Écuyère (Squire)
Harvey Awards 2022 : Best Children's or Young Adult Book Un récit initiatique captivant inspiré du Proche-Orient médiéval.
La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Les prix lecteurs BDTheque 2023
Aiza a toujours rêvé de devenir Chevalier, le plus haut grade militaire du grand Empire Bayt-Sajji. En tant que Ornu, peuple soumis à l’empire, c’est sa seule manière d’accéder à la citoyenneté. Ravagé par la famine et les tensions croissantes, le Bayt-Sajji va de nouveau entrer en guerre. Aiza peut alors s’engager dans le programme de formation des écuyers. Cela s’avère néanmoins plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé. Aiza doit naviguer entre l’ entraînement rigoureux du général Hende, ses relations avec les autres écuyers et cacher ses origines Ornu. Alors que la pression monte, Aiza réalise que le « plus grand bien » promis par l’armée de Bayt-Sajji pourrait ne pas l’inclure, et mettre en danger tous ses camarades. Aiza devra faire un choix : son cœur et son héritage, ou l’empire.
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Date de parution | 24 Mars 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Très sympathique cette lecture, elle est clairement à destination des plus jeunes mais je trouve qu'en tant qu'adulte elle n'est pas en reste. C'est fluide et plaisant à lire, même si les ficelles un peu grosses dans certaines scènes du scénario ne me la rendent pas indispensable. Dans une partie de l'Orient imaginaire, nous suivons la jeune Aiza qui rêve de devenir écuyère, intégrant l'armée pour devenir une héroïne dont elle rêve. Le ton est assez classique pour ce genre de récit : opposition à une famille qui souhaiterai la voir rester (même si cette opposition n'est pas vraiment un moteur du récit), puis découverte d'un nouveau monde, amitié, apprentissage de la rude réalité de la vie, etc ... Mais en même temps, il y a cette volonté de la part de l'auteur de s'ancrer dans une tradition Orientale, inspirée de la Turquie, la Syrie et les pays avoisinant. J'ai beaucoup aimé sa digression sur la fantasy en postface où elle s'identifiait, en tant que personne du Moyen-Orient, aux Orcs, ces barbares lointains aux coutumes étranges. Le récit est donc inspiré de la fantasy, mais reste dans un certain réalisme. Je regrette juste que celui-ci tourne un peu facilement dans son dernier acte vers un affrontement envers une seule personne, qui n'avait jamais été clairement désignée comme méchante et qui aurait méritée un traitement plus fin. C'est dommage, puisque le reste avait des vraies réflexions intéressante sur l'armée en tant que possibilité émancipatrice (ce qu'elle est souvent dans des pays en voie de développement) mais aussi et toujours, une armée qui combat. La dualité est bien retranscrite, d'autant que ce qu'il se passe dans le récit me parait crédible. Le dessin est bon, avec une influence à la croisée de plusieurs chemins (comics américain et manga notamment), mais avec une jolie touche dans les couleurs. On sent qu'elle s'est inspirée de plusieurs images réelles et de la couleur locale pour faire ressortir les pages. En tout cas l'effet est très réussi ! Bref, c'est une histoire intéressante avec la place de l'armée, les considérations sur le racisme, mais aussi une lutte interne des protagonistes. Je trouve personnellement que la fin est trop rapide, qu'il y aurait eu matière à développer et étoffer tout ça. D'ailleurs si une suite est envisagée, je suis partisan ! En l'état, la fin fait trop facile et je ne suis pas sur que l'excuse du public suffise.
