Broderies
Après le repas, les hommes vont faire la sieste et les femmes se retrouvent autour d'une tasse de thé pour discuter : c'est à qui racontera l'histoire la plus croustillante.
École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg L'Association L'Iran La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Proche et Moyen-Orient
Un déjeuner entre amis chez les satrapi. Après le repas, les hommes vont se coucher pour la sieste. Les femmes, elles, se retrouvent autour d'une tasse de thé et racontent leurs expériences, leurs mariages. Et l'on finit par découvrir le sens du mot "broderie".
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Janvier 2003 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je n’ai pas lu Persepolis (oui, je sais, honte à moi). Je me méfie comme la peste des bestsellers matraqués par la couverture médiatique, je suis trop souvent déçue. Du coup, j’entame Marjane Satrapi par celui-ci. Je dois reconnaître que je ne m’attendais pas à une telle liberté de ton dans les papotages des dames iraniennes. Elles appellent un chat un chat et sont très drôles. J’imagine que Mme Satrapi nous donne un reflet réel de ce que peut être l’état d’esprit de ce microcosme de la société iranienne. Parce qu’il s’agit à l’évidence d’une frange aisée de la population, qui a les moyens de voyager, ouverte sur le monde et ayant accès aux études supérieures. Je ne sais si cette impertinence est de mise dans tous les foyers. Il reste quand même que cette liberté est quand même contrainte. Elle s’exerce entre femmes, loin des oreilles des hommes, et est surtout une liberté de langage. Car il s’agit surtout des petits arrangements pour « se tenir bien », et sauver la face de la virginité jusqu’au mariage. J’ai trouvé agréable cette lecture, ayant un peu l’impression d’écouter les conversations, c’est plutôt bien fait. Le dessin, même s’il ne me plaît à priori pas, fait justement partie de cette impression de cercle intime de conversation. Franchement pas mal du tout. Je lirai Persepolis un jour, promis.
Nous sommes en Iran, dans une famille de la bourgeoisie : la famille Satrapi. Le déjeuner vient de se terminer. Les hommes se retirent pour la sieste. C’est le moment où les femmes entrent en scène. Trois générations de femmes – grand-mère, fille, tante et petite fille - se retrouvent autour du samovar et se lancent dans une discussion fleuve sur leur vie conjugale. Virginité, mariage, espoirs, peurs, courage et déceptions : tout y passe ! Chacun, à tour de rôle, raconte son expérience. Une fois de plus, Marjane Satrapi nous plonge au cœur de la société iranienne, une société partiarcale où les femmes, contraintes à l’extérieur de la maison, se libèrent dans l’espace familial et dévoilent leurs idées modernes et bien tranchées, s’exprimant dans un langage cru qui contraste fortement avec le dessin en apparence très "sage". Cette opposition – dedans/dehors – est incroyablement efficace. Le rêve de mariage heureux, les espoirs d’une vie libre à l’étranger, le mariage forcé d’une enfant, l’amour aveugle pour un presque inconnu sont autant d’expériences conjugales racontées par ces femmes qui évoluent dans une société patriarcale. Cette discussion improvisée aborde, avec un humour parfois décalé et caustique, des questions de société importantes. Reconnaissant aussi leur part de naïveté et d’aveuglement dans le mariage, elles nous amènent à nuancer le regard qu’on porte sur les femmes iraniennes. Le dessin s’exprime très librement – comme ces femmes – il s’affranchit des cases et joue sur les regards de chacune dans lesquels on devine énergie et détermination. Ce petit album, intéressant et tendre, a quelque chose de revigorant !
Pour les Iraniennes, la broderie n’est pas seulement une occupation à laquelle s’adonne la gente féminine. Le terme comporte également, non sans une certaine malice, une allusion chirurgicale à la virginité « retrouvée » des jeunes filles qui souhaitent se marier après avoir goûté aux plaisirs de la chair. Ces discussions à bâtons rompus sur le ton du badinage révèlent une réalité moins rose de la condition féminine en Iran, avec la souffrance et le mépris que les femmes doivent endurer dans le cadre du mariage. Mais comme dans Persepolis, Marjane Satrapi a judicieusement choisi l’humour, une arme aussi efficace sinon plus que la révolte. Les fanatiques religieux ne considèrent-ils pas le rire comme la marque du diable, a fortiori celui des femmes ? Quoi qu’il en soit, ceux-ci ont su nous montrer de façon peu amène, ces dernières années, qu’ils ne l’appréciaient guère. Certains esprits chagrins y verront peut-être un parti pris androphobe – le mâle ne ressort guère grandi de cet étrillage verbal – mais pour les autres, ces anecdotes, souvent croustillantes, apparaîtront comme un exutoire des plus légitimes. Tout au long du livre, les hommes ne jouent qu’un rôle secondaire et peu enviable, sans se douter une seconde qu’ils ne sont que des « pachas » en sursis, potentiellement déchus par les sarcasmes ravageurs de ces femmes, dont certaines apparaissent très libérées et de manière plus surprenante, libertines. Ce n’est qu’en apparence qu’elles sont soumises, car elles acceptent volontiers de faire leur autocritique, conscientes de payer pour leur propre bêtise à tout vouloir miser sur leur mari. Si la révolution a eu lieu en Iran il y a près de 40 ans, une autre, féministe celle-là, couve toujours pour la moitié de la population. Et à la lecture de l’ouvrage, l’espoir est permis… Avec une certaine jubilation, on retrouve le personnage de la grand-mère frondeuse de Persepolis. Le trait noir et blanc de Marjane Satrapi reste à la fois minimaliste et naïf mais très vivant, avec une certaine liberté dans la mise en page, d’où les cases sont absentes. On l’avait déjà bien pressenti avec Persepolis, mais « Broderies » ne fait que confirmer le côté passionaria de l’auteure, prête à partir en guerre contre les mollahs et autres patriarches fanatiques, avec un crayon j’entends – une arme puissante quand on connaît la capacité de la plume à se changer en épée et qu’on voit l’acharnement des pouvoirs autoritaires à réprimer dessinateurs, journalistes et intellectuels.
