Sông
Prix oecuménique 2024 Hai-Anh demande à sa mère, cinéaste vietnamienne, de lui raconter sa jeunesse.
Indochine La BD au féminin Les Guerres d'Indochine et du Vietnam Prix oecuménique
Entre deux confinements dûs au Covid, Hai-Anh décide de rejoindre sa mère à Hô Chi Minh-ville. Elle souhaite lui deander de raconter sa jeunesse dans les maquis de la plaine des joncs. Elle à toujours senti chez sa mère une sorte de distance qu'elle ne s'explique pas.
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Date de parution | 13 Janvier 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une jolie chronique d'une Vietnamienne pendant la guerre qui ravagea le pays. Et l'histoire de sa vie est finalement étonnant, bien loin des images qu'on aurait de ce conflit ! Il faut dire que l'histoire est centrée avant-tout sur une relation de deux femmes, mère et fille, avec en toile de fond les questions de leur jeunesse et le rapport avec sa famille. La mère a vécue la guerre, sa jeunesse s'est envolée dans la fureur des combats et les idéaux révolutionnaires, la famille a été une souffrance ou une déception, tandis que la fille se pose des questions sur ses origines, doit refaire du lien familiale et comprendre les actions passées. C'est une double histoire qui est racontée, donc, avec deux femmes très bien campées. Si vous espérez en apprendre sur la guerre du Vietnam, il faudrait mieux se tourner vers une autre lecture. La mère aura finalement assez peu pris part au conflit, se cantonnant aux camps dans la jungle. Cependant sa personnalité une fois adulte est surprenante, elle aussi. Et on comprend assez vite le choix de sa fille qui se demande comment renouer avec elle, tout en essayant de comprendre ce qui l'a fait devenir ainsi. En même temps, femme assez libre dans ses pensées, prise alors dans un état communiste avec lequel elle va parfois ne pas s'entendre, capable de repartir en France ... Non, c'est pas une personnalité ordinaire qui nous est présenté ! La BD a aussi des questionnements sur les deuxièmes générations, ces enfants d'immigrés qui se sentent parfois en décalage avec leur pays de naissance et celui qu'ils n'ont pas connus. L'autrice explique bien son parcours et je le trouve assez touchant. Reste juste le souci de prendre l'avion, si polluant ... Niveau dessin, c'est assez plat avec la colorisation qui n'arrive pas à vraiment donner du relief à l'ensemble, mais c'est joli. On pourrait reprocher à la BD d'être trop lisse ou jolie dans son dessin (pour un récit se passant entre-autre au Vietnam en guerre) mais c'est assez réussi pour que rien ne retienne mon attention durant le récit. C'est la première BD de la dessinatrice, et je trouve que pour une première c'est déjà bien réussi. Une jolie BD donc, avec plusieurs questionnements et une relation mère-fille que je ne trouve pas si souvent dans les récits. Que des femmes aux commandes, ça change et le regard apporté est assez neuf. J'ai bien aimé ma lecture, elle est agréable, peut-être pas impérissable mais recommandé quand même.
Un album témoignage, celui de Hai-Anh, elle raconte ses échanges avec sa mère, Linh. Hai-Anh, d'origine vietnamienne, est née et a grandi à Paris. Elle vit depuis 2020 à Hô Chi Minh-Ville. Sõng est sa première BD et c'est son amie d'enfance, Pauline Guitton, qui l'accompagne pour la partie graphique. Un récit familial fait de petits chapitres reprenant les nombreux souvenirs de sa mère et ceux-ci commencent par un titre en vietnamien, pour nous initier à sa langue maternelle. D'ailleurs le titre de cet ouvrage signifie 'Vivant' ou 'En vie'. Ma deuxième incursion au Vietnam après Rouge sang, un pays toujours sous la coupe d'un régime communiste. Et justement, une grande partie de ce roman graphique se déroule pendant la guerre contre les américains, ce qui permet de découvrir la vie des révolutionnaires dans le maquis à travers les souvenirs de Linh. Une période qui a marqué sa vie, pas facile d'être une femme dans un milieu masculin en plein conflit. C'est à cette époque qu'elle apprend le cinéma par le biais des documentaires réalisés pour la propagande de l'armée populaire vietnamienne. Elle deviendra plutard une cinéaste reconnue. Des chapitres qui nous éclairent sur un pan d'histoire de ce pays mais aussi sur les relations parfois compliquées mères/filles. Pauline Guitton propose un style tout en rondeur, aux couleurs douces et au trait précis. Ben moi, je trouve qu'il convient parfaitement à ce témoignage enrichissant, il apporte une touche exotique. Une lecture recommandable.
