Cache-cache bâton
Au début des années 1970, Emmanuel Lepage vit avec ses parents dans une communauté... Plus qu'une communauté, c'est une vie partagée...
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Autobiographie La Vie en Communauté
« Ton projet me donne des sueurs froides... Tu aurais pu attendre qu’on soit morts... À la sortie de ton livre, on prendra de longues vacances, loin de tout, de nos amis, de nos voisins ! », dit Jean-Paul à son fils, Emmanuel Lepage. « J’ai besoin de savoir d’où vous venez, vous et les autres. J’ai besoin de comprendre ce qui vous a poussé à créer une vie communautaire », réplique Emmanuel. Tout est là. Comprendre. Comprendre pourquoi ses parents et cinq autres couples, tous « chrétiens de gauche », venus de milieux différents, se connaissant à peine, ont un jour décidé de faire « communauté ». Comprendre pourquoi, aujourd’hui comme hier, des gens inventent d’autres façons d’être ensemble, et comprendre pourquoi ça le touche si profondément. Pour comprendre, il faut interroger, écouter, plonger dans ses souvenirs. En partant de son récit familial, Emmanuel Lepage, finalement, retrace une histoire sociale de la France des années 1960 et 1970, comme il interroge les tentatives d’aujourd’hui de « tout remettre à plat ». Un livre qui pourrait bien contenir les principaux questionnements qui traversent l’œuvre d’Emmanuel Lepage : l’enfance, le partage, l’engagement, la transmission. De l’intime à l’universel, Cache-cache bâton restera comme le grand œuvre d’Emmanuel Lepage.
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Date de parution | 16 Novembre 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je m'intéresse beaucoup aux écrits sur la vie en communauté, et je dois dire que l'expérience de Lepage est étonnante. Vivant dans une communauté enfant, il retrace adulte les origines de celle-ci, qui sont assez surprenantes. La première partie assez longue explique les différents personnages qui habiteront ensuite le lieu. Plusieurs personnes la trouvent trop longue, personnellement j'ai trouvé que ça permettait de découvrir l'origine de ceux qui voulaient vivre différemment sans faire communauté. Et cette origine mêlée de christianisme et d'engagement politique dans une gauche bien différente de celle que l'on connait est intéressante. La question du schisme religieux qui existe avant mai 68 m'a surpris, je n'en avais presque jamais entendu parler avant cette BD. Une découverte politique intéressante que j'ai bien envie de creuser ! La BD prend ensuite la direction d'une analyse de la vie à la communauté (le mot est impropre mais c'est l'idée), entre la réalité vécue par les adultes et la vision à hauteur d'enfant, une autre réalité qui sonne différente. Deux mondes se croisent et les caractères de chacun vont faire échouer certaines choses. L'ensemble est dense, très bavard et mélange beaucoup de choses. A mon avis, il aurait fallu mieux cloisonner les informations par chapitre pour éviter un éparpillement des informations. Beaucoup de gens, de dates, de lieux, de sujets sont évoqués. J'ai eu plusieurs fois du mal à m'y retrouver avant de comprendre et retourner lire des pages que je trouvais étranges. Mais l'ensemble a ceci de bon qu'il évoque une pratique qui devient progressivement plus présente dans notre monde. Et qu'il dévoile comment d'autres avant nous on pu tenter l'expérience. Ça rejoint Le Collectif - Histoire de notre éco-hameau, une autre BD récente qui aborde les mêmes questions et montrait aussi les différentes failles, surtout entre les attentes et la réalité. Plus dense et plus politisée, la BD est néanmoins un peu lourde voir indigeste à certains moments. Lepage fait une BD personnelle et tient à ne surtout pas déformer les propos ou avancer des choses sans les vérifier, demandant à plusieurs personnes leur avis sur la même situation. De fait, c'est une BD longue et parfois un peu trop lourde à lire. Je pense qu'elle aurait gagné à être plus cadrée dans la forme. Mais la lecture fut très instructive et donne beaucoup de pistes pour poursuivre. Les idées d'habitat collectif se multiplient et j'en suis heureux !
