La Jungle (Presl)

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Le monde est une jungle et l’homme reste un loup pour l’homme


Atrabile BD muette Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis

Des explosions ravagent la ville. Alors que les immeubles s’effondrent, un combattant fuit. L’homme se débarrasse de son arme, on le devine fatigué, on verra bientôt qu’il est hanté par la mort. Alors qu’un vaisseau traverse le ciel, l’homme trace son chemin dans la foule. Fuir, encore plus loin, quitte à changer de vie, de pays. Quitte à traiter avec des passeurs, à embarquer dans une chaloupe vétuste avec d’autres fuyards, guidés par l’espoir. Commence alors une épopée noire emplie d’embûches et de défis, dans un récit qui mélange habilement (science) fiction et actualité. Si dès ses prémices, La Jungle vous saisit à la gorge pour ne plus vous lâcher durant ces trois cents et quelques pages, c’est que son auteur a atteint une maîtrise narrative qui transforme son nouveau livre en un véritable « page turner » peuplé de rebondissements et de visions hallucinées, des images qui continueront à accompagner le lecteur une fois le livre terminé – à l’image de son héros, poursuivi par ses propres fantômes. C’est un récit dur et en même temps incroyablement beau que nous offre ici Nicolas Presl, un récit où souffle le grand vent de l’aventure tout en portant un regard pour le moins désenchanté sur un monde en totale perdition.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Octobre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Jungle (Presl) © Atrabile 2022
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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12/12/2022 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 3/5
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Adepte de récits muets, Nicolas Presl est définitivement un auteur à part, soutenu depuis des années par les Editions Atrabile. Il possède son propre univers, empreint de surréalisme, qui demande la participation active du lecteur. Avec « La Jungle », il ne déroge pas à ses habitudes. Cette fois, ce féru des mythes antiques nous propose une histoire contemporaine, horriblement contemporaine devrait-on dire, puisqu’elle nous emmène sur les traces d’un réfugié cherchant à fuir son pays en proie à la guerre et au terrorisme qui pourrait être la Syrie. Sur le rafiot bondé censé l’amener vers une « terre promise », qui ne se révélera être qu’un camp grillagé, il tombe amoureux d’une femme qu’il sauvera de justesse des mains de ses violeurs. Une fois arrivés dans le camp, le couple se voit accordé les faveurs d’un gourou de passage qui les prend, on ne sait pas trop pourquoi d’ailleurs, sous son aile. S’ensuit une aventure rocambolesque où le sexe se mêle au sang, où les instants de félicité sont constamment menacés par la violence et la destruction. En résumé, l’auteur nous livre une fable picaresque hors normes, une histoire dérangeante, extrêmement intrigante même si souvent on n’est pas sûr de comprendre tous les tenants et aboutissants. On est toutefois sûr d’une chose : le monde selon Nicolas Presl est bien une jungle où il n’y a rien de bon à attendre de l’être humain. De manière systématique, les rapports sociaux sont régis par la loi du plus fort, et religions et croyances n’arrangent rien à l’affaire. Le dessin renforce le côté dérangeant de cette lecture, en particulier par ces personnages à l’aspect inquiétant, quasiment toujours de profil, qui semblent inspirés par Picasso. Chez Presl, si la beauté existe, elle ne se trouve que dans la nature, seule la laideur appartient à l’Homme (et plutôt du genre masculin), toujours enclin à la corruption, à la soif de contrôle et de domination, à l’esprit de meute et à la pulsion de mort. Et la Mort, toujours grimaçante et menaçante, est une figure marquante et récurrente dans ces pages, tandis que le paradis, s’il lui arrive d’être terrestre, menacé par cette dernière constamment en embuscade, ne demeure jamais qu’une brève illusion. Si « La Jungle » est un OVNI éditorial, c’est bien de notre monde terrestre dont il est question. Certes, le livre ne nous apprend pas grand chose de la nature humaine, mais il vaut surtout pour ses qualités artistiques et son étrangeté.

12/12/2022 (modifier)