Pie VII - Résister à Napoléon

Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 2 avis)

Le Pape face à l’Empereur.


1799 - 1815 : Le Premier Empire - Napoléon Bonaparte Biographies Napoléon Bonaparte

Né en 1742, Pie VII est d’abord connu sous le nom de frère Grégoire. Il commence sa carrière ecclésiastique en tant que simple moine bénédictin, grimpe les échelons à force d’érudition et d’exemplarité et finit par être intronisé en 1800 à la suite d’un long et délicat conclave organisé à Venise. Il prend le nom de Pie VII en l’honneur du pontificat de son prédécesseur et protecteur Pie VI. Pie VII est le pape qui aura couronné Napoléon Empereur en 1804. Pourtant, à partir de cet événement, la relation entre les deux hommes se désagrège… Napoléon refusera toujours de se soumettre à l’Église et Pie VII n’acceptera jamais de céder aux demandes excessives de l’Ogre Corse. Il ira même jusqu’à l’excommunier. L’obstination du Pape à son encontre fait enrager l’Empereur qui l’emprisonne à partir de 1809. Ce n’est qu’en 1814 qu’il est libéré, un an avant la défaite de Waterloo et l’exil forcé de Napoléon vers l’île de Sainte-Hélène.Relatant la vie d’un pontife irréprochable par le biais de sa relation avec l’un des plus grands personnages de l’histoire, ce nouvel opus de la collection « Un pape dans l’histoire » permet de mettre en lumière la vie d’un combattant émérite et pacifique de l’Eglise. Un album qui rend également hommage au bicentenaire de la mort de Napoléon.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Août 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Pie VII - Résister à Napoléon © Glénat 2021
Les notes
Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 2 avis)
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28/10/2022 | Noirdésir
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L'avatar du posteur Agecanonix

Cette collection Un pape dans l'Histoire est bien construite, bien que les angles choisis soient très classiques, cet opus m'a un peu moins passionné que d'autres mais reste toutefois intéressant pour une partie de l'album, soit la confrontation entre le pape et Napoléon. En effet, la méthode de narration est intéressante car on suit la progression quasi complète du jeune Chiaramonti de son sacerdoce en tant que moine jusqu'à son élection pontificale ; cette partie est moins captivante mais nécessaire et bienvenue par rapport aux autres papes abordés dans cette collection. C'est la seconde partie qui voit le pape et Napoléon s'affronter qui est la plus intéressante. Avant toute chose, pour bien cerner le contexte d'époque, une petite révision historique s'impose si on veut avoir toutes les clés en main. Il faut savoir que le cardinal Chiaramonti au début, ne peut que louer le général Bonaparte, signataire du Concordat de 1801. Moins d'un an plus tard, il commence à déchanter et à gravir les premières marches du calvaire que l'impétueux Premier Consul puis le tout puissant Empereur lui impose de 1802 à 1814. L'Italie est en effet sous domination française, et Napoléon compte imposer ses choix à l'Eglise catholique, sauf que Pie VII montrera une résistance inattendue, c'est alors le début du bras de fer tendu entre 2 hommes déterminés. Il y aura d'abord l'humiliation du sacre en 1804, puis l'occupation des Etats pontificaux et de Rome en 1808 qui sera transformée en annexion pure et simple. Enfin, le pontife sera déporté à Savone puis transféré à Fontainebleau en 1812 ; prison dorée certes mais détention quand même dont je me souviens avoir vu ses appartements lors de ma visite du château de Fontainebleau vers 1990. Un aspect également intéressant est de montrer en parallèle avec le destin du pape, Napoléon sur son lit de mort à Sainte-Hélène, qui se remémore dans ses derniers instants son affrontement avec le pape qui fut un opposant farouche ayant forcé son respect. Le fond du sujet qui est celui d'une lutte de pouvoir menée par Napoléon pour réduire le rôle de l'Eglise, est bien démontré. Ceci est symbolisé par le couronnement qui voit Napoléon saisir la couronne impériale des mains du pape surpris et se couronner lui-même, avant de couronner Joséphine impératrice. C'est ce qu'on voit sur la célèbre et immense toile de David qui est au Louvre ; qu'est-ce que j'ai pu passer comme temps à détailler cette toile, elle est extraordinaire, elle est reproduite dans le dossier en fin d'album. Sinon, mis à part cet aspect de bras de fer, on ne peut pas dire que cet album soit tout à fait passionnant, il m'a moins intéressé que ceux consacrés à Clément V (lui aussi face à un esprit fort, le roi Philippe le Bel) et à Alexandre VI Borgia soumis à ses agapes orgiaques. En plus, on n'a même pas droit au fameux mot ironique de Pie VII : "Commediante ! Tragediante !" adressé à Napoléon en 1813 à Fontainebleau lorsque celui-ci tentait de le faire fléchir sur la question des évêques, en se montrant tour à tour enjôleur, bluffeur, théâtral ou menaçant. Néanmoins, l'album reste instructif, rigoureux et abordable pour être compris par des lecteurs n'ayant pas une connaissance parfaite du contexte historique, c'est un album tout public tandis que les férus d'Histoire et de papauté n'y apprendront pas grand chose. Tout ceci est traduit de manière solide par Thomas Verguet, son dessin est classique mais très respectueux sur les costumes et décors, et les visages célèbres sont bien reproduits. Je regrette juste que la première rencontre entre le futur pape et le futur empereur fasse l'objet d'une toute petite case, presque anodine, alors que cette première entrevue aurait demandé plutôt un cadrage plus large pour bien marquer le coup. Quant au dossier documentaire, il est très succinct et reprend pratiquement tout ce qui est conté, excepté un article instructif sur le Concordat de 1801, événement dont je n'avais jamais trop su ce qu'il signifiait.

