Celle qui fit le bonheur des insectes
"Et moi, je te dis qu'il n'y a pas d'âge pour aimer les histoires ! D'ailleurs, quand je serais vieillard, je me ferai raconter des histoires chaque soir avant de m'endormir ..."
Inde Le deuil Les petits éditeurs indépendants
Dans le paisible royaume de Shandramabad, un roi meurt, laissant sa femme Shikara, enceinte de jumeaux, désespérée. Mais à la naissance des enfants, la reine reprend vie et devient une mère éperdue d'amour pour ses petits. Elle leur offre à chacun un oiseau-volcan, animal au plumage magnifique. Hélas, ce cadeau est empoisonné et signera la perte de son fils Gorakh, qui fait une chute mortelle en suivant l'oiseau dans son envol. La mère, ravagée par la douleur, ne supporte plus le chant d'aucun oiseau ; elle ordonne de faire tuer tous les volatiles du pays, qui sombre alors dans la tristesse, le silence et la maladie. Elle bannit tout bonheur et tout plaisir de sa vie, si bien que quand elle surprend sa fille, la princesse Jalna, dans les bras d'un vulgaire voleur, elle le condamne à un sort terrible. Jalna va alors affronter son destin et sa mère autoritaire, cruelle et folle de chagrin.
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Date de parution | 13 Octobre 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Mouais, pas fou cette BD. Je commence a avoir lu trop de choses différentes pour rester satisfait de cette histoire qui reste carrément en surface de tout son propos. L'histoire se passe dans une Inde imprécise en terme de date, dans laquelle une reine perd son mari. L'histoire embraye ensuite sur ce qu'il advint et je dois dire que la résolution de l'ensemble est expédiée. C'est un récit dans lequel presque aucun des éléments présentés n'aura son payement, ou presque. L'idée de faire disparaitre les oiseaux aurait pu être largement mieux traité, notamment sur l'apparition d'insecte qui est à peine évoqué. L'histoire d'amour à la fin est amenée franchement maladroitement pour moi. Mais pour le reste, l'ambiance fonctionne. Le mode de narration et le dessin se combinent pour donner une histoire qui fleure bon le conte, avec une touche de cette légèreté propre au genre. La lecture est très fluide, de fait, et l'ensemble a vraiment de la gueule visuellement. C'est ce que je retiens de l'ensemble : la beauté visuelle et la tonalité du conte. Malheureusement, l'histoire est trop rapide et sans but, ce qui la rend assez oubliable.
Souffrir, est-ce aimer encore ? Est-ce aimer plus fort ? - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, dont la première édition date de 2022. Cette bande dessinée a été réalisée par Zidrou (Benoît Drousie) pour le scénario et par Paul Salomone pour les dessins et les couleurs. Elle comprend quatre-vingt-sept pages de BD et cinq pages de recherches graphiques. Prologue. Une histoire comme on en raconte pour que le sommeil vienne aux enfants. Il est des oiseaux qui, dès les premiers frimas, migrent vers le sud, vers l'astre du jour, sa chaleur, son humour… Et d'autres qui, l'hiver venu, préfèrent migrer vers l'astre de nuit, sa douceur, son amour. Une maman raconte à ses enfants un conte sur des oiseaux qui s'envolent pour atteindre la Lune. Une fois la Lune atteinte, après la parade nuptiale, les femelles creusent de grands trous dans le sol afin d'y pondre leurs œufs. Ces mêmes grands trous sombres que, la nuit, on peut apercevoir à la surface de l'astre lunaire. Chaque femelle y pondra cinq ou six œufs qu'elle pondra, sans faillir, trois semaines durant. Trois semaines au terme desquelles éclateront, par milliers, des petits oiseaux de lune au plumage clair encore. C'est pour cela, les enfants, que la Lune est blanche : parce que sa superficie est recouverte d'écailles de coquilles d’œufs. La reine Shikhara a fini de raconter son histoire et ses enfants Jalna & Gorakh lui demandent s'ils existent vraiment, ces oiseaux de Lune. Elle leur répond par l'affirmative : ce sont eux qui, la nuit venue, portent leurs rêves aux étoiles. Ils les attrapent délicatement dans leur bec, puis s'envolent vers le firmament. Car chaque