1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
Seuls les désespérés prennent le risque de s’embarquer sur le Jakarta. À son bord, un équipage issu des bas-fonds d’Amsterdam et assez d’or et de diamants pour exciter les plus folles convoitises. Un baril de poudre sur un enfer flottant. Invitée improbable dans cette traversée vers le cauchemar, Lucrétia Hans devient la seule à pouvoir empêcher Jéronimus Cornélius, apothicaire hérétique et ruiné, d’allumer la mèche… Bon voyage.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Glénat Les Meilleurs Diptyques Les prix lecteurs BDTheque 2022 Vieux gréements
Premier tome d’un diptyque consacré à l’une des pages les plus sanglantes de l’histoire maritime, ce thriller psychologique revient sur un récit effroyable où se sont mêlés mutinerie, naufrage, massacre et survie. En se focalisant sur ce microcosme sordide, Xavier Dorison signe autant un récit d’aventure magistral qu’une galerie de portraits sur la noirceur de l’âme humaine, magnifiquement illustré par un Thimothée Montaigne au sommet de son art.
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Date de parution | 16 Novembre 2022 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
J'avais vu cette bd à sa sortie et elle m'avait intéressé pour le thème qu'elle abordait : le XVIIème siècle et les débuts des grandes compagnies maritimes avec leurs lots de voyages dont on sait jamais si on en revient ! Il faut aussi avouer que la couverture en jette et j'ai donc pu me l'offrir il y a quelques jours. J'avais un à priori un peu mitigé sur cette bd; Dorison n'est pas mon scénariste préféré. Je reconnais que ses scénarios sont souvent fluides, sans lenteurs et bien écrits mais je ne les ai jamais trouvés exceptionnels. Au dessin, je ne connaissais pas Montaigne mais de ce que j'avais vu, c'était du Lauffray en un peu moins bien. Et justement que dire du dessin ? J'en suis très agréablement surpris. Si effectivement, la lecture de 1629 m'a bien confirmé l'influence de Lauffray, je trouve les planches très bien dessinées. On aura droit à quelques doubles planches ou des grandes cases qui prennent parfois toute une page. Elles renforcent l'immersion et nous plongent directement dans l'histoire, notamment pendant la tempête, c'était vraiment chouette. Le dessin rend de plus très bien de la misère d'une vie en pleine mer, mais aussi des tensions entre les personnages et les craintes qu'ils renferment, notamment grâce à un cadrage très dynamique et moderne, un cadrage qui m'avait d'ailleurs un peu rebuté en feuilletant la BD avant de la lire, moi qui suis plutôt habitué à celui clair et précis des anciennes BD, mais qui a le mérite que je viens d'évoquer. Notons aussi que la qualité des dessins ne se limitent pas aux personnages et à l'ambiance offerte. En effet, les décors (surtout ceux d'Amsterdam) ne sont pas bâclés, ce que j'ai tendance à remarquer de plus en plus souvent dans les BD des dernières années qui pourtant sont parfois adulées par les critiques, mais bon passons. Pour le scénario, comme je l'ai dit Dorison n'est pas mon auteur préféré, mais il a ici réussi à me faire vraiment aimé l'histoire qui pourtant à l'air assez classique en apparence : long voyage, tentatives de mutinerie et évidemment naufrage ( c'est pas vraiment un spoil vu que c'est évoqué en 4ème de couverture et dans le titre ;) ) Il va donc jouer sur la tension palpable entre les officiers et les marins mais aussi sur l'apparition d'un personnage énigmatique : l'apothicaire. Tous ces éléments parviennent donc à garder le lecteur en haleine, jusqu'à la scène de fin qui termine de belle manière le premier volet ! Parlons enfin du prix de cette BD. 35€, même si le format est très grand et qu'il y a 120 pages à lire, c'est beaucoup trop cher. Le choix éditorial peut être justifié si l'on compare par exemple avec Les Indes Fourbes d'Ayroles qui est au même prix. Mais cette dernière avait tout de même 30 pages de plus. 25€ voire 30€ maxi auraient été plus raisonnables. Finalement, je recommande quand même la lecture de cette histoire qui est la première d'un diptyque dont la suite s'avère encore plus passionnante ! Elle fut une très agréable surprise en ce début d'année et j'ai hâte de lire le dénouement ! TOME 2 : Le tome 2 garde les mêmes qualités scénaristiques du premier en jouant sur le suspens, les choix et dilemmes des personnages et la cruauté de l'apothicaire. Si l'histoire de la survie sur un îlot est moins passionnante que le voyage en mer du tome 1, elle propose une nouvelle approche du récit puisqu'il ne sera plus question de jeux de pouvoir et de mutineries, mais de dilemmes moraux et de survie face à un groupe de marins écrasants plus que de la quête de nourriture ou d'eau en attendant les secours. Concernant le dessin, il est toujours de très bonne qualité et le cadrage, comme dans le tome 1, permet de jouer sur des thèmes comme la solitude, la peur ou la colère. J'aurais bien aimé un peu plus de dessins en pleine planche comme dans le premier. Il y en a, mais ils sont moins spectaculaires. 35€, toujours très cher mais l'objet est vraiment très beau, la couverture est magnifique et ça fera très bien dans ma bibliothèque !
