Frontier

Note: 4/5
(4/5 pour 11 avis)

Angoulême 2024 - Prix Éco-Fauve Prix Landerneau de la BD 2023 Quand la Terre suffoque de par l’exploitation de ses dernières ressources, l’humanité se tourne vers un nouveau territoire, l’espace, au-delà de la planète du système solaire : « La Frontière ».


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Dans cette nouvelle ruée vers l’or, trois destinées s’entremêlent : Ji-soo, scientifique passionnée par l’inconnu ; Camina, mercenaire fougueuse et enjouée ; et Alex, un mineur qui n’a jamais connu la Terre. Ce récit d’aventure narre le parcours tumultueux de ce trio, mais aussi de leur quotidien, celui de vivre dans un nouveau monde. Il pose la question d’une nouvelle humanité complètement déconnectée de son berceau, la Terre, pour se tourner uniquement vers les étoiles.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Avril 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Frontier © Rue de Sèvres 2023
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 11 avis)
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05/04/2023 | Alix
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Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur grogro

C'est un peu vrai ce que beaucoup de gens disent : ces personnages tout rondouillards aux allures de manga pour jeune public constituent quand même un sacré obstacle, ce qui, soit dit en passant, ne m'a pas empêché de faire l'acquisition de l'ouvrage. Parce que ça a malgré tout l'air bien cette grosse BD de SF bien cossue, avec cette foule de détails, son univers riche... Hé bé oui ! Ca fonctionne à fond. Je n'ai eu à souffrir d'aucun problème pour identifier les personnages (les uniformes et autres sigles de compagnies minières ou de mercenaires sont utilisés avec pertinence), si ce n'est Camina lorsqu'elle réapparait un peu plus loin dans l'histoire avec son bras mutilée (bah elle portait un casque dans la première scène aussi !) : il m'a fallu, et ce fut l'unique fois, revenir en arrière pour savoir à qui j'avais à faire. A part ça, c'est fluide, intelligemment mené, soutenu par des dialogues de qualité. Le dessin est top. On sent qu'il y a des heures de boulot derrière. Chaque case est une composition en soi. Tout est chiadé et rendu dans les moindres détails. Si j'aime le dépouillement, le minimalisme d'un Aurel ou Duchazeau par exemple, j'aime aussi ce genre de BD grouillante de vie et complètement immersive. Côté scénar, là encore c'est une réussite. Malgré le nombre non négligeable de lieux différents, Singelin parvient à garder l'unité narrative intacte. Au contraire, l'ensemble donne le sentiment de suivre une véritable épopée (impression donnée d'emblée par l'épaisseur de la BD), et de colonisation de l'Univers. On traverse bien des mondes et des ambiances différentes. On y est ! Le contexte est en outre parfaitement rendu, incluant comme il se doit d'un bon récit de SF des problématiques très actuelles auxquelles se greffent des réflexions sur l'avenir. A titre d'exemple, on pourra retenir celle qui concerne les premiers humains nés dans l'espace, donc complètement coupés du giron terrestre, ou bien celle reprise du manga Planètes qui s'intéresse à la future profession d'éboueur de l'espace. Tout cela donne le sentiment d'un truc dense, pensé et bien installé qui sait tenir le lecteur en haleine. Malgré les réticences liées à la représentation des personnages, devant lequel il serait vraiment dommage de tourner les talons, Frontier vient garnir le haut du panier de la BD de science-fiction. Amateurs et trices de SF, foncez ! Vous allez tomber sous le charme de cet univers dense, de cette intrigue bien menée et de ces personnages plus complexes que leur physique bidibulesque ne le laisse penser. On pourra d'ailleurs mettre sa tête à couper sans l'ombre d'une hésitation.

10/08/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

J'ai été très séduit par cette œuvre de SF (c'est rare). En effet j'ai trouvé la série de Guillaume Singelin originale, avec des thématiques fortes traitées avec justesse et un graphisme plaisant et dynamique. Le scénario réussit à nous faire vivre dans des stations orbitales et sur des planètes colonisées avec le même bonheur. Cela produit deux ambiances qui s'équilibrent parfaitement : le confinement des stations et les grands espaces d'une vie planétaire. J'ai été très impressionné par les détails très crédibles qui affectent le personnage d'Alex (perte de la masse osseuse et musculaire, troubles importants dans une atmosphère gravitationnelle.) On a l'impression de suivre le check up de Thomas Pesquet après son retour sur terre. Le scénario commence de façon classique et un peu manichéenne avec des vilaines sociétés capitaliste avides de profit et quasi esclavagistes. Mais Singelin ne reste pas dans cette superficialité facile en montrant les responsabilités individuelles de ses héroïnes Park et Camina. Cela conduit à des dialogues intelligents et un certain pragmatisme malgré une attirance pour l'utopie presque "peace and love". C'est finement construit avec des scènes de rappel à la réalité quand l'ambiance se bisounours un peu trop. Il n'y a aucun temp mort, les situations même prévisibles se renouvellent pour donne beaucoup de rythme au récit. La narration scénaristique est très bien soutenue par le graphisme. J'ai admiré la précision et la multiplicité des détails dans les stations, les planètes. L'idée des serres apporte un excellent contrepoint à l'univers métallique, confiné et surpeuplé des stations orbitales. La silhouette des personnages avec leurs petits pieds leur donne un look de danseuses/eurs de balais ce qui crée un fort dynamisme dans leurs gestuelles. Ce parti pris d'individu très semblables avec une forte connotation asiatique rend crédible un fort métissage et brassage d'une future humanité. C'est un point que je souligne souvent dans les SF qui savent sortir du schéma occidental pour les personnages principaux. Un excellent moment de lecture qui m'invite à découvrir les autres œuvres de l'auteur.

