L'Eternaute 1969
Quelque part en Argentine, se produit un évènement étrange.
Argentine Auteurs argentins Linus
Assis dans sa chaise, un homme voit apparaître un autre homme. Il neige, mais d'une neige qui tue... La boucle est bouclée ! En 1969, l'hebdomadaire d'actualités argentin Gente commande à Oesterheld une nouvelle version de L’Éternaute, que le scénariste avait écrit en 1957 et qui avait été mis en images par Francisco Solano López. Oesterheld confie son scénario à Alberto Breccia qui avait été un moment pressenti pour dessiner la première version. Cette nouvelle édition de L'Éternaute prend le titre L'Éternaute 1969 (mention qui apparaît sur les pages originales de Breccia) afin la différencier de la version dessinée par Francisco Solano López.
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Date de parution | Octobre 1993 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
22/06/2003
| demainlesdauphins
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Les avis
Aujourd'hui le sujet n'est pas très original qui raconte une invasion extraterrestre et le petit groupe de survivants cherchant par tous les moyens à comprendre ce qui se passe et enfin à résister à l'envahisseur. Mais il faut se replacer dans le contexte, en effet cette histoire est parue à la fin des années 50, remaniée par les auteurs elle s'ancre dans une réalité économique et politique propre à l'Amérique du sud dont les richesses étaient et sont encore fortement convoitées par les grands trusts internationaux et plus particulièrement ceux d'Amérique du nord. Derrière la SF il y a donc un propos politique, une dénonciation. Ce qui est dommage c'est que le récit est fortement plombé par un texte très envahissant, hors case, qui a mal vieilli. Le dessin avec beaucoup de recherche graphique est parfois un peu confus mais peut proposer des cases vraiment plaisantes. Un mélange de styles, à mon sens, qui peut rebuter le lecteur habitué à une mise en pages plus classique. Une "vieille" BD, innovante en son temps mais qui est sans doute un peu démodée sinon dans le propos du moins dans le traitement qui en est fait. A lire toutefois, cela fait partie des classiques.
Franchement déçu par cette version de l'éternaute :'( Le contexte historique, la fréquence du publication et les problèmes avec l'éditeur n'ont sans doute pas aidé ... On peut même penser qu'une BD construite pour une lecture hebdo passe tout de suite beaucoup moins bien dans un seul recueil. Mais passé les excuses il faut bien avouer que ça ne marche pas. Ca va à toute vitesse, des chapitres entiers sont traités en une seule case : ce ne sont plus des ellipses mais carrément des omissions. Du coup c'est très peu lisible. Heureusement que le dessin de Breccia est (comme souvent) très précis mais très abstrait. On reste ainsi dans l'indicible, dans l'expressif. La dominante est finalement cette belle ambiance plutôt que ce mauvais rythme. Mais franchement, la version de Lopez est bien meilleure. Moins fantastique, plus réaliste. Elle est surtout indispensable si l'on veut profiter du scénario d'Oesterheld. Parce que là on n'a que la trame, c'est vraiment dommage et c'est très insuffisant.
L'horreur est aux portes de Buenos Aires... des extraterrestres vont -petit à petit- envahir la ville puis la Terre... Eternauta ?... Plus qu'une simple histoire de science-fiction, c'est un récit qui mêle peur réelle et angoisse inexplicable. C'est en 1958 que la série débute dans un hebdo argentin : "Hora Con Semanal", pour ensuite se poursuivre dans le magazine Scorpio. En 1969, Oesterheld et Alberto Breccia en conçoivent une nouvelle version. Breccia se livre à de nombreuses expériences graphiques, utilise des trames, des collages, des griffes dans les vignettes (cases). Le scénario se politise, dénonce la mainmise des grandes puissances occidentales sur l'Amérique latine. C'en est trop et la rédaction de l'hebdo "Gente", ou paraissait la série, en interrompt la publication (pressions politiques ?) ; affichant même un éditorial d'excuses envers ses lecteurs (!)... Heureusement, au début des années 70, "Eternauta" traversera l'Atlantique et sera publiée en Italie, en Espagne, et en France dans la revue "Phénix" et "Charlie Mensuel". Le scénario ?... l'asservissement inéluctable des populations sud-américaines par des puissances étrangères ; ce au travers d'une fable de science-fiction. A l'époque, fallait oser ! Le dessin ?... Surprenant (j'avoue que ce n'est pas ma tasse de thé), haché, torturé, qui mêle un tas de techniques. Au final : un album qui m'a surpris, intrigué, étonné même ; fort dans son postulat textuel et graphique, mais qui m'a laissé dans la perplexité -moi, Européen, qui ne connaît pas grand chose du vécu réel de cette Argentine d'alors. L'album : 1 tome paru aux Humanoïdes Associés en 1993. Un hommage explicite à cette surprenante série ainsi qu'à ses créateurs.