tome 1 La première chose que l'on remarque avec cette bd, c'est sa qualité éditoriale, une couverture remarquable, et un album de 135 pages qui pèse plus d'un kilo ! Certes, le prix est assez élevé, et un choix éditorial autre à un moindre coût aurait pu l'emporter mais c'est vrai que cette option, assez luxueuse, est discutable mais passons... Ce qui frappe en ouvrant cet album, c'est le dessin de Thimothée Montaigne. J'avais découvert cet auteur avec la série Le Troisième Testament - Julius qu'il avait repris au pied levé avec un certain brio, il faut l'avouer. Certes son dessin lorgne sans ambiguïté aucune, vers celui de Mathieu Lauffray, avec lequel il avait collaboré sur Long John Silver. Il n’y a rien à dire sur le dessin, c'est superbe, on en prend plein la vue avec quelques pleines pages ou doubles pages incroyables (je pense notamment à la découverte du Jakata, pages 22 et 23.) En débutant la lecture, j'ai immédiatement songé au personnage de Lady Hasting de Long John Silver avec Lucretia Hans, qui veut rejoindre son époux, au delà des mers. Je reste subjugué par la beauté des planches, malgré la noirceur de l'intrigue, au fil des pages. Le scénario de Xavier Dorison n'est pas en reste, l'intrigue est très sombre, les personnages très tourmentés, et ce premier volume retrace avec une efficacité remarquable, l'atmosphère qui règne sur un navire où une mutinerie couve.... Parti d'un choix éditorial très discutable sur le coût, cet album rejoint, à mes yeux, un des meilleurs albums que j'ai lus cette année, bref un incontournable de cette année. tome 2 La lecture du premier volume fut , pour moi, jubilatoire. Je ne connaissais pas du tout ce fait maritime, et je me suis fait souffrance pour ne pas aller en découvrir davantage , pour mieux appréhender ce second volume. Je dois dire que cet album est époustouflant à tout point de vue. Un dessin de Thimothée Montaigne magnifique voire exceptionnel, les pleines pages sont d'une beauté à couper le souffle. Mais c'est surtout le rythme du récit qui tient en haleine le lecteur, d'ailleurs je n'ai pas réussi à lâcher ce livre avant d'en connaitre le dénouement. On a du mal à imaginer tant d'atrocités dans ce récit, bien qu'il soit très fortement inspiré de faits réels. Le travail de Xavier Dorison est, une de fois de plus, remarquable dans cette adaptation. J'ai bien évidement relu le premier volume de ce diptyque avant de me lancer dans cet album, et à mon avis, ce second tome dépasse encore le précédent, c'est dire! Une de mes meilleures lectures de cette année. Et je passe sous silence la qualité éditoriale de l'album,et son prix, certes élevé, mais lorsque le scénario et le dessin sont d'une telle qualité, on ne peut passer à côté d'un tel chef d’œuvre.
