Keeping two
Coincés dans les embouteillages, Will et Connie se disputent sans ménagement sur leurs manières respectives de conduire. Une querelle de couple, comme tout le monde peut en avoir. Une fois rentrés à la maison, les tensions s'apaisent au moment de préparer le dîner. Connie se dévoue pour aller faire quelques emplettes, tandis que Will s'engage à finir la vaisselle qui traîne dans l'évier. Mais les heures passent et Connie ne revient pas.
Cà et Là Fantagraphics Books Les petits éditeurs indépendants
L'attente est interminable. Will sombre alors dans la paranoïa et envisage tous les scénarios possibles et imaginables concernant la disparition de sa compagne. Après avoir bu quelques verres de whisky, il décide de partir à la recherche de Connie.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Traduction | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 19 Août 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’ai eu du mal avec cet album. Pourtant, il se lit assez vite, malgré une pagination conséquente (pas mal de cases sans dialogues). Et il y a un réel effort de l’auteur (que je découvre ici) pour construire quelque chose d’original à partir de pas grand-chose, et d’une trame de base assez quelconque (les difficultés de la vie de couple). Mais voilà, cette construction, justement, m’a franchement gêné. Les très nombreux flash-backs m’ont poussé parfois à des retours en arrière pour vérifier que j’avais tout saisi. Et j’ai aussi été perdu par les deux histoires qui s’entremêlent (je me demandais si c’était les deux mêmes personnages à des âges différents, mais en fait non. Du coup, le plaisir de lecture s’en est trouvé restreint, et j’ai fini l’histoire en m’en détachant progressivement.
Si peu de notes positives pour un album aussi grandiose ! Il est temps de rééquilibrer un peu la donne :) Keeping Two, c'est l'histoire de Connie et Will, un jeune couple américain qui rentre chez eux un soir, un peu tendus, après avoir passé beaucoup trop de temps dans les embouteillages. Une fois à la maison, Will reçoit successivement deux appels : le premier de sa mère qui lui annonce la mort de son chien, le second de son frère, qui lui annonce la mort du frère de son colocataire. Ces deux annonces qui vont en fait réveiller une angoisse chez Will, qui est persuadé que les gens meurent toujours par série de trois. Une vieille croyance qui le hante depuis l’enfance. A un moment de la soirée, Connie doit quitter l’appartement pour aller faire quelques courses sauf que les heures passent, et passent, et qu’elle ne revient pas. Will commence alors à cogiter et à envisager tous les scénarios possibles où improbables qui pourraient expliquer son retard… de la situation la plus anodine (elle a du faire un détour, elle s’est arrêtée en chemin…) à la situation la plus dramatique (il lui est arrivé quelque chose de grave…). De plus, Connie est partie à pied, elle a oublié son téléphone et est complètement injoignable… bref… de quoi complétement paniquer ce pauvre Will qui va décider de partir à sa recherche. En parallèle, dans la bande dessinée on suit également Claire et Dan, les personnages d’un roman que Connie est en train de lire et qui vivent un drame familial très difficile. Deux personnages qui, eux aussi, se questionnent sur ce qu'ils auraient dû faire ou ne pas faire, ce qu'ils auraient dû dire ou ne pas dire, la façon dont ils auraient dû ou devrait réagir suite à ce drame… deux personnages qui, eux aussi, envisagent tous les scénarii possibles. Keeping Two nous invite donc à suivre les histoires de Will et Connie, de Dan et Claire, deux histoires dans lesquelles viennent s'entremêler tous les « et si… », ainsi que des éléments de flashback liés à l'enfance de Will. Même si ça a l’air un peu confus présenté comme ça, la narration reste complètement limpide du début à la fin. Tout d’abord parce que les éléments de flashback ainsi que les éléments fictifs (donc du roman que lit Connie) interviennent à des moments clés du récit, en soutient à ce que vivent les protagonistes principaux. Ensuite, le tracé des cases est fait de telle sorte que les cases sont faites de lignes droites droit quand on est dans le monde réel et de lignes ondulées quand on est dans une situation fictive ou parallèle. Visuellement on est dans ce que la bande dessinée indépendante américaine fait de mieux. Les personnages sont ronds, un peu cartoonesques et représentés dans un style un peu léger. A l’inverse, certains décors et certains plans sont beaucoup plus travaillés. L’album est colorisé avec plusieurs nuances de vert. Et le découpage, tantôt contemplatif, tantôt complément éclaté et surréaliste donne à l’ensemble une énergie toute particulière. On est en tension avec les personnages, on est au plus proche de leurs ressentis. Astuce intéressante : les personnages décédés où absents sont représentés dans la bande dessinée sous forme de traits pointillés dont l’intérieur est colorié en blanc. On a l’impression des espèces de fantômes qui hantent en permanence l’esprit des personnages. Par exemple quand il s'inquiète de savoir où est Connie, Will ressent sa présence « fantomatique » à