09/08/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Steftheone

Je rejoins les très bons avis précédents sur cette BD, la première de Singelin que je lis, et qui constitue pour moi un mini coup de cœur. Je l'ai achetée suite à l'avalanche de critiques dithyrambiques que j'ai lues à son sujet et je ne le regrette aucunement ! Il est difficile de décrire la poésie qui se dégage de cette œuvre dont les thèmes sont assez variés (écologie, consumérisme, sens de la vie, amitié, etc.) mais je l'ai refermée en sentant que quelque chose s'était passé. C'est ce qui pour moi différencie une très bonne BD d'une BD sympa qui nous fait simplement passer un bon moment. Je ne reviendrai pas sur l'histoire qui a déjà été largement décrite précédemment mais sur les plus gros points forts de cette BD : - Un très bel ouvrage dans son ensemble avec ce côté métallique et fluo collant bien à l'univers de la SF ; - Un dessin magnifique qui fourmille de détails et aux très belles couleurs pastels. La rondeur et le côté enfantin des personnages tranchent d'ailleurs beaucoup avec certaines séquences assez dures de l'histoire (passage à tabac d'Alex par exemple) ; - Une histoire très poétique, sans que l'on sache forcément où elle va nous mener, même si comme le souligne Ro, on pourra critiquer par moment la bien-pensance et le côté un peu "fleur-bleue" des réactions de nos 3 héros, pourtant issus de milieux et de conditions sociales très différentes. Une BD ressourçante et inspirante devant faire partie de toute bonne bdthèque selon moi. Originalité - Histoire : 8/10 Dessin - Mise en couleurs : 9/10 NOTE GLOBALE : 17/20

26/04/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue boy

Plus qu’un simple « space opera », ce consistant one-shot s’apparente à une expérience immersive pour le moins singulière. Une sorte de nouvelle « frontière » dans la SF. Nous avons là une œuvre au long cours, comme expliqué dans l’annexe en fin d’ouvrage où l’on découvre que les premiers croquis d’études sur l’univers et les personnages remontent à 2013 ! Guillaume Singelin n’est pas un nouveau venu dans la bande dessinée : il est l’auteur notamment de P.T.S.D., co-auteur avec Aurélien Ducoudray de The Grocery, et « membre permanent » du novateur Label 619 au sein de Rue de Sèvres, lequel a publié l’album en question. « Frontier » est un miroir à plusieurs faces. D’abord un miroir physique de notre système solaire, où hormis la Terre, les planètes portent un autre nom : Junon pour Mars, Vesta pour Jupiter, Minerve pour Vénus… mais aussi un miroir temporel, une projection futuriste de notre monde actuel avec son système économique mortifère où la conscience écologique semble avoir reculé au profit de la cupidité, celle des grandes compagnies énergétiques que l’on ne connaît que trop bien sur notre plancher des vaches (à lait) en ce début de millénaire. Ce que Singelin nous montre de la colonisation de l’Espace n’est guère reluisant. Et même si elles conservent des endroits encore inviolés par la main de l’Homme, les planètes sont souillées à cause de l’exploitation minière et leurs orbites grouillent de débris et d’épaves, qui constituent en outre un danger pour les engins spatiaux de toutes sortes. Rien à voir donc avec un univers à la Star Trek un peu lisse, plus éloigné dans le temps et axé sur des problématiques plus métaphysiques. Ici on est dans un concret directement corrélé aux enjeux de notre monde actuel : l’écologie bien sûr mais aussi des thèmes sociaux telles que les conditions de travail et salariales, négligées par les multinationales spatiales aux bénéfices colossaux, bref, rien de bien nouveau sous la galaxie. On ne rentre pas si facilement dans « Frontier », et c’était le cas en ce qui me concerne. L’univers graphique est parfaitement maîtrisé, impressionnant voire admirable, extrêmement riche en détails. Mais Singelin ne cherche pas non plus à en mettre plein la vue, dans le sens où le visuel, dépourvu de couleurs flashy, ne domine pas le propos. D’ailleurs, les premières pages nous évitent les représentations classiques et un peu clichées où flotteraient des vaisseaux spatiaux sur fond de galaxies grandioses. A l’inverse, l’histoire débute sur Terre, dans un centre de recherche islandais (quand bien même on est ici dans un monde parallèle) puis aux abords d’une mine de lithium, ce qui ne constitue guère une invitation au rêve. Dans le hangar jouxtant le centre de recherche, une foule de techniciens s’activent autour d’une sonde spatiale dernière génération. Et c’est peut-être aussi ce qui pourrait rebuter certains, cette abondance de petits personnages « hobbitiens » au visage sommaire qui remplissent les cases, faisant que l’on peut avoir du mal à identifier les protagonistes principaux. C’est le cas avec Ji-Soo comme avec Camina. De même, la transition entre certaines scènes est parfois suggérée, ce qui peut être source de confusion. Et pourtant… Une fois passé l’obstacle d’une lisibilité peu probante au début, on finit par s’habituer au parti pris graphique un rien « claustrophobique » (et néanmoins très plaisant), vraisemblablement dû à la fascination exercée par l’objet duquel émane une certaine puissance narrative. La participation active du lecteur est donc requise, feignasses s’abstenir ! Si l’on a conscience de tout cela et qu’on laisse se faire la décantation, on constatera avec bonheur que le récit trouve peu à peu sa vitesse de croisière pour au final achever de nous conquérir. « Frontier », c’est aussi, en dehors du propos politico-social bien senti, une véritable aventure ainsi qu’une belle histoire d’amitié entre trois êtres attachants que tout sépare a priori (Ji-Soon la scientifique intello, Camina la mercenaire « badass », et Alex, l’ouvrier un peu falot) mais des êtres qui arrivent à un moment de leur vie où ils décident de « renverser la table » et remettre en question leurs choix de vie, hors d’un système aliénant auquel ils avaient fini par (trop bien) s’habituer. Ensemble, ils vont reprendre leur liberté, en tentant d’échapper aux armées privées mandatées par les compagnies minières. Si l’on peut regretter un peu la quasi-absence de contextualisation géopolitique, notamment sur Terre — l’auteur se contentant de décrire les acteurs économiques de l’exploitation spatiale que sont les organismes et les compagnies privées —, cet album s’impose comme une lecture essentielle et inspirante, renouvelant avec pertinence le genre SF dans le neuvième art. Une des BD qui incontestablement marquera l’année 2023 de son empreinte.