Pour commencer son règne, mieux vaut être haï que méprisé. - À la date de ce commentaire, le premier de ce diptyque est paru. Sa première publication date de 2022. Il a été réalisé par Xavier Dorison pour le scénario, et par Timothée Montaigne pour les dessins, Clara Teissier pour la couleur. Il compte cent-vingt-huit pages de bandes dessinées. Il s'ouvre avec une introduction d'une page, rédigée par le scénariste, intitulée L'extinction de l'âme, phénomène décrit par Philippe Zimbardo, et évoquant la réalité historique du naufrage du Jakarta, comme cas d'école de l'arrêt complet de l'empathie d'un groupe d'humains associé à la suspension de leur jugement moral, avec pour conséquences immédiates sadisme et massacre. Viennent ensuite un plan en coupe du navire Jakarta sur deux pages, puis les routes maritimes sur un planisphère, et celle empruntée par le Jakarta. Quelque part sur île déserte, une femme se tient face à la mer et regarde l'horizon. Un individu se fait la réflexion que celui qui lira ces mots apprendra bientôt à le mépriser et à le haïr. Il serait aisé pour lui de s'attribuer la phrase : Tous devront simplement être rayés de l'existence. Ce serait un tort car ces paroles sont celles du roi Agamemnon, plus noble citoyen de la plus noble des sociétés, patrie de la philosophie et du droit. Alors quand viendra l'envie de le juger, de lui cracher au visage ou de lui briser les os à coups de pierre, il faudra repenser à Agamemnon et se poser une question et une seule. Si le sage roi de Mycènes, héros de la guerre de Troie, est la mesure du bien, qui pourra être celle du mal ? Chapitre un : Seuls les désespérés. À Amsterdam en 1628, Francisco Pelsaert se présente devant le comité des directeurs de la VOC : Vereenigde Oost-Indische Compagnie, c'est-à-dire la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. le responsable de la séance évoque ses états de service et l'informe qu'ils l'ont nommé subrécargue du Jakarta, le tout dernier Returnsheppen de la compagnie. Outre le camée, ils emporteront aux Indes plus de trois cents mille florins en pièces et bijoux pour les négoces, un montant jamais embarqué par un navire de la VOC. Le responsable du directoire continue : le navire doit appareiller cette nuit. Il indique le nom du capitaine ; Arian Jakob. Pelsaert le connaît de réputation : un ivrogne. le capitaine fait son entrée dans la pièce et salue les directeurs, tout en se plaçant aux côtés du subrécargue. le directeur indique ensuite l'identité du second : Jeronimus Cornelius. Un novice en matière de marine, mais un expert en épices, chaudement recommandé par plusieurs de leurs connaissances. Un homme d'une éducation et d'un savoir inégalés pour ce type de poste. Ils ont toute raison de penser que ce second surprendra Pelsaert et Jakob. le même soir, Wiebe Hayes va chercher dame Lucrétia Hans dans sa demeure. Elle doit faire le voyage sur le navire Jakarta pour rejoindre son époux. Elle emmène avec elle Hugger, son petit lémurien de compagnie. Ses malles sont prêtes et elle descend pour rejoindre le matelot venu la chercher. le carrosse l'emmène au port et passe lentement au milieu de la foule du peuple vaquant à ses occupations pour remplir les formalités d'embarquement. Difficile d'échapper à la promotion de cette bande dessinée à sa sortie : un récit tiré d'une histoire vraie, un cas d'école d'individus asservis de leur propre volonté à une personne toxique, une soumission volontaire conduisant à une oppression systémique. En avançant dans le récit, le lecteur constate que c'est exactement ça, ni plus ni moins. L'artiste s'ingénie à réaliser une reconstitution historique avec application, presque de manière scolaire. Ça commence bien sûr avec la coupe du navire Jakarta, minutieuse et schématique, indiquant la localisation de onze éléments : cale, faux-pont, pont principal, pont, timonerie, cahute, cabine, cabine supérieure, gaillard d'arrière, dunette, gaillard d'avant, poulaine. Après l'introduction de quatre pages, le lecteur découvre une superbe vue plongeante sur la cour du bâtiment abritant le conseil des directeurs, avec une perspective impeccable. À l'intérieur, il peut admirer les boiseries, le parquet, les tentures. de même, chez les Hans, il peut admire les appartements de Lucrétia dans une vue du dessus en oblique. En page vingt-deux et vingt-trois, il découvre un dessin en double page, une vue massive du