Merel
Clara Lodewick, jeune autrice bruxelloise, propose ici un premier album plein de maturité graphique et scénaristique, une peinture sociale de la ruralité flamande à la fois juste et rare. Son ton et son dessin en couleurs directes vous rendront ses personnages immédiatement proches !
Agriculture et élevage La BD au féminin La Flandre belge - Vlaanderen
Merel, âgée d'une quarantaine d'années, est une femme libre vivant sans mari ni enfants. Partageant son quotidien entre l'élevage de canards, le club de football local et l'écriture, elle mène une vie d'harmonie et d'amitiés. Mais tout se dérègle lors d'une soirée au cours de laquelle elle fait une blague sur la sexualité du mari de l'une de ses voisines. Une blague qui va faire courir le bruit que Merel couche avec tous les hommes de son petit village de Flandre... L'ensemble de la communauté va dès lors se liguer contre elle, faisant de sa vie un enfer...
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Date de parution | 19 Août 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Et bien ! Pour un premier album, je trouve que Clara Lodewick nous sort un très bel album. Son récit, qui s’articule autour de la médisance, de la mesquinerie et de l’effet de masse, m’a semblé très juste dans son analyse. Il s’en dégage beaucoup d’humanité, dans le bon sens comme dans le mauvais. Au niveau du dessin, c’est sans doute plus perfectible mais l’autrice a déjà une belle patte. Son découpage est clair, les personnages sont faciles à distinguer et leurs émotions passent au travers du dessin. Les cadrages proposent finalement peu de gros plans mais plutôt des tableaux d’ensemble qui permettent de visualiser plusieurs protagonistes dans un même temps, ce qui, je trouve, est très judicieux par rapport à l’histoire qui nous est racontée. L’histoire, elle, m’a beaucoup touché. Clara Lodewick nous plonge au cœur d’un petit village flamand, son concours avicole, son club de foot, son épicerie… et sa mentalité de village. A partir d’une répartie bien sentie, et peut-être un peu maladroite, la médisance va sévir au détriment de Merel, célibataire à l’âge mûr. La rumeur enfle, et avec elle, la méchanceté et l’hypocrisie. J’ai beaucoup aimé le fait que l’autrice ne pousse pas le bouchon trop loin. On reste sur une histoire réaliste, avec des personnages que l’on a le sentiment d’avoir croisés dans la vie réelle, avec des comportements, des réactions parfois stupides de méchanceté, parfois touchants et humbles. Vraiment un album qui m’a beaucoup plu, et qui devrait plaire aux amateurs de romans graphiques.
Je n'aurais probablement jamais lu cette BD sans l'avoir dénichée dans ma bibliothèque locale, et je l'ai laissé trainer jusqu'à ce que ma copine la lise et me dise qu'elle a eu les larmes aux yeux sur les dernières pages. Et après lecture, je confirme que c'est franchement bien foutu comme BD. Le départ est lent, tout comme la BD, mais il ne m'a pas fallu une dizaine de pages pour être plongé dans le récit de la vie de Merel, femme vivant seule avec son élevage de canard. Et progressivement, c'est l'engrenage infernal. L'ensemble est très bien tenu dans le ton autant que dans la mécanique : un couple en rupture, une femme aigrie, un jeune garçon qui ne comprends pas ce qui se passe, des jeunes qui s'ennuient, la rumeur qui enfle ... C'est lent mais implacable et j'ai trouvé le tout très juste. Ce n'est jamais l'explosion libératrice, tout est larvé, insidieux. Les comportements, les chuchotis, les petits riens qui rendent l'ostracisme tangible, l'exclusion insupportable. Jusqu'à des gestes irréversibles. L'autrice maitrise son sujet et j'en suis très satisfait. Merel ne tombe jamais dans la vengeance froide, restant dans un dédain héroïque qui l'humanise beaucoup, puisque sa retenue est avant tout une compréhension de ce qui se joue. Les enfants écoutent les parents, les jeunes agissent comme des imbéciles parce qu'ils n'ont personne qui les encadrent, les adultes écoutent les ragots parce que c'est plus simple que de réfléchir. L'ambiance petit village est très bien retranscrite, entre les amitiés qui virent sur des sous-entendus et le petit microcosme où tout le monde se connait. L'ambiance buvette du stade, matchs qui rythment la vie du journal local, les petites trahisons... C'est tellement crédible que je revoyais des évènements de ma jeunesse dans un petit village. Le tout avec un dessin faussement naïf qui allie une représentation du village sentant bon la boue sur les bottes, mais aussi un coup de crayon expert dans les regards, les attitudes, les silences. Sous un aspect facile d'accès, l'autrice maitrise son trait pour capter l'attention et faire parler les détails. Honnêtement, si c'est une première BD je trouve ça incroyablement prometteur ! Ce qui me fait beaucoup aimer la BD, c'est le personnage de Merel, qui endosse le rôle de la sorcière en l'encaissant malgré les coups durs et veut montrer qu'elle n'a rien à se faire pardonner, mais qu'elle a beaucoup à offrir. En somme, sur une banale histoire de couple qui marche mal, Clara Lodewick donne une belle histoire de comportements humains. Sous des aspects de quotidien banal, c'est la cruauté des relations sociales et de ce qu'on est prêt à faire aux autres. Enfant, il y avait aussi le vieux fou ou la sorcière de mon village, souvent des gens seuls, vieux et à l'écart -volontairement ou non. Dans cette BD, c'est eux qui sont au centre, et c'est bien plus riche que des histoires sordides qu'on se répète étant gamin.