Voilà clairement une oeuvre qui tenait à coeur à Emmanuel Lepage : raconter l'aventure de la vie en communauté qu'ont vécue ses parents à partir de 1968 et qui a marqué la mémoire et la jeunesse d'un Emmanuel alors jeune enfant. A la fois un hommage au passé de ses parents, une manière de revivre le sien, mais aussi une mise en avant de ces expériences humaines de vie en communauté. Cela faisait de nombreuses années qu'il prévoyait de la réaliser et qu'il attendait le bon moment pour se lancer. Pour ce faire, il va procéder avec minutie et recueillir le témoignage de presque toutes les personnes ayant participé à celle-ci mais aussi à quelques autres communautés. Quand j'ouvre un ouvrage d'Emmanuel Lepage, je sais que je vais bénéficier de ses superbes dessins, de ses voyages dépaysants, et de ses expériences sortant des sentiers battus. Je m'attendais du coup ici à une plongée dans un passé à la fois plein d'émotions et d'éléments instructifs, avec des très belles planches. De belles planches, on en a forcément dans les quelques 300 pages de ce livre de 300 pages, mais une grande majorité sont en noir et blancs, un peu mornes et simplement illustratives de dialogues entre personnes plutôt que chargées d'émotions. Quant au contenu lui-même... La première moitié de l'album, à savoir quand même environ 150 pages est rébarbative à lire. L'auteur a fait le choix de présenter avant tout le parcours individuel de presque chacun des futurs membres de la communauté, en racontant succinctement leur biographie. La première, celle du père d'Emmanuel Lepage, est la plus intéressante grâce à sa vie exotique et mouvementée. Mais quand se succèdent ensuite celle des autres personnes, le lecteur en vient assez rapidement à confondre tous ces noms, tous ces parcours avec leurs différences mais aussi beaucoup de ressemblances. Et surtout, c'est bavard, avec beaucoup de discussions sur la foi, sur la politique, sur la sociologie... On est noyé sous les informations et j'ai eu du mal à en retenir quoi que ce soit de vraiment structuré et clair. Enfin, arrivé à la moitié de l'album, l'auteur commence à parler de ses propres souvenirs, avec d'ailleurs un agréable changement graphique quand il le fait puisque ce sont là enfin que nous avons droit à quelques belles planches en couleurs chaudes et joyeuses. La narration se fait plus linéaire, on saute moins d'une époque à une autre mais encore quand même parfois d'une communauté à une autre ce qui m'a plusieurs fois dérouté tant j'étais noyé dans les différents personnages. On sent que l'auteur parle de choses que lui a parfaitement assimilées, de gens qu'il reconnait et distingue aisément, alors que ce n'est pas le cas du lecteur qui lui découvre tout ça et est souvent perdu dans ce qu'on lui raconte, ne sachant régulièrement plus qui est qui et de quelle communauté on parle. J'en ressors intéressé mais aussi déçu. J'ai apprécié de découvrir d'une part une vision de ces expériences de vie en communauté mais j'avais trouvé nettement plus claire et instructive la BD le Collectif. J'ai été en même temps très intéressé d'en apprendre davantage sur le passé et la jeunesse de l'auteur lui-même, Emmanuel Lepage dont j'admire l'oeuvre, et qui m'a permis de voir le parcours familial, culturel et intellectuel qui l'a mené à devenir l'auteur qu'il est et à offrir les types d'ouvrages qu'il a pu réaliser. Mais en même temps, ma lecture de cet album a été laborieuse, m'obligeant à m'y reprendre à trois fois tant j'étais fatigué et perdu à la lecture de la première moitié de l'album et pas énormément plus captivé par la seconde moitié. Bien, donc, mais je pense qu'il manque un plus grand travail de structure et d'épure pour offrir un ouvrage plus clair, plus marquant et plus touchant sur le sujet.
