Colorado train

Note: 3.88/5
(3.88/5 pour 8 avis)

Une adaptation audacieuse du roman de Thibault Vermot à la sauce Larry Clark : de jeunes skateurs luttent contre la pauvreté, l’ennui et la drogue. A lire en écoutant la Playlist Spotify incluse dans l'album.


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Milieu des années 1990, une ancienne ville minière écrasée de toutes parts par les montagnes rouges du Colorado. C’est dans cette Amérique « profonde », oubliée dans cette décennie de prospérité économique, que grandit Michael, un ado paumé, style skateur, cheveux mi-longs, baggy, hoody et Converse. Il y a aussi Durham, le gamin SDF accro au crack ; le gros Don qui s’éfforce d’échapper aux brutes du collège ; et bien sûr Suzy, la rebelle androgyne, toujours un coquard au coin de l’œil laisse? par son shérif de père. Mais la vie est belle parfois, entre le skate, l’école buissonnière, les rêves, les premières fois, de l’amour aux bières, tout ça sous le soleil cuisant de juillet… Jusqu’au jour où un gosse de la ville qui avait disparu est retrouvé, à moitié dévoré. Aussitôt, les quatre potes décident d’enquêter. Dans l’ombre, le tueur – la Chose ? – les regarde s’agiter. Et bientôt, les prend en chasse.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Septembre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Colorado train © Sarbacane 2022
Les notes
Note: 3.88/5
(3.88/5 pour 8 avis)
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16/09/2022 | Cacal69
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Par Alix
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Baf ! Grosse claque dans la tronche. J’ai tout aimé dans ce pavé. L‘histoire, sombre et désespérée au possible, se déroule dans une ancienne communauté minière pauvre et rongée par l’alcool et la drogue. Le lecteur suit le quotidien d’un groupe d’ados un peu rebelles et abandonnés à eux-mêmes, qui se retrouvent mêlés à une sombre histoire de meurtres. Les personnages sont attachants et l’intrigue est passionnante - la fin m’a pris à la gorge, je tournais les pages à toute vitesse pour arriver au dénouement… dénouement un peu trop ouvert pour moi, mais ça n’a pas du tout gâché ma lecture. J’ai beaucoup aimé le chapitre sur le passé du meurtrier, c’est vraiment bien vu. Je ne suis généralement pas fan de la lecture en musique, j’aime le silence pour me concentrer… cet album propose cependant une playlist Spotify (une chanson par chapitre) que j’ai écoutée lors de ma lecture, et je dois avouer que les morceaux (adaptés à chaque scène) ont vraiment contribué à l’ambiance. Génial ! C’est mon genre de musique en même temps (rock, grunge, punk). Je suis d’ailleurs en train de la réécouter en écrivant cet avis. Dommage d’avoir mis le lien en fin d’album, par contre. La mise en image est parfaite. Le noir et blanc colle parfaitement à l’atmosphère du récit. Un gros coup de cœur !