Les deux autrices, américaines d'origine jordanienne et arabe, ont su créer ici un récit de fantasy médiévale aux accents orientaux, imprégné de culture arabe et de quelques décors jordaniens. Rien que cela fait l'originalité de ce comics et le sel de son ambiance. L'histoire, pour sa part, est assez ambitieuse puisqu'il s'agit, en plus de 300 pages, de nous narrer l'ambition et l'apprentissage d'une jeune fille issue d'une famille pauvre pour intégrer l'armée impériale et devenir une écuyère puis plus tard peut-être un chevalier protégeant les innocents et son pays, avec évidemment une réalité assez dure qui se cache derrière les promesses de gloire et d'honneur qui attirent ainsi les jeunes recrues. J'ai aimé l'univers qui nous est présenté là. Les touches arabes de sa culture, de ses costumes et de la situation d'ensemble sont dépaysants et changent des récits de fantasy habituels. La situation de l'héroïne, issue d'une minorité opprimée, et le contraste avec son enthousiasme à rejoindre les rangs de l'Empire qui règne sur son peuple, forment l'épaisseur d'une intrigue qui aurait pu être trop classique autrement. On suit avec plaisir cette jeune fille et les amis qu'elle se fait dans le centre de recrutement qu'ils rejoignent tous. Et on se laisse vite prendre par l'entrainement qu'ils y suivent, avec initialement l'envie de la voir progresser et atteindre ses rêves... avant que la complexité de la réalité ne fausse la donne. Le dessin est visiblement réalisé à la tablette graphique et s'il ressort globalement bien, je trouve sa réalisation un peu rapide, avec des traits peu soignés, des visages changeants aux expressions pas toujours terribles, et un manque de détails. On dirait que la dessinatrice a été un peu vite en besogne pour produire un maximum de pages en peu de temps. Ce n'est pas moche et cela n'impacte pas vraiment la lecture, mais je ne suis pas vraiment convaincu. Le scénario, lui, m'a bien plu et bien intéressé pendant au moins les deux tiers de l'album. Quand les choses commencent à tourner mal, j'étais intrigué et je me demandais où les autrices allaient en venir. Malheureusement, j'ai trouvé la résolution du conflit trop expédiée. Je ne veux pas trop spoiler mais je trouve que ce qu'il se passe dans le dernier quart de l'album ne tient pas vraiment la route. Je ne trouve pas crédible qu'autant de personnes soient aussi facilement convaincues, les amenant à agir aussi vite à l'inverse de leurs convictions préalables. Et la suite donne l'impression qu'il y avait un unique méchant jusqu'au-boutiste et qu'il suffit de l'abattre pour que tout s'effondre et que tout soit bien qui finisse presque bien, comme dans un récit enfantin. Bref, la fin de l'album a un peu gâché la bonne impression que j'avais ressentie tout au long des pages précédentes. Mais je garde quand même une bonne opinion de ce comics d'aventure ambitieux dans un cadre de fantasy médiévale exotique qui sort des sentiers battus.
Comme Noirdésir, je vais être indulgent sur ma note en me plaçant dans la catégorie du public visé, à savoir plutôt ado. Passez cette intro, je rejoins mes prédécesseurs pour dire que c’est un chouette album pour cette cible. Un récit initiatique inspiré d’un Proche-Orient à tendance médiévale, pas d’énormes surprises au programme mais un beau message de tolérance distillé par les auteures. Méfiez vous de l’endoctrinement. Une lecture fluide malgré un nombre conséquent de pages, une mise en page agréable, le propos est intelligent, bref plutôt sympa à parcourir. Du bon boulot, de part leurs origines on ressent bien l’investissement des 2 autrices sur le sujet.
Je rejoins Alix pour dire que c’est un bel album pour le public cible (je pense qu’il s’adresse avant tout à de jeunes lecteurs, jeunes ados en priorité). Mon ressenti personnel serait de 3 étoiles (3,5), mais j’arrondis au niveau supérieur, car je pense que de jeunes lecteurs apprécieront davantage cette lecture. L’histoire développe de nobles idées, l’entraide, la vanité de l’ambition, de la guerre, et c’est plutôt amené finement, sans de trop lourds sabots. Cela se passe dans une période indéfinie, dans une région non précisée, mais que l’on devine située dans le monde arabe, dans la région de la Syrie, de la Jordanie et de la Palestine. Les auteures ont des attaches avec cette région (et l’un des lieux de l’histoire s’inspire du site de Petra). Des décors relativement familiers, mais peu exploités (il y a peu de décors finalement), dans lesquels se développe une histoire où la guerre de conquête est omniprésente, sans pour autant être visible. La narration est agréable, les pages sont aérées. Le dessin n’est pas forcément mon truc, mais passe très bien (j’ai juste plus de réserves pour les quelques scènes de bagarre/duels, traitées à la façon manga – pas ma tasse de thé). Une bonne lecture d’ado.
La superbe couverture et le prix Harvey de la « meilleure publication Jeunesse / Jeunes adultes 2022 » m’ont convaincu de lire cet album, et je ressors ravi de ma lecture. L’histoire, à la croisée de la fantasy et de la culture arabe, propos une aventure enjouée, et aborde des thèmes passionnants. La réflexion sur la guerre est au centre du récit, ainsi que la colonisation, les divisions entre castes exacerbées par le pouvoir, la place des réfugiés et parias dans nos sociétés. Et au milieu de toute ça, un groupe d’amis et une protagoniste attachante au possible et remplie de contradictions et de doutes. L’intrigue (assez conséquente, le bouquin fait 336 pages) est bien construite et parfaitement narrée. La mise en image est magnifique, même si je ne suis pas spécialement fan du style manga. « Écuyère » est clairement un travail d’amour de la part des 2 autrices, inspiré de leurs origines arabes. Le propos est intelligent et juste, la lecture est fluide et divertissante. Un album jeunesse de qualité, que je recommande chaudement.
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