La Couleur des choses (Die Farbe der Dinge)

Note: 3.31/5
(3.31/5 pour 16 avis)

Angoulême 2023 - Prix du meilleur album Grand Prix de la critique ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée) 2023 Le passage de la pauvreté à la richesse du jeune Simon déclenche une série de catastrophes qui lui révéleront la vérité sur son passé.


Angoulême 2023 : les gagnants ! Auteurs suisses Cà et Là Grands prix de la Critique ACBD Les petits éditeurs indépendants Les prix lecteurs BDTheque 2022

Simon, un jeune Anglais de 14 ans un peu rondouillard, est constamment l’objet de moqueries de la part des jeunes de son quartier, qui le recrutent pour toutes sortes de corvées. Un jour qu’il fait les courses pour une diseuse de bonne aventure, celle-ci lui révèle quels vont être les gagnants de la prestigieuse course de chevaux du Royal Ascot. Simon mise alors secrètement toutes les économies de son père sur un seul cheval, et gagne plus de 16 millions de livres. Mais quand il revient chez lui, Simon trouve sa mère dans le coma et la police lui annonce que son père a disparu... Étant mineur, Simon ne peut pas encaisser son ticket de pari. Pour ce faire, et pour découvrir ce qui est arrivé à sa mère, il doit absolument retrouver son père. Au terme d’une aventure riche en péripéties et en surprises, Simon, l’éternel perdant, deviendra un gamin très débrouillard. Note de l'Editeur.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Septembre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Couleur des choses © Cà et Là 2022
Les notes
Note: 3.31/5
(3.31/5 pour 16 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

17/12/2022 | doumé
Modifier


Par pol
Note: 4/5
L'avatar du posteur pol

Je suis relativement méfiant avec les albums primés à Angoulème, car je suis souvent déçu par ces lectures. La couleur des choses me réconcilie enfin avec ces récompenses. Quel chouette album. Evidemment le premier élément qui ressort c'est le graphisme simple et osé. Tout est en vue de dessus, les personnages sont limités à des ronds de couleurs (!) Ça me rappelle quand j'étais gamin et que je dessinais 2 cercles pour représenter des mexicains avec leurs sombreros vus de dessus. C'est pas plus évolué ici, et un auteur a réussi la prouesse d'en faire un album de plus de 200 pages. Blague à part ce pari risqué est gagnant, car la narration est efficace, la lecture est fluide, l'enchainement des cases est limpide, la compréhension n'est jamais altérée. Bref ça fonctionne vraiment très bien. Autre crainte balayée : on pourrait se dire qu'une fois l'effet de surprise passé, on pourrait se lasser de ce style minimaliste. Ce n'est pas le cas, l'album tient la longueur. Ce pari graphique ne serait rien si le scénario n'était pas à la hauteur. Et là encore la surprise est bonne : une trame de fond intéressante, du suspens, de l'humour, de l'émotion, il y a tout dans ce récit. C'est plaisant, intéressant, parfois drôle (la vaginette, ahah), parfois cruel. Cette histoire reflète bien notre société : la naïveté, la cupidité et la cruauté des gens. Je me suis pris d'affection pour ce gamin rondouillard, malmené par ses copains de quartier et à la vie familiale perturbée. Les péripéties sont prenantes, c'est avec le plus grand intérêt qu'on suit ses mésaventures. Les rebondissements sont bien vus. C'est prenant jusqu'au dénouement qui lui aussi ne m'a pas laissé insensible. J'aurais jamais pensé que des cercles concentriques pourrait un jour me faire ressentir la moindre émotion. Tout bon, du début à la fin : un grand bravo pour cet album original.

16/02/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

C'est la narration graphique qui fait l'originalité de cette BD, le fait de présenter l'ensemble du récit sous forme schématisée de type icones informatiques, en vue de dessus, avec des personnages sous la forme de simples ronds de différentes couleurs, et ici et là des traits et autres flèches comme pour insérer des informations annexes au cœur du récit. Tout cela rappelle beaucoup les expériences narratives de Chris Ware (Jimmy Corrigan) dans une version encore plus poussée puisque ce dernier dessinait tout de même les personnages. De n'avoir ici que des ronds pourrait faire craindre de trop facilement les confondre et aussi une réelle frustration de ne pas avoir droit à un vrai dessin, mais cela fonctionne assez bien et l'imagination fait le reste pour que le lecteur se représente les personnages et les différentes scènes, aucune ne sortant particulièrement des sentiers battus des récits réalistes. Pour autant, cela ne m'épate pas vraiment car, outre le fait que ce ne soit pas tellement novateur puisque Chris Ware le faisait il y a plus de vingt ans, ça n'apporte pas énormément au récit et cela n'efface pas le sentiment d'avoir été quelque part floué d'un vrai dessin. Je prends l'exemple de l'homme qui vient en aide au jeune héros : je l'imaginais initialement sous la forme d'une sorte de détective privé bagarreur, alors que plus loin dans le récit, il s'avère être probablement physiquement plus minable. D'une certaine manière, le fait de ne pas voir son physique dessiné m'a trompé sur la bonne compréhension des tenants et aboutissants de certaines portions de l'intrigue. Cela étant dit, j'avais quelques appréhensions à l'idée de lire un album aussi épais avec juste des ronds pour personnages et juste des dialogues pour comprendre ce qu'il se passait, mais c'est plutôt bien passé. L'histoire n'est pas passionnante, mais elle tient la route. J'ai toutefois trouvé le jeune héros vraiment débile pour son âge : il a 14 ans mais se comporte pendant les trois quarts de l'album comme un enfant de moins de 10 ans. C'est un peu pénible, surtout que c'est cette idiotie qui sert d'élément déclencheur à des passages clés de l'histoire. Concrètement, je salue l'originalité graphique et narrative, même si ce n'est pas totalement novateur, mais l'histoire en elle-même ne m'a pas captivé.