Ankama est décidément un éditeur que j'apprécie beaucoup de par la présentation de ses BD, mais aussi généralement par leurs contenus. Sông est le récit de rencontres avortées ou très reculées dans le temps, ici c'est la mère de la scénariste Hai Anh qui est le sujet principal cette mère Linh. En pleine guerre du Vietnam, elle quitte sa famille pour s'engager auprès de la résistance Viet Minh. Après un temps où elle est considérée comme trop bourgeoise, elle va se faire accepter pour devenir réalisatrice de films de propagande. A la fin de la guerre, elle partira pour l'Union Soviétique peaufiner sa technique avant de revenir dans son pays où elle va devenir une réalisatrice de premier plan. Au cours de toute cette période les circonstances feront qu'elle ne verra que peu sa famille, hormis son père. Sa fille Hai Han au scénario n'aura eu que des contacts épisodiques avec sa mère et je trouve que la BD ne force pas beaucoup le trait sur ce qui a dû être quelque chose de difficile à vivre. Pour tout dire je trouve que la BD est un peu édulcorée, les différentes scènes dans la jungle, et ce même si les évènements sont brutaux, paraissent "bucoliques" à mon sens. Attention je savais et n'avais pas envie de lire un énième Voyage au bout de l'enfer. Je pense que ce sentiment est lié au dessin de Pauline Guitton, très joli (le dessin), peut être même trop, tout en courbes avec une colorisation très douce il fait au final de ce récit quelque chose, comme le dit Canarde dans son avis, d'un brin esthétisant au détriment de l'impact. Mention spéciale toutefois au chapitre concernant le retour des prisonniers dans leur pays avec une très belle case page 93. A lire pour mieux comprendre par un biais plus apaisé un pan de l'histoire de ce pays.
Un parcours de femme suivant les deux guerres, d'Indochine puis du Vietnam. J'ai toujours trouvé que ce pays lointain, et peu familier des Français d'aujourd'hui, méritait d'être regardé à la loupe. Comment venir à bout d'une puissance coloniale puis de la première puissance militaire au monde avec simplement l'aplomb de la légitimité. Cela devrait nous inspirer en des moments où notre pouvoir politique ne semble pas aussi démocratiquement installé qu'il pouvait l'être dans les années 50, et où la volonté collective semble assez floue. Ici nous suivons le parcours de Linh, jeune femme déracinée par la guerre d'Indochine, d'abord éloignée de son père, puis de sa mère, qui passe 7 ans à faire la cuisine dans le maquis pour soutenir les résistants qui finiront par mettre les américains dehors, puis qui devient cinéaste, et parcours le monde... C'est aussi une leçon individuelle, où la douleur, la colère d'avoir été ballotée par l'Histoire se transforme en création artistique, dans une rage froide et solitaire. Bref j'ai été touchée par ce personnage, puissant dans son métier, et impuissant dans la communication avec sa fille, comme avec sa mère d'ailleurs... mais un peu laissée sur ma faim devant le dessin qui est un peu trop lisse, à mon goût. Les personnages se ressemblent beaucoup et ont tous une beauté de statue. Je ne sais pas si cet exotisme esthétisant n'efface pas indument la violence de l'histoire, plutôt que d'être un contraste fécond. Bref une pièce de plus dans le puzzle que chacun constitue pour comprendre le monde...
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