Venera
Le monde se meurt. Le temps ne paraît plus s'écouler normalement, l'univers se délite et différentes couches de réalité semblent se juxtaposer. C'est la fin, et pourtant, il pourrait y avoir un plan B pour sauver le monde, une grande « sauvegarde » vers autre chose.
Atrabile Les petits éditeurs indépendants
Sur des prémices science-fictionnelles à première vue mille fois traités (« la fin du monde »), Joseph Callioni bâtit ici une oeuvre qui a quelque chose de profondément inédit ; à travers une esthétique imprégnée de surréalisme et peuplée de visions fantastiques, évoquant aussi bien la gnose que la physique quantique, Venera est un livre qui bouscule et interpelle tout en faisant une belle place à l'imaginaire et au voyage intérieur.
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Date de parution | 13 Mai 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je rejoins Ro sur sa description (de ce qui fait office d’intrigue, et des décors et personnages), sur le côté décousu de ce récit, et sur les deux styles graphiques assez différents qui cohabitent. Mais mon ressenti sera par contre très différent. Presque inversé d’ailleurs si l’on prend les styles graphiques, ma préférence allant très clairement aux passages usant d’une sorte de fusain. On y trouve des planches superbes (voir dans le dernier tiers les passages sous-marins). Il faut dire que ce dessin, des plus froids et énigmatiques, est pour beaucoup dans la fascination exercée sur le lecteur par ce récit (que j’aurais davantage placé en inclassable qu’en SF pure). Un récit qui fait la part belle à l’imagination du lecteur, qui mise tout sur une ambiance poétique, des images surréalistes (les êtres hybrides par exemple). Le texte lui-même a parfois des airs de poème en prose. Il ne faut donc pas être réfractaire à ce genre d’univers pour apprécier cet album (je ne prétends pas avoir tout compris, mais cela ne me frustre pas outre mesure), sans doute difficile à appréhender, et qui rebutera ceux qui ne lisent que du franco-belge classique ou qui ne jurent que par un récit très construit et/ou une action omniprésente. En tout cas je sors très satisfait de cette lecture, qui m’a permis de découvrir un auteur très original, publié par un éditeur qui sait toujours les accueillir et bien les mettre en valeur (très beau travail éditorial, avec couverture cartonnée épaisse, comme le papier, belle maquette avec des pages aérées, etc.).
Expérience graphique et narrative, Venera reprend à sa manière une thématique présente en science-fiction (qu'il s'agisse de la Cité des Permutants en roman, ou Alt-Life en BD), celle de la sauvegarde du genre humain dans un monde virtuel pour échapper à la fin du monde. Ce contexte, le lecteur le découvre par bribes dans cet ouvrage à la structure décousue et composé de chapitres à la linéarité relative dans lesquels les personnages eux-mêmes semblent marcher vers l'inconnu. Le graphisme est un élément essentiel de l'album. Deux styles différents s'y retrouvent, utilisés pour représenter certains changements d'état ou de lieux dans les différents mondes qui se chevauchent dans son intrigue. Il y a un style illustratif en teintes de gris, comme au fusain, réaliste et fin mais dont les visages sont d'étonnants masques dénués de vie, régulièrement vus sous le même angle comme des images copiées-collées. Et il y a un autre style en ligne claire, paradoxalement plus vivant malgré son moins grand réalisme. J'ai préféré le second au premier que je trouve trop froid, presque désagréable. L'intrigue est rendue absconse par sa narration hachée, les sauts d'une scène à l'autre, avec une foule de personnages mais aucun véritable héros ou protagoniste auquel s'attacher. Le contexte de ce passage des humains vers un monde virtuel est assez flou dans les premiers chapitres et le lecteur curieux essaiera de raccrocher les wagons pour s'y retrouver, comprendre la logique et le fonctionnement de cet univers, quels sont ses dangers et les motivations de chaque partie... Et malheureusement, cela ne s'éclaire jamais vraiment tant la logique de l'ensemble semble malléable, s'entamant avec Venera étant comme une utopique porte de sortie avant de finalement être considérée comme une dangereuse prison par les mêmes qui semblaient y voir au départ leur but ultime, sans que rien ne vienne vraiment expliquer le pourquoi du comment. Trop abscons, trop flou et malléable, pas assez convaincant pour un amateur de SF comme moi, et pas davantage non plus au niveau de l'expérience graphique et narrative.
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