12/10/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

Bon on va pas tourner autour du pot, le label 619 a encore frappé !! J’adore cette collection, elle nous propose toujours des albums soignés et c’est mené par une chouette génération d’auteurs fidèles. Il y en a du talent et ils ne cessent de s’améliorer au fil du temps. Leur catalogue est rempli de pépites, Frontier ne déroge pas à la règle. A mes yeux, une aussi belle surprise que Hoka Hey ! de Neyef, j’adore ces albums que l’on n’attend pas et qui te font Waouh. Comme son comparse avant lui, Guillaume Singelin franchit un cap en tant qu’auteur complet. J’aime ses précédentes œuvres mais là c’est la belle claque, ce sentiment est renforcé par la taille et la beauté de l’écrin. J’ai adoré son style graphique et le parti pris du côté kawaii des personnages ne m’a absolument pas dérangé, chaque case est un délice de détails, et que dire des couleurs et des décors magnifiques, un plaisir pour les yeux. Le tout est dans une narration impeccable pour une histoire fluide et prenante, c’est rempli de persos charismatiques et attachants (notre trio et leur petit compagnon en tête). Les thématiques développées sont passionnantes, divertissantes et intelligentes pour un récit dur mais plein d’optimisme, il y a un côté feel good bien agréable. Un voyage spatial au top, je ne peux que conseiller sa découverte, un album fort attachant.

28/04/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

Je découvre Guillaume Singelin avec cet album, et j’adore son style graphique. Il est typé manga, mais plutôt des années 80, genre Nausicaä de la vallée du vent ou encore Capitaine Albator, avec ces personnages tout en rondeur aux proportions cartoon, et une mise en couleur pastelle du plus bel effet. Les planches fourmillent de détails, que j’ai pris beaucoup de plaisir à examiner, et les scènes d’action sont magnifiquement représentées. Vraiment, c’est beau, et il y a un côté nostalgique pour le quarantenaire que je suis. L’histoire mêle science-fiction et quotidien, et propose une brochette de personnages attachants qui tentent de donner du sens à leur vie dans ce nouvel âge spatial. La réflexion et les thèmes sont passionnants : pillages des ressources, traitement des employés par les corporations, survie hors du système… Le ton est résolument positif malgré tout, avec un optimisme basé sur l’amitié et les valeurs personnelles qui font chaud au cœur. La narration est parfaite, et alterne entre quotidien, aventure, exploration et action… je ne me suis jamais ennuyé pendant les 200 pages du récit. J’ai trouvé la fin très belle. Une chouette découverte, qui me donne envie de lire P.T.S.D., autre album en tant qu’auteur complet de Guillaume Singelin.

05/04/2023 (modifier)