étoile est un rêve, et chaque rêve une étoile. Chapitre un : le cadeau. Combien de temps, déjà, s'était écoulé depuis le couronnement de Shikhara ? Quinze ans ? Seize ? Plus, peut-être ? Peu importe ! Qui s'amuse à compter les heures quand le bonheur habite son cœur ? Cela paraîtra sans doute incroyable, mais à l'époque la paix, la prospérité, et même la joie de vivre régnaient sur le royaume de Shandramãmãd. Tant et si bien que le peuple, reconnaissant avait surnommé sa reine : Kurgarvandji. Celle qui apaisa la colère des dieux. Quand, voilà près de trois lustres, son époux, le prince Gorakh Nanpur Aransol, mourut dans un tragique accident de chasse, Shikhara était enceinte de ses œuvres. En signe de deuil, la reine se brûla les cheveux. Puis se couvrit le visage des cendres de son mari. Ses larmes d'abord, la pluie ensuite finirent de laver la cendre de son visage. La vie, malgré tout, reprit le dessus. Ses cheveux lentement repoussèrent. Peu après, comme pour compenser celui qu'ils venaient de lui enlever, les dieux donnèrent à la reine deux beaux enfants. Une fille que l'on nomma Jalna. Et un garçon auquel on donna le nom de son défunt père : Gorakh. Selon la tradition, c'est Gorakh – pourtant né une heure après sa sœur – qui était appelé à succéder, un jour, à se mère sur le trône de Shandramãmãd. Très belle bande dessinée pour la prise en main, avec un format légèrement plus grand, et une couverture de toute beauté. Une illustration avec des tons doux, une reine assise sur un trône finement ouvragé dans une pierre claire, et cette nuée de papillons avec quelques insectes rampants qui apportent des touches d'ombre, vaguement inquiétantes dans leur fourmillement. le lecteur entame le prologue intitulé : une histoire comme on en raconte pour que le sommeil vienne aux enfants. Il commence par lire les cellules de texte et se fait la réflexion qu'elles pourraient se suffire à elles-mêmes. Une narratrice dit un conte et les images semblent ne servir qu'à donner à voir ce que dit déjà le texte. D'un côté, à chaque fois que les cartouches de texte mènent la narration, ils semblent se lire sans besoin de jeter un coup d’œil aux images. D'un autre côté, la beauté des dessins suffit à capter l'attention du lecteur pour qu'il ne risque pas de les oublier. Pour les quatre premières pages du conte, l'artiste choisit une représentation descriptive et concrète : un pari risqué. Pour autant, la palette de couleurs réduite à des nuances de brun installe une ambiance onirique fonctionnant parfaitement. Paul Salomone dose avec doigté ce qu'il montre, les oiseaux, et ce qu'il évoque les décors. du coup, le caractère onirique est conservé avec ce voyage vers la Lune comme dans un rêve aux environnements cotonneux et changeants, et les protagonistes apparaissent concrets permettant au lecteur de s'ancrer dans le réel. Le lecteur passe alors au premier chapitre, le cadeau, sur quatre et il découvre un monde beaucoup plus lumineux. Un royaume aux atours indiens, dans une contrée verdoyante, avec une flore diversifiée et colorée. Même dans les passages où la narration en mots prend le dessus, les dessins font beaucoup plus qu'illustrer un texte verrouillé. Les couleurs utilisées peuvent être assez vives, apportant des points chauds dans chaque page, un ingrédient avec une saveur de conte issu de l'enfance. Dans le même temps, les cases contiennent des dessins descriptifs avec un haut niveau de détails, et un détourage encré d'un trait fin, pour une apparence légère et parfois délicate. le lecteur adulte s'immerge dans un pays des mille et une nuits, avec une solide consistance et une vraisemblance remarquable. L'artiste ne se contente pas de réaliser un beau décor en toile de fond. Il a conçu une architecture des bâtiments, aussi bien extérieure qu'intérieure, des ameublements, l'une comme les autres en fonction du niveau de classe sociale où se déroule la scène, des accessoires et des tenues vestimentaires, dont l'ensemble présente une grande cohérence, rendant cette civilisation et cette époque très plausible, un royaume en Inde à une époque