Jerry Spring
Voici l'un des pères fondateurs du genre Western dans la BD Franco-Belge...
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Best of 1950-1959 École européenne supérieure de l'image Indiens d'Amérique du nord Jijé Journal Spirou Les BDs à papa
Jerry Spring est un western. Attention, ce n'est pas un western de cinéma avec des acteurs jouant aux cowboys et d'autres aux indiens, c'est la vraie vie de l'ouest, avec des vrais cowboys et des vrais indiens. Le héros, cow boy traditionnel, a pour ami un Mexicain. Il défend le peuple indien et la nation noire. La poussière, le vent, la chaleur, la bêtise humaine, malgré tous ces écueils, Jerry et son ami Pancho (dit "El Gordo") sauront trouver la sérénité dans le Grand Ouest.
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Date de parution | Janvier 1955 |
Statut histoire | Une histoire par tome 22 tomes parus |
Les avis
Jerry Spring est probablement l'œuvre la plus personnelle et la plus aboutie de Jijé. Avec Blueberry, Comanche et Buddy Longway, elle fait partie des grandes séries Western qui ont marqué la BD franco-belge dans la seconde moitié du 20e siècle. Ce sont des aventures au far west sur une trame très classique, de la vraie aventure à l'ancienne, mais aussi avec une grande part d'humanité et de modernité dans le ton. Il y fait la preuve de son talent graphique avec un trait généreux en détails et décors. Ses personnages sont impeccables de vie, d'expressivité et de dynamisme. Même si j'apprécie toujours davantage une BD en couleurs, l'intégrale en noir et blanc de Dupuis permet d'admirer la maîtrise de son trait et de montrer le niveau technique impressionnant du mentor de Franquin. Les histoires sont intelligentes, prenantes et bien rythmées. On louera en particulier leur absence de manichéisme et surtout le combat permanent de l'auteur et de ses héros contre le racisme. Le meilleur ami de Jerry est mexicain, il traite les amérindiens avec tout le respect qu'on doit à ses égaux, et il ira même jusqu'à affronter directement le Ku-Klux-Klan pour venir en aide à une famille noire. Une série western à la fois rétro par la structure de ses histoires d'aventures à l'ancienne et moderne par son ton adulte et son humanité. Et surtout un plaisir pour les yeux grâce au dessin de Jijé.
J’ai lu la série (relu pour un certain nombre d’albums) dans l’intégrale en Noir et Blanc. Je trouve que cette version est plus intéressante que les albums colorisés. En effet, Jijé préférait le Noir et Blanc, et cela montre aussi bien l’influence exercée sur Jijé par Milton Caniff (comme pour Pratt), car comme lui Jijé joue sur de grandes plages de Noir pour faire ressortir par contraste les éléments importants d’une case. Toujours est-il que le dessin de Jijé est vraiment très bon. Pour l’époque (début des années 1950 pour les premiers albums), mais même dans l’absolu. En particulier, il excelle pour les chevaux (Giraud ou Derib, qui travailleront ultérieurement avec lui, seront de dignes continuateurs dans ce domaine !). J’ai juste un peu de mal au niveau du dessin avec la tête de Jerry Spring, son long cou rigide et sa coupe avec brushing de rocker (mais c’est un travers de l’époque – voir plus tard Ric Hochet). Le trait va s’affiner par la suite, heureusement. Quant aux intrigues, c’est là que l’ensemble est plus daté, même si Jijé se fait aider par pas mal de monde (Goscinny par exemple). Les histoires manquent parfois de coffre, et surtout dans les premières, la résolution de l’intrigue est souvent trop brutale, trop facile, en une page. Il faut dire que Jijé était à l’époque un stakhanoviste, portant presque à bout de bras une bonne partie du journal de Spirou, et devait « produire » à tout va. Par contre, les décors, l’univers western, à la frontière avec le Mexique, sont parfaitement intégrés aux histoires, et donnent, par leur réalisme, un cachet indéniable. Il faut dire que Jijé – accompagné de Franquin et de Morris, a fait un long séjour dans cette région à la fin des années 1940, ce qui lui a donné l’inspiration et une bonne réserve de « décors » pour sa série western, comme ça pourra être le cas plus tard pour Jean Giraud. Giraud justement, qui collaborera avec Jijé sur l’album « La route de Coronado » et qui, avec l’aide de Charlier (dont les scénarios vont donner leurs lettres de noblesse au genre en Europe), va « prendre le relais » avec Blueberry, dont les premiers épisodes (graphiquement surtout) sont très proches des Jerry Spring (Jijé s’étant occupé de la première couverture). Alors, c’est sûr Blueberry, chef d’œuvre absolu du genre western, a sans doute éclipsé « Jerry Spring » (d’autres séries aussi y ont participé, comme Comanche), et pas mal d’histoires de Jerry Spring sont datées et ont un dénouement trop simpliste. Mais la série dans sa globalité, et un certain nombre d’albums dans le détail gardent encore de l’intérêt (même si l’aspect visuel est celui qui passe encore sans doute le mieux). C’est une série à replacer dans son époque, et un auteur qui est un jalon très important dans la BD franco-belge. Pour ce qui est du western, Giraud bien sûr, mais aussi Derib ou Blanc-Dumont ont plusieurs fois dit tout ce qu’ils devaient à Jijé, qui a lancé le western réaliste en Europe – pour mon plus grand plaisir.
