 15 Avril 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Nous, les Selk’Nams © Editions iLatina 2022
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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12/08/2022 | Blue boy
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Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Sortie en catimini, comme jusqu'alors presque toutes les productions des éditions iLatina, ce titre est tombé sur ma route alors que je m'intéressais aux peuples endémiques du continent sud-américain. N'ayant jamais entendu parler du peuple Selk'nam, je me suis lancé dans la lecture de ce titre surprenant. Histoire d'évacuer le fâcheux, je déplore le choix du format, un poil petit, qui ne rend hommage ni aux dessins de Rodrigo Elgueta, ni à ce peuple incroyable sur lequel circulaient bien des légendes. Ceci fait, le reste est plus qu'engageant. De légende donc, il est abondamment question. Le premier à avoir évoqué ce peuple n'est autre que Magellan, ou plus exactement Antonio Pigafetta, rédacteur et témoin direct de l'extraordinaire épopée du navigateur portugais. En effet, lorsque l'expédition aborde les terres encore inexplorées de l'Am-Sud, à savoir la Patagonie, les hommes aperçoivent sur la plage une scène pour le moins étonnante qui confère au récit une dimension homérique : "Toutefois, un jour, sans que personne y pensât, nous vîmes un géant qui était sur le bord de la mer tout nu, et il dansait et sautait et chantait, et en chantant il mettait du sable et de la poussière sur sa tête." D'où le nom Patagon signifiant "grand-pied"... Le mythe a fait long feu. Aujourd'hui, on s'accorde sur le fait que si les habitants de ces terres désolées avaient une constitution imposante avec une taille moyenne dépassant le mètre quatre vingt, on est loin des fantasmes propagés par les premiers navigateurs qui en faisaient des géants de trois mètres. L'anecdote, bien évidemment relatée dans cette BD, suffit à me convaincre d'entamer la lecture. Or des anecdotes, on en découvre bien d'autres. Ainsi, les auteurs de Nous les Selk'Nams déroulent leur affaire à la manière d'une enquête de terrain, se mettant parfois en scène. Mais la force du récit provient surtout d'un curieux et savoureux mélange de genres. L'ouvrage prend tour à tour des accents poétiques, sociologiques ou carrément politiques, et malheureusement bien souvent teinté de tragique. Un récit peu banal qui tente des trucs, au risque parfois de paraitre bancal, mais qui reste toujours juste dans les propos. Tout ceci fait que l'on ne s'agace cependant pas des défauts. On passe au-dessus pour comprendre l'histoire de ce peuple martyr (un de plus), et grâce encore une fois à l'intelligence des auteurs, on saisit mieux ce qu'il fut et ce que fut l'esprit des hommes de la Terre de Feu. Mais voilà que je parle au passé. Erreur ! Grossière erreur ! Car comme le rappelle justement Blue Boy dans sa critique, rapportant les propos de Margarita Maldonardo, l’une des héritières de ce peuple aujourd'hui accroché aux branches : « Utilisez vos outils de diffusion et racontez que nous, les Selk’Nams, nous sommes toujours vivants. C’est comme ça que vous pouvez nous aider ». Une très belle découverte !

05/01/2023 (modifier)