Merel est un prénom féminin que je ne connaissais pas. Cela situe l'action dans la zone néerlandophone de la Belgique. On est dans la campagne où tout le monde se connait, on vit de choses simples avec le foot, le bar du village et les concours du plus beau canard. Et survient un mélange de quiproquos et de méchanceté gratuite qui aboutit à l'ostracisation de Merel qui devient la pestiférée de ses ami(e)s d'hier. Ce retournement est sans doute trop vif et trop brutal par rapport à son origine risible, personne ne semble prendre sa défense et la bêtise de certains monte crescendo. Les plus cruels par les actes étant des gamins, quand les adultes propagent des ragots et mensonges que Merel subit avec une certaine résignation. Une bonne histoire malgré tout, un bon dessin plutôt simple et ligne claire, pas de coup de coeur pour autant.
Merel raconte un fait divers. Un fait divers bien glauque, mais en même temps tellement anodin qu'il semble tiré d'un article d'un quelconque canard local. Les personnages sont très proches de nous, ainsi que le ton. On se sent pris dans la pâte molle de cette histoire insidieuse. A mesure que l'histoire avance, on se dit que c'est susceptible d'arriver à n'importe qui. Graphiquement, j'aime assez ce petit dessin sans prétention mais vif, un peu à la Camille Jourdy. Même s'il ne parvient pas toujours à retranscrire les émotions (les visages, en particulier celui de notre héroïne, sont assez monolithiques), il confère à l'ensemble un ton pop qui convient parfaitement. Le scénario, huilé, s'en accommode très bien, à plus forte raison parce que la couleur est bien dosée, et les effets de lumière réussis (quelques belles cases nocturnes). Il manque cependant d'un petit quelque chose pour en faire un coup de cœur, ou plus simplement une histoire sur laquelle on va revenir. C'est lu, on trouve ça bien, et voilà, on passe à autre chose. Il manque un souffle, une tension. Peut-être aussi quelque chose qui élève cette histoire au dessus de la seule narration, peut être une épaisseur psychologique ou métaphorique...
« Merel » est la première œuvre d’une jeune autrice belge, Clara Lodewick, laquelle inaugure également la nouvelle collection « Les Ondes Marcinelle » des Éditions Dupuis. L’histoire se déroule donc dans un petit village à l’écart des grandes villes, et se centre sur le quotidien de Merel, qui va être confrontée à l’hostilité d’une partie des habitants. Dans tout village, la vie est généralement paisible, mais la contrepartie est que tout se sait, et que le qu’en-dira-t-on peut faire des dégâts pour celle ou celui qui en est la victime. Ici, c’est notre éleveuse de canard qui va en faire les frais dans ce récit simple et criant de vérité. Pour Suzie, dont le couple bat de l’aile, le prétexte est tout trouvé. Merel, célibataire trop épanouie à son goût, servira d’exutoire à son mal-être, à cette impression que son mari se détourne d’elle depuis quelques temps. Trop heureuse de confier ses états d’âme à qui veut bien les entendre, y compris son fils Finn, l’épouse déconfite n’hésitera pas qualifier Merel de « femme méchante ». Le « téléphone arabe » aidant, cette dernière deviendra vite la « sorcière » du village, celle de qui, par le biais de jeux d’enfants cruels, on crucifiera un canard sur la porte d’entrée. Le jeune Finn, se sentant responsable d’une situation qu’il n’aurait pas souhaité, mais qu’il a alimenté en répercutant à ses copains les propos de sa mère de façon innocente, va alors chercher à faire amende honorable auprès de Merel. Celle-ci, bien que profondément affectée, sera légitimement gagnée par la colère et prête à se défendre, mais ne cherchera jamais à se venger de qui que ce soit. Avec beaucoup de justesse, Clara Lodewick nous livre ici un récit touchant et généreux dans lequel, après que la mesquinerie et la méchanceté des uns se soient donnés en spectacle sur le petit théâtre de la comédie humaine, succède le temps des regrets et du pardon. La nature humaine est parfois cruelle mais elle sait aussi être altruiste. C’est ce que semble vouloir nous démontrer son autrice, en toute simplicité, et ce n’est peut-être pas par hasard si l’histoire se situe dans un contexte rural, là où les rapports humains apparaissent plus authentiques que dans les centres urbains. Le dessin sans esbroufe et un peu fragile sert parfaitement le récit et en restitue agréablement l’atmosphère champêtre, non sans évoquer l’univers des livres de Posy Simmonds. « Merel », c’est une belle histoire de rédemption, qui nous dit que les conflits humains peuvent toujours se désamorcer, si tant est qu’on y fasse intervenir un brin d’intelligence et de sagesse, sans mettre le doigt dans l’engrenage de la vengeance, qui ne soulage que sur le moment. Des valeurs qui nous font grandir au lieu de nous rabaisser à notre pathétique condition. Clara Lodewick est une autrice que l’on suivra avec attention.
