Gals

Note: 2.33/5
(2.33/5 pour 3 avis)

Fringues, réglements de compte et histoires d'amour : encore un shojo classique pour collégiens.


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Bienvenue dans l'univers de Kogal, le monde des midinettes branchées de Tokyo ! "Gals" nous emmène sur les pas de la jeune Ran Kotobuki, une lycéenne de 16 ans, mordue de shopping qui n'a qu'un but dans la vie : porter les dernières fringues les plus en vogue du moment ! Avec ses deux meilleures amies, Aya et Miyu, elle cherche toutes les combines possibles pour gagner suffisamment d'argent afin d'assouvir sa passion. Loin des grandes histoires d'amour compliquées, "Gals" est un manga sur le quotidien des filles modernes, ancré dans notre époque, qui suit leurs moeurs avec énormément d'humour et d'autodérision. (résumé Glénat)

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Mars 2003
Statut histoire Série terminée 10 tomes parus

Couverture de la série Gals © Glénat 2003
Les notes
Note: 2.33/5
(2.33/5 pour 3 avis)
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29/06/2003 | Sonia
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Par Katz
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Haut dans le ciel, brillent les étoiles... Et, au ras de terre, triment les pauvres mortels. C'est certainement parce qu'elle brille tout là haut dans le ciel qu'Altaïr n'a point vu les petites lueurs qui, telles des lucioles, illuminent ce manga. Certes, Gals ne vogue point dans les hautes sphères célestes, mais se traîne plutôt dans les fanges terrestres, avec une certaine grâce, ma foi. La Terre et le Ciel. Tenshi, disent les Japonais, qui ont emprunté le concept aux Chinois. Dans Gals, il est peut-être plus de Terre que de Ciel, car c'est bien d'ici et maintenant que "cause" cette série, histoire apparemment banale et hautement superficielle d'une petite kogal (parfois aussi écrit kogaru, mot japonais prononcé "kogalou", qui est le phonétique nippon de "kogal"). Néanmoins, c'est un autre concept d'origine chinoise, et plus précisément taoïste, qu'il faudrait invoquer pour évoquer toute la richesse méconnue de Gals : le vide et le plein. A première vue, Gals est d'une vacuité affligeante. Et c'est aussi, je dois l'admettre, ce qui fit son charme lorsque j'avais besoin de reposer mon esprit de complexes réflexions un peu trop éthérées... Néanmoins, derrière cette vacuité apparente, se cache un véritable trésor. Certes, de même que l'on dit que la beauté réside d'abord dans les yeux de celui (ou celle) qui regarde, de même ce trésor résidait d'abord dans le prisme de ma vision toute personnelle. Ainsi, j'ai fort apprécié la plupart des petites idylles qui construisent la trame de ce manga. C'est mon petit côté "fleur bleue", elles ont su toucher "my heart" (ainsi qu'on le dirait dans Gals ;-p). Oui, l'adoration de Miyu, l'ex-gang girl, envers le policier "tout beau, tout propre" est potentiellement très énervante à nos yeux raffinés d'Européens sophistiqués et hyper-cultivés. Néanmoins, que voilà enfin un peu de fraîcheur qui change de ce cynisme qu'il faudrait afficher en tout lieu, et tout temps, pour sembler perspicace et subtil. L'admiration (est-ce de l'amour?) que voue "n°2" à Ran Kotobuki frise certes le pathétique, mais la mangaka sait lui tracer un destin qui est touchant, derrière son apparente miévrerie, un peu "brutale", il est vrai... Quant à la relation entre Rei et une des jeunes filles du groupe, elle est parfois glaçante, souvemment saugrenue et incompréhensible. A nos yeux d'Européens, du moins. Car voilà en effet la base du prisme personnel que j'évoquais. À savoir ma connaissance de la civilisation japonaise. Laquelle n'est certes point encyclopédique (loin, très loin de là). Mais, en l'état de ce qu'elle est, telle fut donc mon impression. Voilà qui explique que je n'ai pas hésité à employer des concepts aussi fort que Ciel et Terre, ou parler de taoïsme. Le vide et le plein... Du plein naît le