Gaston en Normandie

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Après Pauline à Paris, Benoit Vidal confronte les souvenirs de sa grand-mère et de son père aux sources historiques pour reconstituer son 6 juin 1944.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Les petits éditeurs indépendants Roman-photo Témoignages [Seconde Guerre mondiale] Europe de l'Ouest

Il devait être quatre ou cinq heures du matin, et moi j’étais réveillé. C’est curieux parce qu’à cette heure-là, les enfants étaient couchés normalement. Je ne sais pas pourquoi, mais je me vois dans la cuisine et ma mère arrive en me disant : « Mais qu’est-ce que tu fais là ? » Et puis on entendait des bruits, des bruits sourds, très loin. C’étaient les cuirassés qui bombardaient les blockhaus sur la côte. Gaston en Normandie a reçu le prix de la meilleure BD historique 2023 du site Cases d'Histoire.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Mai 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Gaston en Normandie © Flblb 2022
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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17/09/2023 | Ro
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Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Étonnée et agréablement surprise par la lecture de Pauline à Paris de Benoît Vidal, j'avais découvert un roman-photo assez différent de ce que j'imaginais : malin, inattendu, il mêle - les ressources d'archives publiques, (journaux, revues pour enfant, catalogues, cartes, plans, affiches...) - le témoignage oral (avec une retranscription fidèle du souffle du récit grâce aux portraits photographiques qui se succèdent en attrapant les expressions, les phrases bien choisies, associées aux regards silencieux qui font apparaître toute la subtilité du message et la fragilité du personnage interviewé ; dans le précédent opus, il s'agissait surtout de Joséphine, la grand-mère de l'auteur.) - les archives photographiques familiales (les photos de mariage, de communion, de fratries...) - des images plus farfelues, jaillies de l'imagination de l'auteur au moment où il écoute, ou peut-être au moment où il assemble, en tout cas ces quelques incursions graphiques apportent un regard intrigant et personnel qui devient attachant au fil des pages... J'ai donc commandé aux éditions fblbl "Gaston en Normandie" et j'ai retrouvé toutes les qualités de ma première lecture. A la grand-mère se rajoute une seconde source, le père : Gaston. Les deux récits s'entremêlent pour nous présenter un récit du débarquement à Bayeux vu par celles et ceux qui ne combattent pas et qui semblent, dans la guerre des autres, comme des chiens dans un jeu de quilles. Ce récit très intéressant en lui-même, est émaillé de découvertes archivistiques, de photographies du grand-père qui apparait dans un coin, ou même parfois au premier plan. Ces victoires du chercheur lui donnent l'occasion de questionner son père, si effacé lorsque Benoit était petit, sur son propre père, Lucien , qui s'avère être le fils d'un alsacien implanté à Oran, Gustave. Ces destins enchâssés, dirigés par des décisions politiques qui les ont dépassés, contraints et dont ils ont transmis la frustration, la souffrance et même un peu de honte d'être ces fétus de paille dans le souffle de l'histoire. De la colonisation à la guerre d'Algérie en passant par les deux guerres mondiales, les familles françaises ont toutes laissé des plumes dans leurs relations familiales. Des pères traumatisés par des horreurs, absents, blessés voire morts, ont détricotés les rapports familiaux laissant des séquelles sur plusieurs générations; Cette histoire est très personnelle mais en réalité elle fait échos à toutes les familles, cherchez dans votre arbre généalogique et vous trouverez surement un arrière grand-père devenu alcoolique au retour de la guerre, un grand-oncle estropié qui ne s'est jamais marié, un autre qui a perdu un poumon à cause des gaz de combats... Dans tous les cas une douleur qui a rendu difficile la communication avec les enfants. Le plus touchant pour moi a été l'histoire de Lucien qui emmène son fils ado en train quelques années après la guerre, à la recherche du village natal de son père en Alsace et qui ne le trouve pas... Le village avait changé de nom... J'ai trouvé ça plus triste que tout ! Bref Cette BD est un voyage vers la compréhension du passé qui aide à la compréhension de nous-même : nous comprenons avec Benoît que nos sommes le réceptacle de tous ces destins tragiques, notre tristesse est légitime, mais j'ai ressenti ce récit comme une part de réparation envers ces générations sacrifiées... Restons vigilants parce que les politiques sont bien capables de nous remettre la tête sous l'eau guerrière...

02/09/2024 (modifier)