13/02/2023 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Hervé

Un véritable OVNI que cet album ! J'avoue l'avoir souvent feuilleté en librairie, puis reposé , assez perplexe quant à son contenu . Et puis, le festival d'Angoulême est passé par là en distinguant ce livre. Il faut remonter à 2016, avec Ici de Richard Mc Guire, également autre OVNI, pour qu'un lauréat du Fauve d'Or attise autant ma curiosité. Au vu des bonnes critiques lues ici ou là, et sur les conseils de ma libraire (pour qui , ce livre était son coup de cœur depuis sa sortie), j'ai enfin franchi le pas en l'achetant. En suivant les aventures de Simon, Martin Panchaud nous entraine à la fois dans un polar, un road movie, et une comédie extrêmement bien agencés. Le scénario repose sur un travail d'orfèvre, et une fois lancé dans la lecture, j'ai eu du mal lâcher ce livre... C'est presque addictif. Mais ce qui fait la force de ce récit, c'est évidement sa forme En découvrant l'histoire de Simon du "dessus", le lecteur peut être à première vue être décontenancé voire déstabilisé, mais il n'en est rien, et je me surpris à découvrir un récit fluide, où la façon de représenter les personnages ne gâche en rien le plaisir de lecture, au contraire. Avec un dessin presque géométrique, presque tiré au cordeau, Martin Panchaud me fait curieusement songer à Chris Ware, ce qui n'est pas une mince référence. Découvrez donc le destin du pauvre Simon, si habilement mis en scène par Martin Panchaud. Ce livre relève à la fois de la pépite et de l'originalité. Pour une fois, depuis bien longtemps, je rejoins l'avis du jury du festival d'Angoulême.

12/02/2023 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Jetjet

Alors que cet élégant petit bouquin commence à faire parler de lui par les prix récoltés ici et là, j'avoue que c'est une annonce de son éditeur qui m'a fait de l'oeil sur son concept. Concept que vous pouvez facilement comprendre en tapant dans votre barre de recherches "Martin Panchaud Star Wars" et vous évitera une explication tarabiscotée de mon propre jus. Pour faire simple, il s'agit d'une bande dessinée minimaliste à l'extrème en vue du dessus comme les premiers jeux vidéo GTA. Les personnages sont représentées par des pions et des couleurs et un flechage plus ou moins habile ou intrusif permet de situer le lecteur dans cet espace bien particulier. Donc oui on peut d'ors et déjà convenir que c'est original mais que l'ensemble ne risque pas de flatter la rétine comme une toile de Rembrandt. L'histoire également n'est qu'un prétexte pour justifier ce parti pris graphique surprenant : on y suit l'histoire d'un jeune ado obèse et méprisé par tout le monde ou presque, y compris son propre paternel. Les choses vont changer lorsque le jeune homme va gagner le gros lot sur un jeu d'argent. Entre mystères de famille, tentative de meurtrer et la vie d'une baleine intercalée de façon absurde (mais pas tant que cela au final), l'auteur met en scène un véritable road movie avec ses petits rebondissements avec suffisamment d'intérêt pour garder le lecteur en haleine. Si au final, certaines tournures n'enrichissent pas davantage le scénario, on reste scotché jusqu'à la dernière page. Avec un humour pince sans rires et une narration différente mais rapidement assimilée, Martin Panchaud crée un petit style bien propre à lui qui ne devrait pas non plus être décuplé à l'infini dans d'autres histoires similaires mais ce parti pris original mérite toute attention comme on peut dévorer également une mini série télévisée avec ses surprises, lenteurs et purs petits moment de bonheur. C'est également une merveilleuse porte d'entrée pour un public pas forcément adepte de nos bandes dessinées.

