The Plot Holes

Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)

Une aventure littéraire méta par le père de Batman - White Knight.


Romanciers et Monde littéraire

La littérature n'est pas un chemin facile pour les auteurs. Entre la psychologie des personnages, le fil conducteur et les différentes péripéties, ils peuvent facilement se perdre et ne pas arriver à coucher leurs intentions sur le papier. Heureusement, une équipe d'élite veille... Coordonnés par l'Éditrice, les Inco-Errants sont composés de plusieurs personnages de fiction recrutés dans la littérature de genres (horreur, S-F, fantasy, manga, etc.). Leur travail est simple : rectifier le cours d'oeuvres littéraires en perdition. Mais une menace pèse sur eux et les engage dans une course contre la montre épique, dont l'enjeu n'est rien d'autre que l'avenir de la littérature...

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Octobre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série The Plot Holes © Urban Comics 2022
Les notes
Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)
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25/10/2022 | Josq
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je me retrouve dans l’appréciation générale de Ro. En effet, même si la lecture n’a pas été déplaisante, j’en suis ressorti avec l’impression d’un matériau, d’un potentiel mal exploité. Ainsi, l’idée de départ est assez séduisante. Plusieurs personnages, membres du collectif des Inco-Errants, voyagent – virtuellement et réellement – au sein d’œuvres littéraires (du documentaire au roman, SF, super-héros, historiques, etc.), pour « corriger » l’intrigue, éliminer les personnages mal définis par l’auteur, pour chasser les erreurs manifestes, tout en gardant le plus de discrétion possible autour de leur intervention. L’autre sel de l’histoire, c’est que ces personnages, eux-mêmes issus d’œuvres (souvent très secondaires) viennent de tous les horizons (super-héros, héros de manga, gamin héros de strips, une tueuse vampire, un lion métamorphe issu de l’univers héroïc-fantasy, etc.). Tout ceci aurait pu donner quelque chose de bien plus corrosif et/ou drôle (jouant sur l’opposition de style entre les membres des Inco-Errants, ou sur leurs éventuelles gaffes quant à la « correction » des œuvres), si les dialogues et l’intrigue ne s’étaient contentés d’une ligne directrice minimale : on retombe rapidement dans quelque chose de classique, avec nos héros qui combattent et poursuivent un adversaire coriace, sabotant les œuvres, et un ancien membre de leur équipe. De la baston rythmée, mais qui perd clairement en intérêt. Note réelle 2,5/5.

12/02/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Les Inco-Errants est une bande de héros de diverses origines voyageant au sens propre entre les œuvres littéraires non encore éditées pour en modifier le contenu et éliminer physiquement des personnages comme un éditeur corrigerait des éléments gâchant le premier jet d'un mauvais roman pour n'en garder que le meilleur avant publication. Car leur survie et celle de tout leur univers virtuel dépend du succès public de ces œuvres une fois publiées. Dans cette équipe, on retrouve pêle-mêle une vampire, un super-héros, un guerrier-lion barbare d'un univers de fantasy, un pilote de mécha issu d'un manga ou encore l'équivalent violemment mature d'un Calvin de Calvin et Hobbes. Le mélange de genres dans une même équipe est un concept séduisant qui a déjà été utilisé dans d'autres œuvres telles que La Ligue des Gentlemen Extraordinaires ou encore Les Crossovers. Mais là il est poussé au sens le plus littéraire du terme puisque les personnages sont conscients d'être issus d'œuvres fictives et de combattre dans un univers lui aussi virtuel. Et c'est bien parce que ce qui est pour nous du virtuel est pour eux leur vraie réalité qu'ils se battent pour la maintenir en vie. J'aime bien l'idée et j'aime bien aussi le graphisme pour la mettre en scène. C'est un style comics bien maîtrisé, globalement du type récit de super-héros et de SF, mais qui y imbrique quelques autres styles quand il s'agit de dessin un personnage issu de comics strips ou de manga. Les planches sont soignées et certaines scènes sont très réussies. Là où je suis un peu déçu par contre, c'est par la manière basique dont l'idée de la série est exploitée. Alors qu'il y aurait eu matière à beaucoup d'intelligence, de références diverses et d'humour, l'action se borne au final à une grosse course-poursuite avec plein d'explosions de gentils face à un gros méchant qui casse tout sur son passage. Non seulement, ça manque de finesse mais aussi plusieurs des solutions des héros pour venir à bout de leur adversaire sont trop faciles, proches de deus ex machina qui marchent bien quand ça arrange l'auteur. Sans parler du manque d'émotion d'une scène finale qui se voulait probablement dramatique mais tombe à plat car on n'a pas eu le temps de s'attacher aux protagonistes. C'est dommage car ça réduit l'intérêt de ce comics qu'autrement j'aurais pu beaucoup aimer.