Voici le western fondateur de la BD réaliste franco-belge, à une époque où le genre n'était guère exploité dans la BD européenne. Seul Tex Willer en Italie était un rival sérieux. Jijé, grand pionnier du 9ème art s'est inspiré directement de l'Américain Fred Harman et son cowboy Red Ryder. Sans Jijé, ni Giraud, ni Hermann, ni Derib, ni même Swolfs ne seraient ce qu'ils sont, car il va influencer toute une génération de dessinateurs avec ses recherches graphiques (cadrages, ligne d'ombre, scène d'ambiance, décors) dans "Jerry Spring" où le jeune Giraud qui a encré en 1961 l'épisode La Route de Coronado, a été indiscutablement marqué graphiquement et thématiquement pour créer ensuite Blueberry. L'utilisation du noir et blanc était magistrale, la couleur ne venant que plus tard et n'étant pas toujours au point dans certaines pages. Paradoxalement, cette bande, malgré le talent précurseur de Jijé, sera toujours peu reconnue du grand public, peut-être en raison de ses scénarios un peu trop conventionnels et de son héros trop formaté, mais aujourd'hui, elle est considérée comme un must, ne serait-ce que sur le plan graphique. Le western en BD a pour moi toujours une résonance cinématographique, c'est obligé, c'est un genre trop typé par l'image cinématographique, et chaque western BD est associé à une décennie ou un style; Durango c'est la période spaghetti, Buddy Longway, c'est le western psychologique des années 70, Comanche c'est un peu l'univers de John Ford, et Blueberry évolue tellement qu'il est associé à plusieurs styles. "Jerry Spring" me fait aussitôt penser au western des années 50 du genre 3h10 pour Yuma, la Flèche brisée ou Winchester 73, c'est perceptible pour le côté pro-indien puisque Spring se pose en défenseur de ce peuple, fissurant le vieux cliché manichéen selon lequel "un bon Indien est un Indien mort". J'ai découvert Jerry Spring assez tard, je le place bien en-dessous de Blueberry, Buddy Longway et Comanche qui restent pour moi un tiercé d'une évidente profondeur et d'une maestria certaine, mais je reconnais les grandes qualités de cette bande et j'ai un grand respect pour un auteur qui a su toujours faire preuve d'un grand soin dans toutes ses séries. Et de toute façon, la lecture de quelques albums reste toujours agréable, jamais ennuyeuse.
Voici une BD assez ancienne mais qui a gardé tout son intérêt, toute sa fraîcheur. J’ai redécouvert les aventures de Jerry Spring après lecture des intégrales 1 et 2 éditées en noir et blanc. Le grand intérêt de ces deux albums est non seulement l’ajout de documents d’époques mais surtout l’occasion d’apprécier le superbe dessin noir et blanc de Jijé. En comparant avec l’édition couleur de ces albums, on peut s’apercevoir que la colorisation occulte en partie les talents du dessinateur. Jerry Spring est un cowboy plein d’humanité à l’humour subtil, bien à l’avance sur son temps, il lutte déjà contre le racisme, les idées préconçues et les lois absurdes. Avec son inséparable ami Pancho, la série monte d’un cran aussi bien dans l’humour que dans l’émotion. Certes les scénarios de certains albums sont moyens mais l’ensemble est de bonne facture, cette remarque s’applique bien souvent aussi pour les séries plus récentes.
