Clocki
« Quelle heure est-il? Il est l’heure de s’amuser !!! » Telle est la devise culte de CLOCKI, la mascotte en forme de réveil avec ses grands yeux et ses moustaches-aiguilles emberlificotées qui sonne tous les jours l’heure du goûter à des millions d’enfants devant leur poste de télé.
Humour noir Les petits éditeurs indépendants
À l’origine héros de bande dessinée, CLOCKI voit sa carrière décoller en 1932 grâce au triomphe international du film “Clocki et l’horloge parlante”, le tout premier cartoon sonore et en couleurs de l’histoire du cinéma. Il enchaîne les longs-métrages et devient une véritable star. C’est à l’apogée de sa gloire en 1955 qu’est inauguré le parc d’attractions Clockiland, paradis rêvé du divertissement qui fait encore aujourd’hui le bonheur des petits et grands. Mais le conte de fée qu’on nous vend pourrait cacher une bien sombre réalité… Dans CLOCKI, Mathias Martinez construit les souvenirs d’un parc imaginaire et raconte la face cachée de son succès. Dans chaque chapitre, un protagoniste ayant connu le parc à différentes époques témoigne d’un moment clef de la vie du parc (une mascotte, un féru de manèges, une ex-employée et une petite fille passionnée pour Clocki). Inspiré des cartoons américains des années 30 des studios Fleischer (Betty Boop, Koko le Clown…), Mathias Martinez en déforme l’univers en trempant ses personnages dans des grandes cuves d’acide. Ses dessins dégoulinent, les décors fondent, la perspective se tord comme si la pellicule avait brûlé dans le projecteur, renforçant l’ambiance grotesque et inquiétante des parcs d’attractions.
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Date de parution | 21 Avril 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voilà un album étrange, étonnant. En tout cas difficile à « caser », que ce soit pour le genre, mais aussi pour le public visé. Car si une grande partie de l’histoire s’adresse à un jeune lectorat (que ce soit les personnages, le dessin, mais aussi les décors, entre dessins animés et parcs d’attractions), une partie du texte (généralement déclamé en voix off) use de mots parfois plus adultes. Et surtout, le côté « rose bonbon », gentillet de chaque début de chapitre est suivi à chaque fois par la désillusion, une certaine noirceur (« ça se finit mal » - même si c’est un peu atténué par une petite pichenette). Un positionnement qui peut dérouter. On ne peut par contre pas rester insensible au charme graphique de cet album. D’abord parce que misma a fait un superbe travail éditorial (belle maquette, papier épais). Ensuite parce que Mathias Martinez a su développer un univers graphique original et attractif. Tout en rondeurs, dans un style cartoon revisité, alternant planches avec des gros plans et d’autres plus amples, parfois pleine page, remplies, débordant de détails (certaines ayant des airs de « Où est Charlie ? »), son dessin propose quelque chose de faussement enfantin – et en cela (entre autres), il est raccord avec les récits. La colorisation quasi en bichromie, ajoute au côté cartoon je trouve. Quant au trait, il y a du Disney première époque, mais aussi quelque chose qui m’a fait penser à quelques auteurs BD underground (Woodring, Taillefer ou Cooper). J'ai vraiment bien aimé cet aspect. Note réelle 3,5/5.
Sous ses airs enfantins et désuets (la couverture parle pour elle-même), il serait malvenu d'offrir Clocki à un enfant en s'imaginant que ce joli réveil tout rond dont les aiguilles forment la moustache lui serait destiné. Il n'en est effectivement rien et Mathias Martinez offre une fable étonnante pour une première bande dessinée qui louche davantage du côté du Pinocchio de Winshluss ou de Rose Profond de Michel Pirus et Dionnet pour le dessin et peut-être également pour le fond. Sans atteindre la maestria graphique des livres précités, le style de Martinez est plutôt étonnant ou détonnant. Pour sur, il ne laissera personne indifférent avec ce coté naïf et désuet mais perturbant en trois couleurs dont un orange persistant. Clocki raconte l'histoire d'une mascotte d'un parc d'attractions à succès et se découpe en 4 chapitres bien distincts qui pourraient s'apparenter à l'ascension, la gloire de ce lieu de divertissement prisé puis sa déchéance et sa chute. Le tout possède un charme certain appuyé par une voix off constante et finalement peu de phylactères. Les histoires sont plutôt captivantes comme d'autant d'étapes de la vie du parc avec une certaine noirceur dans les propos. Le parc s'avère plutôt effrayant et monstrueux lorsqu'on en devine les ficelles avec un aspect fondant dans les dessins et on serait tenté de refermer le tout en le rebaptisant "Glauqui" mais il reste toujours une certaine lueur d'espoir dans la destinée des différents protagonistes dont les histoires se suivent sans réellement se rencontrer. En effet le véritable "héros" c'est bien évidemment ce parc où les sourires s'effacent pour laisser place à des drames plus personnels comme la solitude, la trahison ou le temps qui passent... Clocki est réellement efficace dans ce qu'il dénonce, on peut y voir un parallèle entre le parc Mirapolis ou Big Bang Schtroumpf qui ont connu des ascensions équivoques. Ces petites fables sont remarquables et font de cet ouvrage un périple étonnant et plutôt mélancolique. Avec un style graphique plus appuyé et un peu plus d'audace, on ne passait pas loin du chef d’œuvre mais pour un premièr essai, le travail de Mathias Martinez est surprenant et laisse supposer de jolies choses à venir dans un registre indépendant. Dans tous les cas, l'univers de Clocki me restera longtemps en mémoire.
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