Cargaison Mortelle à Abidjan
En août 2006, le Probo Koala, ce navire affrété par une société néerlando-suisse déchargea dans le port d'Abidjan plusieurs centaines de tonnes de déchets hautement toxiques en provenance du Texas. Cela provoqua la mort de 17 personnes et l'intoxication de plusieurs milliers d'autres. Le camerounais Japhet Miagotar aborde ce sujet sensible avec une colère froide dans cet album qui met a nu les mecanismes d'une forme de piraterie internationale. Le style des personnages, inspiré des masques africains, enchantera le lecteur qui découvrira une forme graphique originale, hommage aux traditions de l'Afrique. Cet ouvrage a recu le prix du meilleur graphisme au Festival international de la BD d'Alger en 2013.
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Le téléphone fonctionne à plein régime entre Amsterdam, Abidjan et les îles Caïman. Pour des sociétés internationales aux dirigeants peu scrupuleux, il s'agit de se débarrasser de déchets toxiques à moindre coût et sans faire de bruit. Peu importe les conséquences écologiques et sanitaires sur les populations réceptrices. On arrive toujours à s'arranger avec des autorités politiques sensibles à des dédommagements en millions de dollars qui n'iront jamais dans les poches des victimes. Derrière leurs masques les pirates en col blanc se frottent les mains pour des profits engrangés en toute impunité. Car ce sont les lampistes qui servent de fusibles. Mais ici l'esprit de l'Afrique se rebelle...
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Date de parution | 01 Novembre 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L'auteur camerounais Japhet Miagotar nous propose une série en forme de théâtre d'ombres et de masques. Cette excellente mise en scène renforce la déshumanisation que souligne le récit. C'est un cri de colère que hurle Miagotar en lieu et place de ces victimes si vite oubliées à leurs détresses. Japhet Miagotar est dans son rôle premier d'artiste qui donne son talent pour faire entendre ces milliers de sans voix qui subissent l'injustice d'un système asservi au dieu dollars. Ce scandale illustre bien un thème assez peu utilisé par nos artistes : celui de la gestion frauduleuse des déchets industriels. Les sommes en jeu étant énormes, cette problématique fait le bonheur de toutes les organisations criminelles du monde. C'est aussi un cauchemar de toutes les autorités politiques puisque cela touche souvent des multinationales capables de faire du chantage à l'emploi. C'est ce que souligne l'auteur, les pénalités sont souvent faibles en regard des profits effectués. La gestion des déchets toxiques étant d'un coût très élevé pour une entreprise qui suit scrupuleusement les normes de sécurité. Comme le montre le graphisme si original de l'auteur, tout le monde se cache derrière son masque et tant pis pour les victimes. "Pas vu pas pris" et l'on repart les poches pleines. Quitte à perdre quelques miettes en route pour faire plaisir au système politico-médiatique. Japhet introduit une fin dans un esprit très africain qui peut désorienter un esprit rationaliste mais le récit n'en perd pas de sa force. Impossible d'aviser cette série sans parler de son graphisme si particulier. À la fois moderne et traditionnel l'absence de visages nous réduit à nous focaliser sur l'acte. Aucune empathie ni antipathie n'est possible par cette représentation si particulière. L'auteur m'a donné l'impression d'un monde qui obéit à sa propre logique destructrice en dehors de toute considération humaine, un peu comme dans un camp de concentration. Ce n'est pas une lecture spécialement facile et qui peut désorienter mais qui vaut vraiment qu'on s'y attarde pour son originalité.
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