La Couleur des choses (Die Farbe der Dinge)
Angoulême 2023 - Prix du meilleur album Grand Prix de la critique ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée) 2023 Le passage de la pauvreté à la richesse du jeune Simon déclenche une série de catastrophes qui lui révéleront la vérité sur son passé.
Angoulême 2023 : les gagnants ! Auteurs suisses Cà et Là Grands prix de la Critique ACBD Les petits éditeurs indépendants Les prix lecteurs BDTheque 2022
Simon, un jeune Anglais de 14 ans un peu rondouillard, est constamment l’objet de moqueries de la part des jeunes de son quartier, qui le recrutent pour toutes sortes de corvées. Un jour qu’il fait les courses pour une diseuse de bonne aventure, celle-ci lui révèle quels vont être les gagnants de la prestigieuse course de chevaux du Royal Ascot. Simon mise alors secrètement toutes les économies de son père sur un seul cheval, et gagne plus de 16 millions de livres. Mais quand il revient chez lui, Simon trouve sa mère dans le coma et la police lui annonce que son père a disparu... Étant mineur, Simon ne peut pas encaisser son ticket de pari. Pour ce faire, et pour découvrir ce qui est arrivé à sa mère, il doit absolument retrouver son père. Au terme d’une aventure riche en péripéties et en surprises, Simon, l’éternel perdant, deviendra un gamin très débrouillard. Note de l'Editeur.
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Date de parution | 09 Septembre 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voilà un album qui est resté trainer assez longtemps dans ma pile à lire. Je l’ai acheté par pure curiosité. Je suis rarement un grand fan des prix d’Angoulême, mais là l’audace créative faisait que je devais me faire mon propre avis. Et j’ai pris beaucoup de plaisir dans ma lecture. Je trouve que Martin Panchaud réussit le pari audacieux de transformer des cercles colorés et une vue aérienne en une véritable expérience narrative. Difficile de croire qu’un tel minimalisme graphique puisse captiver, mais dès les premières pages, la magie opère. En tous cas, ça a très bien marché pour moi. On pourrait penser que ce style, à la limite de l’abstraction, nuirait à l’immersion. Pourtant, il n’en est rien, cette représentation géométrique parvient étrangement à transmettre une profonde humanité. Le récit suit Simon, un adolescent malmené par la vie, qui voit sa chance tourner après avoir gagné une grosse somme d’argent. Ce scénario, qui pourrait sembler convenu à première vue, prend une autre dimension sous la plume de Panchaud. Chaque rebondissement est minutieusement orchestré, avec une narration fluide et des surprises bien dosées. On se retrouve plongé dans une sorte de polar social, teinté d’humour noir, où la naïveté et la cruauté s’entremêlent avec brio. Ce qui pourrait n’être qu’un simple road movie se transforme en une aventure humaine, où chaque péripétie est une nouvelle épreuve pour ce jeune héros attachant. (oui je me suis attaché à un cercle !) Là où Panchaud excelle, c’est dans l’alliance entre cette narration atypique et un scénario solide. Le graphisme, bien que déconcertant au premier abord, finit par devenir invisible, tant il sert le récit. On oublie que l’on suit des cercles colorés et on s’immerge totalement dans cette histoire qui mêle drame, suspense et critique sociale. Le style minimaliste pourrait en rebuter certains, mais il faut admettre que c’est précisément cette originalité qui donne toute sa force à l’ouvrage. En définitive, “La Couleur des choses” n’est pas simplement une expérience graphique ; c’est une BD qui réussit à allier forme et fond de manière exemplaire. Panchaud nous prouve que l’art de la bande dessinée est loin d’être figé, et que même les choix les plus risqués peuvent aboutir à des œuvres marquantes. À la fois ludique et profond, ce livre est une véritable pépite, un OVNI dans le paysage du neuvième art, qui mérite largement les éloges qu’il a reçus. Un pari graphique audacieux, mais totalement réussi.
