Jim Bridger

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

L'histoire d'une légende de l'Ouest, Jim Bridger, trappeur et pisteur, véritable "mountain man"


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Indiens d'Amérique du nord Les Légendes de l'Ouest Sioux et Cheyennes

Décembre 1866 à proximité du fort Phil Kearny sur le territoire du Wyoming. Jim Bridger est un trappeur âgé, bénéficiant d’une belle notoriété. Après avoir accueilli des réfugiés, le vieil homme est questionné sur son passé de Mountain Man par une enfant qui ne jure que par Kit Carson. Jim Bridger lui affirme que Carson a beaucoup embelli sa carrière et que la fameuse route qu’il aurait ouverte dans les rocheuses lui a en fait été montrée par Bridger lui-même, dans la mesure où ce dernier a été le patron de Carson pendant 10 ans. La vie de Jim Bridger a été remplie d’aventures. Orphelin et apprenti forgeron dans ses vertes années, l’homme est parti à 18 ans sous la houlette du Colonel William Ashley sur les terres inhospitalières du Missouri. Très vite, il a dû faire face aux attaques incessantes des indiens de la tribu des Arikaras qui contrôlaient le commerce entre St-Louis et les Rocheuses et qui ne voyaient pas d’un bon œil l’arrivée des trappeurs américains qui gênaient leurs échanges avec les commerçants franco-canadiens. C’est pourquoi, en juillet 1823, Jim Bridger et une centaine de trappeurs ont décidé de mener une expédition punitive avec des soldats de Fort Recovery ainsi qu’une centaine de Sioux. Mais la bataille s’est avérée plus compliquée que prévue. Si bien que l'armée a été obligée de négocier la paix avec les Arikaras... Après cet épisode, Bridger a beaucoup bourlingué, il a eu de nombreuses relations avec des tribus indiennes qu'il respectait, il s'est marié 3 fois avec 3 squaws différentes et a eu 6 enfants, dont un seul lui survivra à sa mort, sa fille Virginia qu'il avait réussi à sauver après la mort de sa mère en lui faisant boire du lait de bisonne. Bridger a aussi fondé un comptoir en 1843 dans le Wyoming, Fort Bridger ; il le perdra à cause des Mormons en 1847 (alors qu'il leur avait indiqué la route du Grand Lac Salé dans l'Utah), le fort sera incendié en 1858 et lui-même échappera à la mort, les Mormons le prenant à partie pour sa vie qu'ils jugèrent dissolue et son traffic avec les tribus indiennes. Sa carrière se termine vers 1866-67 lors de la guerre contre Red Cloud, le coeur n'y est plus, l'Ouest a changé, la spoliation des terres indiennes par les Blancs (auxquels il a indirectement participé) et la destruction à grande échelle des milieux naturels et notamment forestiers le dégoûte, peu à peu il devient aveugle et doit se soigner pour diverses affections, il part dans le Missouri chez sa fille où il s'éteint paisiblement en 1881, à l'âge de 77 ans, âge avancé pour un homme qui a mené la vie à la dure qu'il a menée dans les montagnes.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Janvier 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Jim Bridger © Glénat 2023
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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28/01/2023 | Agecanonix
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est le troisième album de cette collection que je lis, cette fois-ci sur un homme que je ne connaissais pas vraiment, alors même que la plupart des événements évoqués me sont familiers – j’ai pourtant dû croiser son nom lors de plusieurs lectures, mais il ne s’est pas imprimé dans ma mémoire. C’est en tout cas l’occasion d’explorer une période légèrement antérieure (d’environ une génération) à l’âge d’or du western. Jim Bridger traverse une époque charnière entre l’ouest sauvage et sa conquête/dénaturation. Il la découvre à un moment où les coureurs des bois franco-canadiens, les diverses tribus et les mountain men comme lui cohabitent, au milieu d’une nature à la fois nourricière et dangereuse. J’aime beaucoup cette période, qui avait été bien rendue par le film de Pollack « Jeremiah Johnson », mais aussi par certains épisodes d’une série que j’avais bien aimée à l’époque (je ne sais pas si ce serait le cas en la revoyant aujourd’hui), « Colorado ». Le procédé narratif est assez classique, souvent utilisé (dans « Little Big Man » au cinéma, ou en BD dans Buffalo Runner), à savoir un vieil homme, Jim Bridger donc, raconte à un public captivé sa vie, qui se confond avec celle de l’Ouest. Cette narration est agréable, et l’on suit, comme son auditoire, l’avancée dans la vie et dans l’ouest de Jim Bridger, de l’adolescent maladroit et enthousiaste au vieil homme qui perd ses illusions. J’ai bien aimé. Et le dossier final est encore un réel plus, pour comprendre l’homme, mais aussi le contexte. Pour comprendre pourquoi cet homme a été sans le savoir l’un des outils utilisés par les fossoyeurs du monde qu’il a connu et aimé : les routes qu’il a ouvertes, sa participation à certaines négociations avec des tribus indiennes, tout ceci a ensuite servi des intérêts qui l’ont dépassé : comme les Indiens, on sent bien que ce vieil homme comprends qu’il a été floué. Mais quelles aventures ! On sent en apprenant à connaître l’histoire de ce genre d’individus, qu’il était possible encore d’être l’Ulysse d’une épopée grandiose. Mais les nouveaux maîtres avaient plutôt intérêt à faire oublier ceux-là même qui avaient ouvert la voie, car désormais il fallait remodeler le nouveau monde, et non magnifier l’ancien. Le dessin de Place est un peu maladroit et imparfait, avec un trait un peu moderne. Mais j’ai bien aimé le rendu, parfois proche des illustrations de certains vieux magazines rendant compte des mythes de l’ouest. Au final, c’est un album que j’ai apprécié. Il y manque peut-être un côté épique, mais Place a réussi à rendre hommage à un homme et à un mode de vie, à un monde en voie de disparition à l’époque.

