Comment je ne suis pas devenu un salaud
Il s'agit d'une réédition de la première BD de Matthieu Blanchin Le Val des Ânes augmentée de plus de 170 pages inédites ! 20 ans après sa parution remarquée (Prix du Premier album au festival d'Angoulême), Matthieu Blanchin a voulu aller au bout de son récit d'enfance au goût d'inachevé. Un récit d'enfance sans complaisance ni nostalgie, cru et bouleversant.
Autobiographie Ecole Emile Cohl Enfance(s)
Matthieu vit avec ses frères à la campagne et fait les 400 coups : pétards mal placés, vols de fruits aux voisins, ils martyrisent aussi les insectes et les animaux de la ferme qui ont le malheur de croiser leur chemin. Né avec deux pieds bots qui le torturent, Matthieu est un enfant mal dans sa peau qui se défoule aussi sur son petit frère, véritable souffre-douleur. Avec l'apparition des premiers poils au menton (mais pas au pubis), le temps de l'innocence est parti. C'est le temps des désirs refoulés, inexprimés, qui augmentent le mal être du jeune Matthieu... Incapable d'exprimer par les mots ses angoisses et ses pulsions qu'il a du mal à maîtriser, il se réfugie dans le dessin et la bande dessinée. La découverte des livres de Philippe Druillet va lui ouvrir les portes d'un monde qu'il ne soupçonnait pas, et changer sa vie à jamais.
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Date de parution | 11 Janvier 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une lecture sans plaisir. Cet album est divisé en deux parties distinctes, la première reprend Le Val des Ânes déjà publié en 2001 et la seconde "L'âge bête" qui poursuit la biographie de l'auteur. La première partie m'a rebuté, elle propose la biographie de l'auteur, de ses six ans jusqu'à son entrée au collège. Je me suis ennuyé lors de ma lecture, de temps en temps un petit sursaut lorsque j'y découvrais la méchanceté gratuite de Matthieu Blanchin. Pour le reste, rien de transcendant dans ces souvenirs d'enfance sous forme d'une succession d'anecdotes. Le point positif reste la période des évènements, le début des années 1970 dans une France rurale. La seconde partie est déjà plus intéressante, elle reprend la vie de l'auteur du collège à la réalisation de cette BD. On va en apprendre un peu plus sur son entourage familial. Mais surtout, le récit devient plus intimiste, Matthieu Blanchin se met à nu, il parle de sa difficulté à se lier d'amitié, de ses rapports difficiles avec les filles et de ses désirs sexuels, de son mal être. Mais aussi de sa découverte de la bande dessinée qui sera son échappatoire. Un épilogue qui permet d'en connaître un peu plus sur les pensées, les motivations et le parcours de l'auteur. Oui plus intéressant, mais je suis resté indifférent à son histoire, à ses souffrances, à sa psychanalyse. Graphiquement, les mêmes reproches que pour Le Val des Ânes. Un trait brouillon, un manque de lisibilité qui ne permet pas toujours de reconnaître les personnages du premier coup d'œil. Un dessin déprimant. Un style que je n'apprécie pas. 3 étoiles de justesse.
Amateur de récits autobiographiques, à plus forte raison quand ceux-ci s'attardent sur l'enfance, je connaissais le Val des Ânes. J'avais beaucoup apprécié ce petit récit touchant d'une enfance sauvage racontée crument et servi par le trait tout aussi sauvage de Matthieu Blanchin. C'est avec plaisir que j'ai découvert ce nouvel essai qui prolonge Le Val des Ânes en lui donnant une perspective. En effet, ici, nous ne sommes plus seulement dans le souvenir. L'auteur achève quelque chose, ou plutôt il fait la paix avec des cadavres qui semblent l'avoir pourchassé jusqu'au début de ce millénaire. Le récit de Matthieu Blanchin est cruel, sans concession. La sincérité avec laquelle il se livre tout entier, projetant une lumière crue dans les zones d'ombre que généralement l'on préfère garder sous un épais silence, est extrêmement touchante. Plusieurs fois, j'ai eu des frissons à la lecture. Est-ce lié au fait que, par un curieux hasard qui n'en est pas un (le hasard n'existe pas, hein ?), il se trouve que nous avons tous deux vécus des expériences très similaires ? Toujours est-il que j'ai adoré ce flux narratif qui vous emporte comme un tourbillon, avec cette même sensation éprouvée à l'adolescence de se retrouver soudain le cul entre deux chaises : d'un côté, on a quitté définitivement les terres insouciantes de l'enfance qui néanmoins s'accroche encore, telle une brume au fond de la vallée, et de l'autre on débarque un peu brutalement dans un univers où la responsabilité vous tombe sur le coin du nez comme un voleur au coin d'une ruelle sombre. C'est le temps des choix qui nécessite d'abandonner des illusions, celui des incertitudes qui s'ouvre sur une jungle inextricable. Tout cela, son dessin semblant tout droit extrait de la matière brute le donne à voir et à ressentir. Blanchin partage l'intime avec nous, à savoir des situations qui ont scellé un lourd passif dont lui-même eut toutes les peines du monde à s'extraire, transcendant les souffrances. Il lui fallut des années de thérapies en tous genres pour y parvenir. Oui, la sincérité désarmante dont il fait preuve est rare et fait de ce récit un terreau fertile pour qui cherche à éclairer l'avenir à la lueur des erreurs passées. Pourquoi Matthieu n'est-il pas devenu un salaud ? Il faudra lire cette BD dont le titre lui fut suggéré, et qui laisse deviner que le passé n'est pas si rigide mais au contraire une matière meuble susceptible de créer de nouvelles formes sur notre propre chemin.
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