Une Farouche liberté - Gisèle Halimi, la cause des femmes

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Gisèle Halimi fut une avocate brillante, ardente défenseuse de la cause des femmes, et militante infatigable pour le droit à l'avortement.


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L’enfance en Tunisie, le refus d’un destin assigné par son genre et son rêve de devenir avocate, la défense indéfectible des militants des indépendances tunisienne et algérienne soumis à la torture, l’association Choisir la cause des femmes, et, bien sûr, les combats pour le droit à l’avortement, la répression du viol, la parité. Gisèle Halimi, c’est tout cela et bien davantage. (texte : Steinkis)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Octobre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Une Farouche liberté - Gisèle Halimi, la cause des femmes © Steinkis 2022
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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07/10/2022 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je suis d’accord avec les remarques de Canarde. L’album se laisse lire agréablement, mais le style est quelque peu ampoulé parfois, tourne à une hagiographie presque béate. C’est vraiment dommage, parce que le sujet – la personne au centre de cet album – est des plus beaux. Autre bémol, le dessin. Il est très lisible, mais avec l’absence de gaufrier, et un style au rendu un peu « vieillot », j’ai trouvé qu’il peinait à faire sentir l’ardeur des combats, et la passion qui a toute sa vie habité Gisèle Halimi. Les albums sur Gisèle Halimi se sont multipliés ces derniers temps. « Gisèle Halimi – Une enfance tunisienne » m’avait vraiment intéressé en me dévoilant le pan le moins connu de cette femme, son enfance, période au combien importante pour sa « construction ». C’est aussi une des périodes les plus intéressantes de cet album. Gisèle Halimi est une belle personne, qui n’a jamais démérité des idéaux de sa jeunesse, qui a su mener jusqu’au bout des combats importants, en tant qu’avocate, que femme, que militante (les trois coïncidant souvent chez elle) : contre le sexisme et le patriarcat, contre le racisme et le colonialisme, et pour les droits des femmes à disposer de leur corps. Ce dernier combat très médiatique est celui qui occupe la plus grande partie de l’album, avec parfois quelques longueurs dans le développement. Mais bon, la vie de Gisèle Halimi est passionnante en elle-même, et ses combats révèlent en creux les fractures qui ont traversé – et qui traversent encore – la société française de la seconde moitié du XXème siècle (je regrette juste que le mélange entre parties chronologiques et thématiques durant la guerre d’Algérie gênent un peu la lecture). Une lecture forcément intéressante – « sujet » oblige – mais dont la tonalité parfois m’a gêné. Sans doute les auteures ont-elles, dans ce travail de commande, eu du mal à prendre un peu de distance dans la narration, je ne sais pas.

16/09/2024 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
L'avatar du posteur Canarde

J'ai toujours eu un faible pour Gisèle Halimi, sa sincérité, son habileté oratoire... J'ai donc lu avec plaisir le récit de ses aventures, depuis l'enfance (le plus touchant) jusqu'à ses combats politiques et ses procès célèbres... Cependant, je ne suis pas convaincue par la BD. Le dessin est assez corseté, dès qu'on quitte l'enfance, c'est encore plus criant, sans doute parce que les tailleurs et les robes d'avocat prennent toute la place. La grille désordonnée ne parvient pas à secouer le trait et les couleurs de bonbons sages...On n'a tout simplement pas envie de réouvrir le livre. Le titre lui-même est inutilement grandiloquent. Le scénario chronologique est vraiment axé sur son rôle dans l'émancipation des femmes. Ou comment le sentiment d'injustice la guide, et la nécessité de faire bouger les lois lui paraît la seule issue. Le choix des évènements décrits est vraiment à propos dans la première partie, en revanche, sur la deuxième, ça traîne un peu en longueur, et devient redondant. Un album de commande ? Trop de monde à la réalisation ? Bref : un peu fade pour un si beau sujet...

19/10/2022 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Gisèle Halimi nous a quittés il y a deux ans, et j'imagine que cette disparition, ainsi que le mouvement récent, au sein de la BD francophone, de passer en revue des femmes pionnières, militantes, a donné l'idée aux deux co-scénaristes de rendre hommage à leur manière à cette figure du féminisme. Ainsi avons-nous une biographie qui nous emmène sur sa jeunesse en Tunisie, ses premières révoltes contre ses parents qui l'obligeaient à (entre autres) faire le lit de ses frères. Très tôt Zeiza Gisèle Elise Taïeb s'est-elle donc affirmée pour lutter contre les injustices, en particulier (mais pas que) celles dont sont victimes les femmes. Cela n'a pas été facile, ses parents, qui n'étaient pas des mauvaises personnes pour autant, étaient engoncés dans leur éducation où la femme devait servir l'homme... Pour autant, lorsqu'elle a découvert que les études pour devenir avocate lui permettraient de lutter à sa façon, de déjouer les injustices et pire, les outrages, ils l'ont soutenue, et chaleureusement félicitée et fêtée lorsqu'elle a eu son diplôme. Sa voie était tracée, entre plaidoiries enflammées, militantisme au sein de l'association Choisir qu'elle a fondée, combat pour la légitimité de l'avortement (y compris dans l'opinion publique, et ce, malgré des insultes, des menaces... C'est ce dévouement pour une cause, ce courage immense, qui sont glorifiés au travers de cet album qui nous emmène en fin de parcours vers une transmission -idéalisée ?- de ses valeurs, de son message, auprès d'une jeune génération. Le récit est très linéaire, à la fois didactique et accessible. Mention spéciale à la place laissée au procès de Marie-Claire, cette lycéenne violée par un camarade de classe, qui a décidé d'avorter avec le soutien de sa mère, de collègues de celles-ci et d'une femme médecin. Toutes ont été poursuivies, et défendues par Me Halimi. Relaxées ou sous le coup de peines minimes, presque symboliques. A l'aune de Me Too, du combat actuel pour inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution, on se dit que même si l'action de Gisèle Halimi n'a pas été vain, rien n'est jamais acquis, et surtout pas lorsqu'on est une femme. Pour mettre en images cette co-scénarisation féminine (je crois que la personne ayant dirigé l'ouvrage, qui est une adaptation de leur ouvrage est aussi une femme), il fallait une dessinatrice à la fois talentueuse, mais aussi militante elle aussi pour les droits des femmes et contre les injustices. C'est le cas de Sandrine Revel, dont la bibliographie fournie et précieuse parle d'elle-même. Aidée aux couleurs par Myriam Lavalle, elle livre un album touchant, sobre mais puissant, qui fera sans doute date dans l'histoire du militantisme féministe. Essentiel.

07/10/2022 (modifier)