L'Homme qui aimait les plantes

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Formé par le biologiste Jean-Marie Pelt, à qui il rend hommage ici, Jacques Fleurentin raconte ses périlleux voyages autour du monde grâce auxquels il bâtit sans relâche le corpus de nos connaissances pharmaceutiques ancestrales et propose une autre vision du soin.


Documentaires La botanique

Jacques Fleurentin, ethnophamacologue, a consacré son existence aux plantes qui nous soignent, une vie d'aventure et de rencontres aux quatre coins de la planète, pour découvrir les secrets des végétaux guérisseurs. 80% des molécules qui nous soignent sont issues des plantes. Sur les 250 000 espèces de plantes existantes, nous n'en connaissons assez bien qu'un pour cent. Guidés par un expert au gré de ses choix scientifiques et de ses appétits de voyages, plongez dans les connaissances actuelles, les pratiques ancestrales et les enjeux de la botanique de demain.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Février 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Homme qui aimait les plantes © Soleil 2023
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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01/04/2023 | Blue boy
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Par Présence
Note: 4/5
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C'est une des missions de l'ethnopharmacologie. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première parution date de 2023. Il a été réalisé par Stéphane Piatzszek pour le scénario, par Benoît Blary pour les dessins et les couleurs. Il évoque la démarche de Jacques Fleurentin (1950-), pharmacien et ethnopharmacologue. Il se termine avec un dossier de cinq pages, Pour aller plus loin. Celui-ci comprend une postface de Fleurentin rédigée en septembre 2022, une présentation de la Société Française d'Ethnopharmacologie (SFE) et de ses missions (recenser les traditions orales du monde entier, valider par des travaux scientifiques rigoureux le savoir des guérisseurs, diffuser le savoir), une page de repères historiques (de 1598 pour la création de l'université de médecine à Pont-à-Mousson et de ses quatre chaires, à 2017 pour le droguier confié à la SFE), une page de présentation du droguier de la Société Française d'Ethnopharmacologie, et pour finir un bibliographie sélective de neuf ouvrages. Au temps présent, à Metz, dans le cloître des Récollets. Un couple est en visite dans le jardin des plantes médicinales. Leur enfant s'approche d'une anthémis. Les parents le mettent en garde qu'il s'agit d'un jardin de plantes toxiques. Jacques Fleurentin intervient pour indiquer que les Indiens mettaient de cette plante, sur leurs flèches pour tuer leurs ennemis. C'est une anthémis. Et elle n'est pas plus toxique que la marguerite. Elle a poussé toute seule, elle voulait sans doute être en bonne compagnie. C'est une fleur toute simple qui se balade. Nommée par le grand botaniste Linné en 1753, l'anthémis provient du grec Anthos et signifie Fleurette. le genre compte plusieurs espèces, dont la camomille qui, elle, est médicinale. Fin des années 1950 à Woippy, en Moselle. le père de Jacques est pharmacien et il travaille en officine. Il délivre une prescription : prendre des feuilles de camomille en infusion pendant quinze minutes. Trois grammes pour un quart de litre d'eau, et les ballonnements d'après repas, de la cliente, ne seront plus qu'un mauvais souvenir. Dix ans plus tard, Jacques à dix-huit ans, en mai 1968. Il doit passer son baccalauréat, puis il va entrer en fac de pharmacie, et son père espère bien qu'il reprendra l'officine paternelle. le jeune homme fait observer qu'il ne connaît que cette pharmacie depuis qu'il a trois ans et qu'il souhaite courir le monde, ce qu'il fait dans une première expédition. L'anthémis, de la famille des camomilles, est une sorte de marguerite au coeur jaune. Lui et ses amis ont choisi son nom pour leurs expéditions car la camomille n'est pas une fleur, mais une société de nombreuses fleurs rassemblées sur un capitule, chacune ayant une spécialisation dans le travail. Ainsi, leur équipage se composait de Martine, en charge de l'intendance, de Jacques, photos et botanique médicale, de Georges, photos, et de Patrick, responsable de la partie mécanique. Découvrir le monde et voir comment les hommes vivent au loin. La couverture porte la mention : La médecine, autrement. le texte de la quatrième de couverture précise : Jacques Fleurentin, universitaire et pharmacien, a consacré son existence à ces plantes qui soignent ; une vie d'aventure et de rencontres aux quatre coins de la planète pour découvrir les secrets des végétaux guérisseurs. le lecteur comprend rapidement qu'il s'agit de suivre cet homme depuis la fin de ses études jusqu'à maintenant, au travers d'une de ses activités : la recherche de plantes médicinales grâce à des guérisseurs, d'abord dans le sud de la Méditerranée, puis au Yémen, et avec le temps dans de nombreuses régions du monde, avec le cas particulier de la Réunion. Il n'est donc pas question de sa vie privée, ou même de ses conférences universitaires. Les auteurs présentent son activité d'ethnopharmacologue, c'est-à-dire l'étude des médicaments des autres peuples, des savoirs acquis et transmis à des fins thérapeutiques. Il s'agit donc d'un exposé sur différents aspects : de la première expédition en Turquie à celle à la Réunion, en passant par celle dans le