Jakarta à quai dans laquelle il ne manque ni une planche à la coque, ni un cordage aux mâts. Par la suite, il a tout le temps de se familiariser avec ce bâtiment, à la fois en vue générale depuis l'océan, à la fois sur le pont ou dans les cabines, toujours avec cette application pour le représenter en détail. Le lecteur avance tranquillement, tourne les pages, et découvre ce à quoi il s'attend : des tenues vestimentaires avec ce qu'il faut de détails pour ne pas être génériques, mais sans non plus un niveau d'exécution incroyable, des accessoires exacts par rapport à l'époque, sans être d'une grande invention, quelques paysages naturels comme l'océan et ses divers états de calme ou d'agitation, ou encore une île avec de la verdure, sans qu'il ne soit possible d'identifier l'essence des arbres ou des plantes. le navire est bien mis en valeur, que ce soit des prises de vue sur le pont, ou vu de plus loin en train de voguer par temps clair et calme ou sous la pluie, avec quelques vues en élévation dans les cordages. le nombre de cases par page est régulièrement de huit, parfois un peu plus, parfois un peu moins. Les angles de vue sont variés, ainsi que les cadrages. Les cases se présentent sagement alignées en bande, parfois avec quelques-unes en insert, et de temps à autre, une disposition moins conventionnelle. L'intrigue progresse de manière linéaire, au rythme de l'avancée de l'expédition. Lucrétia devient le personnage principal, avec comme personnages secondaires le subrécargue Francisco Pelsaert, le second Jéronimus Cornélius, un peu moins fréquemment le capitaine Arian Jakob, et de plus en plus régulièrement Wiebe Hayes, le gabier de la première dunette. La tension monte tout aussi progressivement entre les marins, le capitaine, et les passagers de la grande cabine. le lecteur se laisse porter par cette chronique d'une catastrophe annoncée, tout en relevant facilement les éléments relatifs à la discipline, à la manière dont s'exerce l'autorité, et effectivement à la soumission passive des marins. De temps à autre, une séquence s'avère plus intense : le premier grain, la première punition publique sur le pont, la mise à mort d'un cochon, un vol de mouettes, la capture d'un requin, les morts enveloppés dans des draps et jetés à la baille, etc. Certes, le lecteur ressent la sensation d'une lecture plan-plan : pas fade, mais avec un déroulement sur des rails, pas dépourvue d'âme, mais avec des personnages au caractère assez monolithique, pas sans surprise, mais au déroulé très mécanique, très programmé. Mais quand même… Les auteurs ne font pas semblant : leur narration semble s'en tenir à des points de passage attendus, et dans le même temps Dorison & Montaigne ne prennent jamais de raccourci. Ils réalisent tous les points de passage obligés, avec une forme particulièrement classique, presque académique. Mais quand même, le malaise gagne en intensité, de séquence en séquence. Certes le dessinateur semble s'en tenir à des cadrages, des plans très sages, mais il ne triche jamais. Il n'utilise pas de raccourcis, il n'a pas recours aux trucs et astuces pour dessiner plus vite, et se maintenir juste au-dessus du minimum syndical. Il fait preuve d'une réelle diversité, peut-être pas originale, mais certainement pas pauvre non plus. Il n'y a pas grande imagination dans ce dessin en double page du Jakarta à quai, mais tous les détails attendus sont là sans exception. Il n'y a pas grande surprise dans le plan de prise de vue du premier châtiment corporel public, mais tous les matelots et tous les cordages sont scrupuleusement représentés. Il n'y a pas grande séduction chez Lucrétia Hans, mais son caractère est apparent dans ses postures, dans les expressions de son visage, dans ses mouvements, dans sa façon d'affronter l'humiliation de l'épouillage de sa coiffure en public, ou encore de son agression par les matelots. Il n'y a pas de réel romantisme chez Wiebe Hayes, mais il apparaît séducteur et touchant à sa manière. Il n'y a pas des vrais héros, mais il y a des êtres humains. De la même manière, le scénariste n'est pas des plus subtiles, en particulier quand le subrécargue, ou le second, ou le capitaine expriment à haute voix leur conception de l'autorité, pour être sûr que le lecteur ne passe pas à côté de ce thème. Les matelots restent une masse d'individus quasi indifférenciés, sans personnalité, sans que le lecteur ne puisse envisager