Le Ciel dans la tête

Note: 4.29/5
(4.29/5 pour 7 avis)

Grand Prix de la critique ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée) 2024 Qu’est-ce qu’un migrant ? Une question lourde de sens. Altarriba nous interpelle avec le destin émouvant, mais très réaliste, d’un jeune congolais rêvant de cieux meilleurs. Un coup de pied dans la tête !


Afrique Noire Auteurs espagnols Grands prix de la Critique ACBD Les prix lecteurs BDTheque 2023 One-shots, le best-of Réfugiés et Immigration clandestine

Des mines du Kivu aux mirages de l’Europe, Nivek, l’enfant soldat, arraché aux griffes de la misère par l’appel d’une vie meilleure, traverse une Afrique magique et tragique, d’une violence et d’une beauté à couper le souffle. Les épreuves de ce voyage initiatique le préparent aux périls de la Méditerranée, mais pas aux déconvenues qui l’attendent sur sa rive privilégiée.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Septembre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Ciel dans la tête © Denoël 2023
Les notes
Note: 4.29/5
(4.29/5 pour 7 avis)
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21/09/2023 | Cacal69
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Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Les auteurs montrent la réalité crue de ce que peut potentiellement vivre un immigrant africain qui va essayer de trouver une vie meilleur en Europe. On peut saluer un ouvrage qui parle d'un sujet important et qui va peut-être ouvrir les yeux à certains lecteurs... Sauf que l'on vit dans un monde de plus en plus polarisé et j'ai l'impression que cela va surtout toucher les lecteurs qui pensent déjà comme les auteurs et que les autres vont juste dire que c'est de la propagande ou ne pas lire l'album du tout. Le récit est assez intéressant, il y a des bons passages notamment lorsque le héros devient l'apprenti d'un sorcier, mais je n'ai jamais réussi à trouver que c'était exceptionnel. Il faut dire que j'ai déjà lu L'Odyssée d'Hakim qui doit êtres la meilleure série sur la crise migratoire et qui en plus est un documentaire alors tout fait 'plus vrai' que dans une œuvre de fiction où l'accumulation d'ennuis qui s'abattent sur le héros finissent par devenir caricaturaux même si malheureusement tout ce qui lui arrive représente ce que subissent des gens tous les jours. J'ai un peu de difficulté avec le dessin. Je n'ai pas du tout aimé ses personnages déformés avec des grandes jambes et des grands bras.

16/09/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album qui traite de sujets terribles (enfants soldats, misère, néocolonialisme, migrations illégales, etc.) et qui le fait très bien, tout en proposant un travail graphique très original, et franchement très beau. Nous suivons le terrible et triste parcours de Nivek, gamin pauvre qui cherche à fuir les mines où il est employé en République démocratique du Congo, qui se retrouve enfant soldat commettant une foule de crimes, puis qui traverse toute l’Afrique, pour traverser la Méditerranée, pour finir dans une prison française comme un criminel. Cette fin est « parfaite » pour boucler la boucle, puisqu’au début nous voyons des occidentaux négocier avec les chefs de milices employant Nivek un prix dérisoire pour le coltan : s’il n’y avait pas ça, il n’y aurait pas autant de migrants prenant tous les risques pour venir en Europe, où le migrant, comme Nivek, n’est présenté que comme une menace et un délinquant. Une histoire dramatique et triste donc. Mais très bien narrée. Et surtout, la lecture est rendue encore plus agréable par dessin et colorisation, que j’ai beaucoup appréciées. Un dessin qui s’écarte souvent du réalisme, pour se rapprocher d’une forme stylisée, faisant penser à de l’art naïf et populaire. Beaucoup de très belles planches en tout cas ! Une très belle œuvre, Altarriba est vraiment un auteur très intéressant (et engagé), et il est ici très bien accompagné !