15/03/2023 (modifier)
Par Antoine
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Antoine

Imaginez. Il existe un programme qui permet de corriger les œuvres littéraires lorsque celles-ci sont mauvaises ou mal écrites, un algorithme qui arrive à cerner les incohérences ou le mauvais goût. En gros, une intelligence artificielle qui officiera en lieu et place des éditeurs de chair et de sang. De toute façon, la plupart ne lisent pas tous les bouquins qu'on leur envoie, trop de masse. L'idée, si elle peut faire flipper, fait tout de même sens. Imaginez encore. Ce programme est en réalité chapeauté par des héros issus d’œuvres diverses : manga, roman graphique, roman à l'eau de rose, aventure de capes et d'épées, etc. Ces personnages travaillent au sein même dudit programme et entrent dans les œuvres pour en corriger les défauts avant édition. Et ces derniers, s'ils savent qu'ils ne sont que fiction, savent aussi que leur réalité fictionnelle est LEUR réalité. Avec leurs souvenirs, leurs amours, leurs familles. Imaginez une dernière fois. A la suite de la mort d'un de ces "éditeurs", la cheffe engage un petit nouveau, personnage issu d'un roman graphique qui raconte l'histoire d'un auteur de bande dessinée. Triple mise en abyme. Le personnage de l’œuvre écrit lui-même une histoire sur un autre personnage (que l'on ne verra pas). Bah, avec tout ça, on pourrait prendre peur. Et oui, les première pages font peur, on ne comprend pas où on va. Puis le talent de Sean Murphy passe par là et il arrive à nous accrocher finalement très rapidement. Et c'est génial. Nous voici donc plongé au sein du programme avec cette bande de héros de seconde zone qui, maintenant qu'ils sont sortis de leurs œuvres originelles, se battent pour sauver les livres. Quel scénario brillant. Sans se prendre la tête outre mesure, Sean Murphy pose les bonnes questions tout en n'omettant pas de nous passionner par les aventures de nos héros dans ce monde éditorial. Pêle-mêle : - la question de la perception de la réalité entre deux personnes est posée intelligemment. Le personnage issu du manga est touchant lorsque, après des moqueries au sujet de l’œuvre complètement barrée (et débile) dont il est issu, explique que pour lui, c'est la seule réalité qu'il connaisse et qu'elle est donc SA réalité. - la question du pouvoir des livres est aussi malignement interrogée : à partir de quand un livre d'Histoire, pour reprendre l'exemple utilisé dans la BD, remplace la vraie Histoire ? - la question de la catégorisation est présente aussi, peut-on changer, même lorsque nous avons été "programmé", éduqué d'une manière et pas d'une autre ? - etc. Le dessin est splendide, Sean Murphy arrive à reconstituer les styles de chacun des univers présenté dans le comics. Le découpage est vraiment bien foutu et les scènes d'actions se lisent avec délectation. De même, j'ai beaucoup apprécié le clin d’œil à Punk Rock Jesus du même auteur (il y en a peut-être d'autres). Seul petit bémol, qui n’est pas du fait des auteurs mais de l’édition française, j’ai relevé quelques coquilles et fautes d’orthographe. J'en suis presque à regretter que ce comics ne soit qu'un one-shot, tellement l'univers pensé par Sean Murphy pourrait nous amener vers de multiples réflexions sur la littérature, sur la nature humaine, sur la sociologie des rapports humains. Mais c'est peut-être très bien ainsi, l'auteur nous ouvre une porte, à nous de continuer à la penser, à la faire vivre. Vraiment bravo !

03/03/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
L'avatar du posteur Cacal69

C'est un comics que je surveillais depuis sa sortie et l'avis de Josq m'a convaincu de franchir le pas malgré notre faible taux d'affinité (48,24% avant ce post). Je surveillais donc ce "The Plot Holes" pour Sean Murphy, j'aime beaucoup ce qu'il propose graphiquement depuis mes lectures de The Wake et Tokyo Ghost (Urban Comics). Et là, il est aussi au scénario. Un récit innovant qui fait voyager dans le monde de la littérature et plus particulièrement dans celui de l'édition. Un groupe de personnes aux particularités singulières (les inco-errants) se promènent littéralement dans les livres, grâce à un vaisseau "littéral" (le marque-page), quitte à y apporter quelques corrections pour pouvoir les publier. Mais les choses vont se compliquer, ils vont devoir faire face a une menace qui risque d'anéantir la littérature et leur groupe par la même occasion. Une lecture plaisante avec la joie de découvrir des mondes divers et variés. Une narration tonique, captivante et avec un brin d'humour, des personnages intéressants mais qui restent dans les standards du genre. Un bémol sur notre héros principal, je l'ai trouvé assez fade. Un comics qui fait référence à la culture populaire mais surtout sur le rôle phare de l'éditeur. Hélas, le développement reste superficiel. Je n'ai pas été déçu par la partie graphique, j'aime beaucoup le style de Murphy, son trait fin, hachuré et détaillé. Les couleurs sont réussies et la mise en page explosive donne du rythme au récit. Une curiosité.