Je me suis fait offrir cette BD pour mon anniversaire. Je l'avais insérée dans une longue liste sans trop savoir à quoi m'attendre. C'est la couverture qui m'avait attirée à la base ainsi que sa nomination à Angoulême. Et c'est une belle découverte. J'ai fortement apprécié cette peinture du monde rural flamand. J'y ai vu plein de similitudes avec une de mes régions d'origine, la Dordogne, d'où ma mère est originaire. Les canards et le club sportif local en tête (remplacer le rugby par le foot), véritable poumon social du village. Tout de suite, j'ai donc eu un attachement à cette bd. Cela m'a rappelé mes souvenirs d'enfance et d'adolescence lorsque je passais quelques jours chez mes grands-parents. Merel est une femme, paysanne, libre, parfaitement à l'aise dans sa peau. Elle vit pour ses canards, pour son club de foot, pour son amant. Elle ne demande pas plus, cela la satisfait pleinement. La vie est paisible. Et patatras ! Une vanne un peu crue lors d'une soirée du foot et sa vie va s'emballer, dans le mauvais sens du terme. Victime d'une femme délaissée par son lâche de mari et qui va décider de se venger de lui à travers elle, elle va devenir l'ennemi public numéro un. Sans rien y comprendre. Sa vie étant tellement paisible, calée, qu'elle ne pouvait pas imaginer cela. Elle mettra du temps d'ailleurs à comprendre ce qui lui arrive. Seule contre tous (ou presque, son amant ne la lâchera jamais), elle continue à vivre, droite dans ses bottes. De toute façon, tant qu'elle a ses canards, elle est heureuse. Mais ça va aller trop loin, sa souffrance lors d'une scène en particulier est contagieuse. Je n'en dis pas plus, mais j'ai pleuré avec elle. Le salut viendra d'un enfant. Je laisse découvrir aux futurs lecteurs la suite. La fin m'a satisfait, elle est à l'image de Merel, pleine de compassion. Néanmoins, je me permets d'ajouter à mon avis, l'avis de ma compagne et de mon fils (9 ans) qui ont lu la bd aussi. Avec un ressenti un peu différent. Pour ma compagne, qui est une femme d'une loyauté inébranlable, la fin a été une déception. Elle l'a trouvée trop facile, regrettant que les ignominies subies par Merel ne soient pas "punies" plus que cela. Cela s'entend même si personnellement je trouve que Merel en sort encore plus grande. Pour mon fils, qui a englouti la bd en une heure (gros lecteur le loulou !), et qui a malheureusement subi du harcèlement à l'école il y a deux ans, la bd traite justement de harcèlement, de "méchanceté", pour reprendre ses mots. Ce qui est juste. Mais là, où je vois (avec ma compagne) une faute des adultes, lui il y voit une faute des enfants. Logique. Merel est une bd à découvrir. La profondeur des personnages y est centrale. Et si l'histoire est somme toute, malheureusement, assez banale, le contexte géographique de la campagne flamande, la rend très attachante. Clara Lodewick est une autrice à suivre. Sa première œuvre est très prometteuse.
