La Princesse du Château sans Fin (The Princess of the Never-ending Castle)

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

C'est l'histoire d'un monde qui se divise en millions de petits mondes infinis, comme dans un thème classique de la science fiction : les mondes parallèles.


Ero-Guro Seinen Séries avec un unique avis

Bien que des histoires de mondes parallèles ont été écrites à travers de nombreux médiums, La Princesse du Château sans Fin propose une nouvelle manière de montrer ces mondes superposés, par le prisme du château médiéval, symbole de la puissance des shoguns. On y retrouve les éléments forts des mangas de Kago : virtuosité de la composition, sexe grotesque et gore, réécriture d'événements historiques, dessins et décors totalement fous.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Février 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Princesse du Château sans Fin © Huber 2022
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

28/08/2023 | Ro
Modifier


Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

C'est le premier manga de type ero-guro que je lis. Pour qui ne connais pas le terme, ce sont des manga pour adultes aux thèmes très spéciaux, très japonais, mélangeant érotique et gore avec un sens du grotesque qui touche à l'horreur et à la fascination. Détestant la violence, je n'ai jamais été attiré par ce genre. Mais c'est la beauté graphique et le bel album grand format avec sens de lecture à l'occidentale qui m'ont attiré vers La Princesse du Château sans Fin. Et j'ai été agréablement surpris sur bien des registres. Pour commencer, il y a la qualité esthétique de l'objet. Le dessin de Shintaro Kago n'est pas techniquement parfait, certains visages sont un peu étranges, mais il est néanmoins très doué et il excelle surtout dans ce qui fait la particularité de son histoire : des fusions architecturales et autres déformations corporelles. Il y a d'une part ses décors de château japonais historique, avec force détails réalistes et des personnages en tenue d'époque. Mais ces fameux châteaux historiques sont étirés à l'infini en hauteur, puis courbés, éclatés, fusionnés... Et il en de même des corps humains : quand ce ne sont pas des tortures horribles, à base de découpes nettes ou moins nettes, ce sont des corps transformés, fusionnés, dédoublés, rendus grotesques. Le tout est fait avec un dessin propre, maîtrisé, esthétique... C'est horrible et beau à la fois. Et la mise en scène est très fluide : ça se lit très bien. Puis il y a l'histoire... à la fois folle et en même temps nettement plus logique et linéaire que je me l'imaginais. Elle reprend le principe du multivers : dans un univers le seigneur du château a tué le traitre qui voulait prendre sa place, dans un autre le traitre a réussi et est devenu le nouveau seigneur. Puis dans la continuité de ce second univers, un fidèle de l'ancien seigneur tue et remplace le traitre, tandis que dans une autre continuité, le traitre sauve sa tête et reste en place. Et ainsi de suite. Au fur et à mesure de ces possibilités se crée une infinité d'univers différents, de châteaux différents. Sauf que plutôt que de former des univers séparés, c'est le château lui-même qui se divise physiquement à chaque nouvelle continuité et qui continue à grandir, formant ainsi une infinité de châteaux de plus en plus hauts, à l'intérieur desquels la vie s'organise en structure verticale, avec chaque niveau dédié à une activité spécifique, et le seigneur tout en haut. Et ces châteaux restent reliés entre eux à l'étage auquel a eu lieu leur division pour former un étrange ensemble organique et architectural. Si sur le fond l'intrigue est une histoire de vengeance, l'épouse de l'ancien seigneur cherchant à se venger de l'usurpateur, ce cadre loufoque mais logique dans sa structure interne offre une foule d'originalités, notamment les résultats fantasmagoriques de ce qu'il advient des corps humains quand ils tentent de traverser la division entre deux châteaux. A cela s'ajoute l'horreur des tortures d'époque pratiquées par les tortionnaires du seigneur, en particulier la fameux lingchi qui consiste à entailler et retirer successivement, par tranches fines, des muscles et des organes du condamné, qui ajoutent à l'aspect terrible et grotesque de ce qu'il advient des corps humains dans cet ouvrage. Et surviennent aussi quelques scènes érotiques et de sexe cru pour ajouter la dimension érotique à l'ensemble, même si nous sommes ici plus dans le sexe au sens animal du terme que dans de l'érotisme subtil. Terrible, gore et repoussant, mais en même temps fascinant par la beauté esthétique et la clarté du dessin, par les idées étranges qui traversent l'esprit de l'auteur et de son récit. Et le tout est réalisé avec une narration claire, des dialogues et comportements très humains : il y a une vraie histoire, avec de l'action et des rebondissements. La fin est toutefois un peu abrupte ; certes elle offre un spectacle visuel en apothéose apocalyptique, mais j'ai eu l'impression que la narration se stoppait net et qu'il manquait une ou deux pages de conclusion pour donner un point final à l'ouvrage. Je reste toujours étranger à l'attirance qu'on pourrait ressentir envers l'ero-guro mais j'ai été agréablement surpris par cet album qui est beau, bien construit et qui présente des idées qui ne manquent pas d'intérêt tant dans la forme que dans le fond.

28/08/2023 (modifier)