Kuklos
Une âpre peinture de l'univers du Ku-Klux-Klan, dans les années 50.
1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Nouveau Futuropolis One-shots, le best-of Racisme, fascisme [USA] - Dixie, le Sud-Est des USA
Tout commence quand un gentil fiston découvre que son papa est un membre du Ku-Klux-Klan (KKK), cette espèce de club, secte ou clan (fondé en 1866) qui avait pour principal objectif et amusement de passer à tabac les Noirs, et plus tard les Juifs ou les communistes. Et comme l’action se déroule en Amérique profonde, du Sud, probablement dans les années 20, au lieu de s’en offusquer, le brave ado se montre très fier de son papa. Au point qu’il demande, et finit par recevoir l’initiation de Klaniste. Rôle qu’il jouera à cœur joie, entre simple bastonnade de « nègres » et joyeux branchages… avec une conviction raciste qui jamais ne s’ébranlera, au contraire de ce qu’on pourrait attendre. Commence un crescendo dans la violence… Évidemment, l’histoire finit mal, pour lui. Je vous en laisse la surprise…
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Date de parution | 04 Juin 2003 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je partage l'avis de Bamileke, qui a bien résumé les défauts de cette BD (la fin un peu trop pathétique selon moi, notamment), mais tout comme lui j'ai été assez surpris de la maitrise du ton ! C'est assez difficile de passer dans le camp des "méchants" (et à cet égard le Klan est franchement dans ce camp) sans en faire trop et les dénoncer comme des vilains pas beau, ou tenter de les comprendre et les rendre attachants. Lorsqu'on parle de personnes qui pendent des noirs et les brutalisent juste pour asseoir une idéologie raciste, il est dangereux de les rendre attachants. La BD joue parfaitement bien dessus, présentant le Klan comme une grande famille que beaucoup rejoignent par esprit de camaraderie, on sent d'ailleurs le côté rite initiatique et intégration dans un monde d'adulte lors de la cérémonie d'intronisation. Le Klan est aussi un outil politique, un moyen d'asseoir une domination locale dans un pays beaucoup moins centralisé que la France. Cette notion est assez clairement montrée également, rien que par la profusion de magistrats qui en faisaient partie. En deux parties distinctes (les années 20 avec l'entrée dans le Klan et les années 50 au moment des tensions) nous découvrons les deux facettes du Klan : ce qu'il veut être et ce qu'il est. Une volonté d'être les chevaliers sauveurs d'une civilisation et d'une race, des défenseurs des droits des blancs et tout le tintouin, voila pour le programme. Très réjouissant ! Mais la BD montre aussi dans sa deuxième partie ce qu'il en est vraiment : violence aveugle (le crime prémédité est interdit par les règles du Klan, ce qui m'a surpris), sadisme, tensions entre membres jusqu'aux fausses accusations et tentatives de meurtres par un tiers. Une explosion de violence assez sauvage imprègne la fin de la BD, dans laquelle une sorte de revanche des noirs-américains violentés jusque là se fait sentir. Une revanche sordide et violente, tout autant que l'étaient les actions commises à leurs égards. La BD se positionne clairement contre le Klan et ses idéaux racistes, mais arrive à nous montrer aussi ce qu'il veut être et ce qu'il est, dévoilant le fanatisme et la peur d'un remplacement (tiens, ça me rappelle un truc), la volonté de faire corps ensemble et de s'investir pour un avenir radieux. Le Klan se veut dans le passé, le présent et l'avenir, ce qui s'est malheureusement confirmé. Bien que n'étant plus aussi grand et puissant qu'il le fut, ce groupuscule subsiste encore par divers moyens et organismes, dont certains ont pu faire parler d'eux récemment. Finalement, je trouve que la BD utilise parfaitement bien le médium pour faire passer un message. Une dénonciation de ce que c'est, sans jamais tomber dans la facilité. Je suis surpris de la qualité du travail, en bien, et je ne peux que vous la recommander.
