Young gods
À une autre époque, dans le palais des dieux, Heros est tracassé. Il doit se marier à Celestra, princesse d’un autre panthéon divin. Il évoque son malaise à son meilleur ami. Tous les deux décident alors d’aller boire un verre avant de partir chasser les dragons. En route, ils croisent Adastra, la sœur de la mariée à la chevelure rousse flamboyante. Tous les trois partent alors en direction du troquet le plus proche… Plus loin, Otan, le père tout puissant, rappelle à son Grand Vizir l’importance capitale de l’union de son fils Heros avec Celestra, un mariage à l’enjeu bien plus important qu’il n’y paraît…
Auteurs britanniques Edition participative Fantagraphics Books Les petits éditeurs indépendants
Barry Windsor-Smith a grandi avec les comics de Jack Kirby. Avec Young Gods, il imagine une histoire s’inspirant de la dimension mythologique des séries Thor ou New Gods du Roi des Comics. Le monde qu’il nous présente se veut un croisement entre la Grèce antique et New Genesis. L’utilisation du langage tend parfois vers un littéraire à la Stan Lee lorsque ce dernier faisait s’exprimer les dieux asgardiens. Young Gods est un mélange subtil entre une pièce shakespearienne et une bande dessinée cosmique de Kirby. Après deux années chez Valiant, Barry Windsor-Smith décide de lancer chez Dark Horse une revue ambitieuse : Storytellers, dans laquelle il publie trois titres originaux : Young Gods, Freebooters et Paradoxman. Après quelques numéros, la publication (malgré un contenu et un format original) s’arrête faute de succès. Fantagraphics propose alors quelques années après à l’auteur de ressortir ces créations complétées par des chapitres inédits et de l’éditorial.
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Date de parution | 25 Août 2023 |
Statut histoire | One shot (Série abandonnée dont vous ne connaîtrez pas la conclusion.) 1 tome paru |
Les avis
Exquis - Ce tome reprend les épisodes parus dans Storyteller 1 à 9 d'octobre 1996 à juillet 1997, ainsi qu'un prologue intitulé The pizza story mettant en scène Adastra, les épisodes 10, 11 et 12 (inachevé pour ce dernier), des annotations de Barry Windsor-Smith, une début de tentative de clore le récit, le synopsis de la fin de l'histoire, et un début d'histoire parue avant, mais se déroulant après. Pizza story - Adastra (une déesse du panthéon Orgasma) s'est réfugiée sur terre et se lance dans la livraison de pizza à domicile. Malheureusement, le pizzaiolo est arrêté par la police suite à un malentendu, et l'aide qui arrive pour rédiger d'étranges invitations perd tous ses moyens devant la beauté d'Adastra. Épisodes 1 à 12 - À une autre époque, dans le palais des dieux, Heros est songeur, il doit épouser Celestra le lendemain, la fille de la reine d'un autre panthéon de dieux. Il discute de son malaise avec Strangehands, son meilleur ami. Pendant ce temps là, une flopée de chérubins conçoit la tenue de la mariée sur Celestra qui papote avec Adastra, sa soeur. Alors qu'Heros et Strangehand ont décidé d'aller boire un coup avant d'aller chasser les dragons (pour enterrer la vie de garçon d'Heros), ils croisent Adastra en train de gesticuler comme une folle, pour se débarrasser d'un chérubin caché dans sa chevelure rousse flamboyant. Ils décident d'aller boire ensemble tous les trois. Ailleurs, Otan, le père tout puissant du panthéon d'accueil, rappelle à son Grand Vizir l'importance capitale de l'union de son fils Heros avec Celestra. Sur ces entrefaites, la reine Organa (la mère de Celestra) arrive pour exiger la présence du futur époux auprès de la promise qui se languit. Il s'agit essentiellement d'une comédie mettant en scène des dieux archétypaux, avec une femme n'ayant pas la langue dans sa poche, dans un environnement onirique, avec un soupçon de romantisme. Dès le premier épisode, la personnalité d'Adastra rayonne de chaleur et domine le pauvre Aran complètement empêtré dans son système de valeur. Adastra a acquis un parler légèrement argotique et très terrestre, alors qu'Aran s'exprime en termes choisis et fleuris dans un parler shakespearien. Il adore la déesse Isis, et il idolâtre Adastra comme une déesse (mineure par rapport à Isis, mais déesse quand même). Or les vœux de chasteté qu'il a prononcés font mauvais ménage avec la sensualité d'Adastra. Il s'en suit un dialogue savoureux entre les 2, irrésistible grâce à la mise en scène et au langage corporel d'une expressivité redoutable. La candeur et la jeunesse irradient du visage d'Aran, alors que la compassion et l'agacement agitent le visage d'Adastra de manière contraire. Après cette