Marjane Satrapi poursuit avec cet album petit format son œuvre autobiographique, qui révèle au passage au lecteur occidental (comme ses autres opus chez l’association) quelques facettes de la société iranienne. Du moins de la famille de Marjane Satrapi, visiblement plus riche et ouverte que la moyenne, ce qui est à prendre en compte ! Ici ce sont les femmes qui donnent le la. En effet, l’album est constitué de « raconteries », de persiflages et autres histoires plus ou moins indiscrètes que chacune des neuf femmes réunies se racontent, Marjane, plus jeune que les autres (grand-mère, tantes, amies ou cousines) faisant office de public captivé. C’est assez vivant, vivifiant, même si parfois ce ne sont que des commérages. Mais on se plait à entendre ces dames de la bourgeoisie iranienne montrer un visage nettement moins soumis à leur père ou mari que ce que l’on veut bien nous montrer ailleurs. Ce n’est pas mon album préféré de l’auteure, mais il se laisse lire facilement – et relativement rapidement aussi.
Le dernier Satrapi qui me restait à lire. En fait, je voulais le lire depuis longtemps car j'avais aimé ses autres albums, mais je ne le trouvais pas en librairie et il n'y avait aucun exemplaire à la bibliothèque jusqu'à cette semaine où je l'ai vu dans le rayon des nouveautés. Y aurait-il eu récemment une réédition de l'album ? Si c'est le cas mille fois bravo à celui qui a pensé à faire une réédition ! Comme toujours avec Satrapi j'aime beaucoup sa narration qui est toujours fluide même lorsqu'il y a plein de textes sur une page. J'aime le principe de l'album qui est de lire les commérages des femmes. Cela permet de lire plusieurs histoires qui donnent un aperçu des relations hommes-femmes en Iran. Devant certaines situations je ne savais pas si je devais rire ou pleurer (l'histoire avec la fille qui va marier un homme en Angleterre notamment). Le dessin de Satrapi est toujours aussi bon et le seul reproche que je peux faire est que le texte est écrit en lettres attachées et comme je ne suis pas habitué à lire ce genre d'écriture j'ai parfois eu un peu de la difficulté à lire certains mots, mais ce n'est pas trop grave.
Tiens ?! J'étais sûr d'avoir mis un avis sur cet album... Cet oubli est désormais rectifié. Cet album peut être vu comme un spin-off de Persepolis puisque M. Satrapi se remet en scène, entourée d'autres femmes (sa famille et ses amis) dont nous avons déjà vu certains personnages dans Persepolis ou Poulet aux Prunes... Si la forme est différente (plusieurs femmes vont parler de leurs connaissances ou de leurs expériences personnelles), le fond est assez proche des autres séries de Marjane Satrapi, même si c'est l'album le plus léger et le plus rigolo de son œuvre. Les thématiques y seront : le mariage, le divorce, l'amour, le sexe, l'émancipation... Pas que des sujets de femmes ! Culturellement et socialement, on collecte beaucoup d'informations sur la condition de la femme en Iran. Bref ! L'album est tendre, intéressant, avec des personnages attachants et surtout très rigolo (sans être trop léger). Le dessin est plus lâché et plus libre que dans Persepolis, même si le style reste très proche, moi je trouve ça joli. Un bon album.
Je suis surpris de lire ici autant de commentaires élogieux. Peut être suis-je passé à côté de quelque chose, mais non vraiment je n’ai pas trouvé cet opus grandiose. Pour le dessin, rien de nouveau. Pour qui a lu Persepolis vous retrouverez les mêmes codes et ce graphisme en noir et blanc naïf. Il n’y a pas de décor, uniquement des personnages et de très grosses bulles de texte. Car finalement que nous raconte cette BD ? On se retrouve dans un salon interdit aux hommes où les femmes se racontent entre elles leurs histoires sexuelles. Alors on passe du léger au lourd d’abord en parlant de cette femme que l’on connait puis finalement pour parler de sa propre histoire. Entre les subterfuges pour faire croire à la virginité, aux questionnements sur la chirurgie, en passant par l’utilité d’un homme vous lirez tout ces trucs employés pour paraître dans une société du paraître et de l’idéologique. Mais sincèrement : qu’apporte le dessin dans cette suite de récits ? Honnêtement j’aurais préféré lire une nouvelle ou un livre plutôt que de lire dans des bulles sans m’intéresser au dessin qui de toutes façons n’apporte rien. On peut éventuellement être intéressé par toutes ces histoires de femmes qui partagent leur condition et un quotidien parfois difficile, mais honnêtement il n’y a pas de révélations particulière, les scénarios sont les même partout, il y a toujours des femmes abusées, des femmes qui se vengent de l’avoir été, celles qui agissent, celles qui pleurent… Bref un dessin inutile et des histoires pouvant faire les pages des faits divers de nos journaux, honnêtement je ne vois rien d’extraordinaire. Certes c’est joliment narré avec un rythme idoine, mais c’est tout ce que j’ai pu sauver de l’album.