10/11/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Certains des papes présentés dans cette collection, et plus généralement l’arrière-plan historique qui sous-tend leur activité, m’intéressent a priori, même si je suis souvent ressorti sur ma faim de ma lecture. C’est encore un peu le cas ici. La narration est bâtie sur une sorte de parallèle entre les vies de Pie VII et de Napoléon, parallèle entrecoupé de quelques aller-retour entre leur fin (assez proche dans le temps) et quelques rencontres, lorsque leurs trajectoires se croisent, rencontres assez tendues d’ailleurs. Si la personnalité de Pie VII est montrée comme forte – il mène un bras de fer très long face à l’Empereur et ne veut pas transiger sur les valeurs, principes et intérêts de l’Église, j’ai trouvé que ce pape était vampirisé par son adversaire. De fait, tout un pan de l’action du pape, de sa personnalité, est un peu passé sous silence, pour ne retenir que l’affrontement avec Napoléon, certes primordial, mais il manque je trouve une partie de ce qui aurait pu faire une biographie complète. Et du coup, cela oriente aussi le propos, Napoléon jouant le rôle du « méchant » intransigeant, face au « gentil » dans son bon droit. Loin de moi l’idée d’idéaliser Napoléon, ni de le défendre (c’est un personnage fascinant, mais que je n’aime pas), mais la présentation idéalise Pie VII autant qu’elle le déréalise. Du coup, c’est la résistance à Napoléon plus que la vie et l’action complète de Pie VII qui est mise en avant (le titre devrait être inversé). Je dirais même que c’est la résistance à certaines idées de la Révolution qui est mise en avant par Pie VII et par cette biographie… Il faut dire que, comme souvent dans cette collection, le travail complémentaire de recherche – et de présentation du dossier final – est dévolu à un journaliste et non un historien. Journaliste à l’Express et au Figaro, spécialiste des biographies de papes (Jean-Paul II par exemple). Je pense que l’orientation donnée à cette collection (copubliée par les très catholiques – en l’occurrence dominicaines – éditions du Cerf) est quelque peu biaisée. Bon, ça se laisse lire, mais il faut avoir en tête les a priori qui font de cet album quelque chose qui à mes yeux est partiel, et partial.

28/10/2022 (modifier)