La description de Van Laere est parfaite , je n'ai presque rien à ajouter ! Comme elle (?) je suis emballée par la précision de l'observation du monde rural. En France, comme en Belgique visiblement, le contrôle social à la campagne est plus présent qu'ailleurs. Les lieux de socialisation sont moins nombreux, et regroupent les familles. Si bien que si on a envie de prendre un chemin de vie légèrement différent, souvent on est obligé de partir à la ville. Ici l'héroïne, Merel, qui élève des canards au bout du village, n'est pas partie. Elle a trouvé sa place sans se marier, et en devenant la correspondante du quotidien local, elle est de toutes les fêtes. Pourtant il suffit d'un couple qui bat de l'aile pour qu'elle devienne le bouc émissaire rêvé. Les trois points fort de cet album : 1. Des dialogues très simples et justes qui donnent de l'épaisseur aux personnages 2. Un scénario qui monte en pression au point qu'on ne sait pas du tout comment cela va se terminer, va-t-on vers le gore ? vers le happy-end ? et rien de tout cela finalement. Et ce qui aurait pu être un documentaire devient une fiction haletante. 3. Un dessin déroutant par sa simplicité presque enfantine, et l'égalité de traitement graphique entre les genres et les âges qui est tellement plus proche de la vraie vie que les représentations habituelles... Merci pour ça. C'est aussi une marche vers la déconstruction des genres, voire des rapports parents-enfants. Et quand je dis déconstruction, ce n'est pas destruction : une mise à plat qui rebat les cartes et nous aide à voir plus clair. Bref, c'est un album à mettre entre toutes les mains, la place des enfants est cruciale (dans le scénario comme dans la vie rurale), certains personnages plus âgés sont aussi importants dans l'histoire. Une fiction particulièrement utile pour comprendre notre époque . Les amateurs d'héroïc-fantasy, passez votre chemin, on est les deux pieds dans le fumier !
Merel Clara Lodewick les ondes Marcinelle editions Dupuis 2022 Un petit village tranquille. Où on élit le plus beau canard de la région pendant une fête bon enfant, où l'équipe de foot se retrouve pour la 3e mi- temps au café du coin, où le Village se réunit autour du cochon grillé lors des mariages. Il y a Merel la fille au bout du village, célibataire, la quarantaine vraisemblablement, la bonne copine, un peu fermière, un peu pigiste pour le journal local, qui a parfois la plaisanterie grivoise comme les footeux, ses potes de toujours ; jusqu'à celle qui ne passe pas, échauffe les esprits, alimente les rumeurs. Le mécanisme de cette rumeur puis des conséquences délétères sont extrêmement bien décrites avec un scénario maîtrisé par cette jeune auteure Belge. Le dessin qui paraît naïf de prime abord est ancré dans la réalité de la simplicité rurale et le quotidien de ce petit village sans histoire où la vie se déroule lentement au rythme des fêtes et de la vie de tous les jours. L'auteur casse cependant les codes en alternant les cases entourées d'un trait et les dessins libres de toutes barrières et qui correspondent souvent au flot des pensées. Beaucoup d'émotions se dégagent et le désarroi de Merel nous touche. Une très belle découverte que ce roman graphique. #bd #merel #claralodewick #éditionsdupuis #lesondesmarcinelle #Belgique #ligneclaire #rumeur
Les Ondes Marcinelle est une nouvelle collection de l'éditeur Dupuis du même format que la collection Les Ondines qui parait en même temps, à savoir des albums moyen format, cartonnés et plutôt épais, format grand bouquin quoi. Là où Les Ondines s'adresse en priorité à un jeune public, Les Ondes Marcinelle semble plutôt s'orienter vers des romans graphiques plus adultes. Merel est l'héroïne éponyme de cet album. C'est une quarantenaire célibataire, élevant des canards pour le plaisir mais aussi pigiste dans un petit journal local des Flandres, spécialisée dans les articles sur le foot dont elle aime à partager le milieu viril depuis son enfance. Cette proximité avec les hommes de son village va lui attirer l'inimitié d'une femme dont le couple bat de l'aile et qui va lancer envers elle quelques rumeurs acides. De fil en aiguille les rumeurs vont enfler et amener Merel à subir injustement l’opprobre voire le harcèlement de la majorité de son village, enfants inclus. Mais c'est une femme solide et il lui en faudra davantage pour abdiquer. Nous sommes dans un pur roman graphique, tant dans le graphisme simple, efficace et pas désagréable du tout, que dans le rythme narratif et le sujet résolument tourné vers les relations entre personnes et une histoire campagnarde pleine d'émotion et d'une bonne part d'injustice. Les personnages sont justes, et celui de Merel elle-même est plutôt original et aussi solide que son caractère. On peut reprocher l'aspect stéréotypé de ce récit d'une rumeur qui enfle trop rapidement et d'un harcèlement forcément si injuste qui titille l'agacement du lecteur devant la bêtise crasse de certains protagonistes, mais c'est une histoire qui fonctionne et qui tient la route, avec une fin relativement satisfaisante. On notera en outre sa représentation intéressante du monde rural flamand qu'on ne croise pas si souvent dans le monde de la BD.
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