Voila un ouvrage qui a fait parler de lui. Il faut dire que le contenu est carrément étonnant, avec une recherche formaliste sur le procédé même de la BD. On est dans la BD qui se redéfinit presque en terme de narration visuelle, et c'est franchement bien menée ! Si dès le départ, j'ai eu du mal à suivre les différentes actions mais très vite j'ai réussi à suivre l'ensemble de façon assez claire. Il n'y a que peu de moments qui étaient assez peu compréhensible. Cela dit, au-delà du formalisme de la narration qui force le respect parce qu'il est parfaitement bien exécuté et qui tient jusqu'au bout, je dois dire que j'ai tout de même trouvée la lecture assez longue. C'est notamment dû au récit qui reste finalement dans une histoire convenue. Peu de surprises interviennent dans le récit et la baleine présentée comme une curiosité qui servira plus tard ne m'a pas surpris au moment où elle intervient, puisque j'avais déjà compris son rôle dans l'histoire. En l'état, je suis semi-satisfait de ma lecture. C'est indéniablement un exploit dans la façon de raconter l'histoire, mais celle-ci est assez plate dans le déroulé et je trouve malheureusement que ça ne vole pas très haut dans l'ensemble. Il manque quelque chose pour que je le relise ou veuille l'acheter : en l'état, c'est un objet visuel impressionnant mais à l'histoire plutôt quelconque. C'est peut-être moi qui suis imperméable à l'humour absurde, mais je n'ai pas réussi à considérer le récit comme humoristique.
J’ai eu l’occasion récemment (à Quai des Bulles) de voir l’auteur dédicacer un exemplaire, en réalisant un dessin à l’aide d’instruments dirigés par un ordinateur. C’était intrigant, mais je dois dire que c’est un peu froid, et pas forcément le genre de travail qui m’attire a priori. C’est un album qui m’avait attiré dès que j’en avais entendu parler, son caractère original, très clivant, ayant attisé clairement ma curiosité. Un ami me l’ayant prêté, j’ai mis quelque temps à m’y mettre, sentant qu’il faudrait un long moment de calme pour m’y consacrer – les vacances de Toussaint m’ont fourni cette occasion. Je dois dire que je suis sorti satisfait de ma lecture, même si mon sentiment est quelque peu mitigé. Disons pour résumer que j’ai trouvé cet album peut-être moins captivant qu’espéré, mais aussi moins « froid » que je ne le craignais. En fait, c’est l’entrée qui est difficile, le temps de se faire au « dessin », au design des personnages – et parfois des décors. C’est ce qui attire et/ou repousse certains lecteurs. Mais après ce court temps d’adaptation, ça passe très facilement, et la lecture devient plus fluide, et je n’ai pas été frustré par ce « dessin » finalement assez symbolique et presque abstrait. Le ramage est bien plus classique que le plumage – du moins pour sa majorité. Un gamin gagne le gros lot dans un pari hippique, mais peine à obtenir le paiement du bookmaker (il est mineur, son père doit contresigner le billet pour qu’il soit encaissé). C’est le début d’une aventure plus ou moins polar et/ou loufoque. A ce canevas assez basique, Pancaud ajoute au bout d’un moment en parallèle un truc qui au premier abord (et même au suivant !) parait absurde et complètement déconnecté, voire à des années-lumière de l’intrigue, avec l’histoire d’une baleine ! Il finit par retomber sur ses pattes à la fin (je dois dire que j’ai pressenti quelques temps en avance la chute). Cette partie « baleine », traitée de façon sérieuse, voire scientifique, ajoute un côté froid à un ensemble qui n’en manque pas, mais en même temps pimente l’intrigue d’une dose d’absurde et d’humour noir qui relève clairement le plat au final. Voilà donc un album dont la lecture est intéressante. L’intrigue de base est très basique, mais son traitement graphique des plus originaux, et quelques digressions la font sortir des sentiers battus. Les lecteurs curieux trouveront leur bonheur dans cet album. J’étais parti pour ne mettre que trois étoiles, mais l’originalité formelle me fait arrondir au niveau supérieur. Note réelle 3,5/5.
