L'Ombre des Lumières
Après Les Indes fourbes, Alain Ayroles récidive avec panache ! Poursuivant la tradition épistolaire des Liaisons dangereuses, il orchestre un vertigineux jeu de dupes dans un XVIIIe siècle brillamment dessiné par Richard Guérineau.
1643 - 1788 : Au temps de Versailles et des Lumières École européenne supérieure de l'image
Vice d'un homme, vice d'un ordre, vice d'une époque. Découverte dans les tiroirs secrets d'un secrétaire à cylindre, la correspondance du chevalier de Saint-Sauveur court sur tout le XVIIIe Siècle et dessine l'effarant portrait d'un malfaisant. En exposant les turpitudes de l'infâme libertin et la constance de ses infortunes, la publication de ces lettres participera, espérons-le, au triomphe de la Vertu.
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Public
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Date de parution | 13 Septembre 2023 |
Statut histoire |
Série en cours
(prévue en 3 tomes)
2 tomes parus
Dernière parution :
Moins d'un an
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Les avis
L'ennemi du genre humain Je suis assez mitigé sur cette bande dessinée. Annoncée comme l'évènement de cette rentrée (au même titre que l'avait été Les Indes fourbesdu même Ayroles ), je me suis donc précipité sur cet album, dans sa version en noir et blanc. Si la première partie rend parfaitement hommage (même un peu trop) aux "liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos, à tel point que j'avais deviné la chute dès les toutes premières pages, la seconde partie m'a quelque peu désarçonnée. Je croyais suivre les aventures d'un libertin au sein de la cour de Louis XV, et nous sommes rapidement plongé dans des intrigues liées aux tribus du Nouveau monde, où notre divin chevalier Saint Sauveur se retrouvera en mauvaise posture. Mais ce qui m'a dérangé le plus, c'est la forme narrative épistolaire choisie. J'ai du parfois revenir en arrière pour savoir qui parlait ou à qui s'adressait la lettre, tant j'ai trouvé peu d'adéquation entre les épistoliers et les pages censées illustrer la lettre. Par contre, Richard Guérineau, avec ici un univers très éloigné des" stryges", tire parfaitement son épingle du jeu: personnages, costumes et décors, tout est parfait. L'intrigue étant prévue en 3 volumes, j'espère que le tome 2 me réconciliera avec cette série dont j'attendais beaucoup. Dentelles et Wampum Le premier volume m'avait déçu. Mal construit, un style épistolaire déconcertant à tel point que j'ai hésité avant de me lancer dans l'achat du second tome. Et bien, je dois dire que j'ai été très agréablement surpris par la suite donnée par Alain Ayroles à ce récit. Après une pâle copie des "liaisons dangereuses", le scénariste nous entraine là dans une aventure riche en rebondissements et péripéties , se déroulant principalement dans la Belle Province. Notre Chevalier de Saint Sauveur, libertin du premier volume, se mue ici en un personnage pervers, manipulateur et retors à souhait. On retrouve là la patte d'Ayroles des "Indes fourbes". Le scénario devient habile, passionnant et j'avoue de pas avoir lâché ce deuxième volume avant la fin, là où j'achevai péniblement le tome précédent. Après avoir découvert le premier volume dans son édition n&b, je me suis contenté de la version couleur (la seule existante) et je suis d'avis que le dessin de Richard Guérineau est bien plus lisible comme ceci. Bref, une très belle surprise pour cet opus, et là, oui je serai sans hésitation pour le tome 3, conclusion de ce récit. D'où une hausse de ma note initiale