26/01/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue boy

Parue sans faire de bruit au mois de septembre, « La Couleur des choses » s’est imposée ces dernières semaines comme un mini-phénomène éditorial, bien en vue dans les têtes de gondole des libraires. Et on comprend pourquoi, même si un premier feuilletage n’est pas forcément engageant. En effet, quel intérêt pourrait avoir une bande dessinée (mais sommes-nous encore dans la bande dessinée ?) où les personnages sont remplacés par des petits cercles de couleur évoluant dans un décor minimaliste en vue aérienne ? Oui mais voilà, dès que l’on attaque la lecture, la magie opère. D’abord intrigué, on est vite happé par le récit, pour être ensuite littéralement hypnotisé par cet ouvrage décidément hors normes. Et si le graphisme est d’une audace incroyable, la narration n’est pas en reste, tant s’en faut, avec un synopsis imparable, digne des meilleurs thrillers, assortie d’un dénouement « WTF » pour le moins inattendu. On est ému par le sort de ce pauvre garçon, Simon, sur qui des mauvaises fées ont dû lancer un sort à la naissance. Issu d’un milieu familial défavorisé, souffrant d’obésité et harcelé par les caïds du quartier, Simon aura toutefois cette « chance » d’avoir joué les bons numéros au tiercé sur les bons conseils d’une voyante à qui il avait rendu service. Mais quand on ne nait pas avec les bonnes cartes en main, même un coup de fortune comporte des revers… Putain de destin ! Le jeune garçon va se voir entraîné dans une spirale infernale que son statut de mineur va compliquer (non majeur, il ne pourra percevoir les gains sans l’aval de l’un de ses parents) et qui va lui faire perdre les dernières illusions de l’enfance. Car en effet, cette histoire de ticket gagnant placera Simon aux premières loges d’un spectacle peu glorieux, celui du monde des adultes où méchanceté, violence, convoitise et cupidité en seront les principaux protagonistes, où la couleur des choses prend souvent une teinte glauque. Avec cette œuvre extrêmement ludique qui n’en est pas moins une peinture sociale édifiante de l’Angleterre contemporaine, dotée d’un humour discrètement acerbe, Martin Panchaud, auteur suisse tout juste quadragénaire, prend un malin plaisir à brouiller les codes du neuvième art par une lecture en vue aérienne, en substituant par exemple des plans de maison aux cases, en inventant une nouvelle iconographie par l’insertion de pictogrammes, représentations graphiques et divers symboles au milieu d’un déroulé narratif qui s’autorise toutes les fantaisies. Le résultat est véritablement bluffant, plaçant l’objet quelque part entre la pièce de théâtre, le jeu de plateau et l’appli de smartphone. Démarche oubapienne révolutionnaire, qui n’est pas sans rappeler le travail d’un certain Chris Ware mais aussi cette vertigineuse machine à remonter le temps qu’est Ici, de Richard Mc Guire. Déjà récompensé par le Grand Prix de la critique, nommé en sélection officielle à Angoulême, il n’est pas du tout impossible que « La Couleur des choses » obtienne le Fauve ultime, mais on peut aisément parier sur une attribution du Prix de l’audace.

08/01/2023 (modifier)
Par doumé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur doumé

Une BD très originale, pas pour son scénario mais pour sa présentation. Chaque case est une vue de dessus du décor, soit une pièce pour les actions à l'intérieur, soit un plan pour les passages à l'extérieur. Tous les personnages sont représentés par deux cercles concentriques avec pour chaque personnage des couleurs différentes. Pour la compréhension de l'histoire, cette présentation ne pose aucun problème et l'auteur exploite à merveille ce mode de représentation en nous distillant dans le dessin des détails pour nous guider, comprendre et suivre les actions avec facilité. Mon problème a été au départ pour la lecture. A chaque case, il faut regarder les couleurs présentes pour comprendre qui est présent et la mémorisation des couleurs n'est pas aussi naturelle qu'une représentation classique, mais au fil des pages on finit par s'adapter et trouver du plaisir à la lecture. Le dessin est évidemment incomparable. L'approche graphique de l'auteur n'est pas seulement originale, elle est surtout réussie car il développe un style qui réussit à partir d'un plan sans vie à nous embarquer par terre et par mer dans une belle et cruelle aventure humaine. Pour le scénario, cette histoire me rappelle La Perle de Steinbeck avec un personnage pauvre qui lutte et se confronte à l'impossibilité de devenir riche malgré une fortune à portée de main. Dans cette BD, c'est Simon, un enfant de 14 ans qui gagne une fortune en jouant dans une course de chevaux. Un ticket gagnant qui doit transformer sa vie se retrouve cerné par des adultes avides de lui voler. Une histoire dynamique du début à la fin pleine de surprises parfois humoristiques parfois graves avec un peu de fantastique et toujours ce jeune héros avec qui nous partageons son insupportable périple à travers l'Angleterre. Félicitations à l'auteur et l'éditeur pour cette réussite collective, une découverte et une surprise complètement hors standard.

17/12/2022 (modifier)