Musée
Grand prix RTL de la bande dessinée 2023. Quand les œuvres du musée d'Orsay prennent vie sans que nous le sachions, la nuit.
Chabouté Grand prix RTL de la bande dessinée
Entre les statues de marbre et les tableaux de maîtres, les visiteurs du musée d’Orsay posent tantôt des yeux admiratifs, tantôt un regard perplexe sur les chefs-d’œuvre qui bordent les allées. Ils échangent dans un murmure discret et continuent leur déambulation. Mais lorsque les portes du musée d'Orsay ferment et que la nuit tombe, les sculptures et les peintures quittent la pose, descendent de leur socle, s'animent, se détendent, se mettent à se raconter, s’interrogent ou commentent ce qu'elles ont pu voir ou entendre au cours de la journée. L’Olympia de Manet, qui en a peut-être assez de passer sa vie allongée, déserte sa couche ; les Raboteurs de parquet de Caillebotte, fatigués, délaissent les lattes du parquet ; et Héraclès se dirige, comme à son habitude, tout droit vers sa pièce favorite : les toilettes. Certains se retrouvent pour dresser un portrait peu flatteur des visiteurs indélicats ; d’autres, désabusés, s’assoient pour observer l’absurdité du monde à travers les vitraux de la grande horloge. D’autres encore accueillent les nouveaux venus, car les collections s’agrandissent ! Au petit matin, toutes les œuvres regagnent leur socle ou leur cadre et reprennent la pose avant l'ouverture des portes. Un quotidien au musée où l’on découvre que tour à tour, les rôles s'inversent. Que peuvent bien penser de nous les peintures et les sculptures à force de nous observer et de nous écouter dans les couloirs et les salles d'un musée tout au long de la journée ?… Ce que de jour les « regardeurs » disent des regardés, et surtout ce que de nuit les regardés racontent des « regardeurs ». Le lecteur devient témoin et spectateur d'un quotidien aussi bien nocturne que diurne dans le musée. Fin observateur, Christophe Chabouté signe un album plein de poésie qui nous invite à réfléchir sur notre rapport à l’art, nos certitudes et à la manière dont nous percevons le monde. Se jouant des visiteurs mais jamais du lecteur, il laisse place à la contemplation avec humour et sensibilité. Texte : Editeur.
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Date de parution | 19 Avril 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un hommage très réussi au Musée d'Orsay, à ses oeuvres et aux musées en général. La mise en place est un peu longue. Certes j'y savourais le très bon dessin de Chabouté et l'excellence avec laquelle il représentait ces scènes de visiteurs de musée et les oeuvres elles-mêmes mais la narration muette m'ennuyait un peu et j'ai attendu pendant un peu trop de pages de comprendre où allait en venir l'auteur. Il m'a fallu pour cela attendre les premiers indices clairs et surtout les premiers dialogues qui viennent bien tard. Mais une fois le concept acquis, j'ai rapidement été séduit par l'atmosphère et l'idée de cette série. Cela tient en grande partie à la perfection du dessin qui arrive à s'approprier autant de chefs-d'oeuvres de la peinture et de la sculpture et à leur donner autant de vie qu'aux personnages humains de cette histoire. C'est à la fois poétique et drôle, inspirant et divertissant. Par le biais de cette histoire ouverte, on s'attache à nombre d'oeuvres artistiques et on réalise au passage combien le Musée d'Orsay en contient de formidables et souvent ultra-célèbres. Non seulement j'ai passé un très agréable moment de lecture, mais en plus il m'a donné une très grosse envie de retourner visiter ce musée là.
Quel plaisir de retrouver Chabouté à ce niveau ! Depuis « Un peu de bois et d'acier » aucune de ses bandes dessinées ne m’avait procuré autant de plaisir que ce Musée. Un dessin en noir et blanc toujours aussi beau, des cadrages bien pensés et au service de l’histoire, un humour très présent, l’art de titiller la curiosité du lecteur avec de petites histoires dans l’histoire, l’art de les rendre complices également (ahhh, toute cette histoire autour d’un tableau que l’on ne voit qu’à la fin mais que ceux qui ont déjà visité le Musée d’Orsay –ou qui connaissent sa collection- reconnaissent rien qu’en voyant les réactions des visiteurs devant ledit tableau : du grand art !) Franchement, j’ai dévoré le livre. Il se lit vite (beaucoup de passages muets) mais il est tout sauf vide. Il se passe toujours quelque chose et c’est un plaisir d’y revenir pour relire l’histoire avec un autre regard, enrichi par notre première lecture. Un très grand cru !!
Il était temps pour moi de retourner en librairie, après plusieurs semaines sans prendre connaissance des sorties récentes, et boum! Voilà t'y pas qu'est sorti un Chabouté y'a 2 jours. Béni soit le Dieu du destin, j'achète sans hésiter. Je vais me répéter, mais le dessin de Chabouté sait m'absorber dès la première planche. Son style est pour moi l'art de la contemplation. Le muet occupe un tiers du récit, au début. Et puis, peu à peu, les personnages du musée font naître les phylactères. Certains sont immobiles, d'autres ont la bougeotte. Certains sont taiseux et pensifs quand d'autres bavardent, se querellent ou se questionnent. Ces personnages, ce sont tantôt les visiteurs du musée d'Orsay, tantôt les œuvres d'art qui, après une journée à les écouter sans bouger, prennent vie durant la nuit. Tout au long du récit, Chabouté nous fait alterner les moments diurnes et nocturnes. Le quotidien défile en même temps que le temps semble s'arrêter, dans un moment où le lecteur rencontre toutes ses œuvres traversant les âges. La parole donnée aux peintures et aux sculptures amènent des situations tout à fait absurdes qui prêtent à rire (à commencer par Héraclès). Il y a beaucoup d'humour oui, mais aussi une simplicité poétique que je ne saurai pas décrire. Je vais simplement rappeler que Chabouté réussit encore à porter un regard artistique formidable sur des faits et évènements qui semblent basiques, dont on ne prête pas vraiment attention. Et, fait rare ressenti: Chabouté ne met pas autant en exergue la bêtise humaine ni sa cruauté. On retrouve sa vision critique et sombre bien sûr, mais je la trouve bien faible face aux passages qui redonnent foi en l'humanité. Peut-être que le fait de poser l'Art plutôt que l'Homme au centre de son récit lui fait changer d'état d'esprit. Enfin, au niveau du dessin, c'est ce qui me fait ajouter le coup de coeur. Alors OK, de base j'adore. Mais là, c'est pas pareil. J'adore plus. Et je vais vous dire pourquoi en fait. A force de lire Chabouté, je trouvais le faciès des personnages assez répétitifs quelle que soit la BD. Grosso modo. Mais cette fois, et peut-être grâce à tous ses visiteurs éphémères qui vont qui viennent, l'auteur s'est amusé à jouer avec les formes pour nous offrir des visages et expressions bien plus variées qu'à l'accoutumée. Après Yellow Cab, Chabouté prouve encore son audace (si tenté qu'il cherche à prouver quoi que ce soit). Voilà un objet curieux, au récit simple et poétique et dont le dessin rend l'ensemble profondément enivrant. Dans tout ça, le lecteur peut jouer à s'identifier parmi tous ces visiteurs dessinés, il peut également se divertir ou s'interloquer devant les scènes nocturnes, ou encore réfléchir sur l'intérêt qu'il porte sur l'Art. Et par-dessus tout, j'espère qu'il n'en finira pas d'apprécier le monde incroyablement riche du quotidien, aussi basique semble-t-il être.
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