Oskar Ed - Mon plus grand rêve
Oskar Ed, Mon plus grand rêve est une œuvre monumentale, à l’écriture ciselée, intime, sombre, d’une force métaphorique stupéfiante.
Les petits éditeurs indépendants Road movie
S’asseoir à côté d’Oscar ED sur la banquette arrière de cette voiture à la tôle froissée, respirer l’odeur âcre de cigarette de son père et le parfum de sa mère. Être le témoin silencieux d’une situation troublante tout au long de ce long voyage halluciné, où se trame quelque chose de plus important, de bien plus profond sous cette couche de réalité fracturée par l’esprit ultrasensible et tourmenté de cet enfant lunaire. Où donc ce père nous mène-t-il de façon si obstinée, comme si le destin de cette famille insolite dépendait de cette destination mystérieuse ?
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Date de parution | 24 Septembre 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une lecture marquante que ce road movie atypique. Je découvre Branco Jelinek, auteur slovaque. De 2003 à 2006 il publie trois albums sur Oskar Ed adulte, puis il reprend son personnage enfant, toujours en trois volumes qu'il clôture en 2016 et c'est ces trois tomes qui sont publiés dans cet album par l'éditeur presque lune, un très beau travail éditorial. Trois occupants dans une voiture, un couple et leur fils Oskar sur la banquette arrière filent vers une destination secrète connue seulement du père. Un trajet où les parents n'arrêteront pas de se faire des reproches avec Oskar au milieu de ce règlement de compte familial. Un pavé de 332 pages découpé en 22 chapitres, une lecture exigeante avec plusieurs niveaux de lecture, les métaphores sont plus ou moins accessibles et les thèmes explorés sont nombreux. Un récit intimiste qui tourne autour de nos trois personnages, le rythme est assez lent, il prend le temps d'approfondir la psychologie des personnages, mais il est aussi violent, les mots peuvent faire aussi mal qu'une lame d'un couteau. De chapitre en chapitre mon intérêt n'a cessé de croître, la narration singulière n'y est pas étrangère. Elle est empreinte de surréalisme puisqu'Oskar pour s'évader de son quotidien, lors des disputes parentales, fait des sortes de rêves éveillés où la réalité est distordue. Des passages fantasmagoriques qui en disent beaucoup sur cet enfant solitaire et secret. Un album dense, émouvant et déconcertant, chacun en fera sa propre interprétation (surtout pour la conclusion). Un dessin en noir et blanc réaliste au trait fin, précis et hachuré, très expressif et à la mise page immersive. Il me fait penser au Monstres de Barry Windsor-Smith. La particularité graphique réside dans la représentation d'Oskar, je vais reprendre l'expression de Noirdésir, il a une tête d'œuf. Superbe ! J'aime ce genre de lecture qui déroute, qui questionne et qui résonne longtemps après avoir refermé le bouquin. Une merveilleuse expérience. Gros coup de cœur. "Ils ne voient plus dans leurs enfants Que les défauts que l'autre y laisse". J. Brel
Alors là, gros coup de cœur pour cet album, dont j’avais entendu parler depuis quelques temps, et à propos duquel j’avais des attentes très élevées. Qui n’ont pas été déçues ! Le travail éditorial de l’éditeur rennais Presque Lune est encore une fois très bon. Une couverture épaisse, avec un dos toilé et un marque-pages, le bijou de Jelinek habite un bel écrin. L’album est un gros pavé. Jelinek a semble-t-il refondu ici plusieurs tomes. Un long travail, qui donne un résultat époustouflant. Le dessin très réaliste, avec un trait fin, un Noir et Blanc ciselé, donne un rendu très agréable, y compris pour les passages noirs, voire étranges, qui alternent avec d’autres plus conventionnels. L’histoire en elle-même peut se résumer en un long voyage en voiture, dans laquelle ont pris place le jeune Oskar à l'arrière, et ses parents à l’avant. Le tout est entre-coupé de quelques flash-backs éclairant certaines zones d’ombres – mais pas toutes ! Contrairement à tous les autres personnages, Oskar n’est pas entièrement « réaliste », il a une tête en forme d’œuf, où n’apparaissent que ses yeux (sans cils ou sourcils) et sa bouche. Ce côté « étrange » est rapidement accentué par de très nombreuses digressions. En effet, ses parents ne cessant de s’engueuler, Oskar semble s’évader d’une atmosphère oppressante (elle l’est d’autant plus avec ce quasi huis-clos imposé par la voiture) dans des rêves, ou des distorsions de la réalité. Tous ces passages fantastiques sont fortement imprégnés de surréalisme. Je ne connais pas Jelinek, mais il y a fort à parier qu’il est familier du courant surréaliste tchèque (l’un des plus vifs), en particulier de l’excellent réalisateur et animateur Jan Svankmajer. Pour le reste, je ne vais pas spoiler, mais ce récit très beau, tout en étant triste et violent (une violence uniquement verbale, psychologique, subie par le jeune Oskar au travers de ses relations avec ses parents – son père surtout) prend une force importante de par son aspect métaphorique. Après avoir fini ces près de 350 pages, on reste bluffé par la richesse du scénario, par la violence et la beauté des images. Et on se prend à décrypter tout ce qui est sous-tendu par ce « voyage ». Une douleur intérieure comme exorcisée. Les deux dernières planches sont très belles, et livrent quelques clés de lecture. Une ou des relectures s’imposent donc, mais je vous encourage vivement à vous plonger dans les méandres du cerveau d’Oskar, qui n’a pas une vie de rêve, mais qui clairement vit des rêves qui lui permettent de survivre.
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