côté de lui. Une sorte de matérialisation de son subconscient Ce récit fait directement écho aux angoisses que tout un chacun peut avoir vis-à-vis d’une personne qui lui est chère. On est dans le monde du fantasme et de tout qu'on peut imaginer de pire. Une thématique qui n'est jamais traité de manière trop sombre où trop morbide mais au contraire, de façon très poétique, et parfois très « factuelle »… jamais Will ou Connie ne s’emportent exagérément ou ne se lance dans de longues tirades anxieuses. Jordan Crane a mis 20 ans à écrire cet album. Il a commencé à publier cette histoire sous forme de fanzine, à partir des années 2000 (donc en bande dessinée autoéditée) et il aura mis véritablement une vingtaine d'années pour la pour la terminer. Ça se remarque principalement car son trait qui évolue très fortement entre le début et la fin de l'album. C'est le cas pour toutes les bandes dessinées bien sûr, mais là c'est très marquant car ses personnages et les décors/ambiances gagnent en solidité au fur et à mesure de l’histoire. On sent également une évolution niveau narration. Le début de l’histoire est très « factuel »… on raconte l’histoire comme on pouvait le faire dans la bande dessinée des années 2000. Au fur et à mesure et vers la fin de l'album, la narration est beaucoup plus percutante, beaucoup plus imagée, voire carrément métaphorique. Keeping Two est un album très touchant, plein d'humanité et qui nous fait vivre au plus profond ce que ressentent ses protagonistes. Ce que vivent Will et Connie, et même Dan et Claire nous renvoie à nos propres relations, à notre propre imaginaire et à nos propres angoisses. C’est en ça que, pour nous, cet album est une réussite. Un album dont l’interprétation de la fin peut diviser... Je ne vous en dit pas plus et vous laisse découvrir cette histoire et cette thématique à laquelle chacun et chacune d'entre nous est ou a été confronté à un moment ou l'autre de sa vie.
Un roman graphique qui ne m'a pas du tout intéressé. Dommage parce que j'aime bien le dessin, mais le scénario ne m'a pas du tout passionné. J'ai eu l'impression de voir un film d'auteur hermétique voir même une parodie de ce genre de film. Comme le dit Ro, on se perd vite entre les allers-retours dans le temps et les scènes fictifs. Les deux personnages principaux m'ont laissé indifférent et je me suis vite ennuyé en lisant l'album. Heureusement, il y a peu de cases par page et la narration est fluide donc j'ai quand même pu finir la lecture de cet album sans grande difficulté.
Keeping two est un pur roman graphique sur la vie de couple et la peur de perdre l'autre. Toute l'action se déroule le temps d'une soirée mais les flashback y sont nombreux. En réalité, la structure narrative rappellera un peu le film Les Choses de la Vie de Claude Sautet où, au beau milieu d'un drame, un homme se remémore sa vie de couple. Ici, alors qu'on voit simplement un homme et une femme rentrer chez eux après un court voyage et la femme repartir pour faire les courses, l'homme se met à s'inquiéter fortement de son absence prolongée, passe en revue les souvenirs des évènements qui se sont déroulés peu de temps avant ou en parallèle de la narration, et commence aussi à s'imaginer plein de choses au point d'en mélanger imaginaire et réalité... ... En tout cas, c'est ce qui m'est arrivé. Assez rapidement, j'ai été plongé dans la confusion, au point de me demander à un moment si ce qui venait d'être raconté dans les pages précédentes était vrai ou pas. Le bord des cases, droit quand il s'agit de la réalité, courbé quand c'est un souvenir ou imaginaire, permet de faire la différence, mais à force de sauter sans arrêt de l'un à l'autre, j'ai eu un gros doute qui m'a fait sortir de ma lecture. De toute manière, même sans cette confusion narrative, j'aurais trouvé l'histoire ennuyeuse. Cela commence sur un ton assez juste mais fade, montrant comment on peut rapidement venir à s'engueuler bêtement dans un couple, mais ça n'en rendait pas moins les personnages assez désagréables pour moi. Je ne m'y suis pas attaché et n'ai du coup pas non plus été emporté par l'inquiétude du héros et les scénarios qu'il s'invente, même si là encore c'est parfaitement réaliste quand on est angoissé par l'absence inattendue d'un proche et qu'on s'imagine le pire. La narration est très cinématographique, avec de longues plages de silence, un rythme proche du manga et donc des pages qu'on tourne assez vite, beaucoup d'entre elles étaient d'ailleurs muettes, se contentant de mettre en scène des actes anodins telles que plusieurs pages sur le héros qui fait la vaisselle. Malgré cette fluidité de la lecture, j'ai suffisamment décroché pour réussir à vouloir tourner encore plus vite les pages et voir enfin où l'auteur voulait en venir. Et cet objectif là ne m'a pas tellement convaincu. Sur le fond, le message est éculé - "profitons pleinement du temps et de l'amour qui nous sont donnés" - et sur la forme, la sorte de révélation mystique auquel a droit le héros vers la fin du récit m'a laissé indifférent.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2025 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site