Goiter

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Clairement influencé par Chris Ware et Daniel Clowes, Josh Pettinger ne se contente pas d'un hommage sans envergure. Goiter, brillant recueil d'histoires courtes, révèle un auteur brillant, à l'esthétique très personnelle et avec un sens inné de la narration.


Auteurs britanniques Les petits éditeurs indépendants

Ses histoires, kafkaïennes, oscillent entre réalisme noir, science-fiction et dystopie. Elles ont en commun de traiter avec ironie et un sens de l'humour glacé de l'absurdité de la condition des personnages, du vide de leur existence, ou de leur impuissance face à leur destin. Elles sont à la fois intemporelles et très actuelles. On y croisera pêle-mêle un catcheur père de famille aux moeurs contestables, une jeune femme prête à beaucoup de renoncements pour trouver l'amour, un humoriste un peu triste qui sera confondu avec un serial killer, ou encore des femmes pompiers au caractère bien trempé. Bref, un régal.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Septembre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Goiter © Ici Même 2023
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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14/09/2023 | PAco
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Par Blue boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue boy

Dans l’univers de Josh Pettinger, auteur britannique vivant aux USA, les protagonistes très kafkaïens apparaissent comme écrasés par le poids de leur destin, résignés à accepter leur piètre condition, coincés dans un système aliénant avec peu d’échappatoires. La vie est souvent cruelle pour ces « losers » qui peinent à trouver leur place dans un monde pas fait pour eux, un monde qui souvent paraît trop absurde pour satisfaire leurs attentes et leurs désirs, si tant est qu’ils en aient. A quoi bon lutter, puisque la réalité narquoise viendra toujours leur rappeler leur inaptitude à s’épanouir ? Alors, quand la situation semble si désespérée, que les codes sociétaux se font les ennemis de votre nature profonde et que toutes les techniques éprouvées de développement personnel n’y peuvent rien changer, l’humour s’impose comme le dernier recours. L’auteur n’en manque pas, même si avec lui on n’est pas toujours sûr du moment où on doit rire, car c’est un humour très noir — et souvent absurde comme il se doit. Mais certains passages ne manquent pas de piquant, et sont franchement cocasses, ou plutôt tragi-comiques. On pense notamment au pauvre William qui devient fumeur invétéré en acceptant de participer à une étude sur le sevrage tabagique. Mais le récit le plus édifiant — et le plus long aussi — est incontestablement « Victory Squad », qui raconte les déboires d’un employé d’un site de vente en ligne – on aura très vite reconnu Amazon même si la multinationale n’est jamais citée —, et décrit un univers concentrationnaire, terrifiant et pourtant si réel, où l’Homme est devenu le serviteur des machines. Josh Pettinger a décidé de transcender les absurdités d’une société implacable par le biais de son art, et celle qu'il dépeint n’est rien d’autre que le miroir déformé, « goitreux » (passez-moi l’expression), de la nôtre, celle que l’on expérimente au quotidien, mais en plus soft car adoucie par sa poésie ! Il en résulte un objet quelque peu ovniesque où l’on n’accède pas si aisément. Cet univers un brin étrange, trop ordonné en apparence pour être honnête, ne révèle pas toutes ses clés au premier venu, et même quand on croit être rentré dans une des histoires qui composent ce recueil, il y a toujours un moment où Pettinger va faire un pas de côté pour mieux nous perdre. N’en va-t-il pas ainsi de notre monde qui, alors que, l’expérience et l’âge aidant, on croit en appréhender mieux les rouages, finit par nous échapper en bifurquant vers l’impensable, en dehors de toute rationalité et de toute logique ? Peut-être pour compenser le propos pour le moins désenchanté, Josh Pettinger réussit à nous charmer avec son graphisme rafraichissant mêlant art naïf tendance comics underground et imagerie fifties, assorti à une mise en page en gaufrier et des couleurs à dominante pastel. Pettinger, c’est un peu comme si Charles Burns voire Daniel Clowes (en moins cérébral) avait fusionné avec Pierre La Police (en plus cérébral). On est parfois décontenancé, souvent amusé, et c’est tout ce qu’on aime. « Goiter », c’est d’abord une belle découverte, qui a même reçu l’approbation de Crumb. Autant dire qu’il faudra suivre avec attention cet auteur prometteur, qui, nous apprend l’éditeur, travaille actuellement sur la série « Werewolf Jones & Sons », en collaboration avec Simon Hanselmann. Bien sûr, je pourrais difficilement y mettre un coup de cœur, car il pourrait désarçonner nombre de lecteurs (et par conséquent ma crédibilité serait passablement ébranlée, ha ha), en particulier ceux qui voient la vie comme un doux chemin tapi de roses parfumées… En revanche, les plus lucides (et donc les moins optimistes) seront sans doute ravis d’une telle lecture qui leur mettra du baume au cœur en les faisant, peut-être, se sentir moins seuls.

26/03/2024 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
L'avatar du posteur PAco

C'est avec cet album que je découvre le travail de Josh Pettinger. Ouvertement inspiré des auteurs indé' américains tels que Chris Ware ou Daniel Clowes, "Goiter" nous propose une suite de courts récits plus ou moins entrecroisés qui composent un univers singulier et intrigant. Initialement auto publiés en 8 fascicules, cet album regroupe les 7 derniers. L'auteur le présente comme comme une « anthologie en quête d’humour dans une vie de calvaire.» Il est vrai que ses histoires nous entraînent dans les pas de loosers plus ou moins névrotiques où l'amour semble une quête bien vaine, sinon compliquée... Difficilement situables dans le temps, leurs aventures plus ou moins dystopiques nous dépeignent l'absurdité et de notre difficile société et la vacuité de nos existences. Présenté comme ça, on pourrait se dire qu'on va se taper une bonne tranche de rigolade version Valium, mais point du tout ! Ce graphisme très tranché et emprunté et le savoir faire narratif de Josh Pettinger donnent à cet album la force nécessaire pour embarquer le lecteur dans ses délires même si comme souvent dans ce genre d'exercice, toutes les histoires n'ont pas la même force et certaines sont même un peu absconses. Au demeurant j'avoue avoir passé un agréable moment de lecture et surtout découvert un auteur dont on devrait réentendre parler dans les années à venir ! A suivre donc !

14/09/2023 (modifier)