Sahara, au Yémen, la création de la société française d'ethnopharmacologie (SFE) en 1986 et son droguier, et des exemples concrets comme l'anthémis, l'acacia, le qat (khat), les plantes succulentes, la dénomination des plantes créée par Carl von Linné (1707-1778, dans l'ouvrage Systema naturae), l'aloès, etc. La narration visuelle commence comme une bande dessinée traditionnelle : des cases disposées en bande pour une séquence. Les dessins se situent dans un registre naturaliste : des formes détourées avec un trait fin, pour des personnages et des lieux réalistes. Au fil de l'ouvrage, le dessinateur représente de nombreuses personnes d'origine diverse : Jacques Fleurentin à soixante-dix ans en blouse blanche, le jeune couple et leur enfant, le père pharmacien, les jeunes étudiants au début des années 1970, des Touaregs, un officier de la douane d'Arabie saoudite, Yvette Viallard, médecin-chef de la mission médicale française au Yémen, des guérisseurs rencontrés dans les différents pays. le lecteur apprécie l'apparence normale de tous ces individus, la cohérence de leur tenue avec l'époque ou la région du globe, l'expression de leur visage ou leur geste dans un registre tout ce qu'il y a de plus banal. de même l'artiste doit représenter de nombreux lieux : le cloître des Récollets à Metz, le désert saharien, un amphithéâtre de fac, un village en Turquie, une vue générale de Kaboul dans les années 1970, la route traversant le désert de Tademaït, des zones très reculées du Yémen, l'intérieur d'une serre du jardin botanique de Villers-lès-Nancy, des zones sauvages de l'île de la Réunion, l'aéroport de Port Vila Bauerfield dans les Vanuatu, et même le HMS Beagle, le navire britannique sur lequel Charles Darwin a voyagé. L'exposé entremêle des évocations d'expédition de l'ethnopharmacologue, avec des explications sur quelques plantes choisies, et quelques pratiques techniques. le lecteur peut ainsi apprécier des représentations détaillées de l'Anthemis Nobile (camomille romaine), des plantes du bassin méditerranéen (aubépine, ache, cerfeuil, aigremoine, ail des ours, chélidoine, absinthe, bouillon-blanc, coriandre, bardane, basilic), du calotropis procera, de l'acacia, de quelques plantes du Yémen (euphorbia fruticose, aloe tomentosa, caralluma socotrans, nigella sativa), etc. Ces dessins techniques sont réalisés comme par un naturaliste, pouvant servir de référence au lecteur s'il souhaite s'y intéresser. L'artiste représente également le processus de réalisation d'un herbier, de semis, de recherche d'une plante dans la jungle, etc. La narration visuelle mêle donc des interactions entre êtres humains, des voyages, avec quelques planches plus botaniques. La mise en couleurs semble être réalisée à l'aquarelle, avec une approche, elle aussi, naturaliste, venant enrichir les formes détourées, leur apporter de la consistance, installer l'ambiance lumineuse, que ce soit celle du désert sous un soleil implacable, ou celle artificielle d'une pharmacie en métropole. Grâce à la narration visuelle, le lecteur se trouve transporté dans le monde de Jacques Fleurentin, entre études sur le terrain, et travail en laboratoire ou en officine, entrecoupé de présentations sur différentes plantes. S'il n'est pas familier du travail de cet homme ou du principe d'ethnopharmacologie, le lecteur ne discerne pas tout de suite la nature de l'ouvrage : entre récit biographique et potentiellement plaidoyer pour une médecine dite douce. le passage du temps passé au temps présent vient repousser la vue globale sur l'ouvrage. En outre, le lecteur constate que la forme de présentation ne relève pas d'une démarche universitaire, et qu'il lui faut accepter de ne pas avoir toutes les dates, ou toutes les durées, ni même des références rigoureuses sur des textes de loi ou réglementaires. Il comprend progressivement que les auteurs font en sorte de mener concomitamment la progression des pratiques de recherches et la présentation de plantes médicinales pour établir que ce chercheur applique une méthode scientifique, sans velléité de dénoncer les pratiques des grands groupes pharmaceutiques, ou de faire acte de prosélytisme pour une pratique alternative. Progressivement, la narration établit quelques faits qui viennent dresser un état des lieux qui milite pour la préservation des savoirs des guérisseurs, aujourd'hui oraux. 80% des molécules qui soignent les hommes sont issues des plantes. Selon l'OMS, 80% des habitants de la planète n'ont accès qu'aux médecines traditionnelles. Dans toute l'Afrique et les Amériques où prédomine une culture orale, les savoirs ancestraux disparaissent. Un titre peu révélateur pour une bande dessinée qui parle du métier d'ethnopharmacologue, par le biais du spécialiste français le plus connu : Jacques Fleurentin. le dessinateur impressionne par sa capacité à rester dans le registre d'une bande dessinée, avec une narration séquentielle, plutôt que des illustrations pour un texte livré clé en main. Il se montre aussi habile et convaincant à reconstituer une époque qu'un lieu, ou à représenter avec précision une plante. Le scénariste a choisi une construction qui entremêle la vie du chercheur avec des éléments sur l'ethnopharmacologie, dans une précision tout public, moins rigoureuse qu'une présentation académique. Le lecteur ressort de cette découverte, avec une idée concrète de ce qu'est ce domaine de recherche, son intérêt et l'enjeu qu'il représente pour l'humanité.

