Les Philanthropes aux poches percées
Adaptation du roman de Robert Tressell
1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Adaptations de romans en BD Encrages Gros albums Luttes des classes & conflits sociaux
L'histoire suit sur plus d'un an la situation d'extrême exploitation d'ouvriers du bâtiment qui luttent comme ils peuvent contre la précarité économique. Dans une ville gangrenée par une municipalité dont les responsables politiques sont également les grands patrons exploitant sans complexe pour quelques sous des ouvriers, les idées politiques socialistes font très lentement leur chemin, notamment avec un ouvrier éclairé expliquant peu à peu les causes de la pauvreté endémique. Le récit se fait choral avec le parcours des différents ouvriers, sur leur lieu de travail comme dans leur vie privée, pour découvrir une situation d'une extrême précarité où chacun joue sa survie. Le prêtre est là pour servir l'ordre des exploiteurs toujours plus avares et sans complexes lorsqu'ils entraînent la mort de leurs concitoyens.
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Date de parution | 05 Avril 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne connaissais pas l’œuvre d’origine adaptée ici, un « roman socialiste » relativement classique, mais intéressant. En effet, au travers des ouvriers et des quelques « bourgeois » (patrons) que nous suivons, c’est une mise à nue des inégalités, de la lutte des classes, auxquelles nous sommes confrontés. Des ouvriers plus ou moins « éveillés » en matière politique, plus ou moins revendicateurs, face à des patrons souvent cyniques, exploitant jusqu’à la trogne leurs employés, pour maximiser leurs bénéfices. Au travers de pas mal de situations, et du discours de certains ouvriers, c’est une illustration par le verbe et le fait de certaines théories marxistes, et l’on n’a aucun doute sur le camp pour lequel penchent les auteurs. Le propos est clair, c’est une œuvre intéressante. Quelques détails m’ont toutefois empêché de mieux l’apprécier. D’abord un dessin que j’ai trouvé un peu statique, avec une mise en page qui renforce cette impression. Un format, en tout cas des cases un peu trop petites (du coup le texte est parfois difficile à lire – et il est parfois abondant). D’autre part, le rythme est peu lent. Il n’y a pas vraiment d’action, tout se passe presque à l’intérieur des lieux de travail, avec débats d’idées et présentations des malheurs des ouvriers et de leur famille (voir les dialogues au sein d’un couple sur l’impossibilité de tenir un budget minable, du fait des salaires très bas). Mais ça reste quand même un album à découvrir, pour ceux qui voudraient se remettre en mémoire les énormes inégalités sur lesquelles le capitalisme s’est développé (toute ressemblance avec la réalité actuelle n’est pas fortuite !). Note réelle 3,5/5.
Cette œuvre (à l'origine un classique de la littérature sociale Irlandaise) ne semble pas vieillir. Ecrite vers 1910, elle décrit par le menu la vie quotidienne d'un groupe de manœuvres employés sur des chantiers de rénovation. Ils évoquent leurs difficultés liées aux bas salaires, les maintenant dans un état de pauvreté crasse et les contraignant à la survie. On y voit les grands patrons que le sort de leurs ouvriers laisse de marbre, englués déjà dans les magouilles et les collusions politiques... Les ouvriers pourtant, voient le socialisme naissant d'un méchant œil, et quand l'un d'entre eux prend fait et cause pour le mouvement, cela va créer certaines tensions. Graphiquement, c'est bien plus sympatoche que ce que laisse entrevoir un feuilletage rapide. Comme ça, vite fait, on pense avoir affaire à un dessin un peu naïf, ce qui est essentiellement le fait de la mise en couleur qui confère à l'ensemble un aspect vaguement soyeux. Les couleurs sont bien choisies, mais l'effet est trompeur. Qu'à cela ne tienne ! Le dessin est vraiment bon quand on prend la peine de s'y attarder un peu. Les visages, postures et expressions sont finement représentées. Il y a en effet peu de scènes extérieures, peut-être un peu plus maladroites, ce que certains trouveront un peu dommageable. Il y a un petit côté à la fois monotone et étouffant, ce qui en même temps traduit parfaitement la situation du petit groupe d'hommes sur lequel on s'attarde. Pour le reste, c'est assez bon. Ca va à l'essentiel en dressant un panorama de la politique/économie de l'époque dont on ne regrettera que la tiédeur, ce qui était d'ailleurs une des critiques formulée à l'encontre du roman au moment de sa sortie. Si je doute fort que ce genre d'ouvrage convertisse les plus libéraux d'entre nous à voir la vie de manière disons plus "collective", n'en reste pas moins qu'on comprend rapidement les enjeux. Il y a de bons dialogues, de très bonnes scènes. Les personnages sont très biens ficelés, et pas manichéens pour un shilling. En fait, ce qui ressort avec le plus de force, ce qui y est le mieux saisi, c'est la condition même des ouvriers qui, à force d'être privés de ressources financières comme culturelles, et d'être réduits à des réflexes survivalistes, finissent par défendre bec et ongles leurs oppresseurs. Oui, c'est peut-être là que réside la grande force de cette BD, plus que la description par le menu des mécanismes d'oppression. Le roman, lui, n'est toujours pas traduit en français nom de bleu !
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