Super-vilains

Sandra, Wilma et Hugo sont lycéens, le genre mis au banc de la société, l'une parce qu'elle est une goth maigrichonne, l'autre parce que c'est une petite bouboule et le dernier car c'est un moche boutonneux. Mais les trois vont s'associer en découvrant qu'ils sont chacun dotés d'un super-pouvoir différent… mais tous bien nazes. L'une cause des diarrhées ou vomissements sur commande, l'autre perturbe tous les appareils électroniques et le troisième peut exacerber les pulsions sexuelles de n'importe qui. Ce qui commençait comme une utilisation de leurs pouvoirs pour se venger des connards de leur entourage va finalement les amener à essayer de former une petite bande de super-héros, ou du moins à essayer d'aider ceux qui le méritent, ce qui n'est pas toujours évident avec de tels pouvoirs. Et ils essaieront aussi de découvrir au passage d'où leur viennent ces fameux pouvoirs... Du fait de sa prépublication dans le magazine Fluide Glacial, la série se structure en chapitres de 5 pages environ, comme des histoires courtes qui se suivent plus ou moins pour former une intrigue plus complète. Morgann Tanco est au dessin. L'auteur du Droit Chemin ou encore de La Gloire de mon Père modernise ici son trait pour offrir des planches dynamiques, au trait légèrement anguleux, avec une colorisation qui claque pour mieux séduire un public adolescent. On s'y retrouve quelque part entre les parutions Fluide Glacial d'un Coyote (Litteul Kévin), les séries d'Ankama et les albums jeunesse type Frnck. Avec un côté légèrement trash ça et là en plus pour rappeler que c'est bien du Fluide et pas du Spirou. C'est du très bon boulot et ça donne envie de lire ces planches. Au niveau du scénario, l'idée de ces pouvoirs nazes est plutôt bonne, même si quand on y réfléchit le pouvoir de Hugo n'est clairement pas naze du tout en fait. Et la narration est plutôt sympa aussi, avec les réflexions cyniques des héroïnes, adolescentes désabusées. Mais passé cela, les histoires elles-mêmes manquent d'accroche. L'humour est correct sans plus, le rythme est peu prenant et il manque ce quelque chose qui permet à la mayonnaise de prendre pour de bon. Cela vient sans doute de ce décalage entre une idée de fond qui fonctionnerait mieux en histoire longue à suivre et qui se retrouve découpée en chapitres orientés vers l'humour, pour un résultat décousu et pas toujours captivant. Seul le dernier chapitre du premier tome, un peu plus long que les autres, laisse entrevoir la possibilité d'un fil rouge plus concret, avec l'apparition d'un possible antagoniste. A voir donc ce que donnera la suite s'il y en a une.

02/09/2022 (modifier)

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