Comme un oiseau dans un bocal - Portraits de surdoués

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)

Lou Lubie mêle habilement narration et vulgarisation scientifique pour dresser le portrait croisé de deux surdoués.


Douleurs intimes La BD au féminin

Après les très remarqués Et à la fin, ils meurent et Goupil ou face, Lou Lubie continue de mêler habilement narration et vulgarisation scientifique pour dresser le portrait croisé de deux surdoués. On parle beaucoup des enfants précoces, mais que deviennent-ils une fois adultes ? Birdo, brillant chef de restaurant, discret et solitaire, sait qu'il est surdoué depuis tout petit. Raya, prise dans une vie qu'elle sabote inconsciemment, cherche des réponses dans son diagnostic tout récent de « Haut Potentiel Intellectuel ». En confrontant leurs expériences, ces deux êtres singuliers vont repenser leur rapport à la douance.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Septembre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Comme un oiseau dans un bocal - Portraits de surdoués © Delcourt 2023
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)
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15/08/2023 | Blue boy
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L'avatar du posteur Tomdelapampa

On ne présente plus Lou Lubie, qui à l’instar de Nancy Peña, jouit d’une réputation méritée sur le site. Pourtant je n’ai lu cet album que tout récemment via emprunt, lors de sa sortie un trop rapide feuilletage ne m’avait pas emballé graphiquement, je m’étais dit c’est quoi cette tête en poisson bocal ?! On est pas dans Umbrella Academy. Bref no comment sur ma bêtise, c’est franchement bien et l’auteure est définitivement à suivre. Elle possède une patte assez extraordinaire, son style faussement simple et d’une fluidité absolue. Je suis impressionné de la quantité d’infos qu’elle arrive à faire passer sur des sujets complexes de manière didactique et distrayante. Si je regrette un petit manque d’humour et d’émotions cette fois, la lecture n’en reste pas moins de haute volée. Finalement son parti pris graphique est on ne peut plus adéquat. Pas de coup de cœur cette fois mais un tome toujours aussi limpide et intéressant.

27/05/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
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Après toutes les autres lectures de l'autrice, je ne pouvais pas laisser passer ce nouvel album de Lou Lubie dont une seule de ses BD manque dans mes étagères. Après avoir parlé des Cyclothymiques dans Goupil ou face, elle évoque ici la question des HPI, terme que l'on entend souvent associé à des parents parlant de leur progéniture, mais qu'on connait très mal. Et je suis toujours charmé de voir ce qu'elle est capable de nous faire comme réalisation : une BD didactique simple et claire, parlant d'une petite histoire de rencontre entre deux êtres, Raya et Birdo, l'oiseau et le poisson, qui racontent leur vie, leur différence, le tout enrobé dans une petite histoire sympathique. Que dire que je n'ai pas déjà dit dans les autres critiques ? C'est une autrice que j'adore parce qu'elle est très clair dans son propos, citant articles et recherches, retraçant l'histoire de ce neuroatypisme, tout en nous racontant une histoire touchante de deux personnes se rencontrant et se découvrant en parfaite harmonie. Le plaisir vient de ces personnages touchants qu'on découvre, la différence qui est progressivement expliqué, et l'empathie qui est alors possible avec ces deux jeunes gens qui souffrent de l'ignorance de leur condition. Comme à chaque fois, Lou Lubie sait se faire inventive dans le dessin. Ici c'est particulièrement Raya, avec cette image de poisson dans un bocal servant de tête qui permets une jolie métaphore tout en restant parfaitement lisible. Je n'ai jamais eu l'impression que le dessin devenait étrange, l'utilisation est maitrisée et donne souvent l'illusion du visage. D'autre part, les parties plus précises sur les HPI sont parfaitement clairs et lisibles malgré l'accumulation d'informations et de graphiques. Pour moi, nous avons ici quelque chose qui correspond parfaitement à ce que Lou Lubie a déjà pu nous proposer auparavant, et j'en suis très heureux. C'est simple, efficace, précis, on en ressort plus instruit et peut-être un peu plus empathique, mais pour autant c'est un plaisir de lecture aussi. Les personnages sont attachants et leurs histoires, même fictive, fait terriblement juste. Une nouvelle réussite pour une autrice que je continue de trouver géniale !