15/05/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Et de 3 ! voici le 3ème tome de cette collection la Véritable histoire du Far West qui commence à se faire connaître sous de bons auspices, après Jesse James et Wild Bill Hickok. Même si contrairement aux deux précédents, j'ai été moins passionné par cet opus, j'en suis ressorti en effet un peu en demi-teinte, c'est pas bien méchant, mais la vie des trappeurs est un sujet qui m'attire moins, surtout en cette période pré-western, car l'époque étant située entre les années 1826 et 1850, ce n'est pas la période classique du western qui elle, se situe à partir de la guerre de Sécession, soit à partir de 1860, au moment où les premiers fusils deviennent automatiques (fusil Springfield, puis Winchester). On a tendance à assimiler ces périodes où pulullaient les trappeurs qui commerçaient avec les Indiens et qui chassaient le castor pour les peaux, à la période classique parce qu'on y voit des Indiens et une vie sauvage, mais on était bien dans la période des fusils à silex. Ceci dit, la vie de Jim Bridger fut longue et il connut la plupart des épisodes qui ont façonné l'Ouest américain. Je connaissais de loin le personnage, j' avais lu des passages sur lui dans mon Histoire du Far West par Jean-Louis Rieupeyrout, parce que étonnament, même si le bonhomme est très célèbre aux Etats-Unis, qu'il a des statues et même une reconstitution de son Fort Bridger transformé en site historique dans le Wyoming, il n'a pas à ma connaissance été glorifié par le western hollywoodien au contraire de Jesse James et Hickok. Tout au plus, certains films se sont inspirés de son parcours mais n'ont pas tenté un biopic officiel, je pense notamment à des films comme la Captive aux yeux clairs (Big Sky) de Howard Hawks en 1952, et le Grand passage (Northwest passage) de King Vidor en 1940. Bridger a également été l'un des 2 hommes (et là j'ignorais ce détail) qui sont restés au chevet de Hugh Glass, le trappeur gravement blessé par un grizzly et laissé pour mort qui a ensuite été abandonné, mais Bridger avait 18 ans, il était inexpérimenté, et quand Glass l'a retrouvé, il ne s'est pas vengé de lui. Le personnage de Glass a aussi fait l'objet de 2 films : le Convoi sauvage (Man in a wilderness) de Richard Sarafian en 1971, et surtout The Revenant de A. G. Inarritu en 2015. Ce passage sur Glass est montré dans l'album. L'album ne m'a donc pas déçu, mais il ne m'a pas passionné comme ont pu le faire ceux consacrés à Jesse et à Hickok. En premier lieu, ça tient surtout au dessin que je ne trouve pas vraiment esthétique, moins musclé, pas tellement peaufiné, malgré un souci évident du détail et des décors et surtout du détail historique. Heureusement, les couleurs apportent un certain relief à l'ensemble. Ensuite, il y a peut-être un petit sentiment de frustration car j'ai l'impression que la vie de Bridger n'est pas racontée en entier ; alors certes, un gars comme ça qui a eu une vie tellement remplie, il fallait choisir les moments les plus marquants, et finalement je pense que cette case est à peu près cochée. Mais ce qui sauve ce récit, c'est que Pierre Place s'approche au plus près de la vérité historique sur la vie de Jim Bridger, sans occulter un côté peu reluisant de la vie dans l'Ouest, une part d'ombre dont Bridger lui-même n'était pas fier. La narration se fait par l'intermédiaire de Bridger qui raconte à une fillette et à un militaire les différentes périodes de sa vie : comment il est devenu trappeur, ses relations avec les tribus, ses activités de guide en offrant ses services aux convois de pionniers, aux détachements militaires ou aux explorations scientifiques, la fondation de Fort Bridger, les rassemblements estivaux de trappeurs (de 1825 à 1840), la guerre de Red Cloud, sa connaissance du terrain, son ouverture de certaines pistes, préparant ainsi le tracé de grandes voies de communications comme celle du chemin de fer... bref la vie aventureuse d'un vrai Mountain Man de cette époque où tout se construisait dans cette Amérique encore sauvage. De même qu'il raconte ses beuveries et ses actes un peu honteux. Tout ceci est retracé dans un passionnant dossier réalisé par Farid Ameur en fin d'album qui analyse aussi le côté fanfaron, bourru et mythique de ces coureurs des bois et autres montagnards qui vivaient au sein d'une nature hostile dans une sorte d'autarcie du produit de leur chasse. Cet aspect a été approché par exemple dans le film Jeremiah Johnson de Sidney Pollack. Ces trappeurs sont devenus des légendes vivantes car les magazines de l'époque et les dime novels ont raconté des trucs insensés sur ces gars, et Jim Bridger est ainsi devenu une vraie légende de l'Ouest. C'est donc un pan historique du Far West intéressant à (re)découvrir que propose cet album car Bridger est assez méconnu chez nous pour les raisons que j'ai évoquées plus haut.

28/01/2023 (modifier)