La Dernière Reine (Rochette)
Grand prix RTL de la bande dessinée 2022. Le nouveau récit alpin de Jean-Marc Rochette.
1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles Grand prix RTL de la bande dessinée Les Alpes Les Roux ! Milieux artistiques Ours et nounours Séquelles de guerre
Gueule cassée de 14, Édouard Roux trouve refuge dans l'atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage. Elle lui redonne un visage et l'introduit dans le milieu des artistes de Montmartre. En échange, Édouard lui fait découvrir la majesté du plateau du Vercors et l'histoire du dernier ours qu'il a vu tué quand il était enfant. Au cœur du Cirque d'Archiane, il lui dévoile la Dernière Reine et incite Jeanne a créer le chef d’œuvre qui la fera reconnaître. Dans la veine des grands romans feuilletons du 19e, La Dernière Reine croise les destins du dernier ours du Vercors et d’Édouard Roux gueule cassée de 14. Comme précédemment dans Le Loup, homme et animal se confrontent dans un récit puissant, mêlant questionnements écologiques, féminisme, histoire d'amour et histoire de l'art.
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Date de parution | 05 Octobre 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Dernier album de la trilogie de Rochette sur la montagne et c'est aussi celui qui m'a semblé être le moins bon. Ce one-shot est sympathique à lire, mais il m'a semblé moins prenant que les deux autres one-shots qui étaient captivants du début jusqu'à la fin. Il faut dire qu'au début cela semble partir dans tous les sens avec des sauts dans le temps. Puis lorsque tout devient cohérent, on voit le talent scénaristique de Rochette qui est capable de prendre des éléments qui semblent trop différents pour faire un tout cohérent et de bien les utiliser. Sauf que même lorsque les thèmes du scénario sont clairs, je trouvais que le résultat était correct sans plus. Le couple ne m'a pas trop touché. Ce n'est que lorsque les deux personnages revient à la montagne que j'ai trouvé que le scénario était enfin passionnant à lire. C'est dans le dernier tiers que je trouve qu'il y a tous les moments les plus marquants du récit. Comme ci la montagne était une meilleure source d'inspiration pour l'auteur que le milieu d'art parisien. Le dessin de Rochette est toujours aussi bon pour les paysages.
Rochette cultive un amour pour la montagne que je trouve admirable et son dessin veut magnifier un lieu magnifique qui disparait par la faute de l'homme. La Dernière Reine est une suite spirituelle à Ailefroide - Altitude 3954 et Le Loup, avec ce trait charbonneux en noir et blanc, la montagne comme lieu de vie et l'interrogation sur l'humain qui se lance à l'assaut de ces géantes, pour le meilleur et le pire. La Dernière Reine reprend l'ours comme symbole d'une nature puissante, belle et magnifique qui se fait progressivement chasser par l'homme, encouragé par les pâturages de moutons et la plantation de sapin. Rochette veut conter son histoire autour de Édouard Roux, mais en même temps passe par plusieurs époques pour mettre en lumière la façon dont l'homme a considéré l'ours, en le mettant en parallèle des femmes notamment. Le récit est très porté sur les deux personnages principaux, Roux et Sauvage, deux personnages aux noms évocateurs. Il cultive les marginaux, se permet de brocarder sur l'art et veut magnifier la beauté sauvage et naturelle, celle que l'humain détruit consciemment et méthodiquement. Je ne suis pas toujours d'accord avec la réutilisation d'anciens liens supposés que l'homme aurait eu avec la nature, mais je suis malheureusement bien obligé de reconnaitre que l'homme a du mal à respecter cette nature et la voire autrement que comme une source de profit ou d'emmerdes. C'est beau, bien mené et la BD invite à se poser, respirer l'air des montagnes et échapper à un monde industriel qui produit des guerres industrielles, des malheurs à la chaine, la destruction du beau et la marchandisation de l'art. Un message qu'on peut trouver simple, mais que je trouve beau aussi. C'est aussi le genre de message qu'il devient plus qu'urgent de rappeler au monde.