Bon, on est plus sur un 3,5/5, c'est juste que je ne note qu'un seul tome sur les trois à paraître et que l'histoire est donc incomplète, mais il y a là un merveilleux potentiel pour se diriger tout droit vers le chef-d'œuvre ! Une nouvelle bande dessinée d'Alain Ayroles, c'est toujours la fête pour un bédéphile. C'est donc tout naturellement que je me suis précipité en librairie et je n'ai pas trop été déçu ! Encore une fois, Ayroles accouche à la fois d'un bel objet et d'une histoire puissante. Les jeux de pouvoirs et de domination qu'il met en scène sont savamment mis en place avec l'art qu'on lui connaît. Ses personnages sont intelligemments écrits, et même si on est parfois dans le domaine de la caricature, il sait faire sortir les protagonistes de cette ornière. Ainsi, notre perception des personnages principaux change constamment, au fur et à mesure qu'on découvre leurs vilenies ou leur excessive naïveté. L'univers du XVIIIe siècle français est en cela très bien rendue, avec l'hypocrisie qu'on lui connaît. L'auteur menace toutefois régulièrement de réduire le siècle des Lumières à cette hypocrisie, et c'est à mon sens un peu dommage, car il bénéficie quand même d'une richesse culturelle indéniable. Certes, Ayroles la met bien en scène mais toujours à travers ce prisme de l'hypocrisie d'une élite déconnectée du vrai peuple. D'un côté, on est contents de voir cette description d'une noblesse d'Ancien Régime, qui n'invoque le progrès, la philosophie et la culture que pour mieux se conforter dans un entresoi détestable, à milles lieues des vertus invoquées au sein même d'une religion affichée qui ne signifie plus rien à leurs yeux, ou d'un athéisme étonnamment plus dogmatique encore que la religion qui le précéda. D'un autre côté, le récit aurait pu laisser davantage de place à ces gens honnêtes, égarés dans ce monde qu'ils ne peuvent plus comprendre et qui refuse de leur accorder la moindre attention. A voir, toutefois, comment les personnages et le récit évolueront, car on est habitué avec cet auteur à voir nos sentiments évoluer du tout au tout entre le début et la fin de ses histoires. Il est donc impossible à l'heure actuelle de dire si son chevalier de Saint-Sauveur restera aussi détestable qu'il ne l'est jusqu'à la fin, ou s'il trouvera une forme de rédemption au contact du Nouveau Monde. Ce contact avec le Nouveau Monde est d'ailleurs une des grandes surprises du récit pour ma part (mais révélé dès la lecture de la 4e de couverture, puisqu'il suffit de lire le titre des deux tomes à venir pour le comprendre). Je ne m'attendais pas à ce que le récit explore le lien entre l'Ancien Régime et les colonies américaines, cela promet un récit captivant par la suite. En même temps, cette idée de mettre en scène les territoires outre-Atlantique est à mon avis une des limites de la bande dessinée, dans le sens où on est obligé de faire la comparaison avec Les Indes fourbes, et de constater que celui-ci en jouerait presque le rôle de préquelle s'il ne prenait place quelques siècles après. En effet, on a constamment l'impression d'avoir déjà lu quelque part cette histoire de fripouille magnifique (mais plus ignoble ici) qui touche la gloire, déchoit et s'exile de l'autre côté de l'Atlantique. Bien évidemment, un auteur a le droit d'écrire des variations sur un thème commun, et il y a en outre fort à parier que le récit des deux tomes à venir s'éloigne largement des Indes fourbes, mais à la lecture de ce premier tome, je trouve qu'il y a trop de points communs pour avoir l'impression de lire une histoire vraiment originale. C'est ce qui explique que je ne sois pas (encore ?) monté à 4 étoiles sur 5. Au dessin, Richard Guérineau n'a pas le génie de Juanjo Guarnido, mais il a néanmoins une jolie patte graphique, qui colle bien avec l'univers d'Ayroles. Manquant peut-être un peu de finesse par rapport au raffinement extrême du XVIIIe siècle français, je pense qu'en revanche, le dessin sera parfaitement adapté aux décors du Canada qui nous attendent dans les tomes à venir. Elégant, mais brutal quand il le faut, le dessin de Guérineau accompagne en tous cas parfaitement les retournements de situation et autres jeux de manipulation sournoise qui ponctuent le récit. Bref, donc un premier tome qui finit nécessairement sur un cliffhanger (très réussi) rendant l'exercice de la critique compliqué, car on a bien conscience de ne pouvoir commenter qu'un tiers d'une histoire qui cache probablement encore la majorité de ses enjeux et de son potentiel. On est donc d'autant plus pressé de voir la suite arriver. En espérant qu'elle sera au niveau des prémices posés ici !
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