prospère. le lecteur a tôt fait d'arrêter de chercher les influences ou les références (comme une évocation d'une portion de la muraille de Chine en page onze) pour juste profiter du spectacle et prendre plaisir à ce dépaysement esthétique. En prenant un peu de recul sur une case ou une autre, le lecteur voit que les images ne font pas qu'illustrer ce qui dit déjà le texte. Paul Salomone donne à voir bien plus que ce que dit le texte. Il prend le risque de montrer l'interprétation qu'il en fait en termes d'environnements, d'urbanisme, d'architecture, de mode, etc. Il rend les lieux et les personnages très concrets, et dans le même temps il n'obère ni la poésie du récit, ni l'effet d'irréalité qui accompagne un conte. Il parvient à concilier des descriptions très fournies et précises avec l'impression d'un monde imaginaire. En page onze, le lecteur est émerveillé par cette vue du ciel, en vue subjective d'un oiseau, d'une belle contrée verte et montagneuse avec une ville aérée et étalée, un château à flanc de coteau, et des arbres aux feuilles colorées. Page quinze, il éprouve la sensation de voir les reflets ondulants de la lumière sur le bassin de la piscine dans laquelle la reine est en train d'accoucher. Il reste bouche bée, aussi émerveillé que Gorakh voyant son oiseau-volcan voler dans les hautes salles du palais, avec les magnifiques couleurs chatoyantes de son plumage. Il est épaté par le dessin en double page montrant la ville et le palais, avec tous les différents gazouillis d'oiseaux. Il effectue un mouvement de recul par réflexe devant la cruauté du châtiment physique infligé au monte-en-l'air. Ces moments coupent le souffle tout en stimulant l'imagination du lecteur. Totalement sous le charme de la narration visuelle, et se régalant du texte bien écrit, le lecteur se lance dans la découverte d'un conte qu'il suppose traditionnel et linéaire, avec une morale, ou tout du moins une leçon à la fin. Il ne s'est pas trompé, mais il était loin d'imaginer qu'il se prendrait d'une telle affection pour chacun des personnages. Il n'y a pas de méchant : le conte ne repose pas sur une opposition manichéenne. le point de vue se concentre sur la reine et ses enfants, un milieu aisé à l'abri du besoin, avec des serviteurs. En cours de route, intervient un monte-en-l'air issu d'une classe défavorisée, sans pour autant que le récit ne comprenne un point de vue social ; ce n'est pas ce genre de récit. Dans ces beaux atours indiens, l'auteur raconte un drame, et la manière dont différents personnages gèrent émotionnellement ces épreuves psychologiques. Il n'y a pas de commentaire recourant au vocabulaire psychanalytique, juste la mise en scène de la manière dont les protagonistes se comportent. Les deux thèmes principaux sont l'exercice du pouvoir et le deuil. Pas de leçon ou d'approche théorique, ni même politique. Même s'il n'est ni reine ni enfant d'un couple royal, le lecteur éprouve une forte empathie pour les personnages principaux, et comprend tout à fait que Shikhara utilise son pouvoir pour exercer sa vengeance. L'ampleur de celle-ci fait réfléchir quant à toute entreprise de vengeance quelle qu'en soit la raison ou les conséquences. le comportement de sa fille Jalna et d'Akbar contraste par rapport à celui de la reine, montrant qu'il est possible de souffrir sans souhaiter se venger. L'enjeu du récit ne réside pas dans ce qui serait la bonne manière de réagir dans la tourmente du chagrin, mais de donner à voir ce qui accompagne celle ou celui qui chérit son chagrin, et ce qu'il advient de celle ou celui qui accepte que la vie continue, plutôt que de s'y résigner. Un conte magnifique, à la fois pour sa narration visuelle d'une grande douceur et d'une grande richesse tant descriptive que colorée, à la fois pour sa mise en œuvre des conventions du conte pour un récit adulte sur le chagrin, avec quelques petites touches d'humour bien tournées et ne manquant pas de piquant. Par exemple : Princesse, vos royales origines ne transforment pas, pour autant, vos menstrues en or liquide. Un conte avec la forme d'un joyau étincelant doucement.