02/09/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 2/5
L'avatar du posteur Blue boy

Je m’attendais vraiment à ressentir plus d’enthousiasme pour ce docu-BD qui aborde le sujet de l’ « ethnopharmacologie », la discipline qui s'intéresse aux médecines traditionnelles et aux remèdes constituant les pharmacopées traditionnelles. C’est bien dommage car le sujet est potentiellement passionnant, si l’on considère que les plantes sont à la base de toutes les médecines du monde depuis des millénaires, qu’elles soient traditionnelles, allopathiques, homéopathiques ou alternatives. De plus, comme le précise l’éditeur en résumé, « sur les 250.000 espèces présentes sur la planète, nous n’en connaissons bien qu’un pour cent. » Le point de départ de ce documentaire est la volonté de la part d’un spécialiste, Jean-Marc Fleurentin, de rendre hommage à son professeur Jean-Marie Pelt. Fleurentin parcourt inlassablement la planète pour tenter de recenser les plantes inconnues pour en prouver le bénéfice scientifique et de protéger les savoirs, la plupart étant transmis oralement. Une tâche très noble, évidemment liée à la question écologique. Le hic, c’est qu’on ne parvient jamais à s’intéresser complètement au contenu de cet album, du fait peut-être de sa tournure trop disparate. Le choix narratif, qui navigue entre documentaire pédagogique, carnet de route et hommage compassé, est peu convaincant. De plus, on ne sait jamais vraiment qui est qui, l’identification des personnages n’est jamais évidente, et le dessin n’y contribue guère. On a déjà vu pire, bien sûr, mais les visages paraissent inexpressifs, les regards vides et les corps figés. L’aquarelle très ordinaire ne dénote aucun talent particulier (l’utilisation de cette technique n’est pas forcément un gage de qualité) et ne fait que donner une impression de monotonie, qui pour le coup est en accord avec la narration. On n’ira pas jusqu’à dire que c’est rébarbatif, mais le résultat global est décevant, très brouillon. Peu de beauté se dégage de l’objet, et surtout rien de vraiment marquant, même si on pourra grappiller ça et là quelques informations sur… sur quoi au fait ? Autant l’avouer, on ressort pour le moins frustré de cette lecture, au regard notamment de la portée du projet évoqué, motivé par des préoccupations très altruistes : sauvegarde des savoirs ancestraux et protection de la biodiversité. Le problème, c’est que la sensation d’ennui qui envahit le lecteur dès l’introduction ne parvient jamais vraiment à s’effacer jusqu’à la fin du livre.

01/04/2023 (modifier)