La Truie, le Juge et l'Avocat
Des procès d'animaux eurent cours au Moyen Âge. Ici, les protagonistes sont : une brave truie, un sinistre juge et un avocat miséreux. Un récit historique et fantastique qui se rapproche de la fable.
Cochons, Porcs et Cie Mirages
Accusée d'avoir provoqué la mort d'un cavalier, une truie est conduite devant le tribunal : elle encourt la peine capitale. Le juge, un homme puissant qui n'a que mépris pour les êtres qu'il juge inférieurs, animaux, porchers ou même seulement femmes, fût-ce sa propre épouse, se trouve confronté contre toute attente à un avocat de talent qui défend avec ferveur la cause du malheureux animal...
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Date de parution | 19 Avril 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une BD sympathique qui présente un phénomène peu connu sur le moyen-âge: on a déjà convoqué au tribunal des animaux pour qu'ils répondent de leurs crimes. Cela semble absurde, mais en même temps est-ce mieux aujourd'hui où on ne fait qu'abattre les animaux sans aucun forme de procès dès qu'on les juge dangereux pour la société ? Même si le récit est pas mal, j'ai été un peu déçu par le traitement du sujet par les auteurs. Il y a des réflexions intéressantes sur plusieurs sujets comme la responsabilité des animaux sur leurs actes, mais je trouve que c'est gâché par un traitement caricatural de plusieurs personnages de l’histoire. Je pense que cela aurait été plus intéressant si la partie qui veulent la mort de la truie n'était pas présenter comme des riches qui abusent de leurs pouvoirs et qui semblent avoir rien d'autres à faire de leurs journée que d'être méchant envers la pauvre truie et son propriétaire. Et si j'ai adoré une bonne partie de l'album, j'aime moins le derniers tiers où un événement crée un retournement de situation que je n'ai pas trop aimé. Le dessin est correct.
Les procès d’animaux ont été nombreux au moyen-âge, et plusieurs ont laissé des traces dans les archives. Parmi ces animaux, les plus nombreux ont je crois été les cochons, éboueurs de l’époque, omnivores déambulant dans les villages et les villes – et donc souvent en contact avec les hommes. J’utilise souvent dans mes cours les travaux de Michel Pastoureau – très utiles pour faire comprendre les mentalités de l’époque – historien qui a écrit plusieurs livres sur les animaux au moyen-âge, et sur les procès de cochon : sur la « truie de Falaise » (un des procès les plus documentés, au XIVème siècle), et un autre livre « Le roi tué par un cochon » (livre simple et brillant dont je vous recommande la lecture – comme toute l’œuvre de Pastoureau d’ailleurs !). Je pense que Galandon s’est servi de ces livres (même s’il n’y a pas de bibliographie dans l'album) et a fait ici un mixe des deux affaires pour bâtir son scénario – du moins le point de départ. Disons qu’il a utilisé l’affaire du cochon ayant entrainé la mort du roi (en fait l’héritier du trône de France) pour le « crime », et la truie de Falaise pour le procès (l’interrogatoire, le jugement, « l’habillage de la truie », etc.). De fait, il n’y a aucune surprise à voir un animal passé à la « question », avouer ses crimes et être jugé et condamné (des criquets, d’autres cochons l’ont été à l’époque). Il faut juste ne pas lire l’histoire de façon anachronique. La lecture de l’album n’est pas désagréable, posant quelques questions concernant les notions de justice, de bien et de mal, la place des animaux par rapport aux hommes. Mais je suis quand même resté quelque peu sur ma faim. D’abord parce que le dessin de Vidal – très lisible au demeurant – m’est apparu un peu trop figé. Ensuite parce que justement je pense que Galandon aurait dû s’en tenir au « merveilleux » de l’époque, et ne pas ajouter des dialogues réels entre hommes et animaux, cela gâche un peu l’intrigue et lui fait perdre un peu de crédibilité. Il manque aussi dans cet album une mise en place des mentalités, quelque chose qui permette au lecteur lambda de s’approprier le mode de pensée, différent du nôtre (on touche là aux mentalités et à la religion). Une lecture distrayante, mais dont j’attendais sans doute mieux – ou plus précisément autre chose.
Je dois bien avouer que je n'attendais pas grand chose de cette BD. Et en même temps si. Allez comprendre ! J'aimais le titre, et surtout le pitch, sans pourtant trop y croire. Et puis aussi le dessin, objectivement assez bon (disons qu'il fait le taf), n'est pas mon truc. Je le trouve un peu maladroit. Les visages manquent un peu d'expressivité, les proportions sont parfois étonnantes, et les attitudes un peu figées. Cela étant dit, j'ai quand même pris pas mal de plaisir à lire ça. C'est une belle et solide fable sur la justice et le pouvoir. Le scénar est bien mené, et sans vouloir spoiler, on échappe à une Happy End qui aurait eu pour effet d'étouffer complètement le propos. Une très bonne surprise donc, qui plus est non dénuée d'humour.
Je n'ai pas accroché à ce récit sous forme de fable satirique. Revenir sur une ambiance moyenâgeuse pour faire la critique de la justice d'alors via des animaux, ne m'a pas intéressé plus que cela. Cela ne correspond plus à nos critères d'évaluations et nos propres règles seront probablement jugées avec sévérité dans plusieurs siècles. Ainsi la règle d'abattre un ou des animaux qui ont mordu, blessé ou représentent un risque pour la population me semble toujours appliquée dans de nombreux cas. Je trouve donc que la thématique demande mieux qu'une satire assez convenue et rapide. De plus quand les auteurs lèvent leur verre à la justice dans la dernière case alors qu'ils viennent de décrire une scène de vengeance personnelle, cela me semble être un contre sens. Je n'ai pas été sensible à l'humour fait de nombreux clichés sur une thématique complexe et fondamentale. J'ai trouvé le graphique assez simpliste et sans beaucoup de relief. Pas mon truc.
"La truie, le juge et l'avocat" nous propose une sorte de fable acide qui au delà de l'absurdité de la justice moyenâgeuse, se gausse des travers de nos sociétés de façon plus universelle et intemporelle (rien que la 1ere page m'a fait sourire en miroir de notre triste actualité des violences policières). Il est vrai qu'au Moyen Age, les animaux pouvaient se retrouver confrontés à la justice des hommes. S'il ne s'agit pas d'une histoire véridique, Laurent Galandon s'amuse ici à nous raconter le procès d'une truie accusée d'avoir Assassine le fils d'un noble dans une petite ville de France. Face au juge incarnant l'ordre et la morale et qui n'a que mépris pour ceux qui lui sont inférieur (sa femme comprise...), notre truie va être défendue par un avocat de dernière minute aux talents bien cachés ! C'est là qu'une petite touche de fantastique vient se glisser dans le récit de façon ingénieuse. Cela donne lieu à des dialogues savoureux et des scènes drôlatiques qui font tout le sel de cette satyre sociale et sociétale. Côté dessin, Damien Vidal, que je découvre avec cet album, nous propose un trait simple, expressif et efficace qui renforce pleinement l'aspect tragi-comique de cette histoire. Sa mise en couleur chaleureuse et contrastée pose des ambiances adéquates et agréables. C'est pour moi un réel coup de coeur que cet album ; je l'ai attaqué sans trop m'attendre à grand chose, j'en suis sorti ravi et j'ai vraiment passé un très bon moment de lecture !
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