Loire
Après Lulu Femme Nue, voici un portrait de femme qui est aussi celui d’une région, sur les rives de la Loire.
Davodeau Le deuil Pays de la Loire
Quand Louis reçoit cette invitation d’Agathe, il est un peu ému. Et intrigué. Il y a si longtemps. Même si elle ne lui avait plus jamais donné de nouvelles, il ne l’avait jamais oubliée. Des quelques années qu’il a passées avec elle au bord de la Loire, Louis garde un souvenir ébloui. Alors il ne résiste pas à l’idée de prendre quelques jours pour revenir dans la lumière du fleuve. Il décide de marcher vers le lieu de rendez-vous qu’Agathe lui a donné par mail. C’est le soir. Il fait chaud. Louis longe le fleuve avec plaisir et sur une plage décide de se rafraîchir avant d’arriver. Il se fiche à poil et entre dans l’eau. Erreur. Il perd pied et se met à dériver. Il ne panique pas et se laisse flotter sans lutter. Malgré le danger, il se sent bien. Le problème, c’est qu’il commence à faire sombre et que le courant a déposé Louis sur l’autre rive. Le voilà nu, devant parcourir quelques kilomètres à pied pour rejoindre le pont et revenir de l’autre côté. Il attend la nuit noire et entame cette longue balade finalement assez drôle, et qu’il décrira plus tard comme magique. Il arrive à l’aube. Agathe n’est pas là. La maison semble vide. À ce moment-là, il ne sait rien de ce qui va suivre. Il ne sait rien de la surprise qu’Agathe a réservée aux gens qui l’ont aimée...
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Date de parution | 04 Octobre 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Mes dernières lectures de Davodeau furent décevantes et cette série me réconcilie avec son œuvre. J'ai toujours été riverain d'un grand fleuve (Seine, Loire, Meuse ou Danube), les réflexions et les contemplations de Louis sur les bords d'une Loire faussement apprivoisée ne peuvent que résonner fortement dans mon vécu. J'ai trouvé l'idée de départ de l'auteur très originale. Cette idée directrice de présence/absence tout au long du récit qui permet à Louis d'évacuer le superficiel pour (re)découvrir l'essentiel de la vie. J'ai senti dans la narration une grande maturité de l'auteur qui comme Louis ne s'encombre pas de ses vieux oripeaux pour plonger dans un bain d'une humanité qui fait corps avec son environnement. Le parcours de Louis pendant ces quelques jours résume notre parcours entre vie et mort dans une communion non triste avec l'univers où il vit. Sans abandonner son passé (il y a une allusion à la ZAC de ND des Landes) Louis découvre une perception qui le mène au-delà de son matérialisme positif. Par moment j'ai eu l'impression de me retrouver chez Derib avec une initiation chamanique de Sioux. Davodeau a su créer des personnalités très attachantes autour d'une absence. Mais c'est une fausse absence qui est vide seulement si on ne prend pas le temps d'écouter ce silence comme nous y invite le fleuve. Les dialogues sont rares mais très judicieux. L'auteur ouvre des portes sur l'écologie mais sans culpabiliser. J'ai trouvé cette proposition très intelligente et bien plus constructive qu'un discours de combat très stigmatisant mais bien limité. La grande richesse de la série tient dans le formidable graphisme de ces bords de Loire où faune, flore, ouvrages d'art et habitants sont en parfait équilibre harmonique. C'est très contemplatif et d'une beauté saisissante. Une très belle lecture de paix dans ce monde si bruyant.
Une fois de plus, Etienne Davodeau parvient à me toucher en ne parlant de pas grand-chose. « Loire » s’inscrit dans la continuité de « Lulu Femme Nue » et de « Les Couloirs aériens ». Il s’agit d’une fiction dans laquelle doucement les personnes se révèlent, autant à elles-mêmes qu’au lecteur. Et si « Lulu femme nue » nous parlait de la crise de la quarantaine, si « Les Couloirs aériens » illustrait celle de la cinquantaine, « Loire » est l’occasion pour l’auteur de s’attarder sur le temps qui passe, sur la mort qui approche inexorablement, sur la trace qu’on laisse et celle qu’on aurait aimé laisser. Et quoi de plus symbolique qu’un fleuve pour nous parler du temps ? Face à lui, nous devenons voyageurs immobiles, observateurs de la vie des rives, laissant les saisons en modifier l’apparence. Cet album offre ainsi beaucoup de planches contemplatives desquelles se dégage une forme d’apaisement, de sérénité face à cet inévitable écoulement. Parallèlement à cela, Etienne Davodeau va nous faire partager la rencontre des anciens compagnons et compagne d’Agathe, en s’attardant plus particulièrement sur Louis. Louis qui dès le début du récit se laisse porter par le courant. Louis qui ne sait pas trop ce qu’il fait là mais n’a pas spécialement envie d’être ailleurs. Louis qui pense au temps qui passe, qui se voudrait père et même grand-père. Louis qui va se retrouver confronté à la fin de vie. Une fois de plus, les personnages mis en scène par Etienne Davodeau m’ont parlé. Une fois de plus le symbolisme qu’il emploie m’a semblé d’une grande justesse. Une fois de plus le caractère humain et l’ambiance apaisée qui se dégagent de son récit m’auront touché. A peine la lecture entamée, je savais que je ne lâcherais pas ce livre avant la dernière page. Alors, de fait, il ne se passe rien ou du moins pas grand-chose… mais qu’est-ce que ça me parle !
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