18/01/2024 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
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Bon, je ne vais pas m'étendre sur cette BD. Je partage globalement l'avis de Blue Boy. En quelques mots, je dirais que le trait est sympatoche et alerte, qu'il y a des trouvailles graphiques très bien senties (la tête de Raya avec le poisson dans le bocal, j'adore !!!), que cette BD offre une opportunité de découvrir la particularité des neuro-atypiques (ce n'est ni un trouble, ni une pathologie), et à ce titre reste tout à fait susceptible d'orienter les lecteurs qui d'aventure se sentiraient concernés. En outre, il y a quand même un petit scénar là au milieu qui ne donne pas du tout l'impression d'être artificiel, mais au contraire est la colonne vertébrale de cette BD doc, tout en apporte un peu de cette fluidité qui fait parfois défaut aux BD docs. Un excellent portrait, un paysage complet des zèbres HPI qui évite les poncifs... C'est très bien, et je suis persuadé que ce titre, contrairement à beaucoup d'autres, a une utilité, qu'il apportera des réponses, ouvrira un chemin. Bref ! Ce n'est peut-être pas une BD qui concernera beaucoup de gens, mais est-ce son but ? Elle concernera cellezéceux qu'elle doit concerner, à coup sur, et c'est déjà une beaucoup.

02/11/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
L'avatar du posteur Blue boy

Au vu de sa bibliographie, Lou Lubie semble s’être fait une spécialité des sujets liés aux différences et aux particularités psychiques. Et pour cause : elle-même est atteinte de cyclothymie, un trouble bipolaire qu’elle évoque dans Goupil ou face et qui a forcément accru cette empathie pour les êtres à part qu’elle exprime à travers son art. Dans cette bande dessinée didactique aux airs de romance animalière, l’autrice aborde la question des HPI, autrement appelés « surdoués », « zèbres » ou « précoces ». On y apprend pas mal de choses qui inévitablement font évoluer notre regard sur ces derniers, qui ne sont pas forcément, laissons de côté le cliché, des petits Einstein (et d’ailleurs, Einstein lui-même fut un élève difficile dans sa scolarité). Birdo, le personnage principal aux faux airs de Calimero, l’exprime très bien par cette jolie métaphore : « Ma tête est comme un ciel qui scintille en permanence ». Car en effet, leur cerveau fonctionne de façon très différente et semblent constamment en activité, au détriment de leur sociabilité du fait de leur hypersensibilité et de leur émotivité. Ce don à double tranchant peut facilement entraîner leur isolement et provoquer chez eux un fort sentiment de solitude. De plus, ils n’ont pas toujours conscience de leur particularité et peuvent avoir tendance à se sous-estimer, comme c’est le cas avec la jeune fille « poisson », Raya. La bonne idée de Lou Lubie est d’avoir utilisé ces traits de caractère pour construire une narration toute en sensibilité, évitant l’écueil de l’idylle trop prévisible. Les deux personnages se limitent à une relation, qui tout en étant fusionnelle (un surdoué pourra difficilement être mieux compris que par un autre surdoué), demeure platonique, et intégrera même le compagnon de Raya au QI normal dans une sorte de ménage à trois. L’autrice a su ainsi trouver le bon équilibre entre romance et didactisme. Le dessin très minimaliste, sous ses allures gentillettes, peut donner l’impression de viser un public jeune, mais il dissimule en réalité un propos très adulte, et accessoirement des conseils judicieux aux parents concernés. Car les paroles vis-à-vis de ces enfants hypersensibles auront une importance capitale dans leur construction. Par exemple, une simple inversion des sujets résonnera de façon très différente. Dire, comme le fait avec intelligence la mère de Birdo : « Les autres enfants ne sont pas comme toi » au lieu de « Tu n’es pas comme les autres », n’aura pas tout à fait le même impact dans la tête de la progéniture… Sur le plan du dessin encore, Lou Lubie sait insuffler une poésie délicate (qui révèle de fait sa grande sensibilité), avec cette image originale, peut-être déroutante mais très parlante, d’un bocal renfermant un poisson en guise de tête pour le personnage de Raya. Inspiré par des « ami.e.s surdoué.e.s » de l’autrice, « Comme un oiseau dans un bocal » s’inscrit dans la lignée de ces ouvrages altruistes tentant de développer chez le lecteur une empathie vis-à-vis des singularités, à l’image de La Différence invisible (sur l’autisme, par Julie Dachez & Mademoiselle Caroline) ou de "Ce n’est pas toi que j’attendais", (sur la trisomie, par Fabien Toulmé, le but étant non seulement de nous rendre moins bêtes — à défaut d’augmenter notre QI —, nous les « normopensants », mais aussi, sans doute, de rendre le monde plus supportable pour les personnes qui possèdent une appréhension différente des choses.

15/08/2023 (modifier)