Lire Jerry Spring, c'est se replonger dans la BD des années 50, celle des héros honnêtes et droits, sans aucune aspérité au niveau du caractère, bref le gendre idéal qui vole au secours de la veuve et de l'orphelin. C'est aussi l'époque des histoires en 44 pages sans grande prétention artistique si ce n'est de divertir les lecteurs à un moment où la TV en était à ses balbutiements, et où le cinéma se développait à peine. Mais Jerry Spring, qui a inspiré des dessinateurs aussi connus que Derib, Hermann ou Giraud, présente aussi des côtés très modernes. Il prend régulièrement fait et cause pour les indiens contre les siens, et pourfend les thèses racistes défendues par ses congénères contre ces mêmes indiens et les mexicains, incarnés par son fidèle ami Pancho. Il est également capable de prendre quelques libertés avec la justice des blancs qu'il est supposé incarner. Ce western, qui se passe essentiellement à la frontière du Mexique (ou Jijé avait passé plus d'un an) et des Etats du Sud des USA, pourfend déjà cette Amérique qui avance vers l'Ouest au mépris des droits ancestraux des populations autochtones, comme le fera plus tard au cinéma Michael Cimino dans "La porte du Paradis". Le dessin de Jijé est très dynamique, notamment en ce qui concerne les scènes de batailles avec des chevaux, même si apparaissent des problèmes au niveau de la proportion des personnages dans les premiers épisodes. A la limite entre le dessin caricatural de Blondin et Cirage et le dessin réaliste au début, le style de Jijé s'affirme progressivement pour arriver à maturité dans les années 70 avec "La fille du Canyon". On retrouve alors le style qui a inspiré les créateurs de Comanche, ou Blueberry. La réédition en noir et blanc permettra aux amateurs du Western d'apprécier la qualité du dessin de Jijé bien mieux que dans la version couleur. Il faut dire que la mise en couleurs n'était pas toujours d'une grande réussite aux éditions Dupuis dans les années 70 et 80.... Cette série reste en tous cas un classique de la BD Franco-Belge : à découvrir ou à redécouvrir donc.
Voilà un western à l'ancienne assez classique, un peu dans la lignée des films de John Ford. Les premiers albums sont assez classiques, le scénario étant même un rien naïf. Le personnage de Pancho amène la petite touche humoristique. Le dessin de Jijé est vraiment très bon, surtout dans les décors. En fait, si vous ne deviez acheter que quelques albums de Jerry Spring, je conseillerai les derniers : ''Le duel'', ''Sonora'', ''KKK'', ou ''L'or de personne''. Les histoires bénéficient de scénarios solides et le ton est résolument moins simpliste.
J'ai lu 15 albums de Jerry Spring et je n'ai pas eu l'impression de lire un grand western comme Blueberry. Le dessin de Jijé est excellent et représente bien le style réaliste des vieilles séries que j'aime beaucoup. Malheureusement, le scénario n'est pas du même niveau. Les albums qui contiennent deux ou trois histoires m'ont parus ennuyants. Les histoires sont sans intérêt et manquent souvent d'originalité. Les albums en 44 pages sont mieux. J'ai souvent pris du plaisir à lire les aventures de Jerry, mais il y a toujours des facilités scénaristiques du genre 'Quel chance ! J'ai croisé dans la rue le bandit mystérieux que je recherche et je l'ai reconnu grâce à ses bottes !' et c'est vraiment énervant. Jerry Spring est donc une série que je qualifierais de divertissante même si certaines choses ont mal vieilli.
Un classique du western trop oublié du grand public aujourd'hui. L'évoquer, c'est s'entendre dire: "bof, c'est vieux" ou "ouais, mon père lisait ça, alors moi...". C'est étrange d'entendre ça à une époque où Astérix (de seulement cinq ans son cadet) ou Tintin (né en 1929(!)-dispo certes dans des éditions rafraîchies-) sont d'indétrônables best-sellers. Se donner la peine de découvrir cette série, c'est découvrir l'une des principales qualités du western s'il est réussi: son intemporalité. Il obéit à des codes inspirés par le cinéma ou la littérature sur une époque et un lieu précis, à chaque auteur d'être capable de mettre sa personnalité dans cet univers pour donner vie à ce genre donc très codifié. Pour Jijé, aventure au menu bien sûr, mais aussi et surtout grands espaces. "Golden Creek", premier album et sans doute le meilleur le prouve: jamais l'ouest américain n'avait été si bien représenté dans son réalisme, on y trouve chaleur et poussière au fil d'une intrigue solide. L'histoire n'est jamais naïve, mais surtout jamais le graphisme n'est celui d'une publication de presse produite par un auteur payé au rendement. La profondeur de champ est superbement rendue par les choix d'angles et le travail sur les décors. Jerry Spring, droit et ironique, y rencontre celui qui devient son inséparable compagnon, le truculent Pancho. Il croise aussi un indien noble et généreux. Et oui, l'album date de 1954, pourtant il ne s'abandonne ni aux facilités de la bande dessinée de l'époque ni aux poncifs du cinéma Hollywoodien. Il n'en gagne que sa place au panthéon des chef-d'oeuvres. Les cinq premiers tomes sont de remarquables merveilles de structures et d'imagination au niveau du dessin comme du scénario. Ensuite, une certaine facilité peut apparaître ici et là, le scénario étant écrit par différents auteurs d'où une certaine inégalité. Jijé passe à un récit sur quatre bandes au lieu de trois, il y sacrifie un peu d'espace, la série perd un peu de substance. Pour en juger, il suffit de lire les tomes écrits par Jacques Lob où il retrouve sa première mise en page, surtout "le duel", une longue traque où les décors sauvages ont leur rôle à jouer. Toutefois, Jijé sait surprendre et s'échapper de cadres sévères, avec son dessin fougueux et bondissant, s'appuyant sur une science maîtrisée du noir et blanc. Franz dessine une suite au scénario hésitant entre plusieurs ambiances, mais réservant tout de même de bons moments. Une très grande réussite qui a une importance inestimable, son graphisme ayant inspiré toute une génération d'auteurs -Giraud, Derib, Hermann...- qui ont amené la bande dessinée où elle est. L'oeuvre majeure de Jijé, un artiste qui mérite l'attention encore aujourd'hui, et bien plus que pour son rôle de précurseur.