L’histoire de la dernière reine nous emmène dans un voyage à la fois émouvant et tragique, qui se déroule à travers les siècles (et même au-delà), géographiquement entre Vercors, Grenoble, Paris, et un court passage par l’enfer des tranchées. Ce voyage est celui d’Edouard, colosse défiguré, héritier d’un savoir qui plonge ses racines dans les millénaires où l’humanité vivait davantage en harmonie avec le vivant et la nature sensible. Il va retrouver goût et sens à une vie dévastée par les éclats d’obus. La palette de couleurs est souvent sombre et sourde, les cadrages serrés font ressentir le manque d’espace dans les villes (dont les diverses ambiances sont très bien restituées, dans les Halles, les cabarets, les fonderies…) ou dans les bois de sapins – qu’on ne voit plus pareil après avoir lu ce livre-, espace qui s’ouvre par contre dans les échappées émerveillées d’Edouard et Jeanne sur le Vercors. A part une légère incohérence sans conséquence entre l’introduction du récit et la partie finale (avec une annonce faite à Edouard qui n’est pas logique lorsqu’on arrive à la conclusion du récit), le récit linéaire est riche : il contient des épisodes souvent révoltants (que ce soit à l’époque contemporaine ou lors des retours en arrière – les lecteurs grenoblois méditeront par exemple sur le nom de l’équipe de hockey des « Brûleurs de loup »), mais est illuminé par la très forte description d’un amour absolu, indépassable. La conclusion est emplie de mélancolie : dans ces dernières pages, on frémit à l’évocation de la fragilité du lien qui relie l’homme au reste du vivant, et à la rupture duquel adviendra le règne des ténèbres...
Cette BD mêle élégamment trois thématiques a priori assez peu compatibles : les gueules cassées de la première guerre mondiale, le milieu artistique parisien, celui de la sculpture en particulier, et les montagnes du Vercors, leur flore et leur faune. Je ne me sens proche d'aucune de ces thématiques ce qui m'empêche d'avoir été particulièrement touché par cet album, mais je l'ai trouvé de bonne facture, abordant avec justesse des sujets originaux et présentant quelques fulgurances assez touchantes sans pour autant m'emporter. J'ai été un peu rebuté par l'obscurité du dessin et son manque de couleurs. Ce n'est pas un style qui me plait. J'ai l'air de me plaindre et de faire bien des reproches à cet album mais objectivement, c'est une bonne BD, bien racontée, originale et comportant quelques idées fortes et passages intéressants. C'est juste qu'à titre personnel, je n'ai pas été particulièrement touché par son contenu et j'ai peur qu'elle marque peu ma mémoire.
Cette BD de Rochette déstabilise car elle mêle des thématiques que l'on n'imaginait pas liées en une même histoire : les gueules cassées, un hymne écolo à la nature sauvage, le monde de l'Art dans les années 20, la justice expéditive des hommes à l'égard des marginaux, cela avec des aller-retours historiques (Préhistoire et Moyen-Âge). Le résultat est inattendu et beau, voire davantage. Tout s'enchaîne merveilleusement malgré les grands écarts constatés. L'intrigue est tragiquement émouvante, magnifiée par le style de Rochette si caractéristique (charbonneux, entier...) renforçant ici indiscutablement le propos. Une nouvelle belle réussite pour cet auteur.