31/08/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

« Le Ciel dans la tête » vient s’ajouter aux nombreuses histoires qui nous montrent le calvaire des immigrés clandestins qui débarquent aux portes de nos pays riches, et le moins qu’on puisse dire, c’est que les auteurs frappent fort. Le parcours de Nivek est jonché de violence, chaque étape nous rappelle la complexité de la situation en Afrique (et ailleurs dans le monde). Nous rappelle que ces immigrés sont les victimes d’un système cruel que les européens et la Chine ne font rien pour enrayer. Que la RDC est le plus gros exportateur de coltan, minerai essentiel dans la production de nos appareils électroniques (tablettes etc.) grâce à ses nombreuses mines non-régulées et ses travailleurs esclaves. Que la traite des êtres humains existe toujours, juste à coté de chez nous, de notre confort quotidien. La fin est certes un peu convenue, mais touchante et terriblement réaliste. Difficile de ne pas s’émouvoir de la toute dernière page. Le dessin de Sergio García Sánchez et les couleurs de Lola Moral sont magnifiques, et sublimés par le format plein page sans marge. La représentation des personnages est originale, tantôt réaliste, tantôt déformée, se rapprochant presque du cubisme, ou de l’esthétisme sans relief des vitraux d’églises. Un délice pour les yeux, je faisais souvent des pauses lors de ma lecture pour admirer les planches. Un album dur, mais un sans faute en ce qui me concerne, et très certainement mon album préféré de 2023.

12/02/2024 (modifier)
Par doumé
Note: 4/5
L'avatar du posteur doumé

Ce récit retrace la vie d'un jeune congolais, mineur de père en fils et qui va tout faire pour s'extirper de cette condition, mais à quel prix. Nivek se lance un défi, vivre ou plus exactement survivre au quotidien pour atteindre un objectif, aller vivre en Europe. Il part dans un périple où tout lui est inconnu. Pour quitter son pays et le continent d'Afrique, Nivek va rencontrer le pire. L'enfer des mines ou l'endoctrinement des enfants soldats au Congo sont racontés avec un niveau de violence rarement atteint et malgré tout on sent que ce scénario est proche d'une réalité sordide. Quelque soit le pays où Nivek se trouve, la violence est permanente. Il y a les dominants et les victimes avec des rapports de force tellement disproportionnés que la mort est souvent proche pour les plus faibles.Un drame humain qui est un témoignage poignant et qui nous fait comprendre comment et pourquoi des hommes et des femmes sont prêts à risquer leurs vies pour échapper à un destin souvent dramatique. Alterriba dénonce l'emprise des occidentaux ou de la chine en Afrique, le racisme de l'Europe face à l'arrivée des migrants, un pamphlet violent pour nous rappeler que même l'esclavagisme n'a pas disparu. L'Eldorado tant espéré n'est qu'une chimère inaccessible. Au bout du voyage, il n'y a pas l'opulence rêvée mais la pauvreté dans un pays riche. L'originalité du dessin, ce sont ces corps longilignes et anormalement élastiques qui me font penser à des corps en souffrance permanente physique et mental. Une aventure inhumaine, âpre et violente.

14/01/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
L'avatar du posteur Cleck

Que cette BD est dure, âpre, mais que ce récit d'Altarriba est important ! Un peu à la manière du roman choc d'Hakan Günday "Encore", l'on découvre à travers le terrible parcours d'un jeune émigré désireux de rejoindre l'Europe, comment s'effectue une traversée, comment s'organise une filière de passage de clandestins. Et ce que sont ces vies sacrifiées, ce que représente l'ailleurs pour ces jeunes gens aux rêves annihilés. Description sans concession à l'égard de l'horreur côtoyée, sans misérabilisme, sans volonté non plus d'embellir des personnages présentés dans toute leur complexité. Je ne sais ce qu'il en est de la BD L'Odyssée d'Hakim, non encore lue : j'imagine que le portrait est tout aussi méticuleux, avec une approche similaire quasi-documentaire du voyage, mais sans doute l'âpreté ici magnifiée fut plus édulcorée chez Hakim. Les illustrations jouent sur ce point un rôle primordial. La recherche visuelle de Sergio Garcia Sanchez est omniprésente, bien servie par les douces couleurs de Lola Moral ; elle permet d'accepter la dureté du récit et d'imprégner durablement nos mémoires : autour de mises en page parfois incroyables quasi-fantasmagoriques, avec des cases entremêlées, parfois disparates, des décors modifiant la structure globale des planches, des personnages aux membres "giacomettiens", l'ensemble s'offre merveilleusement aux lecteurs dans une épure stylisée en diable ! Une magnifique BD, nécessaire, à réserver à un public averti capable de surmonter son dégoût devant les horreurs présentées.