Il est toujours difficile de faire le récit d'une autobiographie, même fictive, d'un bourreau sans tomber dans au moins deux pièges. Le premier est de le charger et de le rendre tellement ridicule que cela fait perdre beaucoup de crédibilité au récit ; Le second est au contraire de se laisser happer par sa part d'humanité qui lui est inaliénable et ainsi de lui procurer une part d'empathie qu'il ne mérite pas. Christophe Gaultier et Sylvain Ricard ont admirablement évité ces deux récifs. Les dessins avec des visages taillés à coups de serpes rendent bien la dureté des Kluxers. Les costumes de monsieur tout-le-monde, les décors d'une campagne du Sud, cela est si paisible mais cela se couvre de sang en deux minutes. Ces dessins laissent à imaginer l'angoisse qu'on vécut les habitants Afro-américains du pays champion du monde libre et de la démocratie, pendant 120 ans. C'est d'ailleurs à l'honneur de beaucoup d'Américains Blancs d'avoir vigoureusement combattu cette peste, un passage y faisant référence. Les auteurs ne s'étendent pas sur l'histoire du Cercle (Kuklos veut dire cercle en Grec cela deviendra Ku Klux) mais nous invitent à élargir nos recherches. (Par exemple ce n'est pas Forrest le fondateur mais un petit "cercle" de vétérans sudistes de Pulaski (Tennessee) et comme ils venaient d'Ecosse cela a fait un Klan) Thomas va vivre deux des grandes périodes du Klan. Celle des années 20 et celle des années 50. Son (notre ?) initiation aux rites du Klan, un passage formidable du livre, est en plein "Age d'Or" du Klan. Il y a alors plusieurs millions de cotisants à travers les USA, pas seulement au Sud, ce qui représente une force politique et financière inimaginable. Force qui agira jusqu'au plus haut sommet de l'Etat (Truman a fait partie du Klan à cette époque) comme le prouve l'adoption des lois de 1924 sur l'immigration (Jonhson-Reed Act). Celle des années 50, en réaction aux revendications légitimes des citoyens Afro-américains dont les fils ou frères étaient morts sous l'uniforme et qui avaient par l'éducation aussi, eu le courage de relever la tête. Je pense voir dans l'œuvre de S. Ricard l'expression des deux violences du Klan. La violence gratuite sadique de Hummond qui est là pour assouvir ses désirs psychopathes en toute impunité. Il y a la violence plus politique de Thomas qui est là pour maintenir la suprématie du pouvoir Blanc et Protestant. C'est pourquoi, sur la liste de leurs haines les Kluxers avaient rajoutés les Juifs, les activistes (considérés de facto comme communistes) et les Catholiques (à la fois basanés et/ou papistes). Ces deux violences se rejoignent souvent mais elles peuvent s'affronter. De toute façon, elles sont aussi ignobles l'une que l'autre. Je pourrais faire un peu la fine bouche sur la fin qui met l'accent sur l'action dramatique mais c'est tellement peu par rapport au message.
J'ai lu la réédition paru chez Futuropolis et je dois dire que je préfère la nouvelle couverture à l'ancienne qui est un peu moche. Le sujet est donc le racisme à l'époque où le KKK était à son apogée et ce qui est génial c'est que le personnage principal est lui-même un membre du KKK et qu'on suit donc la vie de cette organisation, notamment les luttes internes entre des membres plus pragmatiques et d'autres encore plus fanatiques ! Il n'y a point de manichéisme et si le 'héros' est moins cruel que d'autres, il reste tout de même une belle ordure à sa façon. Il y a beaucoup de violence (sans que cela tombe dans le ridicule) et les auteurs ne font pas dans la dentelle. Ils montrent la bêtise et la violence du racisme. J'ai tellement été enthousiaste dans ma lecture que j'ai relus cet album le jour même où je l'ai lu pour la première fois, chose rare de ma part et je passe ma note au maximum. C'est vraiment du grand art. J'adore surtout le personnage de Thomas sont la psychologie est bien maîtrisée. Tout est tellement bien maîtrisé dans ce scénario que j'ai l'impression que tout ce qui se passe dans cet album aurait pu se passer dans la réalité Une oeuvre marquante.
Je n'ai pas passé un agréable moment avec ce titre sans doute à cause de la cruauté de certaines scènes. Par ailleurs, on suit un protagonistes qui a épousé la cause du Ku Klux Klan. On n'aura d'ailleurs aucune sympathie pour ce dernier. On va assister à un jeu de massacre avec des personnages d'ailleurs plus abjects les uns que les autres. Bref, on n'éprouve aucun plaisir à moins d'être sado. Les auteurs ont certainement atteint leur objectif pour dépeindre la bêtise humaine née du racisme. Trop de brutalité gratuite, trop de violence: cela en devient effrayant à haute dose. Comme dit, ce titre est certainement bien fait mais il n'est pas pour moi. Je préfère sans doute la subtilité du message à faire passer.
Terrible!! Dès la lecture des premières planches, on est subjugué par le scénario et une ambiance qui s'annonce des plus intéressantes. On rentre dans l'univers du Ku Klux Klan avec ses règles, ses codes,... qui est décrit avec brio et justesse de la part du scénariste. Ca ma fait penser au très bon film "Mississippi Burning". Le dessin très brouillon mais beau et les couleurs conviennent parfaitement à cet univers brut et sans pitié. C'est violent, rempli de suspens, de tension. Bref, c'est monstrueux! J'ai adoré!