Cet album combine deux thématiques d’une manière assez étrange. D’une part, nous avons l’histoire d’une destinée ancestrale qui lie une famille humaine aux ours. Ceci nous est présenté via de nombreux flashbacks remontant à l’aube de l’humanité et nous allons ainsi retrouver à différentes époques une lignée d’humains aux cheveux roux dont le rôle semble être de protéger les ours. D’autre part, nous allons suivre l’histoire d’amour qui va naitre entre une « gueule cassée » et une artiste suite à la confection par cette dernière d’un masque qui permet au premier de cacher son visage atrocement mutilé dans les tranchées. Ce volet du récit nous ouvre les portes des milieux artistiques de l’après-guerre. On traine alors du côté du Lapin agile (célèbre café d’artistes et d’anarchistes de Montmartre) et on croise quelques personnages célèbres. Le trait d’union entre ces deux volets est personnifié par Edouard Roux, dernier représentant de la lignée de ces humains défenseurs des ours, et gueule cassée de 14-18 qui va découvrir le monde des arts grâce à Jeanne, son amour. Si j’ai lu cette histoire avec plaisir, si les deux volets m’ont plu, j’avoue avoir beaucoup de mal à trouver une thématique commune (sinon celle assez simpliste de l’homme qui saccage tout au seul nom de son profit personnel). Du coup, j’ai le sentiment d’être un peu passé à côté de l’album. Mais par ailleurs, j’ai dévoré ce récit, j’ai été touché par les personnages (à commencer par Edouard Roux), j’ai aimé cette évocation des milieux artistiques de l’immédiat entre-deux-guerres, j’ai aimé la mise en page, le dessin à l’encrage très marqué. Oui, j’ai vraiment bien aimé ma lecture mais j’ai le sentiment d’être peut-être passé à côté du message que voulait délivrer son auteur. Du coup, je reste sur un simple pas mal mais c’est un bel album qui mérite d’être lu.
Cette bd m'a été offerte pour Noël 2022, en 2021 c'était Le loup. Vraiment pas convaincu... Dessins, on pourrait pinailler, mais Rochette est un as du dessin depuis des lustres; c'est surtout le manque de blancs, couleurs, luminosité qui m'a bien gêné, le seul blanc est celui des phylactères, la neige est à peine blanchâtre voire grise, les verts et les jaunes sont absents, peut-être un défaut d'impression ou une cataracte de Rochette mal diagnostiquée (pas pour moi, c'est fait depuis longtemps). Déjà Le loup était assez sombre dans ses images, pour la Dernière reine c'est pire. Je n'apprécie pas trop non plus, en ce qui concerne les dessins, la reprise ou la résurgence de toutes ces vues de crêtes, pics, falaises etc, d'un album à l'autre voire dans la même bd. Histoire: guimauve, bons sentiments, sans qu'il veuille tomber dans le prêchi-prêcha, tout est un peu "téléphoné" dans les rapports entre personnages (on comprend dès les premières pages que la Jeanne et le Roux vont vite conclure), lourd, pesant, j'ai lu en accéléré les pages pré-histoire, histoire ancienne... Cerise sur le gâteau: Jeanne tuberculeuse, le Roux sorti de la vague "Au-revoir là-haut" avec une prothèse improbablement parfaite. Bref, pas facile à noter: - Dessin et travail de l'auteur 5 - Scénario: 2 - Impression: 2
Rochette a encore gravi un échelon sur l'échelle graphique. Cette dernière reine est tout à fait remarquable. Pour l'anecdote, et sans vouloir raconter ma life (peu intéressante au demeurant), je suis resté un long moment chez mon libraire avec dans une main l'édition courante, et dans l'autre le tirage limité, imprimé en noir et blanc dans un format plus conséquent. Son trait de toute beauté m'a plongé dans une sorte d'indécision plutôt inhabituelle chez moi. Outre le prix outrageux du tirage de luxe (ainsi que la couverture à mon sens mal choisie), c'est finalement la mise en couleur qui m'a fait opter pour l'édition courante. En effet, je la trouve très réussie. Les scènes sont baignées dans une atmosphère sombre tout à fait de circonstance. On est dans l'immédiat après-guerre. A l'image d’Édouard Roux, le héros de cette histoire, le pays se réveille avec la gueule cassée, des artistes nouveaux émergent peu à peu en marge de l'art officiel... On y croise notamment Chaïm Soutine ou le sculpteur François Pompon (dont l'Ours Blanc exposé au musée d'Orsay, allusion à la disparition des ours polaires, est un écho actuel au dernier ours du Vercors raconté ici par Rochette - parce que oui, Rochette nous parle bien d'aujourd'hui)... Bref ! L'époque semble très