entrée en matière piquante et sophistiquée, l'histoire commence pour de bon dans un lieu évoquant un croisement entre des temples grecs et New Genesis des New Gods de Jack Kirby (d'ailleurs chaque épisode commence par la même dédicace à Jack Kirby). Dans ce panthéon fictif composé de dieux imaginaires, Heros est un individu tout entier dévoué à ses devoirs, et très sérieux. le caractère de Strangehand est plus difficile à cerner au départ, si ce n'est qu'il joue le rôle de confident et d'ami sûr. Dès son apparition, Adastra accapare la scène par son caractère bien trempé et expansif. Car il s'agit bien d'une scène, les personnages (sauf Adastra) s'expriment comme dans une pièce de théâtre et leur jeu de scène révèle une grande sensibilité de la part de Barry Windsor-Smith quant au jeu des acteurs. le lecteur pense au théâtre du fait de l'aspect littéraire des textes qui évoquent le langage dérivatif créé par Stan Lee pour faire s'exprimer les dieux d'Asgard, ou les dialogues un peu empesés des New Gods ou des Eternals écrits par Jack Kirby, mais en plus vif, plus alerte et plus enjoué. Et l'avantage de la bande dessinée, c'est que les costumes peuvent être aussi exubérants qu'imaginatifs, et les décors aussi bien classiques qu'Art Nouveau. Les personnages peuvent évoluer à leur guise sans les limites physiques d'une vraie scène. Et de temps à autre, Windsor-Smith se lâche le temps d'une pleine page magnifique qui marie la délicatesse, avec les détails, une capacité surnaturelle à rendre les textures et les jeux de lumière. De la même manière que le théâtre peut mettre en évidence la nature humaine par des biais artificiels (jeu légèrement exagéré des acteurs pour passer la rampe, costumes inexistants ou au contraire plus riches que nature, décors en carton-pâte, textes très travaillés), Windsor-Smith utilise une partie de ces artifices pour faire exister ses personnages au-delà du papier. Après avoir refermé ce livre, je me suis surpris à repenser à plusieurs reprises à ces personnages extraordinaires habités par des émotions très humaines, doté d'un humour léger et touchant. BWS manie un humour léger et élaboré qui se manifeste aussi bien par la juxtaposition d'émotions antagonistes, que par de minuscules chérubins facétieux. Bien sûr, cette lecture vaut plus par le voyage qu'elle propose que par sa destination. Cela tient lieu d'abord à la nature de la publication originelle en courts épisodes mais aussi à la fin de cette aventure éditoriale. Barry Windsor-Smith (BWS en abrégé) insère plusieurs pages de textes expliquant le contexte de cette histoire. Il estimait en se lançant dans Storyteller, un magazine mensuel de 32 pages de bandes dessinées, qu'il apportait une vision neuve au monde des comics et l'opportunité de séduire un public plus mature. Après 9 numéros, l'éditeur originel a informé Windsor-Smith que ce projet n'était pas économiquement viable et qu'il cessait la publication de cette série. Malgré plusieurs tentatives, BWS n'a jamais réussi à se réinvestir dans ces personnages pour mener à terme leurs aventures. Cette édition comprend un synopsis d'une page qui explique la fin prévue à l'épisode 17. Il comprend également une histoire appelée "The party" dans laquelle les héros de Young Gods, de Freebooter et de Paradoxman se croisent à une soirée pour commenter sur l'arrêt prématuré de leurs aventures. Il comprend la tentative avortée de 5 pages de terminer l'histoire. Young gods & friends est un récit à nul autre pareil qui évoque un croisement entre une pièce shakespearienne, un comics cosmique de Jack Kirby et une comédie sophistiquée de Frank Capra ou même la gentille dérision de Jacques Tati (M. Hulot fait apparition remarquée dans l'épisode 5). Les illustrations évoquent aussi bien Jack Kirby, que l'Art Nouveau ou les peintres préraphaélites tels Dante Gabriel Rossetti. Barry Windsor-Smith fait siennes les valeurs des préraphaélites : aimer ce qui est sérieux, direct et sincère dans l'art du passé, rejeter ce qui est conventionnel, auto-complaisant et appris dans la routine, faire du beau, faire des dessins minutieux privilégiant les détails, naviguer entre la littérature et la poésie. Les personnages existent comme rarement. Chaque personnage livre un numéro d'acteur éblouissant. Et si l'on ne peut être que navré que Barry Windsor-Smith n'ait pas pu terminer son œuvre, la magie du voyage proposé transporte le lecteur dans un monde onirique enchanteur. Une deuxième série de Storyteller a eu droit à une réédition : The Freebooters. Et Adastra a été mise en vedette dans Adastra in Africa.