ce voyage avec leur point de vue de groupe, ou avec le point de vue de l'un d'eux. Mais le récit ne stagne pas dans un manichéisme basique. Chaque personne présente des qualités et des défauts, chaque personne se retrouve à jouer son rôle avec les règles imposées de cette société à cet endroit du monde, à cette époque. Chaque individu se heurte au fonctionnement systémique et doit fait preuve de courage pour prendre sur lui, pour subir, pour maintenir un lambeau de conviction morale malgré les règles qui s'imposent à lui. Rapidement, le lecteur accepte le fonctionnement de la narration parce que les auteurs sont entièrement investis et focalisés sur leur récit, sans finalement porter de jugement moral ou autre sur leurs personnages. Dans un premier temps, le lecteur se retrouve déstabilisé car il prend fait et cause pour Lucrétia Hans qui se retrouve à voyager dans des conditions dégradées auxquelles elle n'est pas habituée, subissant la pression subliminale d'être une femme sous le regard d'un équipage masculin. En même temps, elle appartient à une classe privilégiée, n'ayant pas à travailler sur le navire, échappant pratiquement à l'autorité du capitaine, mais obligée de regarder un marin fouetté avec une garcette, une scène prouvant que l'implication des auteurs ne faiblit pas même lorsqu'il faut raconter et montrer ces atrocités. Puis vient la question de l'évacuation des urines et des excréments : à nouveau les auteurs exposent les faits, sans rien édulcorer ou dramatiser. En page cinquante-trois, le temps d'une unique case de la largeur de la page, le lecteur découvre ce qu'il advient des marins dont la santé a failli sous le labeur et les conditions de vie : pas de dramatisation romanesque, du factuel, encore plus implacable. Raconter le naufrage d'un des plus grands navires d'une compagnie maritime de commerce, et recréer les conditions de vie des marins : les auteurs s'y appliquent sans beaucoup de panache, en appuyant le thème qu'ils explorent. Certes, mais ils le font avec consistance, sans céder à la facilité, sans changer de cap, avec une honnêteté et une constance remarquables. Rapidement le lecteur se laisse prendre pas cette narration visuelle détaillée et variée, par ces scènes prosaïques bien construites. Il se retrouve à son tour prisonnier du mode de fonctionnement d'une société, dictant leur conduite à chacun, sans laisser de latitude à l'empathie, à l'entraide, à la solidarité, un comble pour des individus vivant à bord du même navire.
Effrayante, c'est vraiment le cas de l'embarquée des passagers de ce navire au mystérieux destin. Je suis un grand fan d'histoires de pirates et parmi toutes les bd que j'ai pu lire sur le thème, c'est vraiment celle-ci qui m'a le plus fait voyager. Le graphisme est saisissant et la colorisation se prete à merveille a notre immersion au sein de cet équipage quelque peu ..hésitant et flottant. De plus l'inspiration de l'histoire par des faits réels peuvent encore plus faire frissonner quant au destin des passagers a la fin du premier tome, car la folie rôde... Vivement la suite! Maj 09/2024 Après relecture de ce premier tome je baisse ma note à 3 étoiles. J'ai trouvé que la narration alourdit beaucoup l'histoire, qui m'apparaît peu fluide et même parfois laborieuse ...j'attends le tome 2 " l'île rouge " annoncé pour le mois de novembre pour revoir éventuellement ma note a la hausse si la suite porte un récit plus concis et efficace
D’une certaine façon je comprends les reproches faits par Gaston dans son avis. Les aventures maritimes ont le vent en poupe (eh eh), parmi les parutions récentes j’ai lu Pitcairn - L'île des Révoltés du Bounty et Le Voyage du Commodore Anson, et il y a forcément une impression de déjà-vu. De plus le rythme est assez lent, même si ce dernier point ne m’a pas gêné, et contribue, je trouve, à la lente dégradation de l’ambiance à bord du Jakarta. J’ai malgré tout passé un excellent moment de lecture. Le jeu psychologique et le rapport de force entre les différents protagonistes sont remarquablement mis en scène, et je suis impatient de lire la suite des évènements dans le second tome. Le grand format de l’album fait vraiment honneur à la superbe mise en image de Thimothée Montaigne et Clara Tessier. J’ai notamment beaucoup apprécié le travail sur les visages des personnages, très détaillés et expressifs. Vivement la suite (et fin) de cette grande épopée.