10/01/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Dès que l’on a le livre dans les mains, on sent qu’on a affaire à du lourd, et ce n’est pas juste à cause de son poids… Déjà, il suffit de feuilleter quelques pages pour comprendre qu’on n’est pas chez les Bisounours. Le noir et blanc charbonneux du trait insuffle une atmosphère menaçante qui pue la vieille masure humide et le métal rouillé. Au fur et à mesure qu’on avance dans le récit, un clou usé vient s’ajouter à la page de garde de chacun des vingt chapitres. Vingt clous funestes qui s’égrènent aussi inéluctablement que les minutes sur le cadran d’une horloge, tels un sinistre présage. Vingt clous destinés peut-être à un cercueil ou à un supplicié. Une trouvaille hyper efficace qui fonctionne à plein dans l’imaginaire du lecteur et fait monter la tension d’un cran à chaque chapitre. En s’inspirant du premier roman de Thibault Vermot, Alex W. Inker, auteur français comme son pseudo ne l’indique pas, dédie l’ouvrage (entre autres) à Stephen King et on comprend vite pourquoi. Dès les premières pages, impossible de ne pas penser à « Stand by me » avec cette bande de gosses avides de liberté. Issus de milieux à problème, ces préados au look grunge, tout droit sortis d’un film de Gus Van Sant, tentent après l’école de tromper l’ennui dans leur bled paumé du Colorado en se laissant dériver sur leur skateboard. Bien souvent, ils doivent tenir tête à la petite frappe du quartier, Moe, qui prend un malin plaisir, avec ses potes à moto, à s’acharner sur Donny, en surpoids et en déficit de confiance. Heureusement, Durham, leur nouveau copain venu agrandir le trio, déjà composé de Suzy et Mike (et accessoirement le petit frère Calvin), va orchestrer la révolte. Fugueur réfugié dans une cabane de junkies, le jeune garçon a le cœur sur la main et le sens de la débrouille, doublé d’un QI plus élevé que la moyenne. Il n’est pas vraiment fréquentable (car déjà toxico à son âge) et ne fréquente pas l’école, mais cet as de la récup’, geek avant l’heure, sait bricoler des fusées. En résumé, une belle galerie de personnages très bien campés. Jusqu’ici, tout va bien, si tant est qu’il soit possible d’accoler un terme positif à ce tableau sordide des bas-fonds d’une Amérique provinciale oubliée du boom économique… jusqu’au jour où la ville apprend la disparition du jeune Moe. Pour le « club des quatre », mélange de soulagement et d’inquiétude. Serait-ce un coup du wendigo, créature mythique et terrifiante qui « prend la place de votre ombre » lorsque vous vous promenez seul en forêt ? On adore ce trait crasseux faussement grossier, par ailleurs plutôt précis, qui saisit bien l’âpreté du contexte, constitué de préfabriqués vétustes, de squats humides et de voies ferrées lugubres. Même le train de marchandises n’est pas rassurant dans sa course folle et mécanique, se faisant complice du croquemitaine tueur d’enfants. « Colorado Train » a l’odeur du métal, la couleur de la rouille et du sang séché, le bruit d’un essieu usé… Et si cette BD est bruyante, elle est également musicale puisque chaque chapitre s’ouvre sur un des morceaux les plus emblématiques de ces années-là (Smashing Pumpkins, Alice in Chains, Metallica, The Cure « première époque », Sonic Youth, Pixies et Marilyn Manson…), où suintait le désespoir résigné de la jeune génération des Nineties. Ce thriller à la narration impeccable ferait presque ressembler Stephen King à un conteur pour enfants. Certaines scènes sont glaçantes et les âmes les plus sensibles sentiront probablement des serpents se tortiller dans leur estomac. Une BD très marquante de cette année 2022, tout juste nommée dans la sélection d’Angoulême, et un auteur à suivre, après les remarqués Un travail comme un autre et Servir le peuple.

05/12/2022 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Cacal69

L'adaptation du roman de Thibault Vermot, j'en découvre la trame avec cet album. Un bled perdu au fin fond du Colorado où la misère se dévoile à chaque coin de rue. Une bande d'adolescents paumés, mais attachants, où le personnage de Suzy se détache à mes yeux, la seule nana du groupe, androgyne et fille d'un shérif alcoolique. Une bande qui va être mêlée à une sordide histoire de meurtre qui évoluera progressivement vers un thriller horrifique. Un récit qui nous plonge dans un monde glauque où les méfaits de la drogue, de l'alcool mais aussi de la maltraitance côtoieront une violence omniprésente. Une narration maîtrisée faite de petits chapitres séparés à chaque fois par une pleine page où le dessin d'une cassette audio est accompagnée d'un titre de chanson, un univers musical très grunge (Metallica, The Cure, Aerosmith ...). Les chapitres sont numérotés en nombre de clous, ces clous qui sont plantés dans les traverses des chemins de fer. La voie ferrée serpentant ces paysages désolés jusqu'à cet immense triage qui sera la gueule du reptile. L'histoire ne serait pas aussi prenante sans ce magnifique noir et blanc au trait charbonneux et crasseux qui retranscrit à merveille l'ambiance oppressante. Des jeux d'ombres aux personnages, on découvre le travail de fourmis qu'a réalisé Alex W. Inker, jusqu'aux visages où on voit la différence entre les bouilles "sympathiques" de nos ados et les gueules abîmées des adultes. Une mise en page qui fait grimper crescendo la tension. Du bonheur ! Une adaptation réussie qui plaira aux amateurs de polars. Un QR code en fin d'album reprenant la playlist des chansons nommant les chapitres.

16/09/2022 (modifier)