Si le dessin est très agréable à regarder, j’ai trouvé l’histoire peu passionnante. Surtout, je trouve la mise en place très longue pour un dénouement finalement vite expédié. J’estime que Zidrou consacre trop de temps à ses explications quant à l’évolution de Shikara (celle qui fit le bonheur des insectes) pour ainsi bifurquer en fin d’album vers cette histoire d’amour entre sa fille et son charmant voleur. C’est d’autant plus dommage que développer ce concept d’un royaume envahi par les insectes du simple fait de la disparition des oiseaux me semblait déjà un matériau suffisant pour écrire un bel album. Il n’empêche que l’histoire se laisse lire. J’ai pris plaisir à m’attarder sur le dessin, très fin et joliment coloré. Le découpage est bon malgré ce problème d’équilibre. Les personnages sont intéressants. Mais voilà, je termine avec le sentiment que le soufflé est retombé avant dégustation. Pas mal, oui, mais pas plus.
Zidrou a pondu là un récit aux résonances universelles, très simple dans sa construction et son déroulé, et qui se lit rapidement et agréablement. Une grande noirceur traverse l’intrigue, jusqu’à une conclusion bien plus positive – et qui se laisse deviner à l’avance. Mais la narration est agréable. Il n’y a pas vraiment de méchants dans ce conte. Même la veuve et mère éplorée, qui extermine tous les oiseaux de son royaume indien, déclenche plus la pitié que la colère, tant son malheur prend le pas sur tout. Et, comme dans beaucoup de contes, Zidrou défie la probabilité, voire la crédibilité historique ou rationnelle, pour faire se rencontrer et s’aimer la princesse isolée et un gueux voleur mais malin et séducteur (dans le bon sens du terme). Les deux amoureux qui défient les convenances sociales et la volonté de la reine portent avec eux une certaine morale : au final, l’amour triomphe de tout. Pour cette histoire un peu sirupeuse (mais pas trop), le dessin de Salomone est vraiment chouette, très lumineux, et bien mis en valeur par une mise en page aérée (le travail graphique est de toute façon toujours mis en avant par le galeriste Maghen dans ses publications). Bref, une histoire simple et bien fichue, jolie à regarder, qui s’adresserait presque plus à de jeunes lecteurs, n’était quelques scènes d’amour (pourtant plus en évocation qu’autre chose). Note réelle 3,5/5.
Une merveilleuse lecture. Zidrou et Salomone ont su me toucher avec cette fable sensuelle, cruelle et émouvante. Un beau travail des éditions Daniel Maghen. Un titre qui interpelle et quelque peu trompeur puisque d'insectes, on en verra qu'un et très furtivement. En Inde, la reine Shikhara fait prospérer son royaume de Shandramabad jusqu'au décès tragique de son fils. Doucement, son immense tristesse va la faire basculer dans la folie, au point de faire exterminer tous les oiseaux. Un deuil impossible et une culpabilité qui la rongent. Sa fille Jalna ne sera pas épargnée par sa colère aveugle. Une narration onirique où la voix off de .... (il faut garder la surprise) apporte une touche de poésie et de mystère au récit. Un drame où l'amour sera l'élément clef d'une nouvelle résurrection. Un voyage dans un monde imaginaire et son ambiance douce/amère légèrement épicée. Un Zidrou qui maîtrise son sujet de bout en bout. Un récit poignant qui ne m'a pas laissé insensible. La partie graphique est somptueuse, un trait fin, précis, doux et expressif avec une colorisation dans les tons chauds et humides qui font penser à des aquarelles. Une mise en page immersive. Féerique. Pour ceux qui ont gardé une âme d'enfant. Coup de cœur.
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