02/01/2024 (modifier)
Par Lajt
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Lajt

Une BD que je ne peux que conseiller très vivement. Intrigué tout d'abord par un graphisme atypique (qui colle a merveille à l'ambiance ) je considère cette oeuvre comme parmi les trois plus marquantes que j'ai lues. Néanmoins récit très rude qui ne ménage pas la lectrice/ le lecteur. On y suit le parcours d'un jeune migrant qui affronte toute la brutalité de la vie. Certaines scènes sont réellement terribles, a glacer le sang, quand on ne peut qu'imaginer la véracité et la crédibilité du récit. Âmes sensibles s'abstenir. Un témoignage de vie(s) hélas si réel et actuel...

25/11/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Cacal69

Un gros coup de cœur que cette BD. La couverture résume bien cet album avec ce ciel étoilé dans la tête de Nivek. Atteindre une inaccessible étoile. Antonio Altarriba (L'Art de voler - Moi, assassin - Moi, menteur), après un gros travail de recherche et de documentation, propose une fiction forte, réaliste et sans concession sur le pourquoi de cette crise migratoire tout en envoyant une pique à la politique européenne. Nivek est un "enfant" de douze ans qui travaille dans une mine illégale de coltan, au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo, un minerai qui entre dans la fabrication de nos téléphones portables et qui attise les convoitises. Des milices armées se font la guerre pour s'approprier les mines. Et Nivek va intégrer une de ces milices, il va devenir un Kadogo, un enfant soldat du Congo. C'est à partir de ce moment qu'une certaine déshumanisation s'opère, il faut dire que le rite de passage pour devenir Kadogo est d'une extrême abomination ..... vivre ou mourir. Il va devenir un guerrier sanguinaire. Des milices sans pitié, elles tuent et elles violent par plaisir, pour l'appât du gain. "Au Congo pour être quelqu'un il faut avoir un fusil ...... plus tu tues, plus on te respecte". Nivek rêve d'Europe, d'une autre vie, il ne veut plus être un pion interchangeable, et avec son ami Joseph, il va entreprendre un long périple qui va le mener jusqu'au marché aux esclaves de Misrata en Libye, sur les bords de la méditerranée avant une traversée qui va lui enlever tous ses rêves. Une odyssée qui le fera traverser la forêt équatoriale, la savane et le désert. Un récit qui permet de découvrir les fabuleux paysages de l'Afrique, mais aussi la richesse de ses habitants, car tout n'est pas que noirceur. Une narration maîtrisée en six chapitres qui compartimente bien les différentes étapes de son long voyage initiatique. Un récit qui pue la réalité, non moralisateur, dur, poignant et qui pose beaucoup de questions. Un petit mot sur la dernière planche, elle m'a beaucoup ému. Je découvre le dessin de Sergio Garcia Sánchez, la grosse claque. Un style à nul autre pareil, des personnages en mode caricature, aux visages expressifs et aux corps en élastomère avec ces bras et ces jambes aux longueurs démesurées. Une mise en page inventive et immersive. Les couleurs de Lola Moral sont superbes. Très, très beau. Une BD à ne pas mettre dans toutes les mains, certains passages sont très durs malgré le dessin qui en adoucit l'horreur. Je conseille chaudement la lecture de ce récit.

21/09/2023 (modifier)