Supercanon ! - Le marchand d'armes qui visait les étoiles

Note: 2/5
(2/5 pour 3 avis)

La biographie romancée d’un véritable marchand de canons.


Auteurs canadiens

Depuis l’enfance, Gerry n’a qu’un rêve, inspiré de Jules Verne : celui de pouvoir expédier le courrier par canon à l’autre bout de la planète. Élève précoce et insoumis, il devient ingénieur et mène des études en aéronautique qui l’amènent à construire de véritables canons, d’abord pour le compte de son pays natal, le Canada, puis pour la CIA plongée en pleine guerre froide, mais aussi avec des régimes beaucoup moins démocratiques, jusqu'à l’Irak de Saddam Hussein pour laquelle travaillera le docteur Gerry… Inspiré de faits réels, ce roman (bio) graphique nous entraîne à la suite d’un véritable idéaliste, père de famille heureux mais aussi inventeur inconséquent, dont l'histoire tragique couvre la seconde moitié du XXème siècle et nous rappelle que la géopolitique des armes ne connaît aucune frontière…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Juin 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Supercanon ! - Le marchand d'armes qui visait les étoiles © Casterman 2023
Les notes
Note: 2/5
(2/5 pour 3 avis)
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04/07/2023 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je suis plutôt d’accord avec ce qui a plu à Mac Arthur et déplu à Bamiléké. Je me retrouve donc le cul entre deux chaises. Mais globalement, c’est un album qui m’a laissé sur ma faim. J’avais beaucoup aimé le film « Lord of War », qui dressait le portrait d’un marchand d’armes intelligent, roublard et d’un cynisme à toute épreuve. Je m’attendais au vu du titre et de la quatrième de couverture, à lire quelque chose de semblable, et de découvrir au travers de Gerry un personnage quasi identique. En fait il n’en est rien – ou quasiment rien – tant du point de vue du personnage lui-même, que du traitement proposé par Philippe Girard. Car, comme le souligne Mac Arthur, c’est une sorte de gamin qui garde ses rêves de gosse que nous suivons, un passionné de Jules Verne (le grand Verne fait d’ailleurs de nombreuses apparitions pour dialoguer fictivement avec le héros) qui cherche jusqu‘au bout, et par tous les moyens, une façon de finaliser et de financer ses rêves de canon pouvant envoyer dans l’espace (ou sur la lune !) satellites et autres objets. Mais voilà, la fin justifiant peu à peu les moyens, il va se retrouver aspiré par les appels d’air de certains services secrets (CIA et services canadiens en tête), certains états (Israël, puis Irak), et finalement ne produire que des armes, là où il ne cherchait qu’à produire des moyens de transports plus économes et plus efficaces. Traiter ce genre de personnage en ne s’intéressant quasiment qu’à ses aspirations, dresser le portrait d’un idéaliste inconscient des manipulations dont il est l’objet, et du dévoiement de ses idéaux, pourquoi pas ? Mais ici je n’ai pas été convaincu. Non pas parce que ce serait moche de présenter un concepteur et marchand d’armes comme un être intelligent et positif. Mais surtout parce que ça n’est pas crédible selon moi. Girard a forcément dû improviser sur ce point, et j’ai du mal à croire que notre ingénieur ait été aussi naïf. Qu’il ait eu des rêves de gosses oui, mais il les a laissés de côté, consciemment ou pas, sous la contrainte de la réalité ou pour satisfaire ses besoins familiaux ou autres. Des rêves de gosse oui, mais ça n’est plus un gosse ! Après avoir été lâché, trahi par la CIA, après avoir été condamné et banni, il poursuit dans la même voie, comme un drogué « replongeant ». Pas crédible sur la partie « inventée », immergée de l’iceberg Gerry, le scénario m’a aussi déçu pour toute la partie émergée, celle pour laquelle on peut avoir plus de connaissances factuelles. Ainsi l’action de la CIA, les différents régimes auxquels il vend des armes, tout est traité de façon trop lapidaire. Ne reste ainsi qu’une biographie fantasmée et parcellaire, un peu bancale. Au final, l’album n’est pas inintéressant. Mais, sur le matériau constitué par Gerry, il y avait peut-être quelque chose de plus fort à construire, je ne sais pas. Note réelle 2,5/5.