Encore une fois, je trouve qu'une série de Dorison est juste sympathique à lire. C'est bien fait, le scénario se laisse lire sans problème et j'ai bien aimé découvrir le début d'un naufrage qui va mal tourner. Je connaissais pas du tout ce fait historique. Le problème est que jusqu'à présent cela ressemble à n'importe quelle histoire maritime se passant au temps où le capitaine pouvait être cruel envers son équipage. Les personnages jouent leurs rôles et aucun ne m'a paru particulièrement attachant ce qui est pour moi un défaut parce que du coup je ne ressens aucune tension parce que je me fiche un peu s'ils meurent tous dans d'atroces souffrances. Le dessin est du bon style réaliste même si personnellement ce n'est pas un style que j'affectionne particulièrement. Le premier tome a un rythme un peu lent pour bien planter le décor et les personnages. On devine dans les dernières pages que cela va barder dans la seconde partie, que je vais tout de même lire parce que je suis un peu curieux de savoir comment tout cela va finir. En gros, je comprends que d'autres accrochent mieux que moi parce qu'il y a beaucoup de qualités, c'est juste que le traitement du récit ne me captive pas.
Je suis visiblement moins enthousiaste que nombre d'entre vous ici. Ma note hésite entre 3 et 4, l'ambition de l'ensemble me fait finalement opter pour le 4, mais un tout petit 4 donc. Il s'agit pourtant indéniablement d'une assez belle BD, bien illustrée, avec une thématique bien campée, servie par une jolie édition certes trop chère. Cela ne manque pas de drame, de tragique, mais c'est quelque peu confus. La faute au scénario ou au découpage, à moins que les torts ne soient partagés ? Cela me fait penser à quelques films, notamment à "La Chevauchée fantastique" de Ford et au "Cygne noir" d'Henry King, qui inversement parviennent à planter des personnages et clarifier des situations en quelques brèves séquences, et combien cela est complexe et mérite les éloges. Mais tout le monde n'a pas le talent de Ben Hecht, ce qui est bien excusable. J'attends avec impatience le deuxième tome, qui sera l'occasion d'une relecture du premier, et permettra peut-être d'atténuer cette impression de confusion. J'aime à croire que tout s'agencera plus aisément une fois l'ensemble entre mes mains, mais crains que cela ne soit complètement le cas, car la compagnie, vrai méchant de l'histoire, demeurera un hors-champ dénué de voix.
Excellent récit d'Histoire et de Voile qui nous plonge dans l'univers sordide des navires de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales du 17e siècle. C'est avant tout un bel album, grand, documenté, excellemment dessiné et bien structuré en chapitres aux noms évocateurs. Les planches sont très soignées, très réussies, et elles contribuent à nous plonger pour de bon dans ce récit historique et dépaysant. J'ai été clairement emporté par ma lecture, me sentant plongé au milieu de ces marins et à bord du fameux Jakarta. Les Passagers du vent m'avaient offert une vision réaliste mais légèrement romantique des voyages dans ces vieux gréements d'époque. Le Voyage du Commodore Anson m'en avait offert une vision encore plus réaliste et montrant bien les difficultés techniques de telles expéditions. Les Naufragés de la Méduse m'avait montré les horreurs d'un naufrage dans le cadre des inégalités sociales entre officiers de marine et matelots à leurs ordres. "1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta" m'offre cette fois une vision non seulement réaliste mais aussi très crue, insistant sur l'aspect terrible de la vie des marins, et surtout sur les incroyables inégalités à bord. C'est une formidable critique du capitalisme forcené dont faisait preuve la Compagnie des Indes Orientales à l'époque. Mais c'est aussi une mise en scène édifiante des enjeux de pouvoir à bord de ces navires dans lesquels une poignée de privilégiés faisait régner la loi sur des matelots bien plus nombreux et dangereux qu'eux, maintenus en laisse par un étrange sentiment de peur qu'un lecteur moderne pourra mettre du temps à appréhender. Le déroulement du récit est très prenant, amenant les points de vue de plusieurs protagonistes pour mieux observer divers aspects de la situation mais aussi tromper le lecteur en lui faisant croire à tort qu'il va deviner toute la suite des évènements. C'est beau, bien raconté, et un vrai plaisir de lecture et de découverte à la fois.
