Eden (2024)
Les pérégrinations d'un moine-ourson, Frère Tulipe, en quête du jardin d'Eden
La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants
"Voilà une histoire qui s'annonce délicieuse pour qui aime s'ennuyer. ", nous prévient-on au début de cette histoire. Tulipe, moine ventru et débonnaire, vit dans une communauté dirigée par le Prieur Cosmos. La vie est paisible au monastère, rythmée simplement par les heures qui défilent — celle du sermon, celle de la soupe, celle de la sieste. Pourtant, Tulipe et sa quiétude sont un jour troublés par le défi d'un arbre, sous lequel notre ours s'était assoupi : "- Au lieu d'en rêver vainement, auras-tu le courage d'aller trouver le véritable Jardin d'Eden ?" Ce Paradis, dont parle Cosmos dans son sermon, existe-t-il bel et bien? quelles fleurs prodigieuses trouvent-t-on dans ce jardin, quels oiseaux inconnus les butinent ? Tulipe surprend son monde et se met en mouvement ; son voyage lui réservera autant de rencontres étonnantes que découvertes émerveillées — et finalement, que l'Eden soit, ou non, au bout de son chemin, n'est peut-être pas le plus important… Dans ce récit surprenant, d'une grande finesse et d'une grande beauté, Sophie Guerrive nous fait le cadeau de faire vivre à son ours Tulipe une véritable aventure. On retrouve avec plaisir tous les personnages de son univers bien connu (Tulipe, 4 tomes parus), mais rien n'empêche un lecteur nouveau de se plonger dans cet album. Dépaysant ses voix dans un univers médiéval dont elle maîtrise aussi les codes, elle ajoute aux digressions poético-philosophiques de Tulipe une dimension spirituelle, avec pudeur, sensibilité et intelligence : Sophie Guerrive est au sommet de son art.
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Date de parution | 21 Octobre 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Sophie Guerrive aime s’inspirer du moyen-âge pour ses histoires (chez le même éditeur avec Capitaine Mulet, ou chez Ion). Ça l’inspire et elle ajoute sa patte à une imagerie bien maîtrisée. Ici c’est un univers entièrement religieux, autour de moines, avec prêches, recherche du paradis et du jardin d’Eden. Un peu de fantastique, des personnages anthropomorphes, tout passe très bien. Je me pose juste la question du public visé. Pas mal de choses sont tout public, voire visent un jeune lectorat (le dessin simple et certaines situations « mignonnes »), alors que d’autres, qui laissent entrevoir l’imaginaire médiéval, toucheront sans doute davantage des lecteurs adolescents et surtout adultes. Sinon, comme d’habitude avec 2024, on a droit à une super maquette, un papier épais. Une lecture agréable en tout cas.
2,5 Décidément, j'ai un peu de difficulté avec l'œuvre de Sophie Guerrive. Pourtant, il y a des trucs qui me plaisent: un dessin naïf et un ton qui semble enfantin, mais que si on regarde bien il y a des réflexions philosophiques qui s'adresse à un public un peu plus adulte. Bref, ce que fait Lewis Trondheim un auteur que j'aime bien sauf que la sauce prend moyennement avec cette autrice. Il y a des bons moments dans le récit et de bons dialogues, mais j'ai trouvé l'histoire un peu poussive et les personnages me laissent indifférent. J'ai donc lu l'album sans ressentir beaucoup d'émotions.
Sous ses faux airs de conte pour enfants, « Eden » est un peu plus que ça. Si Sophie Guerrive reprend le personnage de Tulipe, l’ourson stoïcien avec qui on a fait connaissance dans ses précédents ouvrages « jeunesse » (également publiés chez 2024), cet opus conserve la même fraîcheur et le même humour léger pouvant évoquer un Charlie Brown en plus lunaire, avec en plus une réflexion métaphysico-religieuse qui risquerait toutefois de paraître plus absconse aux plus jeunes. Ainsi, l’autrice de Capitaine Mulet nous propose un charmant voyage plein de fantaisie que vient renforcer son dessin à la fois naïf et graphique aux couleurs simples. Elle y dissémine de petites mignardises philosophiques pleines de sagesse qui se dégustent sans que cela nous reste sur l’estomac. Morceaux choisis : « La mort à la guerre est brutale et imbécile. Songe au temps qu’il t’a fallu pour naître, grandir et devenir ce que tu es. Crois-tu qu’il soit correct de tout détruire d’un coup d’épée ? » ; lorsque l’oiseau s’adresse à Tulipe : « Quelle drôle de manie que de s’habiller… Après quand vous vous déshabillez, vous êtes tout nus. Moi qui n’ai jamais porté d’habits, je ne suis jamais nu » ; et enfin à la question de Tulipe : « As-tu déjà vu l’Eden ? Pourquoi ne réponds-tu pas ? », l’oiseau rétorquera : « Le silence est une réponse. Il peut sous-entendre que j’en sais plus que je ne veux bien le dire, ou au contraire, que je ne sais rien du tout ». On en profitera pour saluer le beau travail éditorial des Editions 2024, qui font partie des petits éditeurs indépendants passionnés, attachés à la qualité de l’objet-livre, une démarche d’autant plus méritoire que le contexte actuel d’augmentation des coûts de fabrication n’est pas des plus favorables. Rappelons que l’ouvrage figurait dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême, lequel avait déjà distingué deux albums de l’éditeur lors de la précédente édition : Le Grand Vide, de Léa Muriawiec et Des vivants, de Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin.
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