Album très beau à feuilleter (comme toujours chez Lepage) mais dont la construction touffue, le sujet et la longueur m'ont un peu perdue. Il s'agit à la fois de reconstituer l'expérience de ses parents, et aussi de la comparer à certaines expériences actuelles. Mais le coté comparaison n'est pas mené jusqu'au bout, il reste plutôt sur le sentiment nostalgique d'une enfance atypique et riche, mais aussi d'un moment assez court de sa vie, dont il faut faire le deuil. La communauté mi-catholique, mi-soixante-huitarde que ses parents ont tenté de monter pendant l'enfance d'Emmanuel est décrite en suivant les témoignages de certaines familles, d'autres n'ont pas souhaité participer. On voit les débuts ensoleillés et collectifs, le projet qui reste assez conventionnel avec chacun sa maison, ceux qui se tournent vers l'extérieur déjà... La volonté de faire partie du village alors qu'on est perçu comme un groupe d'originaux. Le partage des tâches au moment de la construction, les enfants qui vont de maisons en maisons, des mamans au foyer qui élèvent ce beau monde et imaginent des activités dehors ou dedans. Des messieurs qui rentrent le week-end... Petit à petit on sent toutes les tensions qui s'accumulent, les valeurs qui ne sont pas aussi partagées que ça, les revenus qui sont différents dans chaque famille, des fossés culturels qui ne peuvent pas se combler, des jeux d'enfants qui foutent le bordel, l'incompréhension qui grandit... Le retour sur le passé des participants et assez désabusé, c'est touchant cet élan "spirituel" et collectif qui s'écrase sur des conventions sociales divergentes, des égos fragiles, le sentiment de s'être trompé, tout simplement. J'ai beaucoup apprécié cette sincérité. Si au début cela m'a fait penser au Mauvaises Gens de Davodeau (témoignage presque historique sur l'expérience des jeunesses chrétiennes en "province") je trouve qu'ici c'est beaucoup plus l'histoire de l'échec d'un projet, et par conséquent c'est plus prenant, on se reconnait dans cette aspiration à réussir une action collective pour changer le monde. Mais la conclusion nous remet les deux pieds dans la réalité : c'est difficile, cela fonctionne rarement. C'est pourquoi je reste à 3 étoiles, dans le sens où j'ai beaucoup appris mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de le relire !
Si un jour, vous rencontrez Emmanuel Lepage et lui demandez quelle est sa bande dessinée dont il est le plus fier, il vous répondra -à mon avis- sans détour « Cache cache bâton ». Cet album, un gros pavé de 312 pages, est en quelque sorte une autobiographie de l’auteur, de sa naissance à nos jours. Il y raconte aussi quelques passages de la vie de ses géniteurs et même celle de ses grands parents ! Et puis, puisque ça ne suffit pas, allez, autant aborder aussi une partie du destin des personnes plus ou moins proches de lui ! Mais, pourquoi tout ce déballage ? Parce que, et c’est ce qui fait la particularité de cet ouvrage, Emmanuel Lepage y raconte comment sa famille (et donc lui-même) a été amenée à participer à une expérience communautaire ! Bon, ce n’est pas la première fois que ce thème est abordé dans le 9ème art mais si je vous dis que cette expérience a débuté fin des années 60, il y a de quoi être intrigué, à se demander pour quelles raisons ces personnes l’ont réalisée et si ça a marché… Pour ce faire, Emmanuel Lepage a retracé à travers les connaissances qu’il a côtoyées plus ou moins volontairement la vie sociétale et provinciale de la France des années 70, 80 et 90. Il y a donc une démarche instructive de la part de l’auteur qui nous fait partager son vécu au sein d’une expérience communautaire mais aussi, vous le découvrirez plus tard, personnelle puisque Emmanuel Lepage va en quelque sorte chercher la vérité sur une problématique qui le hantera jusqu’à la conception de cette bande dessinée. Emmanuel Lepage a mis plusieurs années entrecoupées par l’élaboration d’autres albums pour concevoir cet ouvrage, il lui a fallu réunir des tonnes de témoignages et faire une recherche narrative importante afin de lier tous ces entretiens, c’est du boulot et ça se sent tout de suite lorsqu’on feuillette ce one-shot au vu du soin qui a été apporté à sa partie graphique : on en prend plein les yeux (je possède l’édition limitée qui amplifie la beauté des planches) et c’est assez impressionnant de constater que la mise en page soit aussi dynamique et variée au regard du peu de scènes extérieures. Alors, est-ce que cette bande dessinée nous apporte du plaisir de lecture et des informations intéressantes sur ce projet de vie communautaire ? Pour ma part, oui, c’est incontestable d’autant plus que j’ai pu redécouvrir à travers sa jeunesse mes souvenirs des années 80 et 90. Cependant, pour apprécier à juste valeur « Cache cache bâton », il faudra mettre de côté l’idée d’y découvrir des scènes d’actions. Je pense notamment aux fans de récits policiers, ils s’ennuieront ferme à la lecture de ce gros pavé surtout si, en plus, vous n’avez pas de fibres nostalgiques ou d’intérêt pour des récits historiques ou parlant de faits de société ! « Cache cache bâton » est donc réservé aux amateurs de romans graphiques et récits autobiographiques. C’est personnellement mon cas et c’est tant mieux car c’est ainsi que j’ai apprécié ce feuilletage.
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