Un album surprenant à plus d'un titre. La couverture intrigue déjà beaucoup. Une jeune femme en tenue de guerrière, elle est à vélo au milieu des voitures à livrer des pizzas, sans oublier ce doigt pointé vers le ciel..... Tout d'abord, je tiens à remercier Komics Initiative d'avoir eu l'heureuse idée (merci Ulule) de publier ces histoires dans un grand format et pour la qualité de l'édition. C'est le seul nom de Barry Windsor-Smith qui m'a fait dépenser quelques sous. La genèse de ce comics est compliquée. Au début des années 90, BWS quitte Marvel, il ne se reconnaît plus dans ce qu'on lui propose de réaliser, il veut faire autre chose (Marvel lui a refusé la réalisation d'un projet sur Hulk, tant mieux pour nous, il peaufinera ce projet qui donnera des années plus tard Monstres, son chef-d’œuvre). Il va passer deux ans chez Valiant, puis arriver chez Dark Horse Comics où il va publier la revue Storytellers avec des titres originaux : Paradoxman, Freebooter et ce Young Gods. Après neuf numéros la revue s’arrête faute de succès. BWS quitte fâché Dark Horse, il reproche à son éditeur de ne pas avoir fait la promotion nécessaire au lancement de la revue. Heureusement, Fantagraphics sort en 2003 une intégrale reprenant les neuf premiers chapitres de Young Gods complétés par des chapitres inédits. L'album se termine sur quelques planches de "La fête". Information importante, BWS ayant abandonné la série, même s'il en a dessiné quelques planches en 2001 (voir bonus), vous ne connaîtrez jamais la conclusion de Young Gods, mais ce n'est pas grave, l'essentiel est ailleurs. Il est dans les nombreux bonus que propose cet album, dans les interviews de BWS qui explique les raisons qui l'ont poussé à créer la revue Storytellers et sa vision du monde des comics, les témoignages de personnes baignant dans ce monde de rapaces et enfin dans le courrier des lecteurs. Très instructif. BWS a voulu rendre hommage à son maître, Jack Kirby et principalement à sa série New Gods (Le Quatrième Monde). Cet album commence par une histoire indépendante à Young Gods, mais avec un de ses personnages principaux, la charismatique Adastra princesse d'Orgasma (tout un programme) ! Une petite fable comique sur la religion et le rôle de la femme autour de trois personnages : Adastra, un jeune homme épris de religion et d'un téléphone. Jubilatoire. Voir la première image de la galerie. Pour Young Gods, une trame classique : des dieux et des déesses, des luttes de pouvoir, de l'amour et surtout, des personnages délirants. Tout cela n'est qu'un prétexte à BWS, il veut donner un nouveau souffle au comics, plus adulte et toucher un nouveau public. BWS apporte une vraie modernité au récit, en jouant sur un humour décalé/déplacé, en se moquant du milieu des comics de l'époque, nous sommes en 1997 ("on dirait le Surfer d'Argent avec des couilles"), sur la présence de sexe pour vendre du papier, du rôle de la femme dans la société. BWS intervient même directement dans le récit en tant que personnage, tel un metteur en scène pour diriger ses acteurs et refait jouer la scène différemment au chapitre suivant. Il faut vraiment voir ce récit comme une parodie pour l'apprécier et non comme un récit d'heroïc fantasy pur et dur. Un comics plus profond qu'il n'y parait de prime abord. Une narration maîtrisée avec plusieurs niveaux de lecture, des dialogues qui font mouches et légèrement grivois, mais des phylactères pas toujours évidents à suivre. Graphiquement, on reconnaît de suite le style si particulier de BWS, un peu théâtral, dynamique, puissant, détaillé, au trait précis et à la mise en page savamment orchestré. Une colorisation typique des années 90, elle donne un petit côté rétro à l'histoire. J'adore ! BWS est une mine d'or et Young Gods, une de ses des plus belles pépites. Il ne me reste plus qu'à me procurer Freebooters.
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