Ma cote réelle : 4,5/5 (et c'est très rare !). Jerry Spring ?... Une très très grande série western. On découvre ce cow-boy dans l'hebdo Spirou n° 829 du 4 Mars 1954. Aux commandes : Jijé, un véritable metteur en scène graphique. C'est vraiment tout bon ! Jijé fait usage d'un trait dynamique, puissant, privilégie les cadrages audacieux (pour l'époque). Nonobstant ce fait, l'ajout de scènes plus "intimistes", d'ambiance plutôt, est une véritable liaison -parfois explicative- entre les scènes d'action qu'elle mettent alors en plus grande valeur. A noter également, une très belle composition de tons suite à la palette de couleurs utilisées. Jerry -et c'est ce que j'aime en lui- n'est pas un "baroudeur de l'Ouest". Bien qu'il ne dédaigne pas faire le coup de feu, c'est aussi un grand humaniste. Au cours de ses aventures, il défendra les indiens, les Noirs, combattra le Ku-Klux-Klan. Cette sorte de Don Quichotte (pris dans le sens de redresseur de torts) va -dès sa première histoire- rencontrer Sancho, un mexicain. Et cet excellent duo ainsi formé, d'un "taciturne" et d'un peone rigolard (au début) va sacrément bien marcher ; Sancho apportant la note humoristique à un Jerry qui -il est vrai- déserre peu les dents. Jerry Spring ?... Un véritable précurseur qui annoncera Blueberry, Durango, Buddy Longway même. Une sorte de "grand frère" à qui Giraud, Blanc-Dumont, Derib et Herman sont un peu redevables. Divers scénaristes participerons à cette saga, dont Rosy, Goscinny (hé oui !), Lob,Gillain (fils de Jijé). Saviez-vous que même Giraud (Blueberry) a "travaillé" sur l'album "La route de Coronado" ?.. Après le décès de Jijé (pseudo de Josep Gillain, né le 13 Janvier 1914 et décédé le 20 Juin 1980), Jerry va disparaître pendant 10 ans. Il fera ensuite son retour, dessiné par Franz. Mais la magie a -pour moi- disparu. Jerry Sping ?... Un tout grand western créé et dessiné par un des maîtres de la bd franco-belge.
Jijé: Le génie à l'état pur. Jerry Spring: Les grands espaces, l'ombre profonde et caressante des nuits solitaires sur le Range et la lumière violente et modelante du soleil du Sonora. Le dessin: Audacieux, enlevé, juste et décisif, impressionniste et puissant. Rien ne s'approche de ça en B.D réaliste. Les suiveurs (et il y en a! Et des plus célèbres!) s'y sont tous cassé les dents (même s'ils ont fait fortune financièrement) Le trait: Riche, fougueux, précis, généreux et ô combien rythmique! Dialogues et histoire: Simples et honnêtes, mais sacrément profonds en fin de compte. Très franchement anti-raciste, anti-violent et anti-conventionnel (Faut le faire dans une B.D d'action de 1954! Là aussi les suiveurs bien gentils n'ont jamais maîtrisé l'art de la nuance) Couleurs: Révolutionnaires pour l'époque. Sans doute décevantes pour le lecteur actuel. Mais Jijé, c'est comme Shakespeare, Charlie Chaplin ou John Coltrane: L'amateur doit faire un effort pour tout y comprendre, pour tout en rendre profitable. Pour ma part, je lis et je relis cet album depuis 35 ans et j'y découvre à chaque fois de nouvelles merveilles. On n'a jamais dessiné comme ça.
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