Ils brûlent
On peut laver ce qui a été sali. On peut réparer ce qui a été rompu. On peut soigner ce qui a été blessé. Mais tout ce qui a brûlé, Restera à jamais en cendres.
Institut Saint-Luc, Liège Les petits éditeurs indépendants Sorcières
Dans un monde médiéval hostile où sévit une implacable chasse aux sorcières, le jeune Georg aide Ongle et Pluie, deux étranges jeunes filles au passé traumatique, à fuir le Sanctuaire, une prison de l’inquisition. Dotées de pouvoirs effrayants pour le commun des mortels et bien incapables d’expliquer leurs origines, ni même qui elles sont, Ongle et Pluie, accompagnées de Georg, se lancent dans une errance désespérée à travers le pays. Georg découvre peu à peu la profondeur des séquelles que les maltraitances physiques et psychiques ont laissées à Ongle et Pluie et à quel point il s’est engagé dans une quête qui le dépasse. Armé de sa bienveillance et de sa candeur, il tente de les aider, pas à pas, à guérir. Où trouver cependant un lieu sûr, dans ce monde qui veut leur mort ? D’autant qu’un implacable inquisiteur, surnommé Le Mage, est sur leurs traces et semble capable de les trouver jusque dans leurs rêves. Recevront-iels l’aide de cette étrange voix venue des tréfonds de la forêt dans laquelle iels s’enfoncent inexorablement ?
Scénario | |
Dessin | |
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Editeur
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Genre
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Public
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Type
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Date de parution | 20 Octobre 2022 |
Statut histoire |
Série en cours
(3 tomes prévus)
1 tome paru
Dernière parution :
Plus de 2 ans
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Les avis
Alors je fais exactement le même constat que mes trois collègues précédents : c'est une très très bonne BD. Le dessin qui, survolé, laisse une impression de gribouillis indéchiffrables, est en réalité très fin, plein de détails, et les gestes, attitudes, expressions ne laissent aucune place à l'équivoque. Les traits sont vivants, ça vibre et ça suinte. C'est en outre narrativement très clair. Bref ! C'est remarquable en tous points. Et d'abord parce que Aniss El Hamouri casse bien les codes en matière de narration. C'est osé, sans concession. Bravo ! Ce qui me retient un brin, c'est la longueur du démarrage. Il faut en effet parvenir à la moitié du récit, ou en tous cas au premier tiers, pour voir l'histoire décoller. Jusque là, c'est assez verbeux et démonstratif, et un peu apitoyé. Mais une fois l'élan pris dans la pente, on ne lâche plus jusqu'à la fin. Il y a une réelle densité spirituelle et philosophique, et quand on sait qu'il reste encore au moins deux tomes à paraître, ça laisse présager bien des aventures, des circonvolutions et des rebondissements. C'est une belle perspective. Mais surtout, une grande BD.
Comment faire beaucoup avec peu ? Comment faire original avec du classique ? Ils brûlent. Quel titre ! Une belle couverture comme ça a été souligné aussi. On est absorbé très vite par l'histoire, le rythme. On comprend que les personnages évoluent dans un univers que l'on ne connait pas, et qui comme si on avançait dans la brume, ne permet de voir petit à petit, par touche, que ce qui se passe à proximité au fur et à mesure de l'avancement de l'histoire. Pour ma part les dessins m'ont fortement attiré. Il y a également une tension d'entrée de jeu que j'ai trouvé très bien réussie. On suit ces ados qui fuient, dans un monde qui semble être rude, que l'on ne comprend pas très bien. L'ambiance et l'imaginaire créés fonctionnent. J'ai très hâte de lire la suite.
Alors là, énorme coup de cœur ! La superbe couverture a tout de suite attiré mon attention alors que je déambulais parmi les éditeurs indépendants au festival d’Angoulême 2023, et une dédicace (et chouette rencontre) plus tard, l’affaire était pliée. Sur le fond, il ne s’agit certes que d’une énième histoire de chasse aux sorcières. Mais l’univers mis en place par l’auteur m’a pris à la gorge : sa violence inouïe, l’omniprésence de la nature comme une force à part entière, et puis surtout ce trio de personnages tellement attachants. Ongle et Pluie (les deux sorcières) commettent des atrocités sans nom… impossible pourtant de leur en vouloir. On suit leurs déboires avec peine, on souffre avec elles, on les encourage dans leur terrible fuite. Et leur compagnon d’infortune, Georg, est tellement bienveillant et fragile. J’ai vraiment tremblé avec eux, jusqu’à ce dénouement en cliffhanger qui m’a scotché, raaa vivement la suite ! Je réalise tout à fait que le dessin tout en esquisses ne sera pas du goût de tout le monde, et la lisibilité est parfois perfectible. Mais il a un charme fou, et contribue grandement à l’ambiance cauchemardesque du récit. Bref, un gros coup de cœur en ce qui me concerne.
Ohhhh mais c'est énorme ça ! C'est en somme une histoire simple... et complexe. Nous avons deux supposées sorcières, qui aidées par un gamin au coeur sur la main, essaient d'échapper à l'inquisition. Très vite les questions s'accumulent : qui sont-elles vraiment ? D'où viennent leurs pouvoirs ? Comment Georg les a-t-il sorties de leur prison ? Petit à petit on raccroche les wagons, on reconstitue le puzzle... Mais ce n'est pas facile, car Ongle et Pluie elles-mêmes ont oublié jusqu'à leur nom, leur vie d'avant, si tant est qu'elles en aient eu une... Le pauvre Georg, en butte avec ces questions constantes, essaie néanmoins d'aider ces deux malheureuses, armé de ses piètres talents et de sa gentillesse. Ce qui n'est pas facile. D'autant plus que le Mage lancé à leur poursuite, n'a aucune pitié, même si lui-même est en proie à des démons comparables à ceux de ses proies... Le récit est incroyable, il brasse le traumatisme (j'ai RESSENTI physiquement la souffrance infinie des deux fuyardes), la rédemption et encense l'amitié, envers et contre tout. Les scènes où la tendresse qui lie ces trois personnages mais aussi leur séparation, la frustration de Georg, sont purement déchirantes. A la fin de ce premier volume Aniss El Hamouri laisse encore de nombreuses zones d'ombre au sujet de ses personnages, de leurs origines et de leur destin. Il y a plus de 200 pages, et on ne les voit pas passer, j'ai rarement connu une telle prouesse ! Graphiquement il y a du Sfar dans le style d'El Hamouri, mais dans une dimension différente, à la fois plus maîtrisée et plus torturée. Le tout est réalisé en bichromie, avec un brun savamment dosé. On eût pu croire qu'il utiliserait une autre couleur pour les scènes oniriques, mais elles sont dans les mêmes tons, respectant ainsi l'impression donnée par Ongle, que rêves et réalité sont difficilement différenciables, tellement l'horreur est présente partout... Il va falloir attendre un an avant de lire la suite, espérons qu'elle sera à la hauteur de ce premier segment.
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