Avec Satrapi, peu importe le sujet, elle arrive toujours à rendre passionnant les propos. "Broderies" est une sorte de fourre-tout. Sous couvert d'une discussion familiale entre femme, on découvre une multitude d'histoires drôles, dramatiques, toujours réelles. Faire plus plaisant est impossible. Je ne jugerai pas le dessin N&B simple qui pourrait être le seul obstacle à la lecture de cette perle. Il est là pour mettre en image un contenu qui se suffit à lui même. J'espère que d'autres BD sortiront à l'avenir car j'ai adoré toutes les premières oeuvres de Marjane Satrapi. C'est étonnant de découvrir la liberté d'expression des iraniennes en privé, en tout cas celle du milieu relativement aisé et cultivé d'où provient l'auteur. Je ne vois pas comment on peut être déçu par la lecture de cette BD, j'en conseille donc l'achat et la lecture.
La bd la plus connue de Marjane Satrapi est sans conteste Persepolis qui a été adaptée récemment en long métrage d’animation. Pour ma part, parmi ses séries, ma préférée est « Broderies ». « Broderies » met en scène un groupe de femmes iraniennes qui se racontent des histoires autour du traditionnel thé de l’après-midi. Ça se passe dans les années 80 et apparemment, ces bonnes femmes n’ont pas la langue dans leur poche lorsqu’il s’agit de parler de leur mari ou de leur(s) ex ! Je pense que vous l’avez devinez, ce sont des commérages sur la sexualité que nous présentent Marjane Satrapi. Ce qui est intéressant avec ces échanges entre femmes iraniennes, c’est que le lecteur y trouvera des propos qui me semblent assez semblables à ceux des européennes : le sexe n’est pas un sujet tabou là bas bien au contraire ! Ainsi, les thèmes sur la virginité, la performance sexuelle, la chirurgie esthétique, l’infidélité masculine, les mariages forcés -et j’en passe !- sont largement abordés et ce, avec beaucoup de sensibilité et d’humour ! Chaque femme parle de sa vie privée plus ou moins avec facilité : comment elle a rencontré tel ou tel homme, comment s’est passé leur(s) mariage(s), comment a-t-elle vécu sa relation avec l’être aimé, etc… Et les hommes en prennent généralement plein la gueule ! (faut dire aussi que dans certains récits, les hommes sont vraiment de parfaits salauds !). « Broderies » n’est pas à proprement dit un récit complet mais une suite d’anecdotes et pourtant, grâce à aux talents narratifs de Marjane Satrapi, j’ai eu énormément de plaisirs à suivre les commérages de ce groupe féminin, ça se lit en une traite sans ennui. Quant au dessin de cette autrice, je préfère me taire étant donné que je n’aime pas son style. Cependant, je reconnais que son coup de patte retranscrit bien ses propos. « Broderies » m’est apparue comme une bd très intéressante, touchante, drôle et plein d’anecdotes sur la vie de ces femmes iraniennes réunies autour du traditionnel thé d’après déjeuner et comme un excellent témoignage de leur quotidien. En lisant cette bd, j’ai eu l’impression de participer aux conversations de ce groupe féminin. C’est un récit qui, finalement, m’a aussi mis mal à l’aise en souvenirs de ces jeunes filles qui sont encore victimes de nos jours de mariages forcés aussi bien à l’étranger qu’en France… A lire impérativement !
C'est étonnant qu'avec le succès critique de Persepolis cet album de Marjane Satrapi ne semble pas rencontrer plus de suffrages des lecteurs. Il est peut-être moins exposé et pourtant il vaut largement le coup d'oeil. Marjane évoque à travers Broderies les conversations des femmes qu'elle a côtoyé dans sa famille autour du thé, et notamment sa charismatique grand-mère qu'elle affectionne beaucoup pour sa liberté de ton et d'action. Ces femmes qu'on peut penser soumises sont au contraire souvent ouvertes à évoquer leur sexualité, leur physique, et leurs relations parfois conflictuelles avec les hommes. Dans un pays où les pensées sont pétries par la religion, elles y parlent par anecdotes de divorce, virginité, mariage forcé. C'est agréable à lire, le dessin est centré sur les personnages sans s'embarrasser de fioritures de décors, ni même de cases dans la mise en page. Bref à voir.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site