Voici un récit fort intéressant, raconté par un membre du Ku Klux Klan et ce sans tabou ni jugement, il nous expose juste ce qu’a été sa vie dans cette organisation. J’ai apprécié sa sincérité, il n’a ni regrets ni remords, au contraire, il est klaniste jusqu’au bout et quoi qu’il arrive. Dans certains récits on voit les personnages changer d’opinion, « revenir à de nobles causes » ce qui est un peu guimauve, ici c’est tout le contraire et c’est ce qui fait sa force et son originalité. Évidemment il ne s‘agit pas d‘adhérer ou non à ces idées mais juste de regarder d‘un œil extérieur comment se déroulait le fonctionnement du KKK, ses conflits, ses règles et la façon de penser de ses adhérents. De l’autre côté il y a les noirs, qui ne font que subir la plupart du temps, toujours assaillis par des agresseurs nombreux et haineux, mais lorsqu’ils se retrouvent du côté des dominants les auteurs leur ont accordé une belle dose d’humour, qui ne dédramatise pas pour autant les scènes violentes, mais leur donne un petit goût de satisfaction assez jouissif. Bien que ce soit une lecture sympa et bien racontée, je ne me replongerai pas dedans car elle se déroule trop vite, elle aurait mérité plusieurs tomes pour mieux développer les personnages psychologiquement ainsi que leurs vies et les intrigues, le tout reste trop « en surface ». C'est aussi le cas pour les noirs dont on ne sait pratiquement rien, c'est un peu dommage. De plus, la lecture s’achève aussi un peu rapidement.
"Kuklos" est une BD qui prend aux tripes. Les personnages sont abjects dans leur majorité. Pourtant j'ai aimé cette lecture car en plus de montrer le fonctionnement du KKK, elle démontre surtout la bestialité de ses membres se permettant les pires horreurs. Ce one shot fait réfléchir, il montre les mauvais côtés de l'être humain car tout y passe : la violence, la lâcheté, l'ignorance, etc... La connerie sous toutes ses formes !!! Le dessin est très haché et gras mais il apporte une ambiance lourde et noire sur ce récit dramatique. La colorisation est fignolée par rapport aux traits qui font esquisses. Le scénario ne laisse pas de temps morts, la fin n'est que le final car c'est tout le récit qu'il faut retenir. Je suis touché par ce one shot puissant et dérangeant. Il y a un objectif de mémoire car pour ne pas reproduire les erreurs il faut tirer des enseignements.
Voilà qui est intéressant : aborder le Ku-Klux-Klan par l'intérieur en prenant pour personnage principal un de ses membres, un membre relativement modéré mais tout de même convaincu depuis sa prime jeunesse, un membre bien implanté dans le système mais encore au coeur de l'action. Nous découvrons avec cet album quelques rouages de l'intégration des nouveaux membres dans le Klan, une partie de son fonctionnement, ses conflits internes. Le tout étant enrobé dans une histoire de rivalité entre deux personnes qui va être mise à mal par la revanche des noirs opprimés. Un bon scénario mis en image de manière efficace, une bonne lecture. J'ai cependant été déçu par la fin un peu rapide de cette intrigue que j'aurais nettement aimé suivre au delà. Telle quelle, je trouve que la conclusion vient trop vite et que le récit manque d'une ampleur qu'il m'avait laissé espérer. A lire malgré tout.
Kuklos est un ouvrage qui nous conte une des époques peu glorieuses de l’histoire américaine en prenant pour exemple la vie d’un jeune garçon endoctriné dans le KKK et son ascension au sein de sa hiérarchie alors que rien au départ ne le prédestinait à ce sombre destin si ce n’est l’envie d’un petit garçon de ressembler à son père et de défendre une idée qu’il pensait par ignorance grande et légitime. Sylvain Ricard nous emmène habilement au cœur de la violence gratuite, de la haine, de la souffrance et de la bêtise humaine, et cela au nom de qui ? Au nom de quoi ? Ce récit dont la violence nécessaire mais mesurée est judicieusement mise en image par le dessin caractéristique de Christophe Gauthier qui amplifie cette ambiance lourde et retranscrit parfaitement les émotions. Un très bon one shot à réserver à un public adulte ou averti.
Sans faire de jeu de mots hasardeux, on peut dire que "Kuklos" est un album très noir. On commence par suivre le narrateur lors de son adolescence et sa découverte du Ku Klux Klan. Celle-ci se fait très naturellement : c'est pour lui à peine une découverte, c'est juste... logique. Et puis le temps passe, et on le retrouve trente ans plus tard, toujours au sein du KKK, mais dans une situation plus élevée. Ce qui frappe dans "Kuklos", c'est le côté narratif de la chose. A aucun moment il n'y a de véritable réflexion, de dénonciation ou d'approbation du racisme, de la violence... L'histoire est juste racontée, montrée, de façon finalement assez détachée malgré la violence qui pourtant suinte de partout. Et les personnages sont violents. Tous. C'est d'ailleurs à mon avis un des points forts de cet album que de se concentrer là-dessus, le résultat est une haine omniprésente, sans fondement, sans tentative d'explication, rien que de la haine qui se nourrit d'elle-même. Le ton de sylvain Ricard est décidément très particulier, très sombre, plus encore que dans "Banquise". J'ai parfois un peu regretté le dessin, par moment pas assez fort ou dynamique à mon goût, mais à dire vrai il participe pour beaucoup à l'histoire et à sa réussite. Seul reproche, les passages narrés par la voix off, denses et importants pour l'histoire, mais qui créent une cassure dans le récit. Sans doute étaient-ils nécessaires pour faire tenir "Kuklos" en un tome (80 pages, quand même), mais bon, voilà, c'est un peu dommage quand même. Bref, à lire !
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