bien reconstituée ici. Je l'évoquais : La dernière reine est un livre d'aujourd'hui. Chez les peuples indiens, la nature n'existe pas. A la question "qu'est-ce que la nature ?", un habitant de la forêt amazonienne répondra : "mais la Nature, c'est moi !". Cette micro digression pour dire que pour aborder la question du lien qui unie l'Homme à la nature, tout à fait centrale dans ce récit, Jean-Marc Rochette choisit précisément d'ancrer son histoire dans une époque troublée. L'image de la gueule cassée pourrait s'appliquer à bon nombre d'entre nous tant les séquelles de la guerre économique de tous contre chacun depuis disons 2001 détruit nos vies et notre quotidien. Et bien entendu, comment ne pas voir dans la dernière ourse abattue une allégorie de l'extinction de masse qui se déroule sous nos yeux incrédules ? Quant à notre couple qui fait le choix de se retirer du Monde pour aller vivre de la terre, il s'agit d'une vision d'un futur qui n'appartient pas qu' à son auteur mais s'incruste dans bon nombre de têtes... Mais pas question de tout révéler. Il y a beaucoup beaucoup de choses à manger (le modèle pris par Édouard pour son masque en est une autre), sans que l'on ressente pour autant la sensation d'ingérer un truc bourratif. Autre chose : le fait d'établir des corrélations entre différentes époques est un truc auquel je suis personnellement très sensible. Cette idée qu'un lieu est habité par un esprit, que les événements imprègnent le temps qui passe, me parle énormément. Rochette utilise pas mal ce ressort, et de mon point de vue, cela confère encore davantage de profondeur à son récit. Bref ! C'est une chouette BD, dotée d'une belle densité sémique. Celle-ci n'est pourtant pas exempte de maladresses. Par exemple, je m'interroge sur l'utilité de ces images fragmentées en plusieurs cases. Quel est l'intérêt, par exemple, de nous montrer un ours dressé sur ses pattes arrières dont le dessin est divisé en 6 cases là une seule grande aurait suffit ? Quant aux bons sentiments qui agitent nos protagonistes, certains pourront les trouver un peu mièvres et sans réelle profondeur. Ha ! Les bons sentiments que voilà ! Je peux parfaitement l'entendre. MAIS ce serait passer outre ce flux narratif qui nous embarque dans une époque et nous donne à voir une histoire à laquelle on a terriblement envie de croire. Ce serait oublier le trait affuté comme jamais de cet auteur incontournable. Et surtout ce serait manquer ce qui se révèle être au fil des pages un écho tangible à notre époque. Enfin, les bons sentiments, ça ne mange pas de pain. On en a besoin par les temps qui courent.
Voilà le nouveau Rochette, dans la lignée, au niveau graphique et de certains thèmes (exaltation des espaces montagneux du Vercors, de la cohabitation entre l’homme et la nature, et certaines espèces animales – ici les ours), d’albums comme Ailefroide - Altitude 3954 ou Le Loup. Le dessin est relativement simple, la colorisation très sombre. On aime ou pas, mais le rendu est intéressant, à mon goût en tout cas. J’ai eu un peu de mal avec l’histoire au début, avec ces va-et-vient entre différentes époques (de la préhistoire au début du XXème siècle), mais ça se stabilise au bout d’un moment et devient plus facile à suivre et surtout plus intéressant. Le héros, Édouard Roux – dont on sait dès les premières pages qu’il finira mal – est un idéaliste libertaire, amoureux de la nature, dernier d’une longue lignée d’adorateurs et défenseurs des ours sauvages. Ayant échappé à la boucherie de 14-18/, il rencontre Jeanne Sauvage (rien que leurs deux patronymes sont transparents tant ils les « signent »), sculptrice qui va lui redonner un visage « présentable » (Édouard est une « gueule cassée »). Tous deux vont vivre une histoire d’amour, loin de la corruption de la ville (Paris et ses marchands d’arts vénaux, ses collectionneurs sans âme, ses snobs à taper), au cœur de la nature du Vercors. Mais les histoires d’amour finissent souvent mal… Peut-être pas aussi fort que ses récits précédents, cet album de Rochette est tout de même bien fichu, se lit d’une traite. Un bel hymne à la nature – sous toutes ses formes, et, malgré une fin qui laisse entendre que la société et ses œillères auront le dessus - , c’est aussi un hymne à la liberté (de l’amour, des idées) face à tous les plus ou moins petits cons. Une histoire agréable à lire en tout cas.
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