Note approximative : 2.5/5 C'est avec une vraie curiosité que j'ai cherché et lu cet album car les seuls avis que j'avais vus le concernant l'indiquaient tous comme étant culte. Alors première information, cette BD Argentine date de 1969 : elle pêche donc un peu par une narration qui a vieilli et son dessin a quelques caractéristiques rappelant fortement son âge avancé. Ce dessin justement est très spécial. A des personnages dessinés un peu à la manière de Gillon, autrement dit dans un style réaliste mais assez vieillot, s'ajoute des effets de noir et blanc, des travaux sur la matière même du dessin (on dirait par moments que c'est de la peinture sur une surface vernissée qui a été utilisée), différentes originalités qui donnent une vraie âme et une grande particularité à ces planches. Ce dessin spécial fonctionne très bien en début d'histoire quand il s'agit de donner une ambiance inquiétante au récit. Par contre, quand l'action s'installe dans le récit, les décors flous et les personnages peu reconnaissables n'aident vraiment pas à une bonne compréhension. La narration fait souvent plus penser à une nouvelle illustrée qu'à une BD à la lecture fluide. Les textes narratifs sont souvent de vrais pavés qu'une seule image vient illustrer. Comme pour le dessin, cela ne dérange pas en début d'histoire quand tout se joue dans l'ambiance et la reflexion, mais quand le récit passe à l'action, le lecture s'est faite assez péniblement pour moi. Quant au scénario lui-même, il porte essentiellement sur le thème de l'invasion extra-terrestre et du combat pour la survie des humains. A ce thème s'ajoute une dénonciation politique du comportement des pays riches envers les pays moins développés d'Amérique du Sud. Pour finir sur une rapide histoire de voyage dans le temps. Rien de vraiment original pour un amateur de SF même si le scénario est assez bien monté si on la regarde avec l'indulgence qu'on pourrait avoir pour une BD de 1969. L'ambiance est noire et assez dure même si je le répête, elle fonctionne nettement mieux sur la première moitié de l'album que sur sa fin mouvementée. En définitive, cette BD est notable par son traitement graphique particulier et souvent assez bon, mais son scénario et sa narration ont assez mal vieilli à mes yeux. Ce n'est pas l'oeuvre culte que je pensais trouver là.
Comme la majorité des BDs de Breccia et Oesterheld, celle-ci fut publiée dans un journal avant d'être réeditée des années plus tard. Alberto Breccia était un maitre du noir et blanc, qui situe la majorité (totalité ?) de ces BD dans son pays natal, l'Argentine durant la dictature à laquelle il était totalement opposé. Mais la particularité de Breccia, notamment dans l'Eternaute est l'influence de Edgar A. Poe et H.P. Lovecraft qui est présente au fil des pages. L'histoire commence paisiblement, avec des amis réunis autour d'une table jouant au carte. Soudain, plus de lumière et de la neige. Dehors tout le monde est mort, plus aucun signe de vie, le silence. La BD se transforme alors en un huis-clos étouffant, puis soudain des soldats apparaissent, vêtu de combinaisons et arpentant les rues. Cette BD est totalement surréaliste, les planches toutes en noirs et blancs reprennent des expressions des visages reflétant la terreur qui semblent incroyables. La luminosité rend les scènes irréelles. Breccia était un artiste qui a combattu à sa manière et au travers de BD (Che, Mort Cinder, Perramus) la dictature argentine ; il est heureux de le voir réedité de temps à autre. A noter que l'Eternaute à été écrit en 1969.
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