vide. Et du vide nait le plein. Yin, et Yang... Si ce n'était donc que les amourettes de Gals, je n'eus point mis un 4/5, un "coup de coeur", et conseillé l'achat de la série. Mais, derrière l'apparence du "vide" de Ran, se cache le "plein" qui nous dévoile certains problèmes lancinants d'une société. C'est, du moins, ce que j'ai lu dans Gals. Une sorte de satire sociale, dont le porte-voix est, comme dans toute satyre, une sorte de clown. Un bouffon... Et qui de mieux que le bouffon peut hurler au Roi ce qui cloche en son beau royaume ? Alors, certes, je ne suis point un spécialiste de la civilisation japonaise et du Japon, et je ne suis non plus dans la tête de la mangaka. Il est donc parfaitement possible que le prisme de cette connaissance qui m'a amené à une analyse "sociologique" de Gals soit parfaitement biaisé. Mais que je vous expose donc les éléments qui ont fondé ce point de vue : - Qui est donc Ran Kotobuki ? Une fille qui s'assume comme une cancre, et le revendique haut et fort, en appelant le reste de la société à en faire aussi peu qu'elle-même, et à se moquer autant qu'elle-même de l'avis des autres. Autrement dit, au pays de l'Excellence (scolaire et nationale) divinisée, et des conventions sociales parfois étouffantes : une quasi-révolutionnaire. - De même, qui est Rei Otohata ("n°1", le "bô mec") ? Apparemment, un japonais classique au-dessus de tout soupçon, si ce n'est son amour de la mode. En effet, il est travaille très bien en classe, il est donc "populaire". Sauf que... Rei Otohata semble l'incarnation même de l'égoïste achevé et cynique. Non point d'ailleurs égocentrique, car il ne semble pas penser que le monde tourne autour de lui. Les conventions qui voudraient qu'il fit semblant de s'intéresser aux autres, voire qu'il rassurant sa petite amie par des mots de réconfort ? Il n'en a cure. Si tu n'es pas suffisamment fort(e) pour avoir une relation avec Rei Otohata, alors, passe ton chemin. Dans un contexte européen, Rei Otohata c'est du mille fois vu. Dans un contexte japonais, il me semble bien que son attitude est aussi "révolutionnaire", du moins anti-conformiste, que celle de Ran. Certes, le Japon évolue, mais tout de même... D'autant qu'avec son côté bon élève "propre sur soi", et qui ne fait pas de vagues, Rei Otohata est finalement bien plus déstabilisant que la clown de service : Ran. Les sociétés humaines acceptent d'ailleurs bien plus souvent les bouffons, qu'elles placent dans la case "fous", que ceux qui sapent leurs fondements de l'intérieur même du système... Bref, derrière la pseudo-vacuité assumée, et clamée, de son héroïne, et ses historiettes à l'eau de rose, Gals m'apparaît fort comme une charge contre les carcans "quotidiens" de la société japonaise. Car de quoi nous parlent nombre d'histoires de cette série ? De pression sociale, de cet infernal sentiment d'une écrasante pression que ressentiraient bon nombre de Japonais, qui asphyxie toute initiative, toute personnalité. Certes, le trait est certainement forcé. Le Japon n'est pas cette fourmilière que décrivaient certains, et le Japon bouge. Dans le domaine du refus des conventions sociales phagocytantes, Gals est d'ailleurs certainement plus suiviste que précurseur. Néanmoins, il m'apparaît (si mon analyse est fondée), comme un très intéressant témoin de cette "révolte silencieuse", de ce mouvement en profondeur de la société japonaise vers plus d'individualisme, d'une révolution tranquille qui n'aurait absolument pas pour but de mettre à bas une société que, par ailleurs, on apprécie, mais que l'on souhaite faire évoluer selon ses goûts... Un témoin d'autant plus intéressant qu'il se masque derrière une histoire apparemment mineure, et ce qui pourrait paraître comme une incongruité : une satyre à l'eau de rose. Un objet, donc, qui ne trouvera point son havre en toutes mains. Car si vous appréciez les satires, encore faudra-t-il que vous aimiez aussi... l'eau de rose.^^

18/04/2007 (MAJ le 29/09/2008) (modifier)