Inferno (Ruijters)
La Divine comédie revisitée par Ruijters.
Auteurs néérlandais La divine comédie de Dante en BD Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis
La Divine Comédie de Dante Alighieri - et en particulier sa première partie intitulée l’Enfer - a inspiré nombre d’artistes depuis le XIVe siècle, et tandis que Gustave Doré semblait lui avoir donné une forme illustrée définitive, Marcel Ruijters secoue cet académisme et revient aux racines iconographiques inspirées par ce grand texte - celles du Quattrocento de Giovanni di Paolo ou Bartolomeo di Fruosina - pour produire un livre résolument moderne : Inferno. Fidèle à sa conception d’un monde régi par les femmes - déjà exposée dans Sine qua none (L’an 2, 2005), Marcel Ruijters nous rapporte donc le périple de Danta conduite par Virgilia à travers les enfers. Et à l’instar de l’écrivain italien, Ruijters se sert de la structure infernale de son Inferno pour viser in fine les travers du monde contemporain : ici, l’hégémonie du capitalisme de ce début de XXIe siècle.
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Date de parution | 14 Juin 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’avais découvert cet auteur néerlandais il y a quelques années avec un album des plus originaux, hautement intrigant : Sine qua non. Quelques temps après, j’avais rencontré des représentants de The Hoochie Coochie sur un petit salon, et avais discuté de cet auteur inclassable, découvrant au passage qu’il avait poursuivi dans sa veine médiévale, avec cet « Inferno », directement inspiré de La Divine Comédie de Dante. Et je l’avais donc acheté, puis remisé sur, puis sous une de mes « piles à lire », jusqu’à ce que je tombe sur le plus récent "Les bienheureuses" chez le même éditeur et dans la même lignée. Donc, voilà, je me suis dit qu’il faudrait que je les lise, en commençant par « Inferno » donc. Le travail éditorial est vraiment beau, avec une couverture épaisse à rabats, ce qui met bien en valeur le travail de Ruijters, qui ressemble encore une fois à des gravures médiévales (le travail en Noir et blanc, mais aussi son dessin très particulier, l’absence de perspective moderne renforcent cette impression). L’iconographie pleine de créatures aussi diaboliques qu’imaginaires, tout en suivant Dante, donne aussi une patine, une coloration médiévale : c’est en tout cas un dessin et des choix graphiques qui m’accrochent. Comme l’explique Ruijters dans un très intéressant texte de présentation, beaucoup de gens connaissent Dante et son enfer, sans l’avoir lu. Ce qui est mon cas. Pourtant, je sens bien que Ruijters, comme il l’explique, lui a été fidèle dans l’esprit et la représentation. Il a par contre fait le choix de n’impliquer que des figures féminines (Dante devient Danta, accompagnée de la poétesse Virgilia et elles ne rencontrent dans les différents cercles des enfers que des pécheresses). Il fait ressortir aussi sur la fin un aspect qui m’avait échappé de cette œuvre de Dante, à savoir une critique des mœurs commerciales de l’époque (en cela – mais cet aspect et bien évidemment absent du travail de Ruijters – on peut le voir comme un jalon qui mène, avec la naissance du purgatoire, aux critiques de Luther contre les indulgences, et de Marx contre certains aspects de la société capitaliste). Si quelques petites pointes d'humour et une grande fantaisie sont repérables, c'est clairement une ambiance noire qui domine. Si quelques très rares bulles occupent l’espace (avec alors quelques mots latins, mais plus généralement des dessins dans les phylactères), le texte est quasiment toujours en bas des planches. Cela peut surprendre, mais ça n’a pas gêné ma lecture. Au final, Ruijters donne une belle interprétation du texte de Dante, et confirme avec cette adaptation qu’il est un artiste inspiré, original, que je vais continuer à suivre en tout cas.
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