Sur les premières pages, j'étais un peu circonspect. Tout un album avec des personnages représentés comme des petits points colorés vus de dessus ? Oui. Chaque personnage est constitué de 2 cercles concentriques, comme un mexicain doté d'un sombrero. Au final j'ai lu l'album d'une traite. Ce n'est pas seulement une originalité graphique, l'histoire tient tout à fait la route. C'est celle d'un gamin, un peu le souffre-douleur du quartier, issu d'une famille qui n'a pas trop d'argent avec un père qui biberonne jusqu'au drame. Le jeune Simon va gagner au loto alors qu'il n'avait pas le droit de jouer comme il est mineur et pour la même raison il ne peut encaisser son gain. S’ensuit une sorte de road movie pour trouver un adulte honnête pour avoir cet argent, a priori un de ses 2 parents. On sent assez vite venir qui est vraiment l'homme qui vient visiter sa mère à l'hôpital. On a l'impression de lire des infographies, des modes d'emploi (notamment un tutoriel de fabrication de vaginette à base de choucroute). On lit un album réalisé avec la formalité d'un logiciel type Visio. Est-ce que ça aurait eu autant d'écho avec un dessin "classique" ? Probablement pas. Comme quoi la bande dessinée est une subtile alliance de dessin et de texte.
Une fausse bonne idée. Les illustrations évoquent parfois Chris Ware ou des jeux vidéo comme les Sims, lorsqu'elles présentent ces maisons via des vues aériennes, cela n'est alors pas dénué d'intérêt. Mais le plus souvent, l'on frise la négation du style, un peu comme si l'ordinateur et la palette graphique remplaçaient un artiste plus qu'effacé. L'humour et l'ironie du sort peuvent plaire, l'ensemble m'est, pour ma part, tombé des mains avant la fin. A réessayer lorsque mieux luné ? Bien que cela existe néanmoins.
Après 4 tentatives infructueuses de dépasser les quarante premières pages, j'ai décidé de jeter l'éponge. Je n'accroche pas du tout. Voir des points de couleurs évoluer tantôt dans gogole maps, tantôt dans un logiciel professionnel d'aménagement intérieur ne m'a absolument pas fait vibrer ne serait-ce que le petit orteil. CA MANQUE CRUELLEMENT DE DESSIN BORDEL !!!!! En fait, je me pose très sérieusement la question, alors que nous sommes (l'Humanité je veux dire) officiellement entrés dans l'ère de la post-vérité, de savoir si nous n'aurions pas affaire à la première BD réalisée avec ChatGPT ! Et le jury d'Angoulême n'y aura vu que du feu...
Wow ! Quel exploit a réussi Martin Panchaud. Un exploit de m'avoir happé dans son roman - c'est lui qui catégorise La couleur des choses ainsi - alors que tout se passe en vue du dessus et que les personnages ne sont que des ronds de couleurs. Les deux ouvrages n'ont rien à voir mais à la sortie de ma lecture, j'ai beaucoup pensé à Alpha... directions de Jens Harder. Le médium de la bande dessinée est infini, pour le peu qu'on lui fasse confiance. Martin Panchaud était convaincu que son histoire, mais surtout que son style graphique, pouvaient fonctionner. Il s'est battu pour trouver un éditeur, d'abord en allemand, puis en français. Les éditions Çà et Là, véritable fabrique à prix en tout genre, grâce au flair, entre autres, de Serge Ewenczyk, ont d'abord refusé, la mort dans l'âme, La couleurs des choses. La raison ? Martin Panchaud écrit en français, sa langue maternelle. Et les éditions Çà et Là ne publient que des traductions. Mais l'ouvrage a d'abord été édité en allemand. Et Serge Ewenczyk a bien senti le truc (de plus, j'ai appris récemment qu'il lorgnait sur des auteurs francophones d'Afrique). Finalement, la bd a été édité. Je pense qu'ils ne le regrettent pas. La couleur des choses est une expérience. Je lis énormément de bd, j'en possède 2500, en véritable obsédé que je suis. Et peu d'entre elles, me mettent des claques graphiques comme celle-là. Alpha...directions donc. Chris Ware évidemment. Sin City au début. Et quelques autres. L'histoire est suffisamment intéressante, et je dis ça sans aucune réserve, pour se lancer dans cette exploration graphique. C'est là, où le pari est réussi. Parce que des bds au style graphique inimitable et originale, il y en a plein, mais si l'histoire ne tient pas la route, il manque quelque chose. Là, les péripéties de Simon, le héros, se lisent très agréablement. L'humour, noir, permet de se projeter dans le drame que vit notre héros. L'apparition de B52, la baleine, "personnage" que j'ai adoré, est déstabilisante mais tellement bien amenée que l'on sait qu'elle va être centrale. Donc on tourne les pages. Et on oublie que l'on suit des ronds de couleurs. Graphiquement, la contrainte de la vue du dessus, parce que oui, c'est une contrainte, devient invisible. Pari réussi. Totalement. Martin Panchaud prévient qu'il ne faut pas feuilleter son livre, alors que c'est le mode d'achat de beaucoup d'entre nous lorsque nous sommes chez nos dealers. Il a raison. Le feuilletage enlève toute la magie de l'expérience. Il faut prendre le livre comme il est et se laisser avoir, comme je me suis laissé avoir. Vous verrez, faites moi confiance, et faites confiance aux jurés du fauve d'or (Alexandre Astier quand même !), c'est assez grisant comme sensation. Avec des ronds. Oui, avec des ronds.
