L'Âme au bord des cheveux

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Pour la première fois, Séra, auteur franco-cambodgien, nous livre un récit autobiographique d'une incroyable force.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Documentaires Indochine Mirages

En khmer, avoir « l'âme au bord des cheveux » signifie « être mort de peur ». Séra l'a bien été quand, le 17 avril 1975, Phnom Penh est tombée aux mains des Khmers rouges. S'il a grandi à l'abri au domaine familial, entre deux cultures, ce jour-là, tout a basculé... L'auteur explore aussi la complexité des événements qui ont conduit à la chute de la capitale et le rôle qu'ont tenu les Français.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Février 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Âme au bord des cheveux © Delcourt 2023
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

09/09/2023 | bamiléké
Modifier


Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Séra a publié plusieurs albums sur le génocide Cambodgien, celui-ci s'inscrit dans la droite ligne des autres mais en commençant par l'exposition de cette dictature, sa formation dans le début des années 70 et son installation au pouvoir avec l'aide de la guerre au Vietnam qui installe une déstabilisation de tout les pays alentours. Séra utilise une technique de dessin qui donne un aspect presque photographique à l'ensemble, avec des touches de couleurs et des arrières-plans qui donnent un aspect brouillon si on le regarde de loin, mais qui se précise quand on regarde l'ensemble. C'est toujours lisible, mélangé aux extraits de journaux, photographies d'époques et autre documents d'époque. Le but ici est à la fois de retracer fidèlement la chute de Phnom Penh par les Khmers rouges, mais aussi d'expliquer son enfance et la dureté de ce qu'il a vécu alors qu'il a été évacué d'urgence. L'un des aspects est aussi de critiquer l'absence d'aide internationale alors que cette guerre se termine et que commence une des pires dictatures du monde. La BD est à charge, mérité sans aucun doute. Je note aussi que la partie autobiographique permet de comprendre à quel point tout cela s'est joué vite et sans que les personnes présentes n'ait une réelle conscience des enjeux. La mère et le père de Sera n'auront pas le temps de s'enfuir à temps et il n'y aura finalement des survivants que grace à un concours de circonstances et une grande chance avec l'ambassade de France. Mais je suis moins enthousiaste que d'autres lectures, déjà parce qu'elle est plus cernée dans le temps (et restreinte) mais aussi parce qu'elle ne concerne que le début de la période et qu'elle s'accompagne surtout d'autres ouvrages, sans doute ceux de l'auteur. En l'état, c'est plus un tome d'introduction à cette guerre et surtout une première approche qui permet ensuite de prendre conscience de l'ampleur de ce qui s'est joué dans cette région du monde.

27/07/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Je ne connaissais pas l'oeuvre de Séra. J'ai lu qu'il a déjà une impressionnante bibliographie sur le drame cambodgien. Cette série est dans la continuité de son réquisitoire contre la barbarie khmer rouge dont il a eu à subir les crimes. Ici il mêle d'une façon très sensible des éléments autobiographiques aux événements d'une histoire qui a dépassé des millions de personnes broyées par une Histoire façonnée par une minorité animée d'une idéologie criminelle atroce. L'élément romanesque n'est pas présent dans le récit. Séra nous livre un reportage conçu à partir de souvenirs d'enfance et d'adolescence, de revues de presse, de discours politiques ou d'oeuvres d'art (film, chansons ou romans) qui reflètent l'esprit de l'époque. On retrouve dans la série un grand nombre des personnalités qui sont intervenues dans cet épisode historique, homme politiques, soldats, journalistes partagent le triste quotidien d'une population et d'une civilisation que l'on mène au génocide. J'y ai retrouvé l'ambiance d'un de mes films préférés (La Déchirure/ The Killing Fields) qui m'avait bouleversé. L'émotion que j'ai ressenti à la lecture du récit de Séra montre que mon indignation et mon empathie pour ce peuple opprimé n'a pas diminué d'un pouce. Le graphisme de Séra travaille dans un réalisme quasi photographique. L'auteur s'ingénie à proposer des plans qui donnent l'impression d'un reportage sur le vif, avec des images volées ou chocs. Cela immerge le lecteur/rice dans cette atmosphère de folie meurtrière que rien de raisonnable ne saurait arrêter. Un vrai moment d'histoire qui ne concerne pas seulement un petit pays du Sud-Est asiatique mais l'ensemble de la politique mondiale menée par les "Grands ?" et qui est potentiellement encore d'actualité. Un ouvrage qui m'invite à découvrir plus avant l'oeuvre de Séra.

09/09/2023 (modifier)