10/11/2022 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
L'avatar du posteur Josq

Ayant adoré Batman - White Knight et sa suite, c'est tout naturellement que j'ai acheté ce comics en le découvrant en rayonnage, sur la simple base de son pitch et de son auteur. Sean Murphy s'attelle donc à nouveau au scénario et au dessin pour ce nouveau one-shot, sur un thème extrêmement bon, quoique difficile à cerner. Et ça va être toute la difficulté de The Plot Holes : réussir à faire entrer son pitch extrêmement fantaisiste dans un cadre qui soit un minimum rigoureux, en tous cas suffisamment pour développer une histoire et un univers construits et cohérents. Si le principe de base de l'univers est bien posé en quelques pages au début, les différentes découvertes que fait le lecteur sur cet univers au fur et à mesure du récit sont parfois plus compliquées à intégrer, car il faut jongler en permanence entre le réel et la fiction. Dieu merci, Sean Murphy n'a pas suffisamment de pages à disposition pour nous faire du Christopher Nolan et nous vriller le cerveau à grands coups de mises en abyme vertigineuses. Ce n'est pas trop sur ce plan que joue l'auteur, donc, et c'est probablement mieux. L'imbrication des univers est donc assez facile à comprendre (le réel > le programme > les oeuvres de fiction à corriger). En revanche, Sean Murphy s'amuse alors à nous promener d'un univers à l'autre, en les plaçant sur un pied d'égalité. On va donc se promener entre les extraterrestres et l'indépendance des Etats-Unis, en rencontrant aussi bien des créatures complètement fantaisistes que des personnages rigoureusement historiques. C'est là que The Plot Holes impressionne et éblouit, même si certains lecteurs pourront peut-être crier à l'overdose. En 120 pages de récit, il aborde une immense multiplicité de thèmes ! Evidemment, vu le nombre réduit de pages, il ne développe pas toujours beaucoup chacun de ces thèmes, mais malgré tout, il évoque quand même énormément de pistes, sans que ce soit jamais indigeste : Comment écrire sur la littérature même ? Peut-on retranscrire fidèlement l'Histoire ou la transforme-t-on nécessairement ? La réalité peut-elle être mise en scène ? Un personnage de fiction peut-il évoluer ? Est-il prisonnier des caractéristiques que lui pose son auteur ? Appartient-il plus au lecteur ou à l'auteur ? Faut-il privilégier la quantité d'écrits ou la qualité ? Comment peut-on identifier et corriger une oeuvre mal écrite ? Peut-on, doit-on censurer ? Attention, certaines de ces questions sont plus effleurées qu'abordées frontalement. Quoiqu'il en soit, toutes sont abordées de manière parfois discrète, mais toujours incroyablement intelligente. Sean Murphy fait preuve d'une grande subtilité, d'une certaine poésie, et d'une belle réflexion dans le traitement de ces thèmes, il ne cède pas trop à la facilité, et son récit, quoique purement d'aventures, en profite pour glisser ici et là de très belles idées. Graphiquement, c'est du Sean Murphy typique, donc ceux qui ont du mal avec son trait vont en penser la même chose que d'habitude, mais moi, j'adore. Je le trouve élégant, dynamique, chaleureux. Il est pour beaucoup dans la réussite de l'atmosphère créée. Même si cette réussite est avant tout due à des personnages extrêmement bien écrits. Conçus avec beaucoup d'humour, chacun d'entre eux permet dans un premier temps de s'amuser finement des différents clichés de chaque genre pour finalement en tirer une substance beaucoup plus sérieuse, l'air de rien : le manga où les personnages ne ressemblent pas à des Japonais, avec des méchas et des robots dans tous les sens ; le récit de fantasy qui, en voulant promouvoir l'homosexualité d'un personnage, bascule dans un discours inverse à son intention ; le comics pour enfants du début XXe qui finit par être le support du racisme de son auteur, l'héroïne vampire au passé tellement tragique qu'on finit par en questionner son statut de "méchante", etc. Tous ces éléments permettent à Sean Murphy, non seulement d'élaborer une réflexion solide sur différents sujets en lien avec la bande dessinée, mais aussi de mettre en scène des personnages torturés, placés face à leurs failles et à leurs contradictions, contraints d'évoluer d'une manière ou d'une autre, mais sans savoir comment. Tous les ingrédients sont donc réunis pour avoir un grand récit d'aventures, épique mais aussi intimiste, où l'action est tout aussi soignée que les personnages. Si le fait de développer l'histoire sur plusieurs tomes aurait probablement permis d'introduire davantage d'émotion dans le récit et de prendre plus de temps sur certaines péripéties, Sean Murphy démontre néanmoins une maîtrise remarquable du format 120 pages, en n'en faisant ni trop, ni trop peu à mon goût. On en a exactement pour notre argent, et je ne peux que recommander avec la force la plus vive d'aller vous procurer ce comics méta bien pensé, bien construit, où le divertissement ne le cède en rien au pouvoir de la réflexion. Et surtout, puisque c'est lui qui y est célébré du début à la fin, à celui de l'imagination !

25/10/2022 (modifier)