Un bel album que voilà ! Encore une fois, j'avais peur de moins aimer que la majorité des posteurs. Je craignais surtout que ça soit un album gadget dont le seul vrai intérêt est de raconter un récit de manière originale alors que le récit en lui-même ne serait pas passionnant à lire. Le résumé cliché (le héros gagne des millions et bien sûr il a des ennuis) semblait confirmer mes craintes. Le début était pas mal et puis petit à petit j'ai fini par être totalement captivé par le récit. Oui, on aurait pu raconter le récit de manière 'normale' sans rien changer et oui on n’échappe pas à quelques clichés comme le fait que bien sûr plusieurs adultes vont essayer de profiter de l'ado pour voler ses millions et pourtant ça marche ! J'ai bien aimé le style graphique, tout est facile à comprendre et on ne se perd pas face à toutes ces pastilles. Le scénario s'améliore au fil des pages et dans le dernier tiers on voit à quel point tout était bien calculé et maitrisé par l'auteur. Il y a des surprises dans le scénario malgré le début un peu cliché. Le seul truc qui m'a embêté est que le héros de 14 ans est tout de même un peu trop gamin pendant une bonne partie de l'album. On dirait presque qu'il a genre 8-10 ans et il m'a un peu énervé par moment.
Je vais ramer à contre-courant mais je n'ai pas été séduit par ce Fauve d'Or 2023. Peut-être ai-je des goûts trop classiques. Sans vouloir ouvrir une querelle des anciens contre les modernes, je ne suis pas sûr que le graphisme de Martin Panchaud nous propose ici soit dans la lignée de Franquin, Eisner ou autres maîtres du dessin figuratif. Voir des pastilles de couleur se promener dans une chambre d'hôpital répétée de nombreuses fois à l'identique ne m'a pas fait vibrer plus que ça. Si j'ai besoin de voir une cage thoracique, je reprends mes cours de bio. Je pourrais multiplier les exemples d'un dessin qui s'apparente plus à une suite d'illustrations d'encyclopédies qu'à un savoir-faire artistique. Il reste le polar. Le scénario basé sur un ticket gagnant n'est pas nouveau. Le problème avec la série de Panchaud est qu'ayant zappé très rapidement les illustrations qui me gavaient, j'en ai été réduit à lire le texte comme un vulgaire roman policier. Mais là aussi cela a coincé assez vite. Car contrairement à Connelly ou Bussi (pour prendre des contemporains) qui savent vous envoûter grâce aux ambiances induites par leur écriture, cette suite de dialogues assez insipides m'a vite ennuyé. Evidemment Panchaud fait preuve d'une maîtrise dans la mise en scène, l'originalité du concept et la facilité de lecture si on accroche au récit. Mais si cette technique faisait école, je ne lirais probablement pas ce genre là car ce n'est pas à mon goût. Il ne me reste qu'à offrir mon exemplaire à ma BM pour ceux qui apprécieront plus que moi.
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