Kuklos

Note: 4/5
(4/5 pour 13 avis)

Une âpre peinture de l'univers du Ku-Klux-Klan, dans les années 50.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Nouveau Futuropolis One-shots, le best-of Racisme, fascisme [USA] - Dixie, le Sud-Est des USA

Tout commence quand un gentil fiston découvre que son papa est un membre du Ku-Klux-Klan (KKK), cette espèce de club, secte ou clan (fondé en 1866) qui avait pour principal objectif et amusement de passer à tabac les Noirs, et plus tard les Juifs ou les communistes. Et comme l’action se déroule en Amérique profonde, du Sud, probablement dans les années 20, au lieu de s’en offusquer, le brave ado se montre très fier de son papa. Au point qu’il demande, et finit par recevoir l’initiation de Klaniste. Rôle qu’il jouera à cœur joie, entre simple bastonnade de « nègres » et joyeux branchages… avec une conviction raciste qui jamais ne s’ébranlera, au contraire de ce qu’on pourrait attendre. Commence un crescendo dans la violence… Évidemment, l’histoire finit mal, pour lui. Je vous en laisse la surprise…

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Juin 2003
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Kuklos © Futuropolis 2003
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 13 avis)
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09/06/2003 | SuperFox
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L'avatar du posteur bamiléké

Il est toujours difficile de faire le récit d'une autobiographie, même fictive, d'un bourreau sans tomber dans au moins deux pièges. Le premier est de le charger et de le rendre tellement ridicule que cela fait perdre beaucoup de crédibilité au récit ; Le second est au contraire de se laisser happer par sa part d'humanité qui lui est inaliénable et ainsi de lui procurer une part d'empathie qu'il ne mérite pas. Christophe Gaultier et Sylvain Ricard ont admirablement évité ces deux récifs. Les dessins avec des visages taillés à coups de serpes rendent bien la dureté des Kluxers. Les costumes de monsieur tout-le-monde, les décors d'une campagne du Sud, cela est si paisible mais cela se couvre de sang en deux minutes. Ces dessins laissent à imaginer l'angoisse qu'on vécut les habitants Afro-américains du pays champion du monde libre et de la démocratie, pendant 120 ans. C'est d'ailleurs à l'honneur de beaucoup d'Américains Blancs d'avoir vigoureusement combattu cette peste, un passage y faisant référence. Les auteurs ne s'étendent pas sur l'histoire du Cercle (Kuklos veut dire cercle en Grec cela deviendra Ku Klux) mais nous invitent à élargir nos recherches. (Par exemple ce n'est pas Forrest le fondateur mais un petit "cercle" de vétérans sudistes de Pulaski (Tennessee) et comme ils venaient d'Ecosse cela a fait un Klan) Thomas va vivre deux des grandes périodes du Klan. Celle des années 20 et celle des années 50. Son (notre ?) initiation aux rites du Klan, un passage formidable du livre, est en plein "Age d'Or" du Klan. Il y a alors plusieurs millions de cotisants à travers les USA, pas seulement au Sud, ce qui représente une force politique et financière inimaginable. Force qui agira jusqu'au plus haut sommet de l'Etat (Truman a fait partie du Klan à cette époque) comme le prouve l'adoption des lois de 1924 sur l'immigration (Jonhson-Reed Act). Celle des années 50, en réaction aux revendications légitimes des citoyens Afro-américains dont les fils ou frères étaient morts sous l'uniforme et qui avaient par l'éducation aussi, eu le courage de relever la tête. Je pense voir dans l'œuvre de S. Ricard l'expression des deux violences du Klan. La violence gratuite sadique de Hummond qui est là pour assouvir ses désirs psychopathes en toute impunité. Il y a la violence plus politique de Thomas qui est là pour maintenir la suprématie du pouvoir Blanc et Protestant. C'est pourquoi, sur la liste de leurs haines les Kluxers avaient rajoutés les Juifs, les activistes (considérés de facto comme communistes) et les Catholiques (à la fois basanés et/ou papistes). Ces deux violences se rejoignent souvent mais elles peuvent s'affronter. De toute façon, elles sont aussi ignobles l'une que l'autre. Je pourrais faire un peu la fine bouche sur la fin qui met l'accent sur l'action dramatique mais c'est tellement peu par rapport au message.

14/10/2021 (modifier)
Par Gaston
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

J'ai lu la réédition paru chez Futuropolis et je dois dire que je préfère la nouvelle couverture à l'ancienne qui est un peu moche. Le sujet est donc le racisme à l'époque où le KKK était à son apogée et ce qui est génial c'est que le personnage principal est lui-même un membre du KKK et qu'on suit donc la vie de cette organisation, notamment les luttes internes entre des membres plus pragmatiques et d'autres encore plus fanatiques ! Il n'y a point de manichéisme et si le 'héros' est moins cruel que d'autres, il reste tout de même une belle ordure à sa façon. Il y a beaucoup de violence (sans que cela tombe dans le ridicule) et les auteurs ne font pas dans la dentelle. Ils montrent la bêtise et la violence du racisme. J'ai tellement été enthousiaste dans ma lecture que j'ai relus cet album le jour même où je l'ai lu pour la première fois, chose rare de ma part et je passe ma note au maximum. C'est vraiment du grand art. J'adore surtout le personnage de Thomas sont la psychologie est bien maîtrisée. Tout est tellement bien maîtrisé dans ce scénario que j'ai l'impression que tout ce qui se passe dans cet album aurait pu se passer dans la réalité Une oeuvre marquante.

17/04/2017 (modifier)