Un chant de Noël (Munuera)

Nouvelle adaptation du célèbre conte de Dickens.
1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Adaptations de romans en BD Auteurs espagnols Charles Dickens Londres Noël
Londres, 1843. Tous les habitants, les mieux lotis comme les plus démunis, s'apprêtent à fêter Noël. Tous, à l'exception de Scrooge. Aux yeux de cette riche commerçante, insensible au malheur des autres comme à l'atmosphère de liesse qui baigne la cité, seuls le travail et l'argent ont de l'importance. On la dit radine, égoïste et mesquine. Elle préfère considérer qu'elle a l'esprit pratique. Et tandis que les festivités illuminent la ville et le coeur de ses habitants, Scrooge rumine sa misanthropie... Une nuit, des esprits viennent lui rendre visite. Ils l'emmènent avec eux, à la rencontre de la jeune fille qu'elle était, quelques années plus tôt, lorsque la cupidité n'avait pas encore rongé son coeur. Mais aussi à la découverte de celle qu'elle aurait pu devenir si elle avait choisi la voie de la bonté... Après le Bartleby d'Herman Melville, José Luis Munuera adapte librement un autre classique de la littérature anglo-saxonne : Un chant de Noël, de Charles Dickens. Munuera s'empare ainsi d'un des chefs-d'oeuvre de l'écrivain anglais, paru en 1843, et féminise le personnage de Scrooge. Une relecture délicieuse, à savourer pour les fêtes !
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Date de parution | 10 Novembre 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Enième adaptation du conte de Dickens que je vois/lis, celle-ci se démarque par trois points essentiels. Le premier est le dessin de Munuera qui est toujours très bon et qui réussit ici à éviter ses petits tics de personnages trop dynamiques. Il adopte le même style que dans Bartleby, le scribe ou dans Peter Pan de Kensington à savoir des personnages très expressifs et proches de l'animation posés sur des décors plus réalistes mais très brumeux. C'est une belle esthétique et il n'y a vraiment aucun reproche à faire sur le plan technique et de la beauté du trait. Je note en particulier la justesse des expressions de Scrooge, notamment pour faire transparaitre une once de doute sous sa carapace de certitude. Mais il en ressort tout de même à mes yeux une impression de manque de profondeur, comme des décors plats de théâtre et un rendu légèrement claustrophobique. Le second point est le choix d'avoir fait de Scrooge une femme. Si sur le fond humaniste, je comprends parfaitement que la psychologie d'un genre ou d'un autre puisse être la même dans le cas de cette histoire, c'est plus l'incongruité historique qui m'a troublé, celle de voir une femme tenir le rôle d'une riche financière solitaire et détestée de tous dans une Angleterre Victorienne qui, dans la réalité, n'aurait jamais toléré ça. En outre, Munuera la représente comme une femme relativement jeune, plutôt belle et très élégante, ce qui se démarque trop du personnage de vieux bougon du Ebenezer Scrooge auquel je suis habitué. Ce choix permet toutefois à l'auteur d'introduire quelques sujets de réflexion supplémentaires à ceux de Dickens, notamment sur la place des femmes et de ce que la société attend d'elle. Et enfin, dernier point, Munuera a fait le choix d'un développement de personnage et du conte en lui-même sensiblement différent. Là où le Scrooge de Dickens réalise peu à peu ses erreurs et change par la force du remord et de la leçon apportée par les spectres, celle de Munuera reste sur ses positions jusqu'au bout et c'est par défi envers Dieu et ses spectres qu'elle va finalement agir pour le Bien. L'esprit du conte est déformé vers quelque chose de différent, pas forcément plus bête mais juste un peu surprenant. Je n'ai toutefois pas bien ressenti la montée en puissance vers le point de changement, ce qui a finalement amené Scrooge à décider de changer radicalement de façon d'agir, puisque pas de façon de penser. Entre la fin de la visite du troisième spectre et l'épilogue de l'histoire, il y a comme une rupture que les pages précédentes du récit n'explique pas aussi bien que dans le conte original. Outre son très bon graphisme, Munuera apporte donc sa propre touche au conte de Dickens, ce qui est heureux car une simple redite du conte trop connu m'aurait ennuyé et ce qui introduit des changements pas bêtes, amenant leurs propres sujets de réflexion, même si certains éléments m'ont un peu troublé et pas entièrement convaincu.


Il est difficile d’adapter une œuvre de littérature, surtout lorsque celle-ci a atteint une telle notoriété, et qu’elle a déjà été mainte fois reprise, ne serait-ce qu’en BD. Munuera s’y est pourtant attelé, et je dois dire que c’est plutôt une réussite. Il reste très fidèle à la trame de Dickens, mais y apporte toutefois une petite originalité, puisque le personnage emblématique de Scrooge est ici une femme. Et ce changement n’est pas qu’un gadget, puisque j’ai trouvé qu’il donnait plus d’ambiguïté et de profondeur à Scrooge. C’est sûr, c’est toujours un personnage égoïste, cupide, sans cœur, une sorte de Picsou mais en plus misanthrope encore. Mais dans la bouche de ce Scrooge en jupons, certaines tirades prennent aussi valeur de révolte féministe, contre la condition assignée aux femmes. En cela je trouve que Munuera retrouve un peu l’esprit de Dickens, pour lequel il y avait une forte critique sociale dans ce conte (comme dans beaucoup de ses œuvres d’ailleurs), critique qui a fini par être édulcorée, voire occultée, au profit d’une vision idéaliste de la trêve de Noël. Pour le reste, si vous connaissez l’histoire, vous ne serez pas surpris par la construction et l’intrigue, fidèle à l’original. La lecture est d’autant plus agréable que le dessin de Munuera est à la fois simple et bon, très efficace, dans un style semi-réaliste classique, sans trop de fioriture (et la colorisation de Sedyas est elle aussi réussie). Note réelle 3,5/5.
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