26/04/2025 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Quelle ne fut pas ma déception quand je me suis aperçu que la thématique de l'ouvrage était centrée sur un concepteur et marchand de canons. J'aurais préféré une top model québécoise. En effet j'ai de nombreuses réserves sur l'ouvrage. L'auteur et l'éditeur sont libres de proposer un tel sujet mais est ce vraiment nécessaire de mettre en lumière douce ce type d'individu. Ces artisans de morts peuvent rester dans les poubelles de l'histoire que cela ne me dérange absolument pas. Ensuite je trouve ridicule la tentative de l'auteur d'humaniser le personnage en en faisant un doux rêveur idéaliste en conversations avec Jules Vernes pour atteindre une utopie de gosse. Je ne sais pas si le personnage a laissé ses glorieuses mémoires mais comme l'ensemble de ses activités étaient secrètes ont peut en déduire que la narration textuelle est pure fantaisie. On a même parfois droit à de la psychologie de comptoir du type j'ai perdu deux mères dans mon enfance donc je construis des canons et des obus pour me protéger (et tant pis pour les mamans qui en "profitent")... Tout au long du scénario je me suis demandé où l'auteur voulait nous promener? Gerry génie incompris manipulé et lâché par les services secrets? Hypocrisie et duplicité des états commanditaires ? Innocence du scientifique sans conscience politique, qui fournit mais n'utilise pas? Tout cela est tellement convenu que je me suis très vite lassé de ma lecture. Je retrouve le graphisme au trait un peu vintage que j'avais découvert dans l'ouvrage sur Saint-Exupéry. Si cela fonctionnait pour un épisode de trois semaines à Québec en 1942, c'est beaucoup moins convaincant pour un personnage qui voyage à travers le monde sur une durée de soixante ans. Les extérieurs sont pauvres, les personnages ont tous des costumes ou robes uniformisés sans recherche quelque soit l'année et surtout notre Gerry qui garde sa bonne bouille de jeune ingénieur tout au long du récit. Une lecture dont j'aurais pu me passer.

26/04/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Plutôt qu’une biographie, Philippe Girard a fait le choix audacieux de chercher à imaginer l’homme derrière le masque. En effet, Supercanon se base sur un personnage réel, Gérald Vincent Bull, fabricant et trafiquant d’armes, mais l’auteur parvient à l’humaniser et à nous le rendre touchant en insistant sur les rêves de jeunesse du personnage, et son espoir obsessif de parvenir à transmettre des informations en un temps record. Dès son plus jeune âge, influencé par les écrits de Jules Verne, Gerry va montrer une fascination dévorante pour les canons, rêvant d’utiliser ceux-ci pour envoyer du courrier d’un bout à l’autre de la planète à la vitesse de l’éclair. Cette fascination va influencer toute sa vie et c’est ce que Philippe Girard veut nous montrer. Le résultat est étonnant, le personnage devient complexe, rêveur pris dans l’engrenage de l’argent, argent dont il a besoin pour réaliser son rêve mais qu’il consacre trop souvent à d’autres projets. Pour moi, c’est réussi. L’album est agréable à lire, le personnage est intéressant. Certes, des libertés sont peut-être prises vis-à-vis de la véracité historique mais, d’abord, il ne s’agit pas d’une biographie officielle, ensuite chercher à découvrir l’enfant derrière le marchand d’armes me semble être finalement bien plus intéressant que ne relater que des faits sans émotion. Franchement, j’ai vraiment bien aimé ! Peut-être pas au point d'attribuer un 4/5 mais 3/5 avec coup de cœur me semble être un minimum.

04/07/2023 (modifier)