Je connais très bien l’histoire dont s’est inspiré Dorison pour ce diptyque, c’est même une de celles qui m’a le plus marqué. Du coup, ma seule frustration sera que je connais a priori la suite (sans spoiler, je peux dire aux lecteurs que la noirceur sera au rendez-vous !). C’est une histoire totalement incroyable – mais vraie – qui illustre pas mal de thèmes comme la recherche du pouvoir, le contrôle des masses, la création d’une dictature, etc. A ma connaissance cette histoire vraie n’a jamais été adaptée au cinéma, ce qui ne cesse de m’étonner, tant il n’y a pas grand-chose à ajouter à la réalité pour en faire un film des plus prenants ! J’avais découvert cette histoire par la lecture de deux livres (cités dans la bibliographie de fin du premier volume) : « Les naufragés du Batavia » de Simon Leys (c’est court, synthétique, une bonne entrée en matière) et surtout un ouvrage incontournable de Mike Dash « L’archipel des hérétiques » (si cette histoire vous a captivé, vous devez lire le livre de cet historien, qui développe très bien le contexte et le « casting » en amont, et tous les aspects de cette histoire sordide). Si vous voulez vous en tenir à la BD, cette histoire a déjà été traitée par Dabitch et Pendanx dans leur triptyque Jeronimus. Pour revenir à ce « 1629 », on peut déjà dire que le dessin de Montaigne est excellent (dans la lignée de Lauffray ou Alice), avec une belle colorisation (presque trop belle ou lumineuse par rapport à l’histoire, qui plonge dans les bas-fonds de l’humanité). Quant à l’histoire, Dorison fait un peu l’impasse sur le contexte, la société protestante hollandaise, pour directement plonger dans le voyage, qui plante certaines graines – même si dès le naufrage et l’arrivée sur les récifs où les survivants vont vivre l’enfer une autre histoire commence. La narration est fluide, et il ne prend pas trop de libertés par rapport à ce qui s’est réellement passé. Deux tomes seulement, mais à la pagination très conséquente, il aura donc l’espace pour développer un peu les péripéties. J’attends de voir ce que le second tome va donner, même si je connais l’histoire, car il y a vraiment moyen de faire quelque chose de prenant ! En tout cas ce tome inaugural est déjà une réussite, c’est de l’aventure historique bien menée, et bien mise en images.
Un pur récit d'aventure maritime, Dorison nous entraîne sur le Jakarta et nous fait partager le quotidien d'un équipage sur un navire du 17ème siècle. Basé sur des faits historiques réels, l'auteur intègre un récit avec des personnages classiques dans une aventure de piraterie, un savant équilibre qui fait la réussite de cette bd. Pas un seul moment de répit dans ce scénario, tout ce voyage basé sur la cupidité des armateurs qui veulent rentabiliser au plus vite leurs investissements sans aucune considération humaine nous entraîne dans une fuite en avant où nous pressentons la catastrophe finale. La qualité de l'ouvrage est un peu hors norme pour un grand éditeur, la couverture, l'épaisseur du papier et le marque page. Pour l'oeuvre par elle-même, c'est du même niveau, l'auteur présente avant le début de l'histoire une carte du trajet du navire, un plan du Jakarta et surtout le mode de fonctionnement de la VOC pour comprendre la hiérarchie sur les bateaux de cette compagnie. Ces informations permettent d'être immergées dès le départ dans l'ambiance des transports maritimes à cette époque. Le dessin de Montaigne fait la part belle à la représentation des visages marqués par la dureté de la vie en mer, les détails du bateau ne sont pas en reste et grâce aux couleurs sombres à l'intérieur du bateau nous ressentons l'enfermement de tout l'équipage. Un premier tome qui donne envie de lire la suite.
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